Vingt-six martyrs du Japon
Les Martyrs du Japon sont le groupe de catholiques qui, le , à Nagasaki au Japon, furent crucifiés, en répression de la foi chrétienne, sur l'ordre du daimyo Toyotomi Hideyoshi. Ils étaient vingt-six — en grande majorité Japonais — et formaient un groupe très varié de jeunes et de vieux, de prêtres, religieux et laïcs, franciscains et jésuites.
Ce premier supplice a été suivi par le « Grand Martyre » du , également à Nagasaki, au cours duquel vingt-trois chrétiens furent brûlés au poteau et vingt-deux décapités, puis par les « seize martyrs dominicains » exécutés à Nagasaki entre 1633 et 1637. Ils sont commémorés le 6 février selon le Martyrologe romain[1].
Le contexte
modifierSaint François Xavier avait débarqué en août 1549, à Kagoshima, afin d'évangéliser les Japonais. Avec lui, et à sa suite, de nombreux Jésuites et Franciscains réussirent à répandre le christianisme dans le pays, en même temps qu'ils créaient des écoles, des paroisses, et des hôpitaux.
Quelques décennies après, pour des motifs à la fois religieux et politiques, les missionnaires et les Japonais qui étaient devenus catholiques furent durement persécutés de 1597 jusqu'en 1637.
Le shogun cherchait à la fois à unifier le pays et à lutter contre les puissances religieuses locales. Il s'en prit donc aux Chrétiens qui représentaient à ses yeux une insupportable influence étrangère. Les missionnaires ayant été expulsés, le christianisme implanté devint clandestin. Mais dix ans plus tard, la persécution des Chrétiens reprit et en février 1597, vingt-six d'entre eux seront arrêtés, torturés et crucifiés.
Les martyrs
modifierParmi ces vingt-six martyrs, crucifiés sur une colline de Nagasaki, face à la mer, se trouvaient :
- Paul Miki, fils de militaire, scolastique jésuite japonais.
- Deux frères jésuites, Jean Soan (dit Jean de Goto) et Jacques Kisaï, tous deux catéchistes.
- Six Franciscains :
- Pierre Baptiste Blásquez, provincial franciscain au Japon
- Martin de l'Ascension Aguirre, professeur de théologie
- François Blanco, prêtre
- Philippe de Jésus, frère
- Gonçalo Garcia, frère indien (de Bassein, Bombay)
- François de Saint-Michel, frère
- Dix-sept laïcs Tertiaires Franciscains, membres de la communauté de Méaco :
- Côme Takeya Sozaburō,
- Michel Cozaki et son fils Thomas Cozaki (enfant de chœur de 15 ans)
- Paul Ibaraki,
- Louis Ibaraki (enfant de chœur de 11 ans),
- Léon Carasumo (catéchiste et interprète),
- Bonaventure de Miyako,
- Joachim Sakakibara (médecin),
- François de Miyako (médecin),
- Thomas Dauki (interprète),
- Jean Kinuya,
- Gabriel de Duisco,
- Paul Suzuki (catéchiste et interprète),
- François Danto (Jeune néophyte)
- Pierre Sukejiro,
- Mathias Miyakolainen,
- Antoine Deynan (enfant de chœur de 13 ans).
Après les avoir torturés et exhibés pour l'exemple de ville en ville, ils arrivèrent sur une colline proche de Nagasaki où ils furent suspendus à un gibet en forme de croix, du haut duquel ils continuèrent à chanter des psaumes et à proclamer l'Évangile, jusqu'à ce qu'ils soient transpercés d'un coup de lance.
Béatification, canonisation et fête
modifierIls furent tous béatifiés en 1627 par le Pape Urbain VIII et canonisés le par le Pape Pie IX. Liturgiquement ils sont commémorés ensemble le 6 février. À Nishizaka, la colline où les martyrs furent crucifiés, on trouve un monument représentant les martyrs, ainsi qu’une chapelle moderne et un musée abritant des souvenirs de l’époque[2]. Le , la Conférence des évêques catholiques du Japon a désigné « haut lieu de pèlerinage national », le site de leur crucifixion[2].
Vénération
modifier- Un monument a été érigé à la mémoire de Paul Miki et de ses compagnons à Nagasaki.
- En France deux endroits sont dédiés à la mémoire des saints japonais :
- à Paris, au siège des Jésuites, l’église Saint-Ignace. Voir le tableau, La canonisation des martyrs du Japon par Jules Vibert, 1868, dans la chapelle des Martyrs.
- à Cambrai, à la chapelle des Jésuites.
Notes
modifier- « Saint Paul Miki », sur nominis.cef.fr (consulté le )
- Au Japon, Nagasaki devient un haut lieu de pèlerinage catholique, La Croix, le 19 juin 2012
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Giuseppe Boero, Histoire de la vie et du martyre des saints japonais, Toulouse, 1963.
- Victor De Buck, Les Saints martyrs japonais de la Compagnie de Jésus : Paul Miki, Jean Soan de Gotto et Jacques Kisai, 1863 [lire en ligne]
- Lettres du Japon - Chronologie des Jésuites au Japon [lire en ligne]
Articles connexes
modifier- Urakami Yoban Kuzure
- Seize martyrs de Nagasaki
- Histoire du catholicisme au Japon
- Les Vingt-Six Martyrs japonais, film de Tomiyasu Ikeda (1931)
Liens externes
modifier
- Histoire du christianisme au Japon, où l'on voit les différentes révolutions qui ont agité cette monarchie pendant plus d'un siècle (1828) Vol. 1
- Histoire du christianisme au Japon, où l'on voit les différentes révolutions qui ont agité cette monarchie pendant plus d'un siècle (1828) Vol. 2
- Histoire de l'établissement, des progrès et de la décadence du christianisme dans l'empire du Japon, où l'on voit les différentes révolutions qui ont agité cette monarchie pendant plus d'un siècle (1828-29) Vol. 1
- Histoire de l'établissement, des progrès et de la décadence du christianisme dans l'empire du Japon, où l'on voit les différentes révolutions qui ont agité cette monarchie pendant plus d'un siècle (1828-29) Vol. 2
- Saints Paul Miki, Jean Soan (de Goto) et Jacques Kisai, site de la Province de France des Jésuites