Monrose (acteur)
Claude-Louis-Séraphin Barizain dit Monrose, né le à Besançon et mort le à Montmartre[1], est un acteur français.
Sociétaire de la Comédie-Française |
---|
Naissance | |
---|---|
Décès | |
Sépulture | |
Nom de naissance |
Claude Louis Séraphin Barizain |
Nationalité | |
Formation | |
Activité | |
Enfants |
Louis Monrose Eugène Monrose (d) |
Biographie
modifierNé de parents comédiens ambulants, son père était chanteur[n 1], sa sœur jouait les ingénues, et une de ses tantes les premiers rôles du drame et de l’opéra[2]. Il a très tôt abandonné Le collège de Chartres, où l’on l’avait mis pour faire ses études, pour monter à Paris et entrer au théâtre des Jeunes-Artistes de la rue de Bondy, où il a fait ses premières armes, le 12 ventôse an VII (), dans le rôle de Montmort dans l’Enfant de l’amour[3], avant d’intégrer, en 1804, le théâtre Montansier, auprès de Brunet et de Tiercelin[2].
En 1813, le directeur du théâtre de Bordeaux l’ayant engagé pour tenir son rôle de valet dans toutes les pièces du répertoire français, il a quitté la troupe de mademoiselle Raucourt, où il jouait depuis sept ans, pour faire une tournée dans les grandes villes françaises : Bordeaux, Nantes, Lyon, mais également l’Italie[2].
Rentré à Paris, il a fait, le , ses débuts de pensionnaire à la Comédie-Française, qui l’a promptement reçu sociétaire en , contrairement à la coutume, qui voulait qu’un acteur débutant fasse d’abord un assez long surnumérariat avant de devenir sociétaire. Cependant, il a été victime d’une intrigue de coulisses de la part de deux acteurs depuis longtemps en possession de l’emploi des comiques qui, se prévalant de leur ancienneté, voulaient en conserver la propriété exclusive. Comme il avait débuté durant les Cent-Jours, les gentilshommes de la Chambre que la Seconde Restauration avait remis dans leurs fonctions, soucieux de restaurer la primauté de la naissance sur le talent, ont refusé de valider une réception prononcée durant leur absence en l’obligeant à faire de nouveaux débuts, avant de lui accorder définitivement le titre de sociétaire, le [4].
Cantonné par ses deux rivaux à des rôles ingrats, il s’y est produit avec tant d’avantage que le public a pris son parti, l’applaudissant avec tant de chaleur, qu’ils ont fini par rabattre de leurs prétentions exclusives, en se prêtant à un arrangement le laissant libre de jouer, à son tour, les rôles de valets fourbes et fripons, où il avait débuté avec le plus de succès, tels que le Crispin du Légataire universel de Regnard, celui des Folies amoureuses également de Regnard, le Scapin des Fourberies, le Labranche du Crispin rival, le Cliton du Menteur, le Sganarelle du Festin de Pierre, le Figaro du Barbier de Séville, et autres personnages comiques, que l’empressement des auteurs à employer le talent d’un acteur si généralement apprécié du public[4].
Monrose, qui s’était donné corps et âme à un métier qu’il adorait, a connu une brillante carrière, toute de succès, mais autant l’excellent Comédien-Français, le fin, léger, railleur et incomparable valet des répertoires de Marivaux, de Molière et de Beaumarchais montrait de gaité sur la scène, autant l’homme était dépressif à la ville. Soigné avec quelque succès pendant près de 20 ans, par les bons soins de son ami, le docteur Louyer-Villermay[4], outre la tristesse qu’il avait de ne pouvoir faire entrer aucun de ses enfants à la Comédie-Française, dont il était devenu le doyen, la mort de sa femme l’ont plongé dans une dépression profonde[5].
Ayant quitté la Comédie-Française, en [6], son talent ne s’était pas démenti une seule fois, en 28 ans. Même quand sa santé chancelante paraissait devoir lui interdire toute espèce de fatigue, il recouvrait, par intervalles, assez de force pour jouer, avec une supériorité incontestable, les rôles les plus longs et les plus difficiles. Or il est allé, un jour, jouer au pied levé, un de ses rôles favoris à Rouen, avec une ancienne actrice du Théâtre-Français, mademoiselle Verneuil. En pleine représentation, son esprit défaillant lui a fait débiter prose et vers enchevêtrés débités sans suite au grand étonnement du parterre, qui a commencé à s'impatienter, avant de se fâcher. Il a dû quitter à jamais la scène, sous les huées du public, qui le croyait en état d’ébriété[7].
Conduit directement à la clinique du célèbre docteur Blanche[n 2], d’où il ne devait plus sortir qu’une seule fois, le , pour reparaitre, à demi-guéri, à une représentation de retraite à son bénéfice, à la Comédie Française, dans le Barbier de Séville[7], devant une salle frissonnante. Le Dr Blanche, qui veillait dans la coulisse, prêt à intervenir à la moindre défaillance, a repris possession de son malade aussitôt la dernière réplique pour le ramener immédiatement à Montmartre, dont il ne devait sortir que mort[5].
Au physique, de taille petite, malingre, les traits de son visage auraient même paru disgracieux s’il n’avait su les animer par un jeu plein d’esprit et de verve. Quoiqu’il sût, à force d’art, jouer la naïveté et même la bonhomie, il était facile de sentir que ces deux qualités n’étaient pas les attributs naturels de son talent. C’était par une intelligence vive et prompte, par une succession rapide d’intentions comiques, par une foule de traits saillants, incisifs et inattendus, qu’il étonnait et charmait ses auditeurs. Du reste, connaissant le public et tous les moyens de s’en faire applaudir, il était, au théâtre, leste, souple, adroit, audacieux, imperturbable[4].
Il a laissé un fils de son nom, Antoine-Martial Louis Barizain, qui a joué aussi la comédie, avec le même emploi que son père, qu’il rappelait souvent, avant de succéder à Joseph-Isidore Samson au Conservatoire de Paris en [8].
Notes
modifier- Celui-ci, Jean-François Barizain, portait déjà le nom de scène de « Monrose ».
- Le docteur Louyer-Villermay était mort depuis cinq ans.
Références
modifier- Paris, Éat civil reconstitué, vue 4/51.
- Adolphe Poujol, Théâtres, acteurs et actrices de Paris : biographie des artistes dramatiques, et notices historiques sur les théâtres de Paris, leur origine, leur administration, Paris, Dépôt central des pièces de théâtre anciennes et modernes, , 108 p., 1 vol. in-12 (lire en ligne sur Gallica), p. 24-6.
- Édouard Cleder, Nouvelle biographie universelle depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours : avec les renseignements bibliographiques et l'indication des sources à consulter, t. 36, Paris, Firmin Didot, , 1023 p. (lire en ligne), p. 15.
- Joseph François Michaud et Louis Gabriel Michaud, Biographie universelle, ancienne et moderne ou, Histoire, par ordre alphabétique : de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont fait remarquer par leurs écrits, leurs actions, leurs talents, leurs vertus ou leurs crimes, t. 74, Paris, Michaud frères, , 664 p. (lire en ligne sur Gallica), p. 208-10.
- Ernest de Crauzat, « La Folie Cendrin : la maison du Docteur Blanche », Le Vieux Montmartre. Société d’histoire et d’archéologie des IXe et XVIIIe arrondissements, Paris, vol. 3, tome 4, fascicule 67, , p. 221-45 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
- Base documentaire La Grange sur le site de la Comédie-Française
- Jules Janin, Histoire de la littérature dramatique, t. 2, Paris, 1853-1858, 437 p., 6 vol. ; in-18 (lire en ligne sur Gallica), p. 283-4.
- Charles Garnier, Les Annales du théâtre et de la musique, vol. 9, Paris, Charpentier et Cie, , 347 p. (lire en ligne), p. 342.
Rôles
modifierCarrière à la Comédie-Française
modifier- Entrée en ;
- Nommé 229e sociétaire en ; devient doyen en ;
- Départ en .
- : Le Mariage de Figaro de Beaumarchais : Figaro
- 1815 : Le Barbier de Séville de Beaumarchais : Figaro ; La Jeunesse ; Bazile
- 1815 : La Méprise d’Alexandrine-Sophie de Bawr : Frontin
- 1815 : Le Misanthrope de Molière : Dubois
- : Le Barbier de Séville de Beaumarchais : L’Éveillé
- 1816 : Le Mariage de Figaro de Beaumarchais : Grippesoleil
- 1816 : Tartuffe de Molière : M. Loyal
- 1816 : La Pensée d’un bon roi de Jean-Baptiste Dubois : Durocher
- 1816 : Les Plaideurs de Jean Racine : L’Intimé
- 1816 : Le Médisant d’Étienne Gosse : Eugène
- 1816 : Les Deux Seigneurs d’Eugène de Planard et César de Proisy d'Eppe : Fabrice
- 1816 : L’Artisan politique de Théodore-Henri Barrau : Krif
- : Le Faux Bonhomme de Népomucène Lemercier : un notaire
- 1817 : Eugénie de Beaumarchais : Drink
- 1817 : Le Mariage de Figaro de Beaumarchais : Antonio, puis Figaro
- : L’Ami Clermont de Benoît-Joseph Marsollier des Vivetières : un jeune laquais
- 1818 : Le Barbier de Séville de Beaumarchais : Bazile, puis La Jeunesse, puis Figaro
- 1818 : Le Susceptible par honneur d’Étienne Gosse : Gaspard
- 1818 : Le Rêve du mari de François Andrieux : Gillot
- : Les Précieuses ridicules de Molière : Jodelet
- 1819 : Les Femmes politiques d’Étienne Gosse : Verbès
- 1819 : L’Irrésolu d’Onésime Leroy : Crispin
- 1819 : Le Marquis de Pomenars de Sophie Gay : Germain
- : Le Mari et l’Amant de Jean-Baptiste Vial : Frontin
- 1821 : L’Heureuse Rencontre d’Eugène de Planard : Germain
- 1821 : La Jeune Femme colère de Charles-Guillaume Étienne : Germain
- 1821 : Les Plaideurs sans procès de Charles-Guillaume Étienne : Floridor
- 1821 : La Mère coupable de Beaumarchais : Figaro
- : Le Ménage de Molière de Justin Gensoul et J. A. N. Naudet : un semainier (prologue)
- 1822 : Le Misanthrope de Molière : Basque
- 1822 : Le Sourd ou l’Auberge pleine de Desforges : un palefrenier
- 1822 : Une aventure du chevalier de Grammont de Sophie Gay : Therme
- 1822 : Les Quatre Âges de Pierre-François Camus de Merville : Charançon
- 1822 : L’Amour et l’Ambition de François-Louis Riboutté : Petrus
- 1822 : Valérie d’Eugène Scribe et Mélesville : Ambroise
- : Fielding d’Édouard Mennechet : Thompson
- 1823 : Les Plaideurs de Jean Racine : Dandin
- 1823 : Le Laboureur de Théaulon de Lambert, Achille Dartois et Rancé : Blaise
- 1823 : L’Auteur malgré lui de Saint-Rémy : Dubois
- 1823 : L’École des vieillards de Casimir Delavigne : Valentin
- 1823 : La Route de Bordeaux de Marc-Antoine Désaugiers, Michel-Joseph Gentil de Chavagnac et Gersain : Fabricio
- : La Tapisserie d’Alexandre Duval : Lafleur
- 1824 : La Saint-Louis à Sainte-Pélagie de Jean-Baptiste-Pierre Lafitte : Ambroise
- : Le Château et la ferme d’Emmanuel Théaulon, Nicolas Gersin et Paul Duport : Dufeuillet
- 1825 : Lord Davenant de Jean-Baptiste Vial, Justin Gensoul et Jean-Baptiste de Milcent : Paget
- 1825 : Le Béarnais de Ramond de la Croisette, Fulgence de Bury et Paul Ledoux : Fabio
- 1825 : La Princesse des Ursins d’Alexandre Duval : Juan
- : Le Portrait d’un ami d’Ernest Musnier Desclozeaux : Rosville
- 1826 : Pauline de Théophile Dumersan : Guillaume
- 1826 : Le Spéculateur de François-Louis Riboutté : Dupré
- 1826 : L’Agiotage de Louis-Benoît Picard et Adolphe Simonis Empis : Germeau
- 1826 : L’Argent de Casimir Bonjour : Cholait
- 1826 : Une aventure de Charles V de Jean-Baptiste-Pierre Lafitte : Bertaudin
- : Louis XI à Péronne de Jean-Marie Mély-Janin : le Glorieux
- 1827 : Lambert Simnel ou le Mannequin politique de Louis-Benoît Picard et Adolphe Simonis Empis : Tony
- 1827 : Les Trois Quartiers de Louis-Benoît Picard et Édouard-Joseph-Ennemond Mazères : Després
- : Chacun de son côté d’Édouard-Joseph-Ennemond Mazères : Bargent
- 1828 : La Princesse Aurélie de Casimir Delavigne : Polycastre
- 1828 : Olga ou l’Orpheline moscovite de Jacques-François Ancelot : Blaskoff
- 1828 : Les Intrigues de cour d’Étienne de Jouy : Codillard
- 1828 : L’Espion de Jacques-François Ancelot et Édouard-Joseph-Ennemond Mazères d’après James Fenimore Cooper : Harvey Birch
- : Isabelle de Bavière d’Étienne-Léon de Lamothe-Langon : Petit
- 1829 : Une journée d’élection d’Alexandre-Jean-Joseph de La Ville de Mirmont : Plantin
- 1829 : Le Menuisier de Livonie ou les Illustres Voyageurs d’Alexandre Duval : le magistrat
- 1829 : La Petite Ville de Louis-Benoît Picard : Vernon
- : Le Collatéral ou la Diligence de Joigny de Louis-Benoît Picard : Cavaret
- 1830 : Un an ou le Mariage d’amour de Jacques-François Ancelot : Leroux
- 1830 : Trois jours d’un grand peuple de Jean-Henri-Michel Nouguier : Victor
- : Un jeu de la fortune ou les Marionnettes de Louis-Benoît Picard : Marcelin
- 1831 : Les Rendez-vous d’Alexandre de Longpré : Gerbois
- 1831 : Dominique ou le Possédé de Jean-Baptiste-Rose-Bonaventure Violet d'Épagny et Jean-Henri Dupin : Dominique
- 1831 : La Reine d’Espagne d’Henri de Latouche : le roi
- 1831 : Allez voir Dominique de Théodore Pain : Dominique
- 1831 : Law d’Édouard Mennechet : Leroux
- : L’Anniversaire de Jean-Baptiste-Rose-Bonaventure Violet d'Épagny
- 1832 : Les Rêveries renouvelées des Grecs de Charles-Simon Favart : Oreste
- 1832 : Le Mari de la veuve d’Alexandre Dumas, Henri-Simon Durieu et Anicet Bourgeois : M. de Longpré
- 1832 : Le Duelliste d’Alexandre de Longpré : Mornipré
- : Guido Reni ou les Artistes d’Antony Béraud : Carrache
- 1833 : La Mort de Figaro de Joseph-Bernard Rosier : Figaro
- : Une liaison d’Adolphe Simonis Empis et Édouard-Joseph-Ennemond Mazères : le baron de Guttenberg
- 1834 : La Mère et la Fille d’Adolphe Simonis Empis et Édouard-Joseph-Ennemond Mazères : Verdier
- 1834 : Mademoiselle de Montmorency de Joseph-Bernard Rosier : Inigo
- 1834 : Charles IX de Joseph-Bernard Rosier : Blondy
- 1834 : Lord Byron à Venise de Jacques-François Ancelot : Trelawney
- : Charlotte Brown d’Alexandrine-Sophie de Bawr : Brown
- 1835 : Une présentation d’Alphonse-François Dercy de François et Narcisse Fournier : Berthénom
- : Le Boudoir de Louis Lurine et Félix Solar : le marquis
- : La Camaraderie ou la Courte Échelle d’Eugène Scribe : Bernardet
- 1837 : Julie ou Une séparation d’Adolphe Simonis Empis : Crépon
- 1837 : Les Indépendants d’Eugène Scribe : de Rouvray
- : L’Impromptu de Versailles de Molière : La Thorillière
- 1838 : Le Ménestrel de Camille Bernay : Loys
- : Monsieur de Maugaillard de Joseph-Bernard Rosier et Auguste Arnould : Maugaillard
Liens externes
modifier
- Ressources relatives au spectacle :