Nataraja
Nataraja (sanskrit IAST : naṭarāja ; « roi de la danse[1] ») est une épithète du dieu hindou Shiva qui exécute une danse cosmique appelée nadānta ou ānanda-tāṇḍava, « danse de la félicité »[2]. Une iconographie particulièrement populaire dans le Sud de l'Inde à la fin de l'époque Chola (Xe-XIIe siècle) représente Shiva sous cet aspect, à la fois créateur et destructeur[3]. La danse de Nataraj représente le mouvement et le changement permanent[4].
Nataraja est la divinité principale du sanctuaire de Chidambaram, et l'inspiratrice des danseurs du Bharata natyam[5].
Représentation et symbolique
modifierIl a quatre bras. Il tient dans sa main droite supérieure un tambour (damaru) symbolisant le son primordial de la création de l'univers, dans sa main gauche une flamme symbolisant la destruction du monde. Sa deuxième main droite est en abhaya-mudrā, geste de protection. Sa main gauche inférieure montre sa jambe levée symbolisant l'espoir de libération (moksha)[1],[3].
Il écrase de sa deuxième jambe le nain Apasmārapuruṣa, aussi appelé Muyalaka[5], qui représente l’ignorance[1],[3].
Il est encerclé de flammes qui symbolisent la succession des cycles cosmiques[3]. À l'aide de son chignon orné d'un diadème (jaṭā-mukuṭa), il amortit la chute du Gange céleste (mandākinī) sur Terre[1], dont les flots sont représentés par des tresses ondulées. Sur l'une d'entre elles est Gangā, la déesse du Gange.
Danse classique indienne
modifierDans certaines danses classiques indiennes, notamment le bharatanatyam, nataraj est une position permettant de représenter le dieu Shiva sous sa forme Nataraj.
Rāja yoga
modifierShiva-Natarāja est aussi la divinité tutélaire du Rāja yoga de Patañjali, qui, dans son Natarāja Stotram, décrit le « Bon Roi de la Danse » dans une vision panthéiste (le Soleil, la Lune et le Feu sont les trois yeux de Shiva, son corps est composé des éléments, il est nu vêtu du Ciel, etc.), en tant que Destructeur (Hara) des démons (ignorance, égoïsme, cupidité, violence) et du tourbillon des réincarnations (Saṃsāra) source de souffrances : Patanjali le loue ainsi comme Dieu suprême infini, sans naissance ni mort (comparable à Ishvara), Dieu « intensément compatissant envers toutes les créatures, détenant le Feu brûlant tout »[6].
Iconographie
modifierNotes et références
modifier- Gérard Huet, Dictionnaire Héritage du sanscrit (lire en ligne)
- nadānta-tāṇḍava serait la danse effectuée par Shiva à Cidambaram, la jambe gauche levée ; ānanda-tāṇḍava celle effectuée à Madurai, la jambe droite levée. (Susan L. Huntington, The Art of Ancient India, Weatherhill, (lire en ligne), p. 654).
- Alexandre Astier, L'hindouisme, Paris, Eyrolles, (ISBN 978-2-212-55213-3, lire en ligne), p. 119.
- Mouloud Madoun, David Autissier et Jean-Marie Peretti, « Chapitre 1. Les Védas : source des transformations et mémoire de l’humanité : 5. L’actualité de la conception philosophique indienne », dans Transformer sans rompre ni exclure: étonnante actualité de l'Inde ancienne que peuvent apprendre les organisations et nos sociétés d'Arthashastra et Thirukkural ?, Éditions EMS, management & société, coll. « Académie des sciences du management de Paris », (ISBN 978-2-37687-281-8, lire en ligne)
- Louis Frédéric, Dictionnaire de la civilisation indienne, Robert Laffont, (ISBN 2-221-01258-5).
- Yoga-Sûtra de Patanjali, éditions Aquarius, (ISBN 2881650864).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Ananda Coomaraswamy, La danse de Çiva : Quatorze essais sur l'Inde, L'Harmattan, , p. 110-126
Articles liés
modifierLiens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :