Ninian Comper

architecte écossais néo-gothique

Sir John Ninian Comper ( - )[1],[2], ou plus simplement Ninian Comper, est un architecte et un artiste d'origine écossaise. Célèbre pour ses églises, le mobilier et la décoration qu’il conçoit pour elles, il est l'un des derniers grands architectes néogothiques[3]. Il est renommé pour ses vitraux, son utilisation de la couleur et l'intégration subtile d'éléments classiques, gothiques et byzantins dans ses œuvres qu'il décrit comme relevant de « l'unité par inclusion ».

Ninian Comper
Image illustrative de l'article Ninian Comper
Présentation
Nom de naissance John Ninian Comper
Naissance
Aberdeen (Ecosse)
Décès (à 96 ans)
Londres (Royaume-Uni)
Nationalité Britannique
Mouvement Néogothique
Activités Architecte, décorateur, peintre
Œuvre
Agence Bucknall & Comper

Biographie

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John Ninian Comper nait à Aberdeen, le 10 juin 1864. Il est le premier enfant d'Ellen Taylor et de John Comper, recteur de l’église St John the evangelist d’Aberdeen, puis par la suite de l’église St Margaret of Scotland de la même ville. Après la naissance de John Ninian, quatre autres enfants naissent de leur union.

Ninian Comper fait ses études au Kingston College d'Aberdeen puis au Trinity College Glenalmond dans le Perthshire. Il passe un an à la Ruskin School of Art d'Oxford.

A l'âge de dix-huit ans, il est stagiaire chez Charles Eamer Kempe (artiste et fabricant de vitraux renommé). Cette expérience aura sur ses œuvres une forte influence. De 1883 à 1887, il travaille comme apprenti chez George Frederick Bodley et Thomas Garner, architectes néogothiques. Durant cette période, il fréquente les South Kensington Schools et la Ruskin School of Art d'Oxford.

Devenu indépendant, il s'associe avec son compatriote écossais William Bucknall en 1888 à Londres. Il se marie avec Grace Bucknall, la sœur de ce dernier, en 1890[4].

Comper profite des relations de son père pour obtenir ses premières commandes (chapelle du couvent St Margaret d'Aberdeen en 1891, l'église St Margaret de Braemar en 1899, l'église St Mary de Kirriemuir en 1903 où son père fut recteur)[4].

Comper est un artiste chrétien complet. Il conçoit des églises (comme l'église St Cyprian, Clarence Gate, Westminster de 1901 à 1903) ou des extensions d’églises existantes, réalise des peintures, des sculptures ou des vitraux, dessine du mobilier, des objets et des vêtements liturgiques[5]

Comper crée notamment de remarquables retables, inspirés d'originaux médiévaux. Le retable de l'abbaye de Wymondham dans le Norfolk, en est un exemplaire particulièrement remarquable[6].

En 1896, Comper fait un long voyage en Rhénanie et en 1900, il se rend à Rome pour accompagner son père. Il y retourne en 1905 et visite cette fois également le sud de l'Italie et la Sicile principalement pour voir les églises paléochrétiennes et byzantines. D'autres voyages d'études en Grèce et en Espagne suivent en 1906 et 1910 respectivement. Sa culture s'y enrichit et ses sources d'inspiration se multiplient[4].


Alors que ses premières œuvres sont réalisées dans un style gothique anglais relativement pur, ces voyages l'amènent à développer son concept d'"unité par inclusion", synthèse raffinée d'éléments classiques, gothiques et byzantins dans une même œuvre. Il change également sa manière d'organiser l'espace sacré et crée des ciboriums pour surmonter les autels, autels qui se rapprochent ainsi des fidèles.

En 1903, son père meurt subitement alors qu'il offrait des fraises à des enfants pauvres. Ninian Comper « signe » ses vitraux réalisés ultérieurement avec une fraise des bois, pour lui rendre hommage [7],[8].

Bucknall et Comper se séparent en 1905[4], l'alcoolisme de Bucknall étant devenu ingérable.

À partir de 1912, Comper et sa femme vivent à Londres à The Priory dans le quartier de Beulah Hill. Dans cette maison conçue par Decimus Burton (1800-1881), ils reçoivent des amis tels que John Betjeman.

Son épouse Grace, avec qui il a eu six enfants[9],[8], décède en 1933.

Comper est anobli par le roi George VI en 1950[10],[8].

Le 22 décembre 1960, il meurt à l'Hostel of God (aujourd'hui Trinity Hospice ) à Clapham (quartier du sud de Londres). Son corps est ramené à Norwood pour être incinéré au cimetière de West Norwood[11]. Ses cendres sont ensuite inhumées dans l'abbaye de Westminster sous les vitraux qu'il a conçus[12].

Une grande exposition consacré à l'œuvre de Comper a lieu au Royal Institute of British Architects en 1988[4].

Dans les œuvres de Ninian Comper, le bleu et l’or domine souvent la polychromie. Le rouge et le vert servent de couleurs complémentaires.

Dans les vitraux, le jaune d’or est fréquemment utilisé pour les chevelures et les barbes, tandis que les chairs et certains vêtements sont traités en grisaille. Cela donne aux personnages un aspect chryséléphantin. Cet aspect est repris dans nombre de ses œuvres sculptées où la feuille d’or est appliquée sur les chevelures tandis que le reste de la sculpture ressemble à de l’ivoire.

Les traits sont fins et précis. Les corps sont plutôt allongés, légèrement sinueux et toujours empreints d’une certaine légèreté. Les visages sont beaux et idéalisés mais pourtant très réels grâce au soin apporté à l’exécution. Les personnages masculins ont des caractéristiques viriles marquées et les personnages féminins affichent une grâce toute féminine.

L’impression est toujours saisissante.

De purement néogothique, le style de Comper devient, après 1900, de plus en plus éclectique en raison du développement du concept d’« unité par inclusion ». Des éléments décoratifs classiques ou Renaissance côtoient des schémas byzantins et des draperies gothiques.

Comper introduit également progressivement de la nudité, essentiellement masculine, dans ses œuvres sous l’influence du style des œuvres de la Renaissance (figure de Saint Sébastien, Christ sur la croix, Christ ressuscité ou homme de douleur) et certains de ces personnages prennent parfois des allures d’éphèbes chrétiens.

Particularité de ses représentions christiques, Jésus y est représenté souvent imberbe, ou presque, avec des cheveux relativement courts. C’est un nouvel Adam et un nouvel Appolon, éternellement jeune et beau, façon pour Ninian Comper de souligner la nature éternelle du Verbe et sa bonté envers l’humanité.

Enfin, il utilise des représentations archétypales qu’il reproduit quasi telles quelles dans divers édifices sous diverses formes : Christ Pantocrator, Christ Ressuscité, certaines Vierges à l’enfant…

 
Partie haute du jubé de l'église St Mary à Wellingborough. Crucifixion, séraphins et Christ Pantocrator. Ce dernier est un archétype de Comper.

Galerie de photographies

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Œuvres notables

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  • l'abbaye de Westminster : rangée de vitraux sur le mur nord de la nef de l'abbaye[9] ;
  • l'église St Peter à Huddersfield : ciborium, maître-autel et vitraux en mémoire des morts de la Grande Guerre ;
  • l'église St Mary à Wellingborough : conception complète ;
  • l'église St Michael & All Angels à Inverness : conception complète ;
  • l'abbaye de Downside dans le Somerset : Chapelle de la Vierge ;
  • l'abbaye de Wymondham dans le Norfolk : retable ;
  • la maison de la Society of St. John the Evangelist à Oxford (maintenant St Stephen's House) : ciborium et extension de la chapelle domestique ; 
  • l'église St Cyprian, Clarence Gate, à Westminster : conception complète ;
  • l'église St Matthew de Westminster : conception et construction de la chapelle de la Vierge ;
  • l'église de tous les Saints (All Saints church) sur Margaret Street à Londres : décoration de la chapelle de la Vierge et peintures dans le chœur ;
  • le Mémorial national gallois de la Guerre (1928) : conception complète ;
  • l'église St Philip à Cosham près de Portsmouth (1936-1938), considérée comme « l'une de ses églises les plus célèbres et les plus originales ».

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Sources

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Notes et références

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  1. Leonard Buckley, Sir Ninian Comper, 1864–1960 and Howard Martin Otto (Otho) Travers, 1886–1948: A Belated Tribute, Ecclesiological Society, (lire en ligne)
  2. Anthony Symondson, The Life and Work of Sir Ninian Comper 1864–1960: Catalogue for the Exhibition at the Royal Institute of British Architects, 20 January Until 27 February 1988, Royal Institute of British Architects, (lire en ligne)
  3. Anthony Symondson et Stephen Arthur Bucknall, Sir Ninian Comper: An Introduction to His Life and Work, With Complete Gazetteer, Spire Books & the Ecclesiological Society, (ISBN 978-1-904965-11-4, lire en ligne)
  4. a b c d et e « Dictionary of Scottish Architects - DSA Architect Biography Report (July 18, 2021, 1:31 pm) », sur www.scottisharchitects.org.uk (consulté le )
  5. « Sir J. Ninian Comper and the Sisters of Bethany » (consulté le )
  6. Pevsner et Wilson 2002, p. 797.
  7. « Sir John Ninian Comper (1864–1960) », sur victorianweb.org (consulté le )
  8. a b et c « Father Len's Pages - Sir Ninian Comper », sur www.angelforce.scot (consulté le )
  9. a et b (en) PixelToCode pixeltocode.uk, « Sir Ninian Comper », sur Westminster Abbey (consulté le )
  10. « 005A: Sir Ninian Comper », sur www.norwoodsociety.co.uk
  11. West Norwood Cemetery registers. Cremations, 29 December 1960
  12. « Obituary, Sir Ninian Comper », The Times,‎

Liens externes

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