Maxime Renahy
Maxime Renahy, né le à Grande-Synthe (Nord) est un lanceur d'alerte et journaliste français ayant travaillé dans la finance à Jersey et au Luxembourg.
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Mourant Ozannes (- |
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Biographie
modifierJeunesse et études
modifierSon grand-père est résistant à partir de 1940. Son père est maoïste et vit plusieurs années dans la clandestinité ; il devient ensuite directeur d'un centre d'information jeunesse. Il est cousin de Jean Tirole[1].
Il effectue une partie de ses études en Angleterre, à Bristol, pour apprendre l'anglais, à partir de l'âge de 28 ans[2].
Carrière dans la finance et à la DGSE
modifierIl indique avoir effectué un séjour en Polynésie française en 2001, où il travaillait dans une ferme perlière codétenue par le père de sa petite-amie de l'époque. Se rendant compte que celui-ci manipule le copropriétaire polynésien, il aurait révélé la supercherie.
Le frère d'une amie lui aurait ensuite proposé d'aller travailler à Jersey, où l'un des plus gros cabinets d'avocats de l'île cherchait un francophone[3],[4]. Il serait alors devenu administrateur de fonds de fiduciaire Mourant (filiale de State Street)[5],[6],[7].
Le rachat du fabricant de valises Samsonite (Hénin-Beaumont) en juillet 2007[8], dont la production est ensuite délocalisée en Asie, est l'élément déclencheur qui l'amène à prendre contact avec les services de renseignement français DGSE.
En parallèle de ses activités professionnelles, il aurait transmis durant 5 ans des informations sensibles aux services de renseignement français DGSE.
Les échanges auraient alors été fréquents entre lui et les agents français, notamment via des clés USB chiffrées. Par la suite, il aurait étendu son espionnage à d'autres cabinets d'avocats via des soirées, et plus généralement les événements festifs fréquents sur l'île[4]. Une fois muté au Grand-Duché du Luxembourg, il lui aurait été demandé de découvrir le montant des rétrocommissions potentiellement versées par les Britanniques dans divers dossiers d'armement[1]. Ayant l'impression qu'il « ne servait pas l'intérêt de [ses] concitoyens, mais [...] d'autres multinationales et milliardaires français », il décide alors de quitter le monde financier et les services de renseignement pour aller travailler pour des ONG[4].
Carrière de lanceur d'alerte
modifierAfin de lutter contre l'évasion fiscale, il crée avec son frère Alexandre une association et le site Internet lanceuralerte.org permettant à d'autres lanceurs d'alerte de déposer des informations de manière anonyme, le but étant de les diffuser par la suite[9].
Début 2019, la Confédération paysanne accuse le groupe Lactalis d'avoir soustrait 2 milliards au fisc sur la base des travaux de Maxime Renahy[9],[10]. En octobre 2020, Disclose publie une analyse des mécanismes financiers mis en place au profit de la société écran Nethuns à Luxembourg, détenue par la famille Besnier. Les auteurs estiment que ce mécanisme aurait permis d'économiser 220 millions en impôts au groupe Lactalis[11].
Carrière d'auteur et journaliste
modifierEn 2019, dans le cadre d’une collaboration rémunérée avec Le Media, il dénonce une présumée évasion fiscale de BFM TV[12],[13],[14],[15]. Le directeur de BFM TV, Alain Weill, lui répond dans Telerama que tout est légal et qu'« il n'y a aucune fraude fiscale derrière ça. »[16].
La même année, il participe à plusieurs actions en justice afin de forcer des multinationales et milliardaires à publier leurs comptes[17], dont une action en justice de L214 contre Bigard[18] et une action contre Bernard Arnault portée par le Parti Communiste[19],[20],[21].
À la suite de l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen, il constate que cette entreprise est détenue depuis 2011 par Berkshire Hathaway, le fonds d'investissement de Warren Buffett, via une succession de holdings. Ce mécanisme permet de diminuer les impôts payés, de façon légale, par le biais de prêts intra-groupe[22],[23].
Le 24 juin 2020, dans le cadre de son travail d'investigation pour le Média, il publie une enquête sur l'évasion fiscale prétendument pratiquée par certains groupes d'EHPAD français, comme DomusVI[24]. Dans la même étude, il avance qu'une partie de l'assurance-vie en France serait placée en offshore dans des investissements incontrôlables, dont possiblement dans des entreprises d'armement[24],[2].
En septembre 2020, il dévoile, « en épluchant des dizaines de documents accessibles depuis le registre des sociétés du Luxembourg », qu'Apollo Global Management, le principal actionnaire de Verallia (dont l'État français par le biais de la BPI possède également 7% environ) a effectué en janvier 2020 un virement de 559 millions d'euros d'une filiale luxembourgeoise « vers celle qui la possède aux îles Caïmans »[25],[26],[27]. Or, quelques mois plus tard, en juin 2020, Verallia annonce une réorganisation de ses activités de production avec la suppression de 130 postes au sein de ses usines en France[28],[29].
Par ailleurs, il intervient régulièrement dans les médias pour sensibiliser l'opinion sur l'optimisation fiscale et l'évasion fiscale[30],[31],[8],[7].
Publication
modifier- Là où est l’argent, Paris, Les Arènes, 2019 (ISBN 978-2-35204-751-3)
Notes et références
modifier- Maxime Renahy, Là où est l'argent, Paris, Les Arènes, , 390 p. (ISBN 978-2-35204-751-3 et 2-35204-751-X, OCLC 1102539805, lire en ligne)
- Thinkerview, « L'espion, le Covid et le truand », sur youtube.com, (consulté le )
- Cécilia CHERRIER, « Les révélations d’un financier repenti », sur www.estrepublicain.fr, L'Est Républicain, (consulté le ) : « (...) Il partage alors sa vie avec une avocate écossaise dont le frère a besoin d'un collaborateur qui parle français pour travailler dans la finance à Jersey.(...) »
- Hervé Chambonnière, « Maxime Renahy. « L’État français utilise les paradis fiscaux » », sur letelegramme.fr, (consulté le )
- « PORTRAIT. Maxime Renahy, l'espion franc-comtois qui dénonce les dérives de la finance et les paradis fiscaux », sur France 3 Bourgogne-Franche-Comté (consulté le )
- (en) Sullivan, Ruth, « State Street grows with Mourant purchase », sur www.ft.com, Financial Times, (consulté le )
- « Mais qu'allait faire Mitt Romney aux îles Caïmans ? », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Comment Mitt Romney a coulé Samsonite Hénin-Beaumont », sur La Voix du Nord (consulté le )
- « Lactalis accusé par la Confédération paysanne d'avoir soustrait 2 milliards au fisc », sur FIGARO, (consulté le )
- Christophe Violette, « INFO OUEST-FRANCE. La très complexe tuyauterie financière de Lactalis », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
- Mathias Destal, Marianne Kerfriden, Inès Léraud et Geoffey Livolsi, « Les milliards cachés de Lactalis », sur Disclose, : « Pour cette enquête, le média Disclose s’est appuyé sur 113 documents financiers et a commandé une analyse financière à Maxime Renahy qui a été ensuite vérifiée par un de nos journalistes. »
- Etienne Labrunie, « BFM-TV a-t-elle été financée par de la fraude fiscale ? C'est ce que démontre une enquête du Média », sur Télérama, (consulté le )
- « Le Média, une information au service du bien commun », sur www.lemediatv.fr (consulté le )
- Manuel Vicuña, « BFM et l'évasion fiscale ? Les rares reprises de l'enquête du Média - Par Manuel Vicuña | Arrêt sur images », sur www.arretsurimages.net, (consulté le )
- FLORIAN BAYARD, « BFM TV financé par la fraude fiscale ? Altice-SFR dément », sur PhonAndroid, (consulté le )
- « Evasion fiscale pour financer BFM TV ? Alain Weill répond : “Nous respectons totalement la loi” », sur Télérama (consulté le )
- Eric Verhaeghe, « Les multinationales doivent-elles rendre leurs comptes publics? », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
- Marie-Josée Cougard, « Viande : L214 assigne Bigard en justice », sur Les Echos, (consulté le )
- Camille Langlade, Frédéric Bergé, « Le PCF assigne en justice Bernard Arnault pour non-publication des comptes de sa compagnie privée », sur BFM BUSINESS, (consulté le )
- Le Média, Alexandre Renahy, « VICTOIRE CONTRE BERNARD ARNAULT : LE MÉDIA POURSUIT LES MULTINATIONALES », sur youtube.fr,
- Le Figaro avec AFP, « Roussel (PCF) assigne en justice Bernard Arnault pour non-publication de comptes », sur Le Figaro.fr, (consulté le )
- « [Révélations] Le pactole luxembourgeois qui n'a pas brûlé à Lubrizol », sur www.lemediatv.fr, (consulté le )
- « Lubrizol et Warren Buffett : quels liens ? », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Verallia: des montages financiers qui font désordre », sur CharenteLibre.fr (consulté le )
- « Des centaines de millions d’euros aux Caïmans », sur L'Humanité, (consulté le )
- « [ENQUÊTE] - Verallia licencie mais envoie pourtant des centaines de millions d'euros dans les paradis fiscaux | Le Média », sur www.lemediatv.fr (consulté le )
- « Verallia réorganise son activité en France », L'Usine Nouvelle, (lire en ligne, consulté le )
- « Verallia va supprimer 80 postes sur le site de Châteaubernard : "On est en train de tuer Cognac" s'insurge la CGT », sur France 3 Nouvelle-Aquitaine (consulté le )
- « Comment ils ont bradé la France », sur Marianne, (consulté le )
- « "Dans les paradis fiscaux, on considère les gilets jaunes comme des jaloux dangereux" », sur Marianne, (consulté le )