Michel Lussault

géographe et universitaire français

Michel Lussault est un géographe français né le à Tours[1].

Michel Lussault
Michel Lussault en 2018.
Fonctions
Président
Conseil supérieur des programmes
-
Directeur
Institut français de l'éducation
depuis
Président
Université de Tours
-
Jacques Gautron (d)
Loïc Vaillant (d)
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (64 ans)
ToursVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Directeur de thèse
Jean-François Troin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Il est président du Conseil supérieur des programmes entre et .

Parcours professionnel

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Les parents de Michel Lussault sont tous deux enseignants et militants socialistes. Son père, Paul Lussault[2], est particulièrement actif. Il sera candidat aux élections, membre du comité directeur du Parti socialiste, directeur-adjoint du cabinet de Jean Poperen. Michel Lussault s'engage fortement aux côtés de son père et au Parti socialiste, qu'il quittera en 1984[3].

Agrégé de géographie en 1983, maître de conférences à l'université de Tours en 1992, professeur des universités en 1997 dans la même université. Depuis 2008, il est professeur à l’École normale supérieure de Lyon. Il est spécialiste de géographie urbaine, travaillant sur les acteurs, les représentations, les discours et la production de l'espace urbain. A ce titre, il est lauréat en de l'appel d'offre pour la création d'instituts de convergence, lancé par le commissariat général aux investissements. Son projet, financé jusqu'en 2025 : L'école urbaine de Lyon, vise à développer des recherches et formations doctorales sur les questions d'urbanisation mondiale à l'époque de l'entrée dans l'anthropocène.

Michel Lussault a été président de l'université de Tours de 2003 à 2008, troisième vice-président de la Conférence des présidents d'université (CPU) de 2006 à 2008[4] et président de l'agence de mutualisation des universités (AMUE) de 2005 à 2008. Il a coprésidé avec l'architecte Paul Chemetov le conseil scientifique de l'appel à projet international « Un pari pour le grand Paris » (2008-2009). En 2010-2011, il a été responsable scientifique du groupe : « L'urbain métropolisé français dans la mondialisation » dans le cadre de la procédure Territoires2040, lancée à l'initiative de la DATAR. Il est depuis 2010 président du conseil scientifique du PUCA (Plan Urbanisme Construction Architecture) organisme de recherche incitative du Ministère de l'écologie, de l'environnement, du développement durable et de la mer. Il préside, de à , Arc en Rêve, centre d'architecture, à Bordeaux[5]. Depuis , il préside l'association Villa-Gillet.

Auteur depuis 1991 de 12 ouvrages scientifiques (écrits ou dirigés et codirigés) et de plus de 100 articles dans des ouvrages collectifs et des revues à comité de lecture, il a notamment codirigé avec Jacques Lévy le Dictionnaire de la géographie et de l'espace des sociétés (2003 et nouvelle édition 2013), avec la volonté de refonder la géographie en tant que discipline dans le champ des sciences humaines.

En , il est nommé par la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, président du Conseil supérieur des programmes (CSP)[6], une nomination décrite par Blanche Lochmann, présidente de la Société des agrégés, comme « le triomphe des vieilles lunes déconnectées du terrain »[7].

En , en tant que président du Conseil supérieur des programmes de l'Éducation nationale, il présente avec Najat Vallaud-Belkacem, les nouveaux programmes qui s'appliqueront au collège à la rentrée 2016[8]. Il est alors décrit par le sénateur Jacques Grosperrin comme « un gentil idéologue, nostalgique des années 1970 »[9]. Celui-ci démissionne en du Conseil critiquant notamment « l'idéologie » et « les dérives communautaires ». Grosperrin considère cette instance, contrairement à sa mission de garantir la transparence du processus d'élaboration de ces programmes comme « le bras armé de la ministre de l'Éducation nationale »[10]. Répondant à cette accusation de « fonctionnement dogmatique, pour ne pas dire idéologique », Michel Lussault a tenu à souligner que « le CSP n'est pas un groupe d'idéologues gauchistes » en affirmant que cette structure était « non partisane »[11].

Michel Lussault fait partie des pédagogues incriminés par le livre de Carole Barjon intitulé Mais qui sont les assassins de l'école ? (2016)[12].

Le , Michel Lussault annonce sa démission du Conseil supérieur des programmes (CSP), reprochant à Jean-Michel Blanquer de « remettre en cause de façon brutale et unilatérale des évolutions qui avaient longuement été discutées pendant les années précédentes »[13]. Le ministre répond en déclarant : « Je suis dans un travail d'organisation de l'Éducation nationale pour que tous les enfants sachent lire, écrire, compter et respecter autrui à la sortie de l'école primaire. Si ça gêne M. Lussault, ce n'est vraiment pas grave qu'il s'en aille »[14]. Pour l'ancien ministre de l'Éducation nationale Luc Ferry, il s'agit d'« un départ que personne ne regrettera, tant les dégâts causés par son conseil dans la rédaction des nouveaux programmes, notamment en histoire et en français, ont été effroyables »[15].

Socle commun

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Dans le cadre de ses fonctions de président du Conseil National des Programmes, il promeut et valide la nouvelle version du socle commun des compétences (version 2015/2016, la première version était celle de 2006) qui comporte désormais 5 domaines. Il défend l'idée que ce socle commun constitue une obligation de résultat de la part de l’Éducation nationale qui doit s'engager à ce que chaque élève sortant de troisième possède l'ensemble des compétences définies par le socle. Ces compétences sont volontairement transversales et non disciplinaires. La version 2016 constitue désormais la base dont découle les programmes (ce qui n'était pas le cas dans la version 2006).

Recherches

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Dans son ouvrage L'Homme spatial (2007), il pose les fondements d'une théorie de l'espace et de la spatialité et montre comment cette approche permet de repenser le phénomène urbain.

Dans son livre De la lutte des classes à la lutte des places (2009), il développe une approche de l’action spatiale des opérateurs sociaux, en insistant notamment sur l’identification de compétences élémentaires de la spatialité, au nombre de six :

  • la compétence de métrique (mesurer les distances),
  • la compétence scalaire (discriminer le petit du grand),
  • la compétence d'emplacement (trouver pour soi, les autres et les objets la bonne place),
  • la compétence de limitation (découper l’espace en entités élémentaires pertinentes et poser des limites spatiales entre ces entités),
  • la compétence de franchissement (franchir les sas, seuils et portiques),
  • la compétence de parcours (composer et suivre un itinéraire).

Il approfondit depuis lors le concept de géologistique qu'il considère comme « l’ensemble des modes d’organisation nécessaires à un opérateur pour réaliser une opération spatiale, de la plus élémentaire à la plus complexe ». Son travail se focalise particulièrement sur la question urbaine. Il développe la thèse de l'urbanisation généralisée du monde en mettant en évidence les nouvelles caractéristiques de l'urbain contemporain. Il a appliqué cette vision dans le travail de prospective de la DATAR, Territoires2040, au sein de laquelle il a proposé 4 scénarios originaux d'évolution de la métropolisation française[16].

Dans son livre L'Avènement du Monde (2013), Michel Lussault poursuit son travail de théorisation des spatialités. Il tente de comprendre l'impact du processus d'urbanisation généralisée, dont il fait la principale "force instituante" d'une nouvelle réalité : le Monde (avec une majuscule), dont il date l'émergence d'après la Seconde Guerre mondiale. Le cœur du propos est de montrer que la mondialisation urbaine se manifeste d’abord par de nouvelles manières d’habiter collectivement la terre. Cette focalisation traduit bien le profil de géographe de l’auteur qui entend livrer des clefs de compréhension des modalités de spatialisation des sociétés mondialisées. Et ce dans une perspective centrée sur la question de la constitution d’une nouvelle sphère politique mondiale. Celle-ci devrait dessiner les traits d’une habitation collective du Monde par les humains. Il s’agit donc pour Michel Lussault de poser des jalons pour ce qui pourrait être une « politique du Monde », à savoir : une capacité commune à garantir l’habitabilité humaine des espaces terrestres[réf. nécessaire].

En 2017, il publie Hyper-lieux. Les nouvelles géographies de la mondialisation. Le concept d'Hyper-lieux s'oppose au concept de non-lieu développe par Marc Augé[17]. Les « hyper-lieux » seraient des espaces intenses et divers où s’exprime la créativité[17]. Michel Lussault avance par exemple que la jungle de Calais n'est pas une jungle mais « une sorte d'alter-lieu portant en lui une autre vision de la cohabitation urbaine : plus spontanée, informelle, souple, sobre, autoconstruite. »[18] Éric Zemmour, qui reproche à l'ouvrage son « sabir de savant jargonnant », considère Hyper-lieux comme « un formidable révélateur de l'idéologie mondialiste que promeut la crème de la crème de la gauche universitaire. »[18] Challenges tourne quant à lui en dérision un ouvrage rédigé dans une « incompréhensible novlangue »[19]. Les Inrockuptibles jugent au contraire que le livre « renouvelle de manière fulgurante la pensée de la spatialité contemporaine »[20]. Le journal Libération consacre une série d'articles en à cette question des hyper-lieux[21]. Le livre est présenté et débattu par de nombreux médias papier et radiophonique (France Culture, France Inter, Radio-France internationale, Radio Suisse Romande). Il est traduit en Italien en 2019. Une série documentaire est réalisée à partir de ce livre et diffusée sur France 5 en juin 2024

En 2020, il publie Chroniques de géo' virale, Lyon, 205 éditions, un livre réalisé à partir de chroniques vidéo postées durant le premier confinement lié à la pandémie de covid 19. Il y propose de «penser le monde avec le virus» et de comprendre la pandémie comme révélatrice à la fois de l'état du système-monde urbanisé et de la vulnérabilité de celui-ci. Il développe l'idée de la pandémie comme «fait anthropocène total[22]

En 2024, il publie Cohabitons! Pour une nouvelle urbanité terrestre aux Êditions du Seuil.

Résumé de la carrière professionnelle

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Publications

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Natation

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Dans sa jeunesse, Michel Lussault a pratiqué la natation de haut niveau au sein du club des Enfants de Neptune de Tours. Après des succès aux critériums de France, il a remporté trois titres de champion de France messieurs du 200 m dos en bassin de 50 m en 1977 (été) et 1978 (été et hiver). Il a été plusieurs fois international A.

Notes et références

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  1. « Biographie de Michel Lussault », sur letudiant.fr (consulté le ).
  2. Jacques Girault, Gilles Morin, « Notice Paul Lussault », sur univ.paris1.fr, .
  3. Sylvain Bourneau, Michel Lussault. Les Intellectuels du XXIe siècle, documentaire de 66 min diffusé sur France 5 le 9 juillet 2018
  4. « France Universités : qui sont les membres du bureau depuis 1994 et... », sur aefinfo.fr (consulté le ).
  5. Denis Lherm, « Arc en rêve prépare un retour aux sources », sur sudouest.fr (consulté le ).
  6. Michel Lussault nommé président du Conseil supérieur des programmes, lesechos.fr, 26 septembre 2014
  7. Lussault au Conseil supérieur des programmes, «c'est la revanche du pédagogisme», lefigaro.fr, 29 septembre 2014
  8. Michel Lussault, le «doux dingue» programmateur du collège, lopinion.fr, 18 septembre 2015
  9. La polémique sur les programmes scolaires refait surface, nouvelobs.com, 28 août 2015
  10. « Coup de chapeau - Jacques Grosperrin », Le Figaro Magazine, semaine du 29 mai 2015, page 28.
  11. Michel Lussault : « Nous ne sommes pas des idéologues gauchistes », leparisien.fr, 25 juin 2015
  12. Brighelli - Les fossoyeurs de l'école démasqués, Jean-Paul Brighelli, lepoint.fr, 24 septembre 2016
  13. « Éducation nationale : le président du Conseil supérieur des programmes démissionne », sur francetvinfo.fr, .
  14. Démission de Lussault : Blanquer dans "une posture anti-Vallaud-Belkacem" ?, Le Point, 26 septembre 2017
  15. Luc Ferry, « Éducation nationale : "Blanquer est un atout essentiel pour Macron" », Le Figaro Magazine, semaine du 15 décembre 2017, page 49.
  16. « Urbanisation et métropolisation françaises. Tendances actuelles et scénarios possibles », sur adeus.org, .
  17. a et b Les hyper-lieux : une nouvelle espèce d’espace, lesinrocks.com, 18 février 2017
  18. a et b Eric Zemmour, Hyper-lieux. Les nouvelles géographies de la mondialisation, Le Figaro, 2 mars 2017
  19. Marc Baudriller , L'incompréhensible novlangue de l'ex responsable des programmes scolaires, Challenges, 27 septembre 2017
  20. Les hyper-lieux : une nouvelle espèce d’espace, Les Inrockuptibles, 18 février 2017
  21. [1]
  22. Laetitia Van Eeckhout, «"Chroniques de géo’virale" : penser le monde avec le Covid-19», Le Monde, 22 décembre 2020.
  23. « Khaled Bouabdallah, administrateur provisoire du PRES Université Lyon », sur leprogres.fr (consulté le ).
  24. « Éducation : le président du Conseil supérieur des programmes démissionne », FIGARO,‎ (lire en ligne, consulté le )
  25. « Eur - ecole urbaine de lyon », sur Ecole urbaine de lyon (consulté le ).

Liens externes

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