Royaumes néo-hittites
Les États que l’on appelle néo-hittites, ou plutôt syro-hittites, sont des entités politiques de langue louvite, araméenne ou phénicienne qui se sont créées au début de l’Âge du fer dans le nord de la Syrie et le sud de l’Anatolie, après l'effondrement de l'Empire hittite vers Elles ont perduré jusqu'à leur incorporation successive dans l'Empire néo-assyrien au cours du VIIIe siècle av. J.-C.
Périmètre
modifierLe qualificatif « néo-hittite » est parfois réservé aux seules principautés qui parlaient louvite, comme Arslantepe et Karkemish. Dans un sens plus large, l'expression « syro-hittite » est appliquée à toutes les entités qui se sont développées au sud de la partie centrale de l'Anatolie après la chute de l’empire hittite — telles que Tabal et Quwê — ainsi qu'à celles du nord de la Syrie et de ses zones côtières[1],[2].
Effondrement de l'Âge du bronze récent
modifierL'effondrement de l'âge du bronze récent est l'effondrement de l'empire hittite et des cités et royaumes de l'Âge du bronze récent au Levant et en mer Égée entre 1200 et Il a culminé avec l'abandon définitif d’Hattusa, la capitale hittite, vers Il s'est accompagné d'un affaissement des réseaux commerciaux en Méditerranée orientale[3]. Les centres urbains ont alors été désertés et les populations se sont dispersées dans un grand nombre de villages, hameaux et fermes dans toute la région[4].
Émergence de nouveaux États
modifierLes États syro-hittites sont apparus sur l'ancien territoire de l'Empire hittite, sous la forme d'États régionaux avec de nouvelles structures politiques. David Hawkins est en mesure de retracer un lien dynastique entre la lignée impériale hittite et les « Grands Rois » et « seigneurs locaux » d’Arslantepe et Karkamish au début de l'Âge du fer, montrant une forme de continuité entre l'Âge du bronze et l'Âge du fer sur ces sites[5],[6].
Des fouilles archéologiques montrent aussi une continuité relative à Alep, en Syrie (temple du dieu des tempêtes, sur la Citadelle)[7] et à Ayn Dara (temple d’Ishtar-Shawushka)[8], où des temples construits à l'Âge du bronze ont été réutilisés à l'Âge du fer, avec des reconstructions ou restaurations à l'Âge du fer ancien.
Liste des États syro-hittites
modifierLes États syro-hittites peuvent être divisés en deux groupes : un groupe du nord, où les dirigeants hittites sont restés au pouvoir, et un groupe du sud, où les Araméens sont arrivés au pouvoir aux environs de [9],[10].
Groupe du nord
modifierLe groupe du nord comprend :
- Tabal :
- avec un groupe de cités-États comprenant Tyanitis (Tuwana, Zeyve Höyük, Hupisna, Shinukhtu, Ishtunda, İvriz relief (en) )
- Kammanu, avec Arslantepe : Kummanni (en), Kumme (ville) (de)
- Hilakku (en) : Cilicie
- Quwê (en), avec un bastion dans la moderne Karatepe
- Gurgum : Gurgum, Kahramanmaraş
- Kummuh : Kummuh (en), Commagène, Samsat
- Karkemish (Euopus)[11]
Groupe du sud
modifierLe groupe du sud, ou groupe araméen, comprend :
- Bit Gabbari, avec Sam'al
- Bit Adini (en), avec la ville de Til Barsip
- Bit Bahiani (en), avec Tell Halaf
- Unqi ou Pattina (en), avec pour capitale Kinalua
- Palistin ou Walistin, avec pour capitale Kinalua
- Ayn Dara, centre religieux
- Bit Agusi (en), avec les villes d’Arpad, Nampigi, et (plus tard) Alep
- Hatarikka-Luhuti (en), la capitale de ce qui fut d'abord Alep, puis Hatarikka, Noukhashshe, Tell Afis (en)
- Hama ou Hamah ou Hamath, Stèle de Zakkur
Inscriptions
modifierLes inscriptions en langue louvite sur les monuments continuent à l'Âge du fer à être gravées en hiéroglyphes hittites à Karkemish, Arslantepe, Alep et ailleurs[12]. Les hiéroglyphes louvites ont été choisis par de nombreux royaumes régionaux syro-hittites pour leurs inscriptions sur les monuments, qui apparaissent souvent en version bi- ou trilingue avec l’araméen, le phénicien ou l’akkadien.
L'âge du fer ancien en Syrie a également vu une expansion progressive de l'écriture alphabétique en araméen et alphabet phénicien. Les contacts commerciaux avec le Levant du Xe au VIIIe siècle av. J.-C. ont incité les Grecs et les Phrygiens à adopter l'écriture alphabétique des Phéniciens[13].
Références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Syro-Hittite states » (voir la liste des auteurs).
- (en) Hawkins John David, « Neo-Hittite States in Syria and Anatolia », Cambridge Ancient History (2e éd.) vol.3.1, 1982, p. 372-441
- (en) Hawkins John David, « The Political Geography of North Syria and South-East Anatolia in the Neo-Assyrian Period », dans Mario Liverani (dir.), Neo-Assyrian Geography, Università di Roma « La Sapienza », Dipartimento di Scienze storiche, archeologiche e anthropologiche dell’Antichità, Quaderni di Geografia Storica 5: Roma: Sargon srl, 1995, p. 87-101
- (en) Hawkins John David, « The end of the Bronze age in Anatolia: new light from recent discoveries », dans Altan Çilingiroğlu and David H. French (dir.), Anatolian Iron Ages 3: Proceedings of the Third Anatolian Iron Ages Colloquium, The British Institute of Archaeology at Ankara Monograph n° 16, Londres, 1994, p. 91-94
- (en) Wilkinson Tony J., Archaeological landscapes of the Near East, Tucson, the University of Arizona Press, 2003
- (en) Voir « Karkamish » et « Melid » dans Hawkins John David, Corpus of Hieroglyphic Luwian Inscriptions, (3 volumes), Berlin, De Gruyter, 2000
- (en) Hawkins John David, « Great Kings and Country Lords at Malatya and Karkamis », dans Theo P. J. van den Hout and Johan de Roos (dir.), Studio Historiae Ardens: Ancient Near Eastern Studies Presented to Philo H.J. Houwink ten Cate, Istanbul, 1995, p. 75-86
- (de) Kohlmeyer Kay, Der Tempel des Wettergottes von Aleppo, Münster, Rhema, 2000
- (de) Abū Assaf Alī, Der Tempel von ءAin Dārā, Mayence, éd. Philipp von Zabern, 1990
- (de) Siegfried Mittmann, Götz Schmitt (dir.), Tübinger Bibelatlas / Tübingen Bible Atlas, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 2001, Carte B IV 13-14.
- (en) O. R. Gurney, The Hittites, Harmondsworth, Pelican, 2e éd., 1976 (1re édition 1954), p. 39-46
- Jacques Freu et Michel Mazoyer, Les Royaumes Néo-Hittites, Les Hittites et leur histoire 5, Collection Kubaba, L'Harmattan, Paris 2012
- (en) Hawkins John David, « Writing in Anatolia: imported and indigenous systems », World Archaeology, n° 17, 1986, p. 363-376
- Brixhe C. et M. Lejeune, Corpus des inscriptions paléo-phrygiennes, Paris, 1984
Bibliographie
modifier- (en) Trevor Bryce, The World of the Neo-Hittite Kingdoms : A Political and Military History, Oxford et New York, Oxford University Press,
- Jacques Freu et Michel Mazoyer, Les Hittites et leur histoire, t. 5 : Les royaumes néo-hittites à l'âge du fer, Paris, L'Harmattan, coll. « Kubaba / Antiquité »,
- Vincent Blanchard (dir.), Royaumes oubliés : De l'empire hittite aux Araméens, Paris, Louvre Éditions - Lienart,
- Royaumes oubliés : De l'empire hittite aux Araméens, Dijon, coll. « Les dossiers d'archéologie HS » (no 36), .
- (en) Mark Weeden, « The Iron Age States of Central Anatolia and Northern Syria », dans Karen Radner, Nadine Moeller et Daniel T. Potts (dir.), The Oxford History of the Ancient Near East, Volume IV: The Age of Assyria, New York, Oxford University Press, , p. 912-1026
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifier- Hittites
- Louvite (langue), Louvites (peuple) (en)
- Araméen (langue), Araméens (peuple antique)
- Effondrement de l'âge du bronze récent (entre 1200 et 1170 avant notre ère)
- Âge du fer
- Royaumes antiques d'Anatolie
- Histoire de l'Anatolie
- Empire néo-assyrien (934-609 avant notre ère)
- Chevaux et cavaliers syriens fabriqués à la main de l'Euphrate (en)
- Figurines des piliers syriens de l'Euphrate (en)
- Liste de rois araméens (en)