Neal Oxenhandler est un professeur de littérature française et écrivain américain de la seconde moitié du XXe siècle. Promoteur des lettres modernistes ouvert à l'herméneutique que propose la phénoménologie existentialiste et sensible à une lecture psychanalytique qui dépasse, grâce à la littérature comparée, la seule compréhension littérale d'une œuvre, il est l'auteur de la première étude en langue anglaise du théâtre de Jean Cocteau et d'un unique roman, dans lequel il témoigne, à travers le récit de sa propre conversion, d'une réinvention, appelée par la Shoah, de la foi catholique telle que l'illustrent Max Jacob et Simone Weil.

Neal Oxenhandler
Nom de naissance Neal Judy Oxenhandler[1]
Naissance
Saint-Louis
Décès (à 85 ans)
Sarasota
Nationalité Drapeau des États-Unis États-Unis
Pays de résidence New Hampshire (Hanover)
Diplôme
Profession
Autres activités
Formation
Distinctions
Descendants
Noelle Oxenhandler, écrivain.
Auteur
Mouvement critique littéraire psychanalytique

Œuvres principales

  • Change of Gods (1962)
  • Looking for Heroes in Postwar France (1995)

Compléments

Démocrate, membre de

Biographie

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Tradition et modernité juives en héritage (1926-1943)

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Neal Oxenhandler et sa cadette Nancy[1], qui épousera le fondateur de l'agence Fleishman-Hillard, Robert Hillard (en)[5], naissent dans une famille ashkénaze[6]. Leurs parents, Joseph Oxenhandler, dit Joe[5], et Billie Lutsky[4] ( - )[7], adhèrent à la Congregation B'nai Amoona (en)[5], un mouvement Massorti universaliste fondé en 1884 dans le Missouri qui dénie toute supériorité au peuple élu, récuse l'inégalité des sexes dans le culte et permet aux femmes d'être rabbin mais reste quant à la coutume juive profondément traditionaliste.

Du GI au docteur (1944-1955)

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GI conduisant les habitants de Nammering (de), près de Passau, devant les déportés abattus durant leur marche de la mort vers Flossenbürg[8].

Enrôlé à l'âge de dix-huit ans, en 1944, dans la 97e division d'infanterie[6], Neal Oxenhandler est de ceux qui découvrent à la fin de leur adolescence l'inimaginable en libérant le camp de concentration nazi de Flossenbürg et son satellite de Helmbrechts (de). Décoré de l'Insigne du fantassin combattant (CIB) pour sa campagne d'Allemagne, il fait partie des troupes débarquées à Yokohama en septembre 1945, après un mois de navigation, pour occuper le Japon[6].

Démobilisé en , il s'inscrit à l'université de Chicago, où il obtient son baccalauréat ès arts (BA) en 1948[6]. À l'automne, il est envoyé dans le cadre de la charte du GI étudier pendant une année à la Sorbonne[6].

À son retour, à l'automne 1949, il s'inscrit à l'université Columbia, à New York, mais c'est à Chicago qu'en 1950 il se marie. Il sort en 1951 de Columbia diplômé d'une maîtrise en « études françaises » et exerce pendant une année comme lecteur de français à l'université de Saint-Louis[4]. C'est là, dans sa ville natale, qu'il se convertit au catholicisme[6].

À la rentrée 1952, il s'engage dans la carrière universitaire, en tant qu'instructeur assistant[4], à Yale[6] tout en y approfondissant ses études. Il y a pour professeur Wallace Fowlie (en)[9] et est reçu docteur (Ph.D) en 1955 après avoir passé l'année 1953-54 à l'université de Florence grâce à une bourse Fulbright[6].

Professeur de civilisation française (1956-1968)

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Faculté des Sciences sociales et des humanités de l'UCSC où Neal Oxenhandler enseigne la civilisation française pendant trois années, de 1966 à 1968.

Neal Oxenhandler enseigne la civilisation française dans un premier temps à Yale[4]. Parmi ses élèves figure Bartlett Giamatti[10]. Promu professeur assistant, il mute en 1957 pour à l'Université de Californie à Los Angeles, où il est nommé professeur associé (en) en 1960[4]. Avec des collègues, il participe à la mise en place d'un « concours de lecture », série de présentations publiques de livres[11]. Parmi ses élèves figure Janis Glasgow, future comparatiste de renommée internationale qu'il oriente vers l'étude de George Sand et des femmes écrivains[12].

En 1965, il est de la première promotion d'enseignants[13] attachés au Collège Cowell (en)[14]. Adossée à la Faculté des Sciences sociales et des Humanités, c'est une résidence étudiante que l'université de Californie à Santa Cruz[6] aménage cette année là au bord de la baie de Monterey. Neal Oxenhandler y encadre avec des assistants résidents (en) une quinzaine d'étudiants et participe à l'aventure qu'est la fondation de La Maison francophone, section de la faculté où les résidents s'astreignent à ne parler que français.

L'année suivante, il accède au titre de professeur de plein exercice[4]. Sensible au cinéma de la Nouvelle Vague et aux liens que celle-ci tissent avec la littérature, il crée avec le professeur Peter D. Smith une cinémathèque universitaire, de droit privé, qui obtient un prestige certain dans le monde de l'industrie cinématographique et existe toujours[15].

Professeur de littérature comparée à Dartmouth (1969-1986)

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Le siège de la chaire de littérature comparée du collège de Dartmouth, dont Neal Oxenhandler devient titulaire en 1980 pour cinq ans.

En 1969, Neal Oxenhandler quitte l'enseignement public (en) et rejoint le corps enseignant du collège de Dartmouth, en Nouvelle-Angleterre. En intégrant la plus petite université de l'Ivy League, il fait venir son ami Peter Smith pour mettre en œuvre, sur le modèle de leur cinémathèque, et diriger le nouveau Centre Hopkins pour les arts[16]. Au collège de Dartmouth, il se spécialise en littérature comparée et en 1973 il est gratifié d'une maîtrise honoris causa de cette matière[4].

Père de trois enfants animé d'une foi de plus en plus fervente à l'instar de Max Jacob, figure de l'écrivain Juif converti, il divorce en [4] de sa première femme, le peintre Jean Romano[17], pour se remarier[6] le [4], selon le rite catholique. Le ménage, qui passe ses vacances sur l'île floridienne de Sanibel[18], se reforme autour des deux filles issues du premier lit[4].

De 1977 à 1980, parallèlement à son enseignement, il fait fonction de rédacteur en chef pour l'Association de langue moderne d'Amérique (MLA)[4].

En 1980, le collège de Dartmouth lui attribue pour cinq années la chaire de littérature comparée[4], où il a pour collègue James W. Hoffman[19]. L'année suivante, il a l'honneur de se voir confier par Joseph Duffey (en), ex Sous secrétaire d'état à l'éducation et aux affaires culturelles (en) dans le gouvernement Carter, la direction du séminaire estival de littérature comparée organisé par la Fondation nationale pour les sciences humaines[4] (NEH), un organisme financier d'état piloté par des personnalités indépendantes du monde universitaire. Le séminaire, doté d'une subvention de soixante dix mil dollars[3], bénéficie d'une diffusion fédérale et sert à la formation continue des enseignants.

Professeur émérite (1987-1994)

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Le siège de la chaire de français et italien, que Neal Oxenhandler a occupée de 1987 à 1991. Il est partagé au sein du collège de Dartmouth avec les études germaniques, hispaniques et lusitaniennes.
 
Le Département Edward Tuck, fondé en 1900, où Neal Oxenhandler, à partir de 1987, enseigne le français à de futurs dirigeants américains ou étrangers.

En 1987, Neal Oxenhandler est nommé titulaire de la chaire de Langues et littératures françaises et italiennes[4]. Parallèlement[4], il se voit confier l'enseignement du français aux élèves de l'école de commerce Tuck[20], qui prépare à une maîtrise en administration des affaires (MBA).

À soixante-cinq ans, en 1991[4], parvenu à l'âge de la retraite, il doit renoncer à sa chaire mais continue d'exercer en tant professeur émérite[20]. Cela lui laisse le loisir de créer en 1993 un prix annuel, portant son nom, qui récompense une œuvre originale de littérature comparée.

Retraite floridienne (1995-2011)

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L'année suivante, il met un terme à vingt cinq années d'enseignement au collège de Dartmouth[6] pour se retirer à Sarasota[1], au soleil de Floride. Il s'offre quelques croisières antillaises en donnant des conférences embarquées qu'organisent l'Institut pour les croisières instructives (en)[4] et participe à la vie culturelle locale[21].

Œuvre didactique

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Manuels scolaires

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Articles encyclopédiques

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Conférences

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Exposés critiques

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Œuvre critique

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Psychocritique

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Théorie esthétique

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Pour une nouvelle critique
Théorie jacobienne de l'émotion

« (...) c'est l'émotion qui donne à l'œuvre son mystère et [j'] attends de lire un jour prochain une étude critique qui explique l'émotion littéraire et la rende accessible à l'analyse. »

— Neal Oxenhandler transmettant pour l'an 2 000 son projet d'une révolution de la critique[22].

Contributions à des ouvrages collectifs

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rééd. in dir. Stuart Y. McDouga, Dante Among the Moderns, UNC Press, Chapel Hill (Caroline du Nord), 1985.

Critiques littéraires

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Auteurs français
Auteurs américains

Critiques cinématographiques

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  • « Poetry in Three Films of Jean Cocteau », in Yale French Studies, vol. XVII, p. 14-20, Fall, 1956,
rééd. in dir. Sharon R. Gunton, Contemporary Literary Criticism, vol. XVI, p. 225-226, Gale Research, Détroit, 1981.
rééd. in dir. Stanley J. Solomon, The Classic Cinema: Essays in Criticism., p. 328-332, Harcourt, Brace, Jovanovich (en), New York, 1973.

Essais critiques

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Œuvre littéraire

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Traductions

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Poésie

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  • « Three Poems », in Perspective, .

Lauréats du Prix Neal Oxenhandler

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  • 2010 – Alexander J. Lambrow.
  • 2011 – Matthew E. Rodriguez.
  • 2012 – Madeline L. Sims.

...

  • 1998 - Sara Pankenier Weld.

...

  • 1996 - Allison Margaret Stedman.
  • 1995 - Erin Elizabeth Murphy.

Annexes

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Sources

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  1. a b et c « Funeral notice », in St. Louis Post-Dispatch, p. 36, Saint-Louis du Missouri, 16 mars 1997.
  2. « Neal Oxenhandler », Fondation John-Simon-Guggenheim, New York, 2016.
  3. a et b « grants to Oxenhandler, Neal », NEH.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q r et s « Neal Oxenhandler », in Prabook, North Port, 2016.
  5. a b et c « Funeral notice », in St. Louis Post-Dispatch, p. 29, Saint-Louis du Missouri, 15 mars 1997.
  6. a b c d e f g h i j et k « Neal Oxenhandler », in Herald Tribune, Sarasota, 10 septembre 2011.
  7. « Billie Oxenhandler (Lutsky) », in BillionGraves, Kaysville, 2016.
  8. Collection n° 4700-06, cote EA 067312, Musée impérial de la guerre, Londres.
  9. W. Fowlie (en), Journal of Rehearsals. A Memoir., p. 202, Duke University Press, Durham (Caroline du Nord), 1997 (ISBN 9780822319450).
  10. Yale Department of French Newsletter, p. 7, université Yale, New Haven, février 2006.
  11. Bulletin UCLA Librarian (en), vol. 14, n° 13, UCLA, Los Angeles, 7 avril 1961.
  12. « Janis Glasgow », George Sand Association, Hempstead (New York), 2016.
  13. Bruce D. Larkin., Photographie souvenir, Santa Cruz de Californie, automne 1965.
  14. « Press Kit - 1965-1974 Photos », UCSC, Santa Cruz de Californie, novembre 2016.
  15. Mary S. Donin, « Peter D. Smith Director, Emeritus Hopkins Center for the Arts », in Special Collections, "Peter Smith Interview", p. 19, collège de Dartmouth, Hanover (New Hampshire), 26-27 février 2003.
  16. Mary S. Donin, « Peter D. Smith Director, Emeritus Hopkins Center for the Arts », in Special Collections, "Peter Smith Interview", p. 27, collège de Dartmouth, Hanover (New Hampshire), 26-27 février 2003.
  17. D. Ferry, « West Chesterfield (en) this week », in The New York Times, New York, 8 avril 1979.
  18. Sanibel-Captiva Islander, n° 25, p. 28, Sanibel, 24 juin 1986.
  19. Spirit of Jefferson Farmers's Advocate, p. 9, Jefferson (New Hampshire), 13 août 1981
  20. a et b E. Burakian, Dartmouth College Organization, Regulations, and Course, vol. LXXV, n° 10, p. 13, Collège de Dartmouth, Hanover (New Hampshire), septembre 2014.
  21. « On the Edge », in Sarasota, SagaCity Media (en), Sarasota, 3 janvier 2002.
  22. Special Millennium Issue 1968-2000, vol. CXV, n° 7, p. 2017-2018, MLA), New York, décembre 2000.

Voir aussi

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