Mosaïque aux Poissons

mosaïque marine du 3e siècle

La Mosaïque aux Poissons est une mosaïque romaine datée du IIIe siècle apr. J.-C., retrouvée en 1843 dans le 2e arrondissement de Lyon, lors de travaux au sous-sol de la maison Cucherat, d'où son appellation également de mosaïque Cucherat. Son emboîtement de motifs géométriques (entrelacs, tresses, rosace) et la multitude des couleurs mobilisées en fait un exemple typique des mosaïques de la vallée du Rhône. Son originalité repose dans l'association de ces motifs géométriques et d'une frise marine. Restaurée en 2007 après plusieurs déplacements, elle est présentée au musée Lugdunum de Lyon.

Mosaïque aux Poissons
Mosaïque aux Poissons au Musée Lugdunum.
Date
IIIe siècleVoir et modifier les données sur Wikidata
Type
Matériau
Dimensions (H × L)
408 × 366 cmVoir et modifier les données sur Wikidata
No d’inventaire
2000.0.1212Voir et modifier les données sur Wikidata
Localisation
Coordonnées
Carte

Description

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La mosaïque, de forme carrée, présente un assemblage peu fréquent de motifs géométriques emboîtés avec des figurés en lien avec la thématique de l'eau[1]. La mosaïque est réalisée en calcaire, marbre et verre avec des cubes de pierre ou de verre de 1,5 à 3 cm[1]. Une dizaine de teintes sont mobilisées, avec une mise en opposition régulière du rouge et du bleu[2].

Sur l'extérieur, deux rinceaux de feuilles de lierre en forme de cœur encadrent la mosaïque[2]. Un entrelacs cerne une large frise d'espèces marines[3]. Sont représentés des coquillages (moules, huitres, murex), des poissons (rougets), une crevette, un gammare et des canards (sarcelles)[1]. Sous l'un des poissons on peut lire des lettres P et M ; aucune signification n'y est actuellement rattachée[2].

Aux angles, des groupes de dauphins crachent de l'eau, eau représentée par des traits horizontaux ou verticaux[4]. Des monstres marins se font face au centre de cette frise, les uns en rouges et les autres en bleus : d'un côté un cheval et un taureau marin dos à dos, de l'autre des griffons, eux aussi dos à dos[1]. Ce motif marin est plus simple que certaines mosaïques d'Ostie et d'Afrique du Nord[2]. Néanmoins, le choix de mêler fresque marine et formes géométriques fait l'originalité de cette mosaïque[5].

Un épais motif rouge de chaînette sépare ce motif marin avec le reste de la mosaïque[2].

Aux quatre coins de l'emboîtement suivant, des coquilles sont placées en opposition de couleurs rouges et bleues et sont réunies par des gouvernails dont le manche est monté sur un disque[1]. Le rouge et le bleu des coquilles sont dégradés grâce à l'utilisation de dix tons de couleurs différents[2].

Les coquilles sont séparées par un motif de méandre d'entrelacs avec des vases (canthares)[1]. Ils sont reliés par des feuilles d'acanthe avec à côté représenté une branche de salicorne[1].

Un nouveau méandre d'entrelacs, de forme ronde, sépare les vases du centre de la mosaïque[1]. Il présente une rosace à fuseaux noire et blanche, dont les triangles sphériques visent à donner une impression de profondeur et de relief[1]. Son cœur représente un motif de fleur à quatre calices[1].

Histoire

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Motifs de coquilles au 4 rue Jarente à Lyon.

La Mosaïque aux Poissons est découverte avec d'autres mosaïques en 1843 lors de travaux au sous-sol de la maison Cucherat au no 4 de la rue Jarente[4], dans le quartier gallo-romain de la Presqu'île[2]. C'est dans cette même rue qu'a été découverte au no 24, une partie de la mosaïque des Jeux du cirque[2]. Ce quartier est connu pour avoir accueilli des maisons résidentielles de riches chefs de corporations, notamment de marins[1].

La mosaïque est enlevée en 1844, certaines parties ont été restaurées mais n'ont pas été identifiées, et déposée au Musée des Beaux-Arts de Lyon en 1845[2]. Elle y est régulièrement déplacée avant d'être transportée chez le mosaïste Jouvray de Lyon[2]. Elle est remontée à Besançon par Monterosso en 1965-1966 avant d'être entreposée à Magneval[2]. La mosaïque est acquise par la ville de Lyon en 1975[6].

La mosaïque aux poissons est restaurée en 2007 par l'Atelier interdépartemental de restauration de mosaïques de Saint-Romain-en-Gal et rejoint ensuite Lugdunum[2]. Deux trous sont présents dans la mosaïque à un coin ainsi qu'un décrochement horizontal en son centre.

Exposition

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Exposition précédente de la mosaïque, à l'horizontale.

La mosaïque est présentée au musée Lugdunum, dans la salle XIV où elle vient en appui de la thématique des voies[4]. Elle est prêtée au Canada le temps d'une exposition en 2005[6]. Le décor de remplissage, chargé, ainsi que la multitude des couleurs est typique des mosaïques de la vallée du Rhône[2]. Ces motifs géométriques sont d'un style caractéristique des ateliers de Lyon[2]. Elle fait partie d'un large ensemble de mosaïques du musée dont la qualité et l'homogénéité du style des entrelacs et des torsades laisse supposer l'existence d'une école de mosaïque à Lugdunum[4].

Références

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  1. a b c d e f g h i j et k Hugues Savay-Guerraz, Le Musée gallo-romain de Lyon, Fage, (ISBN 978-2-84975-322-4)
  2. a b c d e f g h i j k l m et n Henri Stern, Recueil général des mosaïques de la Gaule : Province de Lyonnaise, vol. 2, Centre National de la Recherche Scientifique, coll. « Supplément à Gallia » (no X),
  3. Hugues Savay-Guerraz, Parcours dans les collections, Lugdunum musée et théâtres romains, , 177 p. (ISBN 2-491-92443-9), p. 137
  4. a b c et d Anne-Sophie Clémençon, Conception du musée de la civilisation gallo-romaine de Lyon : Architecture et muséologie (mémoire de maîtrise), Lyon, , 305 p., p. 203
  5. « Mosaïque aux Poissons »  , sur Lugdunum Musée et théâtres romains (consulté le )
  6. a et b « Mosaïque aux Poissons », sur POP : la plateforme ouverte du patrimoine (consulté le )
  7. Henri Stern, « Une nouvelle mosaïque trouvée à Lyon », Gallia, vol. 33, no 1,‎ , p. 159–170 (DOI 10.3406/galia.1975.1517, lire en ligne, consulté le )

Annexes

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Bibliographie

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  • Henri Stern, Recueil général des mosaïques de la Gaule : Province de Lyonnaise, vol. 2, Centre National de la Recherche Scientifique, coll. « Supplément à Gallia » (no X),

Voir aussi

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Liens externes

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