Mobula eregoodootenkee
Mobula eregoodootenkee, aussi appelé Mobula diabolus, raie du diable à longues cornes ou Petit diable en français, est une espèce de raie de la famille des Mobulidés. Elle a été décrite pour la première fois en 1859 par Pieter Bleeker et se trouve dans l'Océan Indien et le Pacifique tropical.
EN : En danger
Morphologie
modifierDe couleur gris-brunâtre foncé avec un dessous blanc et des marges sombres sur les nageoires pectorales5, elle peut atteindre 1,3 mètre de largeur de disque. Les mâles sont matures vers 99 cm de largeur de disque et les femelles vers 92,5 cm[1].
Espèce ressemblante
modifierUne étude taxonomique a suggéré que les Mobula eregoodootenkee et que les Mobula kuhlii sont en réalité conspécifique, c'est-à-dire qu'elles appartiendraient en réalité à la même espèce[2]. Mais des études plus récentes réalisées en 2019 et en 2020 ont suggéré qu'il s'agirait d'espèces distinctes[3].
Biologie
modifierComportement
modifierMobula eregoodootenkee, comme les autres raies du genre Mobula, est une espèce migratrice à croissance lente ayant des populations fragmentées et grégaires. Elle peut descendre à 50 m de profondeur[1].
Régime alimentaire
modifierLe zooplancton de surface et les téléostéens zooplanctivores sont des composants alimentaires importants des raies Mobula eregoodootenkee, à des échelles temporelles de court et long terme. Beaucoup de sprats ont en effet été retrouvés dans l'estomac de certains spécimens. Mobula eregoodootenkee a donc une utilisation spécialisée des ressources par rapport à d'autres Mobulidés de la région[4].
Reproduction
modifierLa reproduction des Mobula eregoodootenkee est vivipare. Les femelles ont probablement un faible rendement de reproduction annuel[5]. En effet, la durée de gestation serait d'au moins 10 mois, et irait peut-être jusqu'à 12 mois, pour produire un seul petit, d'environ 43 cm de largeur de disque, et la période de repos entre les gestations pourrait aller de 1 à 3 ans[6],[1]. Les raies du genre Mobula sont donc possiblement parmi les espèces les moins fécondent des élasmobranches.
Espérance de vie
modifierL'âge de maturité sexuelle, de même que l'espérance de vie, ne sont pas connus et sont dès lors déduit de Mobula mobular, bien que celles-ci peuvent atteindre des tailles bien plus importantes (520 cm). Mobula mobular atteint sa maturité vers 5 à 6 ans et vit maximum 20 ans, avec une longueur de génération de 12,8 ans[1].
Répartition et habitat
modifierMobula eregoodootenkee est native le long des côtes des endroits suivants : Australie ; Bangladesh ; Océan Indien britannique ; Cambodge ; Égypte ; Érythrée ; Éthiopie ; Inde ; Indonésie ; Israël ; Jordanie ; Malaisie (Péninsule Malaysienne, Sarawak) ; Oman ; Pakistan ; Papouasie Nouvelle Guinée ; Qatar ; Arabie Saoudite ; Afrique du Sud ; Taiwan ; Émirats Arabes Unis.
Elle est possiblement étendue dans les endroits suivants : Bahreïn ; Territoire britannique de l'océan Indien (archipel des Chagos) ; Brunei Darussalam ; Chine ; Ile Christmas ; Iles Cocos (Keeling) ; Comores ; Djibouti ; Guam ; Iran ; Irak ; Kenya ; Kuwait ; Madagascar ; Maldives ; Ile Maurice ; Mayotte ; Mozambique ; Myanmar ; Philippines ; Réunion ; Seychelles ; Singapour ; Somalie ; Sri Lanka ; Soudan ; Tanzanie ; Thaïlande ; Timor-Leste ; Viet Nam; Yémen[1].
Mobula eregoodootenkee vit dans le milieu marin néritique, c'est-à-dire dans la zone s'étendant au-dessus du plateau continental. Elle se retrouve aussi dans les récifs coralliens[7].
Menaces
modifierL'espèce est vulnérable à la capture pendant les migrations côtières mais est également chassée[4]. A cause de leur faible rendement de reproduction annuel, le déclin de l'espèce induit par la pêche est difficile à contrer[4]. Leur vitesse de nage relativement lente, leur grande taille, et leur tendance à se regrouper tend à rendre leur capture plus facile. L'offre diminue pour la vente des plaques branchiales des raies, utilisées dans l'alimentation, tandis que les prix augmentent et que la demande reste continue, indiquant un déclin potentiel du genre Mobula. Presque toutes les plaques branchiales des Mobulidaes partent vers la Chine, au marché de Guangzhou, avec 60 tonnes reportée en 2011, et 120 tonnes en 2013[8].
De nombreuses pêcheries sont confrontées à l'épuisement des stocks, que ce soit au Pakistan, dans les eaux indiennes ou indonésiennes par exemple. Les données montrent des réductions de population de Mobula eregoodootenkee allant de 50 à 99% au cours des trois dernières générations dans plusieurs régions. Dans d'autres régions, les données sont incertaines. Une estimation du déclin mondial de l'espèce serait de 50 à 79% sur les trois dernières générations[1]. Il faut ajouter à cela que les pêches déclarées ne sont probablement qu'une partie de la mortalité totale liée à la pêche.
Comme il est difficile de différencier les espèces de Mobula entre elles, l'identification des raies pêchées et débarquées ne va souvent pas jusqu'à l'espèce, rendant difficile l'évaluation de l'impact des pêches sur les populations des Mobula sp.
Lorsqu'elles sont capturées involontairement, elles sont souvent gardées car leur valeur commerciale est élevée, et même lorsqu'elles sont rejetées vivantes à la mer, elles sont souvent blessées et le taux de mortalité est élevé.D'autres causes de mortalité peuvent être citées : la destruction et la dégradation des habitats, les changements climatiques, l'acidification des océans, la pollution par le déversement d'hydrocarbures, ou encore la pollution par les plastiques, micro plastiques et leurs contaminants comme les polluants organiques persistants[1].
Références
modifier- « Mobula eregoodoo: Rigby, C.L., Barreto, R., Carlson, J., Fernando, D., Fordham, S., Francis, M.P., Jabado, R.W., Liu, K.M., Marshall, A. & Romanov, E. », sur IUCN Red List of Threatened Species, (consulté le )
- P. R. Last, Rays of the world, (ISBN 978-0-643-10914-8 et 0-643-10914-5, OCLC 967717812, lire en ligne)
- (en) Giuseppe Notarbartolo di Sciara, Sylvain Adnet, Mike Bennett et Matt K. Broadhurst, « Taxonomic status, biological notes, and conservation of the longhorned pygmy devil ray Mobula eregoodoo (Cantor, 1849) », Aquatic Conservation: Marine and Freshwater Ecosystems, vol. 30, no 1, , p. 104–122 (ISSN 1099-0755, DOI 10.1002/aqc.3230, lire en ligne, consulté le )
- (en) Katherine B. Burgess, Matt K. Broadhurst, Vincent Raoult et Betty J. L. Laglbauer, « Short- and long-term diets of the threatened longhorned pygmy devil ray, Mobula eregoodoo determined using stable isotopes », Journal of Fish Biology, vol. 97, no 2, , p. 424–434 (ISSN 1095-8649, DOI 10.1111/jfb.14381, lire en ligne, consulté le )
- (en) Matt K. Broadhurst, Betty J. L. Laglbauer, Katherine B. Burgess et Melinda A. Coleman, « Reproductive biology and range extension for Mobula kuhlii cf. eregoodootenkee », Endangered Species Research, vol. 35, , p. 71–80 (ISSN 1863-5407 et 1613-4796, DOI 10.3354/esr00876, lire en ligne, consulté le )
- (en) Matt K. Broadhurst, Betty J. L. Laglbauer et Mike B. Bennett, « Gestation and size at parturition for Mobula kuhlii cf. eregoodootenkee », Environmental Biology of Fishes, vol. 102, no 7, , p. 1009–1014 (ISSN 1573-5133, DOI 10.1007/s10641-019-00886-3, lire en ligne, consulté le )
- (en) S. Weigmann, « Annotated checklist of the living sharks, batoids and chimaeras (Chondrichthyes) of the world, with a focus on biogeographical diversity », Journal of Fish Biology, vol. 88, no 3, , p. 837–1037 (ISSN 1095-8649, DOI 10.1111/jfb.12874, lire en ligne, consulté le )
- (en) Mary p O'Malley, Kathy A. Townsend, Paul Hilton et Shawn Heinrichs, « Characterization of the trade in manta and devil ray gill plates in China and South-east Asia through trader surveys », Aquatic Conservation: Marine and Freshwater Ecosystems, vol. 27, no 2, , p. 394–413 (ISSN 1099-0755, DOI 10.1002/aqc.2670, lire en ligne, consulté le )