Mykola Koulich
Mykola Gourovytch Koulich (ukrainien : Микола Гурович Куліш ; russe : Николай Гуриевич Кулиш, Nikolaï Gourievitch Koulich), né le et mort le , est un dramaturge et un pédagogue ukrainien, un vétéran de la Première Guerre mondiale, et un vétéran de l'armée rouge. Il est mort dans un camp de travail soviétique à Solovki. Certaines de ses œuvres théâtrales annoncent le théâtre de l'absurde et mettent en scène la folie des hommes.
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Микола Гурович Куліш |
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Volodymyr Koulich (d) |
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Biographie
modifierMykola Koulich est né dans le village de Chaplynka, qu'il appellera dans son œuvre Chaplyn. Après la mort précoce de sa mère, il passe une partie de son enfance dans des orphelinats et des maisons de charité[1]. Il commence ses études en Ukraine. Durant sa scolarité, il publie plusieurs versets et épigrammes dans des magazines étudiants qui lui donnent une certaine notoriété parmi ses pairs. En 1913, pour la première fois, il écrit une pièce, À la pêche (russe : На рыбной ловле), qui deviendra plus tard la base d'une de ses comédies, Ainsi a péri Houska (russe : На рыбной ловле). Il doit gagner le Caucase pour poursuivre ses études jusqu'au baccalauréat.
À 22 ans, il entre au Département de philologie de l'Université d'Odessa. Cependant, ce parcours scolaire est interrompu par la Première Guerre mondiale. Au début, il sert comme soldat dans un bataillon de réserve. En 1914, il est envoyé à l'école de praporchtchiks (porte-drapeaux) d'Odessa. Il rejoint ensuite la ligne de front de 1915 à 1917[1]. Il continue à écrire de courts poèmes et de petites pièces de théâtre qui sont publiées dans des journaux militaires. En 1917, alors qu'il est devenu officier, il choisit de se rallier à la Révolution de Février.
L'Ukraine gagne temporairement son indépendance sous la forme d'une république parlementaire autonome, à la fois anti-tsariste et opposé aux bolchéviques, reconnue par la France et le Royaume-Uni. Mais un coup d'état place Pavlo Skoropadsky au pouvoir et le pays bascule dans un régime autoritaire et conservateur, l'Hetmanat, soutenu par les Allemands. Durant le gouvernement de Pavlo Skoropadsky, Mykola Koulich est emprisonné 5 mois. L'Helmanat s'effondre lorsque l'Allemagne perd la guerre fin 1918. Lui succède le Directoire. Plusieurs forces armées se disputent alors le territoire ukrainien : l'Armée de la République ukrainienne, les bolchéviques, les armées blanches, la Triple-Entente, la Pologne et l'armée de l'anarchiste Nestor Makhno. En , à Kherson, Mykola Koulich organise un régiment de paysans intégré au sein de l'Armée rouge. Ce régiment participe à la défense de Kherson et Mykolaïv, contre les armées blanches dirigées par Anton Dénikine. Après la guerre soviéto-polonaise de 1920 et à la suite du traité de Riga signé en mars 1921, la Galicie et une grande partie de la Volhynie reviennent à la Deuxième république de Pologne. Le reste du territoire ukrainien se retrouve incorporé à l'Union soviétique en tant que République socialiste soviétique d'Ukraine.
Après la démobilisation, Mykola Koulich travaille comme instructeur pour plusieurs organismes d'éducation populaire et pour des journaux. Il participe également à l'élaboration d'un alphabet ukrainien, dit Pervynka. Il parcourt aussi le sud de l'Ukraine, organisant diverses écoles et aidant ceux qui souffrent de la faim durant la famine soviétique de 1921-1922. Il est nommé inspecteur des écoles par le Commissariat à l'instruction publique[2].
En 1924, il écrit une pièce, 97, où il décrit la famine de 1921-1922 dans la région de Kherson. Avec une autre pièce, Commune dans les steppes (1925), ses œuvres sont mises en scène au théâtre de Kharkiv et lui apportent une certaine notoriété. À Odessa, il rejoint une société des écrivains, Hart. En 1925, il retourne à Zinovievsk où il édite un des journaux auxquels il avait collaboré. Plus tard dans cette même année, il déménage à Kharkiv où il côtoie des écrivains et des poètes ukrainiens tels que Mykola Khvyliovy, Ostap Vychnia, Iouri Ianovski (ru), Volodymyr Sossioura (en), et d'autres. Il devient membre de l'académie littéraire VAPLITE (Vilna Akademia Proletarskoï literatoury, ou « Académie libre de littérature prolétarienne »), fondée par Mykola Khvyliovy et active entre 1926 et 1928, qui compte parmi ses membres Hryhorii Epik, Pavlo Tytchyna, Mykola Bajan, Petro Pantch (en), Mykhaïlo Ialovy (en) ou encore Maïk Johansen. Il travaille avec le groupe théâtral Berezil, dirigé par Les Kourbas. Il se consacre dès lors à son activité littéraire[3].
Il devient progressivement plus critique vis-à-vis du régime soviétique. Il doit quitter sa région natale de Kharkiv. Constatant la grande famine de 1932-1933 en Ukraine, l'Holodomor, il prend ses distances et exprime sa déception sur le régime communiste[4]. Ses œuvres sont de plus en plus considérées comme hostiles à ce régime.
Lors du premier congrès des écrivains soviétiques, du au , Mykola Koulich est étiqueté comme un dramaturge nationaliste bourgeois. En , il est arrêté par des agents du NKVD. Pendant un an, il reste sans ressources sous la surveillance du NKVD, puis est condamné à dix ans de camp. La dernière lettre reçue par son épouse date du . Il meurt le au camp de travail de Solovki, fusillé en même temps que Les Kourbas, sur ordre d'un capitaine du NKVD de Leningrad qui fit exécuter des centaines de prisonniers[5].
Son nom a été donné au centre régional de théâtre et de musique de Kherson[6].
Principales œuvres
modifier- 97, 1924 : cette première œuvre dramatique raconte l'histoire de la famine de 1921-1922. Écrite dans un style naturaliste. La pièce est jouée à Moscou en 1926, mais malgré le bon accueil du public et de la presse officielle, l'auteur se voir reprocher son « manque de maîtrise idéologique ». Quelques scènes et quelques répliques se caractérisent déjà par l'absurdité des situations, par exemple lorsqu'une lettre venue du district et adressé au responsable local du comité révolutionnaire, est lue à celui-ci bien qu'il soit mort. Par la suite, malgré l'opposition de Mykola Koulich, la fin de la pièce est remaniée, pour se terminer de façon plus positive[7].
- Ainsi a péri Houska, 1925 : farce tragi-comique reprenant le thème d'une œuvre de jeunesse écrite en russe en 1913. Considéré initialement comme anti-bourgeoise et mettant en scène avec ironie une famille bourgeoise regrettant le passé, elle est finalement interdite par la censure dans le début des années 1930. Elle se termine par une scène absurde, le père de famille prenant deux pêcheurs pour des agents de la Tchéka, leur avouant ses mauvaises pensées et pleurant de façon dérisoire[7].
- La commune dans les steppes, 1926 : cette œuvre, une des toutes premières, est écrite dans un style naturaliste et met en scène une lutte des classes au sein de la paysannerie[8].
- Khoulyï Khouryna, 1926 : l'auteur s'y moque de la police, des bureaucrates, des affairistes et des lèche-bottes. Traduite en russe et présentée au Théâtre de la Satire à Moscou, elle reste interdite de représentation en Ukraine bien qu'elle y fut publiée[9].
- La Nielle (Zoná) : cette pièce aborde le thème des purges au sein du parti[10].
- Un trou de province (Zakout) : cette pièce reprend en partie le thème de la pièce précédente, en introduisant en plus une relation triangulaire, la femme, l'amant, le mari, qui permet de la qualifier de tragédie des mœurs. Certains critiques se sont demandé contre qui la satire était dirigée. Elle fut interdite de représentation[11].
- Les gens de Malachie (Narodny Malakhyï), 1927 : c'est un événement dans l'histoire de l'art théâtral avec un script passant constamment du tragique au comique et des dialogues qui semblent quelquefois incompréhensibles, annonçant le théâtre de l'absurde. Elle est construite autour du personnage d'un modeste facteur, très perturbé par les événements, qui mélange les livres bolchéviques et la Bible et veut transformer la société. La pièce provoque de nombreuses polémiques, se prêtant à bien des interprétations, pour finalement être qualifiée d'anti-soviétique et de nationaliste[12].
- Myna Mazaïlo, 1929 : satire d'un employé ukrainien, qui veut monter dans le parti, et qui, ne supportant plus l'idée d'appartenir à un peuple qu'il pense inférieur, prend des cours de maintien et de prononciation russe. La pièce connaît un énorme succès mais est retirée du répertoire en 1930 et qualifiée de nationaliste[13].
- Sonate pathétique, 1929 : drame lyrique et musical sur la guerre civile, de 1917 à 1920. La pièce est jouée avec succès au Théâtre de Chambre de Moscou, mais fut interdite en Ukraine[14].
- Maklena Grassa, 1932 : tragi-comédie jouée durant 7 représentations par le groupe théâtral du Berezil, puis interdite[14].
Notes et références
modifierNotes
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Mykola Kulish » (voir la liste des auteurs).
Références
modifier- Site internet Encyclopedia of Ukraine
- Camel 2002, p. 67.
- Camel 2002, p. 72-73.
- (uk) « Куліш Микола », sur le site ukrlib.com.ua,
- Camel 2002, p. 68.
- « The Mykolai Kulish Kherson Regional Academic Music and Drama Theatre », sur UA.IGotoWorld.com (consulté le )
- Camel 2002, p. 73-77.
- Camel 2002, p. 73.
- Camel 2002, p. 80.
- Camel 2002, p. 83.
- Camel 2002, p. 83-84.
- Camel 2002, p. 83-89.
- Camel 2002, p. 90-91.
- Camel 2002, p. 91.
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Olga Camel, « Le concept de l'absurde dans le théâtre de Mykola Kulis », dans Maria Delaperriere, Absurde et dérision dans le théâtre est-européen, (ISBN 2747533484, lire en ligne ), p. 67-92.
Webographie
modifier- (en) « Kulish Mykola », sur le site internet Encyclopedia of Ukraine.
- (en) « Kulish, Mykola », sur le site Dompavlov Travelling