Marshal Law
Marshal Law est une bande dessinée créée par le scénariste britannique Pat Mills et le dessinateur britannique Kevin O'Neill. La série a été publiée pour la première fois par Epic Comics, une filiale de Marvel Comics, en 1987.
Marshal Law | |
Personnage de fiction apparaissant dans Marshal Law. |
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Martial_Law.jpg Une couverture de Marshal Law "Fear and Loathing" |
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Alias | Joe Gilmore |
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Origine | San Futuro (San Francisco) |
Activité | Policier |
Pouvoirs spéciaux | grande force, capacité à se soigner, capacité à ne pas ressentir la douleur |
Pouvoirs | Génétiquement modifié pour être insensible à la douleur. A une force, une endurance et une agilité supérieure à la normale. |
Famille | Lynn Evans : petite amie |
Affiliation | Ex Screaming Eagle (vétéran de La Zone) |
Créé par | Pat Mills Kevin O'Neill |
Première apparition | Marshal Law (vol. 1) #1 (Epic Comics, octobre 1987) |
Éditeurs | Epic Comics, Apocalypse Ltd, Dark Horse Comics, Image Comics, Titan Books (en) et Top Shelf en 2009. |
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La série est une satire de l'industrie des super-héros et de la société dans son ensemble. Elle explore des thèmes tels que la violence, le fascisme, la célébrité, la politique et la nature de la justice dans un monde où les super-pouvoirs sont monnaie courante. Les dessins de Kevin O'Neill se caractérisent par leur style brutal et grotesque participant à l'atmosphère de la série.
L'histoire se déroule dans un monde de super-héros, où le personnage principal, Marshal Law, est un ancien soldat qui a été transformé en justicier pour traquer et éliminer les super-héros corrompus ou qui abusent de leurs pouvoirs. Marshal Law est un personnage sombre et violent, qui n'hésite pas à utiliser la force pour atteindre ses objectifs.
Marshal Law a connu plusieurs séries limitées et spin-offs au fil des ans, ainsi que des adaptations pour la télévision et les jeux vidéos. Elle est souvent considérée comme une œuvre importante du genre de la bande dessinée de super-héros, en particulier pour son approche satirique et subversive.
Le personnage
modifierMarshal Law est officiellement un policier, employé par le gouvernement pour « gérer » les gangs de super héros (souvent des vétérans de La Zone) dans le quartier le plus dangereux de San Futuro (San Francisco après un séisme qui a ravagé la ville). Il est lui-même un vétéran de La Zone (Panama, Équateur, Brésil et Venezuela) qui a pour identité civile Joe Gilmore[pas clair].
Comme tous les Screaming Eagles employés par le gouvernement pour sa guérilla anticommuniste sud américaine, il a été transformé en super-héros. Le personnage a été modifié génétiquement pour l'empêcher de ressentir la douleur, au moyen d'une réponse (feedback) électrique générée par son système nerveux bloquant toute information relative à la douleur. Cette absence de ressenti est probablement liée à sa force, son endurance et son agilité supérieure (voir aussi Darkman de Sam Raimi, 1990). Cela explique aussi sa psyché décalée, qui nourrira beaucoup l'évolution du personnage.
Son supérieur direct est le commissaire Mac Gland.
Histoires
modifierMarshal Law: Fear and Loathing
modifierPublications
modifierLe premier arc, composé de 6 numéros de 28 pages, est sorti aux États-Unis chez Epic Comics (filiale adulte en creator own de Marvel Comics) entre et . Il est titré a posteriori pour le paperback (livre de poche) américain Fear and Loathing () et a fait l'objet d'une traduction en français par la maison d'édition Zenda en 3 tomes ( à ).
Les six comics d’origine sont supérieurs en qualité par rapport aux autres comics de l’époque (papier glacé). Kevin O'Neill utilise la peinture directe pour cette première histoire.
Concernant l’édition française, les couvertures, ainsi que les 2e, 3e et 5e de couverture, sont exclusives à l’édition ; le format est agrandi au format A4 pour permettre une meilleure qualité de lecture. Certaines planches présentent de légers dédoublements. Le papier est de qualité supérieure (en épaisseur notamment). Toutes les couvertures originales sont reprises. Dans l'édition originale, des citations ouvrent chacune des 6 parties de l’histoire. Elles sont encadrées par des rideaux de théâtre sur un fond constitué d’une photo. En noir et blanc peu contrasté, elles n’ont pas été imprimées dans l’édition française. Elles sont même parfois légèrement différentes dans le livre de poche anglais (épisode 1 et 4).
L'édition américaine du livre de poche est au même format et dans la même qualité que les comics d’origine. Toutes les couvertures originales sont reprises. Cette édition inclut huit pages de prologue inédites, précisant le monde dans lequel évolue le héros, ainsi que sa genèse. Y sont présentées une version rajeunie du commissaire Mac Gland et la première apparition du Private Eye qui aura son propre arc : Kingdom of the Blind la même année de parution que ce paperback. La dernière de ces 8 pages inédites, enchaîne avec la couverture du premier épisode. Ce prologue a été aussi proposé aux lecteurs britanniques du magazine Toxic! (#14 et 15 : titré pour l’occasion Rites of passage), sous la forme d'un flash back entre The Hateful Dead et Super Babylon, accompagné de 2 nouvelles pages inédites le rattachant à cette histoire.
En 1990, le magazine anglais bimensuel Strip (Marvel UK) a publié cette première histoire, à raison de 2 numéros pour un comics d’origine (du numéro 1 au 12 inclus). L’intérêt de cette version est qu’elle est au format magazine (A4), et imprimée sur du papier de qualité supérieure (glacé).
L’édition Graphitti Designs limitée à 1500 exemplaires signés par les auteurs, sortie aux États-Unis en 1990, reprend la totalité du contenu du paperback d'Epic Comics, plus l’histoire Marshal Law Takes Manhattan (simplement titrée ici Crime and Punishment). Cette édition en hardcover simili cuir comme couverture, contient 16 pages de matériel éditorial ; elle inclut, entre autres, des croquis préparatoires et l’intégralité du matériel exclusif à l’édition française.
Le paperback anglais, sorti chez Titan Books en 2002, reprend l’intégralité du contenu du paperback américain, prologue inclus (à l'exception de la préface de Clive Barker, remplacée par une préface de Pat Mills). Par contre, la couverture diffère (visuel du premier tome de l’édition française), et il possède des illustrations bonus d’O'Neill datées de 1995, initialement prévues pour un projet de film finalement abandonné.
Résumé de l’histoire
modifierUn mystérieux super héros volant, le Marchand de Sable, assassine des femmes ayant revêtu le costume de Céleste, super héroïne aux pouvoirs de séduction décuplés. L’enquête de Marshal Law, l’amène à soupçonner le Super Patriote (que, par ailleurs, il déteste cordialement), héros de la nation, enfant chéri du peuple et, accessoirement, compagnon de Céleste.
Thèmes abordés
modifierLe propos principal de cette première histoire est d’évoquer le dévoiement du rêve américain. Au travers de l’exaltation patriotique, il glorifie aux yeux du public les guerres ou autres missions moralement douteuses. La cible principale, ici, est l’image véhiculée par le héros et enfant chéri de la nation : le Super Patriote (au look très « Supermanien »). Cette première aventure va théoriser et prophétiser le changement de ton que connaîtra l’industrie des comics dans la décennie suivante : des univers plus cyniques et une multitude de personnages au « côté sombre » très marqué. Elle annonce le passage de flambeau entre 2 modèles de Super Héros, illustré par le fils du Super Patriote, qui va finalement choisir Marshal Law comme figure paternelle.
Traduction française
modifierLa traduction est assurée par Stéphane Salvetti et le lettrage par Martine Segard. Le traducteur a, par exemple, eu la lourde tâche de trouver des équivalents français à la multitude de noms de super héros, et de s’assurer qu’ils restent accrocheurs, sans trahir le sens original. Le Marchand de Sable, est, par exemple, une bonne traduction pour The Sleepman (en v.o.), bien que son sens ne soit pas forcément très connu du lectorat actuel (et même de l’époque). En outre, cette appellation ne permet pas de mettre en valeur l’ironie poétique de la toute dernière case de l’épisode 5, où le Sleepman mourant dit : « … can sleep forever ».
La solution de facilité aurait été de laisser tels quels les noms des personnages. Il y a de rares exceptions : le titre intraduisible du second épisode « Evilution », qui est en anglais la contraction des mots evil et evolution. La comparaison des 2 versions, ne révèle aucun contre-sens.
On peut signaler quelques points :
- À la planche 22 de l’épisode 6, il manque dans la case 2 (panneau noir), la fin de la phrase : « Il ne doit jamais manifester de faiblesses honteuses, jamais s’effondrer en larmes. » Ce n’est pas anecdotique ; cette attitude du Marshal pleurant contredirait le profil psychologique des super-héros qui est fait parallèlement dans la narration. Elle pourrait alors faire écho à la troisième case de la planche 26, où à nouveau ce type de narration est utilisé (accentuant le fait que Marshal Law, n’est pas un personnage unidimensionnel).
- À la planche 27 de l’épisode 5, dans la troisième case, le mot « midi », est la traduction de high noon dans la v.o. High Noon est en fait le titre original de Le Train sifflera trois fois, une des références de Western en matière de duels épiques.
- Sans être un problème, il y a inversion entre le texte des deux premières cases des planches 22 et 24 de l’épisode 6.
- Les assertions psychologiques issues de la thèse de Lynn sont directement écrites sur le dessin (pas de cadre) dans la v.o.. Pour l’édition française, la traduction de ces textes a obligé l’éditeur à utiliser des cadres à fond noir, ce qui élimine une petite partie du dessin à chaque fois.
Références utilisées et autres remarques
modifierIl y a assez peu de référence aux personnages de comics dans ce premier arc, qui s’attaque surtout au symbole que représente Superman (en français : Super Patriote) par rapport au rêve américain. Les références explicites aux univers des supers héros de Marvel et DC en particulier, seront beaucoup plus nombreuses dans les histoires suivantes. Pour cette première aventure, la plupart des héros costumés sont des créations non référentielles des auteurs.
Dans les planches 1 et 2 du premier épisode, on peut croiser le Shadow, personnage créé par Walter Gibson.
Dans la planche 2 du troisième épisode, on trouve une référence au meurtre des parents de Bruce Wayne, évènement fondateur qui fera de celui-ci le Batman. La rue dans laquelle a lieu l’assassinat a été baptisée « Crime Alley » (planche 7, case 2 de ce même épisode).
On trouve un Spider-man, Plastic Man et quelques Batman, planche 23 de l’épisode 4. Et quelques Aquaman/Submariner à la planche 26 de l’épisode 4.
Les références bibliques et mythologiques, textuelles et visuelles sont très nombreuses dans cette première histoire (Pat Mills, enfant, a été dans une école catholique, et c’est une expérience qu’il a fort peu appréciée).
Quelques exemples :
- Virago (mot latin qui dans la Bible signifie « femme ») est le nom qu’Adam donnera à la première femme sortie de sa côte, plus tard traduit par « Ève ». Virago dans Marshal Law, avec le Super Patriote, sont les 2 premiers super héros issus des expériences menées par le docteur Shock.
- Le nom civil du Super Patriote est Buck Caine. Caïn, dans la Bible, est un des 3 fils d’Adam et Ève, celui qui tuera son frère Abel dans un accès de jalousie. Il sera banni et marqué par Dieu (la marque de Caïn, titre du chapitre 5). Symboliquement, Caïn, par son meurtre, révèle la haine qui habite le cœur de l’homme. Le Super Patriote est aussi souvent comparé au nouveau messie tout au long de la BD.
- À l’épisode 5, l’enfance du Marchand de Sable est racontée dans un style visuel qui tranche avec l’ambiance générale de la BD (planches 1, 7 et case 5 de la planche 12). On y trouve aussi beaucoup de symboles christiques : auréoles la plupart du temps et crucifix (planches 1, 6, 7, 8, 9, 11, 16).
- Némésis est la déesse de la vengeance. Ce nom est associé à la colère (« rage » et « revenge » apparaissent sur le costume de Marshal Law = Némésis, à l’avant-dernière planche du chapitre 6). Némésis peut aussi être associée à une personne : un punisseur de torts ou un vengeur. C’est aussi « l’étoile noire » de quelqu’un (ici le Super Patriote), son double maléfique qui cherche à provoquer sa perte. Dans ce sens, le Marshal est clairement le négatif du Super Patriote : leurs costumes respectifs symbolisent l’opposé de ce qu’ils sont réellement, et ce, de manière inversée. On peut aussi évoquer l’image d’Antéchrist (croix renversée rouge) qui orne le masque de Marshal Law, opposé au nouveau Messie.
- Le personnage de Judas Iscariote (sans commentaires).
- La planche d’ouverture du troisième épisode (il y a « ce qui » bombarde, et « ce qui est » bombardé).
- Épisode 3, planche 22, épisode 4, planche 13 et 14 (sans commentaires).
Autre référence : le nom du créateur de super héros, le Docteur Shock, rappelle les traitements de choc (électrochocs) utilisés en milieu psychiatrique. Les résultats et les perspectives ont grandement intéressé la CIA pour ses techniques de contre-interrogatoire. Ce thème sera beaucoup plus développé dans l’histoire suivante.
Quelques citations
modifier- Les premières paroles de Marshal Law dans le premier épisode : « Je suis chasseur de héros… je chasse les héros… en ai pas encore trouvé », et leur « miroir » à la fin du dernier épisode : « Je suis chasseur de héros… . Je chasse les héros… en ai pas encore trouvé… mais je sais où ils sont » (au cimetière).
- « Beaucoup de gens disent que je hais les super héros… ce n’est pas vrai, vous savez… bon, enfin, c’est en partie vrai… OK, c’est vrai. », et son miroir lors du tabassage du Super Patriote : « Je ne pourrais pas m’imaginer frapper un homme à genoux… c’est vrai vous savez… bon, d’accord, c’est qu’à moitié vrai… OK, c’est un mensonge ».
- « Super Patriote… si c’est toi le nouveau Messie… je serai celui qui enfoncera les clous ».
- « Si ça peut vous consoler, j’en ai explosé dix ! », et « Souris quand tu me traite de connard ! ».
- À propos de l’article de Lynn et sa thèse sur le Super Patriote en tant que symbole phallique : « Je n’ai pas tout compris de l’article - ça vient sûrement de la forme de mon front mais j’en ai compris l’idée générale. À vrai dire, cela cadrait avec ma théorie personnelle… ça faisait pas mal de temps que je soupçonnais le plus grand héros d’Amérique d’être une tête de nœud ».
Crime & Punishment : Marshal Law Takes Manhattan
modifierPublications
modifierLa première publication a lieu aux États-Unis, en 1989, sous forme d’un one shot de 48 pages au format comics (couverture cartonnée), sur un papier de bonne épaisseur, mais non glacé, avec une colorisation plus classique.
En 1990, l’éditeur anglais Apocalypse Ltd récupère Marshal Law par le biais d’une offre financière plus avantageuse pour les 2 auteurs. Il rééditera à cet effet Marshal Law Takes Manhattan (en supprimant au passage le pré-titre Crime & Punishment) le mois du lancement de l’hebdomadaire Toxic! en . Cette réédition se fera au format magazine (Marshal Law #2, qui constitue probablement aussi le Apocalypse presents #2) mais sur un papier de qualité médiocre (papier journal, donc jaunissement rapide). La couverture, ainsi que la deuxième, avant dernière et dernière de couverture n’ont pas été reprises. On y trouve toutefois une nouvelle couverture, et une deuxième et avant dernière de couverture inédite (une publicité pour le lancement de Toxix!).
En , Titan Books publie le paperback Fear Asylum. Dans ce recueil, l’histoire est rééditée en format comics, mais avec une qualité de papier supérieure aux 2 autres éditions (papier glacé). À l’exception de la deuxième de couverture (montrant le Marshal tenant une bombe insecticide sous un Spider-man), tout le matériel de la première publication de 1989 a été repris (avec même une citation du Marshal inédite : « Super groups, the bland leading the bland ! »). La couverture de la version magazine de 1990 est également reprise. Ce paperback inclut en plus une illustration inédite mettant en scène tous les vilains de Fear and Loathing et Takes Manhattan.
Résumé de l'histoire
modifierDans une interview[1] réalisée par Dark Horse Comics pour la sortie de The mask/Marshal Law, les auteurs racontaient que leur inspiration ne venait pas forcément des comics de super héros, mais qu’elle pouvait venir de n’importe où, d’un film par exemple. Dans cet ordre d’idée, Marshal Law Takes Manhattan pourrait se résumer par Vol au-dessus d'un nid de coucou[2] chez les super-héros.
L’action se passe dans un asile psychiatrique pour super héros, situé sur l’île de Manhattan. Cet asile constitue en réalité une alternative à la prison, offerte aux super héros coupables d’actions répréhensibles, exactions qui ne doivent surtout pas arriver aux oreilles du grand public. Un nouveau postulant, le Persecutor, s’y présente, alors que le Marshal est chargé d’aller sur place pour le prendre en charge en cas de refus d’admission.
Thèmes abordés
modifierAu travers de l’histoire du Persecutor et de cet asile peu commun, les auteurs abordent la mémoire sélective des pays colonialistes (page 14, cases 8 et 9), le contrôle par les autorités américaines de l’image publique de ses héros et les exactions de la CIA lors des conflits sud-américains. En particulier, on y présente comment l’art de la torture est « inconsciemment enseigné aux jeunes recrues ; pour leur expliquer comment réagir à la torture, on leur détaille de quelles façons sont pratiquées ces tortures. Il est évident que Pat Mills partage les mêmes sources documentaires historiques que celles citées sur le site de Naomi Klein[3] (Ne pas hésiter à visualiser le court métrage réalisé par Alfonso Cuaron).
On retrouve aussi le questionnement des auteurs sur ce qui constitue l'essence super héroïque d’un personnage (car seuls de « vrais » super héros peuvent être admis dans cet asile). Enfin, certaines attitudes iconiques des super héros sont tournées en dérision par les auteurs, en les mettant en parallèle avec des profils de pathologie psychiatrique ; par exemple, l’équivalent de Thor dans cette histoire est atteint de « paranoïa schizophrène », caractérisée par une propension à la grandiloquence et à se sentir l’égal d’un Dieu. Marshal Law n’échappe pas à cette double lecture.
Références utilisées et autres remarques
modifierRéférences aux personnages de comics
modifierCette fois-ci, elles sont nombreuses et facilement identifiables. Les héros du silver age de la Marvel étant réputés pour être des personnages plus névrosés et moins monolithiques que leurs homologues de DC, ce sont eux qui vont peupler cet asile :
- Le Persecutor, d’abord, variation évidente du personnage du Punisher. Ancien tortionnaire pour le compte de la C.I.A., le Persecutor assiste au décès des membres de sa famille, pris sous le feu croisé de deux bandes de guérilleros brésiliens et uruguayens venus se venger du Persecutor (La famille du Punisher a été décimée dans des circonstances similaires par des gangs mafieux).
- Planche 2, on reconnaît sans peine des équivalents à Thor, Spider-Man, le Surfer d'Argent, Œil-de-Faucon, Mister Fantastique, Submariner, Captain America, Daredevil, Docteur Strange et Ant Man. D’autres super héros (La Torche Humaine) apparaissent l’espace de quelques cases dans cette histoire.
Quelques citations
modifier- Du Marshal, apprenant qu’il existe un asile pour super héros : « How big is this place ? »
- Du Persecutor, à qui l'on reproche de n’avoir aucun super pouvoir et désignant Œil-de-Faucon : « I wouldn't call having a bow a super power ».
- Sans dialogue : le Marshal invente le piercing de nez avec des menottes pour ramener son prisonnier.
Kingdom of the Blind
modifierPublications
modifier- Premières publications du Marshal par Apocalypse en 1990. Cette histoire en un seul tome va connaître 2 formats de lancement. En Angleterre, le format magazine sera privilégié (Toxic ! presents #1, sur un papier de type « journal »). L’édition américaine conservera le format comics de base (mais sur papier glacé). En dehors de la qualité du papier et du format, les différences de contenu entre ces 2 éditions sont minimes : pas de troisième et quatrième plat dédié au Marshal pour l’édition anglaise, mais 2 petites vignettes supplémentaires au niveau du deuxième plat.
- Cette histoire est reprise dans le paperback américain Blood, Sweat, and Tears (1993, Dark Horse Comics, (ISBN 1-878574-95-7)) qui reprend la totalité de l'édition américaine (le quatrième plat de cette dernière changeant de colorisation au passage). Papier glacé et mini introduction d'Alan Grant.
- En 2003, Titan Books (en) publie à nouveau ce paperback (même titre) sur le marché anglais (ISBN 1-84023-526-8). Si la couverture des 2 paperback diffère, Titan reproduit dans les pages intérieures la couverture du recueil de Dark Horse, ainsi qu'une bien meilleure reproduction de la couverture du comics original. Par rapport à ce dernier, on ne retrouve pas le troisième et quatrième plat. Papier glacé, colorisation légèrement plus claire (d'excellente qualité) et introduction d'une page d'Howard Chaykin.
Résumé de l’histoire
modifierDans cette histoire, le policier psychotique est confronté à un vigilant de type Batmanien : Scott Brennan, milliardaire, touche-à-tout le jour et The Private Eye, « chirurgien de la racaille » la nuit. L’affrontement entre ces 2 personnalités ne sera retardé que par une certaine tolérance de la part du Marshal envers les actions du Private Eye (avant de payer très cher son admiration pour cet ersatz de justicier au passé compromettant).
Thèmes abordés
modifierIl y a un personnage central et récurrent dans l’œuvre de Mills, c’est Torquemada, l’inquisiteur, et ses différentes incarnations dans plusieurs de ses séries (Nemesis the Warlock, Sha, Requiem, Chevalier Vampire, The Reedemer, etc.). Cela lui permet de régler ses comptes avec les autorités religieuses et fanatiques. On retrouve beaucoup d'aspects de Torquemada dans la personnalité du Private Eye : une droiture mystique à la morale douteuse, une volonté inébranlable de punir les « pêcheurs » et le désir d’immortalité pour mener à terme son œuvre de purification (accompagnée d'une tendance à se prendre pour Dieu).
Ce personnage permet aux auteurs d'aborder les thèmes de l'argent derrière le pouvoir des médias, de l'utilité relative des aggravations de peine, et de l'admiration du public pour les héros exerçant une justice personnelle (les vigilants). Les discussions et points de vue autour de certains de ces thèmes sont astucieusement insérés dans le récit, sous forme d'un dialogue récurrent entre le Marshal et son adjoint Killoton. Il est étonnant de constater que le porte-parole des auteurs n’est pas forcément celui que l'on attendait.
Quant à l’évolution de Marshal Law dans cette histoire, elle est nourrie par l’effet de symétrie suggéré par le personnage du Private Eye. Tous deux sont considérés comme des vigilants à la justice sommaire (c’est l’opinion de la majorité des critiques envers la série), et les auteurs multiplient tout au long de l’histoire des points communs, comme le fait d’occuper une Batcave entretenue par un assistant/majordome. Croyant reconnaître un pair chez Scott Brennan, le Marshal, à qui on aura enfin « ouvert les (2) yeux », sera contraint à l’autocritique à travers ce qu’il aura découvert du Private Eye. Il ne s’en haïra que davantage.
On notera enfin, au travers de l’évocation des parents de Scott Brennan, une critique du milieu scientifique et de la science aveugle, lorsque celle-ci est déconnectée de toute éthique (critique que l’on retrouvera quasiment à l’identique dans les Khroniques du Khaos des ABC Warriors, et sous une autre forme dans Requiem, Chevalier Vampire).
Références utilisées et autres remarques
modifier- Les références aux personnages de comics : à partir du Batman de la fin des années 1990, les auteurs vont greffer leur incarnation de Torquemada. Ils réutilisent le jusqu’au-boutisme, la psychorigidité et l’aspect missionnaire du vigilant sacralisé par le Dark Knight Returns de Frank Miller. (À l’instar du chevalier noir de DC, le Private Eye se targue d’un code de conduite moral. Ce code lui interdit d’aller jusqu’à l’assassinat pour rendre sa justice, mais les méthodes alternatives qu’il utilise pervertissent radicalement l’idée de base). The Private Eye peut d’ailleurs être traduit par Le Détective, un des surnoms de Batman. On retrouve la mythologie classique associée à Bruce Wayne, milliardaire ayant assisté au meurtre de ses parents, élevé par le majordome et sillonnant les rues de San Futuro au volant de sa Private Eye-mobile. Une explication particulière est apportée à la succession des « Robin » dans la BD originale. Les auteurs vont jusqu’à souhaiter leur propre « joyeux cinquantième anniversaire » au personnage (anniversaire célébré par DC Comics à l’époque de parution de cette histoire).
- Le Private Eye est souvent associé à un vampirisme, renvoyant à la fois à Dracula (Scott Brennan ne devient le Private Eye que la nuit, au sortir d'un cercueil), et à la comtesse Bathory (le désir d’immortalité et donc le sort réservé aux boy wonder).
- Le symbole du Private Eye est flanqué d’un œil unique (l’équivalent de la chauve-souris stylisée de Batman) ; cette imagerie omniprésente dans la BD renvoie immédiatement à la supposée conscience de Dieu (qui poursuit Caïn) et au Big Brother omniscient du roman de George Orwell, 1984 (référence littérale dans la BD). Autre référence littérale associée à cet œil unique : une citation de Machiavel donne son titre à l’histoire : « Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois ». Cette citation renvoie à l’admiration envers ceux qui se font justice eux-mêmes au nom d’un droit moral populiste).
- On pourra aussi détecter un petit clin d’œil à la série de films La Panthère Rose (Blake Edwards), Scott Brennan entretenant les mêmes rapports avec son majordome que l’Inspecteur Clouzot avec son serviteur Cato (les attaques surprises de ce dernier à chaque fois que Clouzot rentre dans son appartement).
Quelques citations
modifier- Une publicité du journal de Scott Brennan (The Public Eye) titre : « Public Spirit seen with Elvis ! ».
- Du Private Eye depuis le sommet de son mausolée surplombant la ville : « Yes, I've pissed on you all... And told you it is raining ».
- Une petite introduction au paperback américain par Alan Grant : « I'm trully shocked. I know Mills and O'Neill personally, and I always thought they were decent, God-fearing boys. This celebratory feast of depraved and disgusting ultra-violence shows just how wrong you can be. In a more enlighted society, what they've done to my own personal hero, The Batman, would be illegal!».
The Hateful Dead
modifierPublications
modifier- Cette histoire constitue la première partie d’un tout dont Super Babylon est la conclusion. Elle a été d’abord prépubliée dans le magazine anglais hebdomadaire Toxic!, du #1 au #8 chez Apocalypse Ltd, entre le et le (format A4 donc, et bonne qualité de papier). Cette revue, créée par Mills, utilise en fait le Marshal comme tête d’affiche pour son lancement. Le logo de la revue sera d’ailleurs même utilisé dans l’histoire de Marshal Law sans qu’il soit possible de savoir qui a inspiré l’autre. On retrouvera le Marshal en couverture des numéros 1, 5 et 14. Il semble que les auteurs se soient donnés comme rythme environ 8 pages par semaine, ce qui sera le cas pour les 3 premiers numéros. À partir du #4 et jusqu’au #8, on tombera entre 4 et 6 planches, et on ne reverra quasiment plus ensuite de matériel inédit de Marshal Law dans le magazine. Pour faire patienter les lecteurs anglais, les numéros 14 et 15 de Toxic! vont reprendre le prologue de 8 pages réalisé l’année précédente pour le paperback américain Fear & Loathing (Epic Comics). À cette occasion, ce prologue se voit retitré Rites of Passage, et sera agrémenté de 2 nouvelles planches inédites (dont une permettant de faire le lien avec la dernière planche de The Hateful Dead). On retrouvera ces 2 planches dans la section bonus du paperback américain Blood, Sweat, and Tears publié par Dark Horse Comics en 1993 (attention, le paperback anglais du même nom, sorti chez Titan Books (en) en 2003, ne les inclut pas). La première de ces 2 pages inédites (ainsi que la couverture du Toxic! #14) a également été incluse dans les bonus du paperback anglais Fear Asylum (Titan Books (en), 2003). Le #6 présente une particularité en première page (planche 35 du paperback) : le fond des bulles de pensées de Black Scarab sont rouges au lieu d’être ocre jaune (cf Toxic! #7). Cela fut rectifié pour la sortie du paperback. De même, le logo du Marshal utilisé dans chacune des premières pages de la prépublication a été supprimé pour les paperback.
- Le paperback anglo-américain sort dans la foulée de la prépublication, en 1991 sous la bannière d’Apocalypse Ltd. Il est au format comics normal, et il reprend en couverture celle du Toxic! #5, la couverture du Toxic! #1 se retrouvant au dos. Très bonne qualité de papier et d’impression.
- En 1993, sort le recueil Blood, Sweat, and Tears publié par Dark Horse Comics, contenant entre autres cette histoire. Très bonne qualité de papier mais les couleurs sont légèrement moins vives qu’à l’origine.
- Enfin, le recueil précédent se verra réédité en Angleterre par Titan Books (en) en 2003, avec une couverture différente et le petit souci de couleur rectifié.
- Le personnage sous la plume de Kevin O’Neill, est de plus en plus élégant et stylisé (la croix renversée du masque va d’ailleurs peu à peu disparaître pendant cette aventure). Graphiquement, on commence à être beaucoup plus proche de ses derniers travaux (La Ligue des gentlemen extraordinaires), que de ses débuts dans 2000 AD. On remarquera aussi une mâchoire plus proéminente pour le Marshal, alors que son alter ego ne la possède pas (ce qui rajoute au côté schizophrène du personnage). Enfin, la subdivision originale en mini chapitres fait de cette histoire une des plus rythmées du héros.
Résumé de l’histoire
modifierDes déchets toxiques réaniment les super héros enterrés au cimetière de San Futuro (la plupart doivent leur présence en ces lieux aux méthodes pour le moins expéditives du Marshal) et les transforment en Zombies. Marshal Law est néanmoins prêt à faire le « travail » une seconde fois.
Thèmes abordés
modifierNouveau départ oblige (le personnage est maintenant publié en Angleterre par Apocalypse Ltd et sert de fer de lance à un nouveau magazine hebdomadaire), le Marshal est remis au cœur de l’histoire. Les éléments clés de son background sont rappelés dans les premières pages (San Futuro, la guerre de « la zone », le tremblement de Terre). Le grand absent de ce récit reste son alter ego à la ville, Joe Gilmore, qui n’apparaît que dans les 2 dernières planches, littéralement cannibalisé par son alter ego costumé (on a même l’impression que ses parents sont plus ceux du Marshal que les siens).
Cette inhumanité est renforcée dès le début : les auteurs réintroduisent le personnage uniquement par le biais de sa fonction policière (ses routines, ses horaires). On comprendra que le fil ténu qui le reliait à des sentiments de compassion s’est brisé lorsque Lynn Evans a été tuée (le Marshal est quelque part « mort en dedans »). Et ce n’est qu’en sa présence que Joe Gilmore va enfin réapparaître.
L’évolution du personnage est le principal thème abordé. Dans cette histoire il est question de personnalités qui souffrent de ne pas « suivrent le courant » (Razorhead, Marshal Law), le désormais célèbre « Go with The flow !» martelé par les Zombies. Car tout chasseur de capes qu’il est, il n’est rien d’autre lui-même qu’un super héros, pas si différent des autres (ce qui est suggéré à la planche 20, lorsque le Marshal a recours aux services d’une prostituée costumée).
Au-delà de la haine qu’éprouve le Marshal pour ses congénères, on commence à ressentir la haine qu’il éprouve pour lui-même, et qui va le conduire jusqu’au geste fatal de la dernière case. C’est finalement, un héros en proie au doute (donc humain à nouveau) qui va accompagner la fin de l’histoire (pour la première fois, il fera même preuve de clémence envers un autre super héros).
Quoi de mieux pour un héros « mort vivant » que le genre zombiesque ? Dans la présentation de l’histoire, on est très proche du film Le Retour des morts-vivants de Dan O'Bannon (1985) et de ses suites. Mais il faut se tourner vers l’approche métaphorique du genre, utilisée dans la quadrilogie de George Romero. Car, contrairement aux très récents Marvel Zombies qui n’utilisent que le concept, les auteurs, 17 ans avant tout le monde, se servent des idées inhérentes au concept pour creuser davantage la psyché de leur personnage (les Zombies de Mills et O’Neil, même s’ils partagent le goût de la chair humaine avec leurs homologues, ont en plus la particularité d’avoir gardé leur esprit critique !).
La première partie de l’histoire explore certains bas-fonds de San Futuro où les héros costumés marchandent leurs pouvoirs (humiliations sado-masochistes, prostitution). Elle peut être mise en parallèle avec La Chasse (Cruising) de William Friedkin (1980). On y assiste à l'infiltration d’un policier dans un groupe sociologique particulier (le milieu homosexuel SM de New York pour le film), afin d’enquêter sur une série de meurtres (dans la BD le cas Razorhead). Ce policier aura à se poser des questions existentielles sur son assimilation à ce même milieu (« Go with the flow » ou non ?).
Références utilisées et autres remarques
modifierLes références aux personnages de comics sont plus nombreuses que celles énoncées ci-après, mais ne sont pas forcément utilisées pour leur portée symbolique, comme dans les deux précédents épisodes. Au fil de l’histoire, on reconnaîtra donc quelques Superman (planche d’ouverture et planche 46), plusieurs Robin (Batman) (planche 11 et, bien sûr, le personnage d’Everest), un Captain Marvel ainsi qu'un Mr. Freeze à la planche 2, sans oublier une savoureuse Kitty Pryde (pouvoir compris) à la planche 6. Quant au grand méchant de cette aventure, Black Scarab, il est un démarquage évident du Blue Beetle, héros de la Charlton Comics du Golden Age (cette référence aura beaucoup plus d’importance dans la conclusion de l’histoire : Super Babylon) cédé par la suite à DC Comics (dans l’appellation, on n'est pas loin non plus du Green Hornet). Les auteurs lui ont donné un look franchement Batmanien afin d'accentuer peut-être le côté Batman & Robin du couple Black Scarab/Everest.
Le titre lui-même The Hateful Dead, est un clin d’œil au groupe de southern rock The Grateful Dead, en inversant au passage la signification de leur nom.
Le lien avec la revue Toxic! est prégnant tout au long de l'histoire : le logo du magazine est en effet, constitué d'un fût de substance toxique verte fluo se déversant sur le titre. Ce sont ces mêmes fûts (affublés du logo de la revue) et cette même substance que l'on retrouve à l'origine du « réveil » des morts dans la BD. De même, le slogan utilisé par les morts-vivants « Go with the flow », sera souvent utilisé dans la revue lorsque les éditeurs auront envie de s'adresser aux lecteurs.
Les références cinématographiques sont explicites dans les thèmes :
- Planche 4, la trace de botte du Marshal sur le pantalon du Captain Marvel (Shazam).
- Planche 8, ce que peut attraper le papier tue-mouche dans ce monde alternatif.
- Sur la même case, les auteurs expliquent, par la bouche du Marshal, que les embaumeurs utilisent des globes en plastiques pour remplacer les yeux des morts (planche 19), un Black Scarab fraîchement ressuscité se prend en pleine face et avec fracas (KLANG !) le panneau d’entrée du cimetière en sortant de sa tombe.
- Planche 46, l'allusion à l’effet de la kryptonite verte sur Superman.
Quelques citations
modifier- Planche 9, à propos d’un super héros ayant des pouvoirs de prémonition : « They say he’s so far sighted, he wipes his ass before he craps ».
- Planche 12, une petite pensée métaphysique du Marshal : « I don’t like being a bastard… But they leave me no choice. That’s probably what god says ».
- Planche 30, à propos d’un super vilain qui ne supporte que les nombres pairs : « He cut off his thumbs and big toes because he hated odd numbers …(That, too). Naturally I shot him three times ».
- Et enfin une certaine philosophie Marshalienne de la vie après la mort : « And if this slime is right and there is no punishment in the hereafter …I’ll just have to give you your punishment now ! ».
Super Babylon
modifierPublications
modifierDessins, encrage et couleurs par Kevin O’Neill. Lettrage : Steve Potter.
Cette histoire constitue la conclusion de The Hateful Dead (initialement titrée City of the Zombies) et ne sortira qu’en 1992, aux États-Unis, sous la bannière Dark Horse Comics. Format comics, couverture cartonnée et papier glacé.
L’année suivante (1993), Dark Horse Comics compilera cette histoire avec les deux précédentes dans le recueil Blood, Sweat, and Fears. Le deuxième, troisième et quatrième plat du one shot de 1992 sont intégralement repris dans cette édition.
- En 2003, le paperback précédent sera réédité par Titan Books (en) en Angleterre avec le même titre (couverture différente). Si le deuxième, troisième et quatrième plat du one shot de 1992 sont également repris, le deuxième plat inclut une fausse publicité supplémentaire en lieu et place du résumé de The Hateful Dead et des crédits artistiques.
Résumé de l’histoire
modifierAprès ceux du cimetière, ce sont les super héros du Âge d'or des comics « conservés » au Victory Museum qui se voient ressuscités par Black Scarab et son fluide toxique. Ils vont vouloir s’en prendre à Marshal Law qu’ils prennent pour un super soldat Nazi, alors que celui-ci a déjà fort à faire avec une petite amie « morte vivante ».
Thèmes abordés
modifier- On retrouve le thème de l’utilisation des figures super héroïques pour masquer la réalité des conflits armés, thème déjà abordé pour les guerres panaméricaine, et qui va être ici développé dans le contexte de la seconde guerre mondiale. À cet effet, les auteurs vont utiliser les héros du Golden Age (Âge d'or des comics) qui ont pour certains combattu nombre de super nazis ou autres représentants des forces de l'Axe pendant cette période.
- Pat Mills n’était pas un grand connaisseur de l’univers des super héros au moment de la création du personnage. Par la force des choses, il s’est penché sur la question et, si la piètre opinion qu’il se fait des comics transparaît dès la première histoire, son analyse très négative du genre atteint son paroxysme avec Super Babylon. Certains clins d’œil (Mary Miracle, démarquage de Mary Marvel, est présentée comme l’épouse d’un certain dentiste - S. Elvana sur la boîte aux lettres de la planche 23 - qui fait référence à l’ennemi juré de la famille Marvel, Silvana, inspiré du pharmacien de C. C. Beck), montrent que les recherches effectuées par les auteurs sont loin d’être superficielles, et qu’ils ont étudié la question de très près. Et à partir de la planche 22, ce sont littéralement ces derniers qui parlent à travers la bouche de Marshal Law, et qui analysent l’utilisation du comic book dans l’exaltation patriotique américaine à partir de 1941.
- Il est à noter ici que la haine de Pat Mills/Marshal Law envers les super héros frise l’écœurement, et n’est contrebalancée qu’une seule fois, dans une case ou un super héros du Golden Age a cette réflexion en réponse à la litanie vomie par le Marshal : « Ecoutez, je crois que vous nous prenez bien trop au sérieux », ce qui n’est pas faux. D’ailleurs, cette simple remarque place à ce moment de l’histoire le Marshal dans la position des censeurs qui allaient sévir à la fin du Golden Age (position qui sera accentuée à la fin de l’album). L’opinion des auteurs contraste donc grandement avec l’image gentiment rétro et colorée que l’on peut se faire de cette époque des comics (période 1939 –création de Superman- fin de la seconde guerre mondiale), époque qui sera ressuscitée par Alan Moore dans 1963, Supreme ou Tom Strong par exemple (en accentuant lui le côté merveilleusement imaginatif et désuet de ces BD).
- Les attaques sont encore une fois tellement frontales et littérales, qu’il suffit de lire le discours tenu par le héros tel quel pour comprendre que Pat Mills a plus envie de réveiller son lectorat que de jouer avec des costumes bariolés. Les planches 36 et 37 (la récupération des scientifiques japonais ou nazis et de leurs travaux plus que contraires à l’éthique, le comportement des corporations américaines qui ont profité de l’effort de guerre des deux côtés) sont à cet égard exemplaires de ses convictions et de sa volonté d’éveiller les consciences. Et la multiplication de pleines pages apocalyptiques exécutées par Kevin O’Neill, donne l’impression que cette histoire lui sert à lui aussi d’exutoire. Finalement, on se retrouve avec une BD d’action extrêmement brutale, entrecoupée de nombreux discours pamphlétaires (d’une grande justesse du reste), qui pourront déstabiliser le lecteur ne venant chercher qu’un peu de distraction.
- Mills et O’Neill vont finir de développer la dualité inhérente à leur personnage, qui en même temps qu’il crache sa haine sur les super héros, est de plus en plus stigmatisé comme représentant d’un certain ordre moral américain.
- L’évolution du personnage, est une nouvelle fois liée au personnage de Lynn Evans (petite amie de Joe Gilmore tuée par le Marchand de Sable). Lorsque celle-ci va prendre la parole à la fin de l’histoire (planches 40 et 41, prenant le relais du discours de Black Scarab à la planche 4), elle va stigmatiser la figure symbolique du Marshal en tant que représentant d’un certain ordre (moral, religieux, familial et social). Comme ils l’avaient fait avec Killoton dans Kingdom of the Blind, les auteurs vont à nouveau changer de porte-parole en cours de route pour mieux isoler leur héros dans ses contradictions. Marshal Law est le représentant de l’oppression morale du système qu’a subi l’héroïne durant son enfance, et c’est paradoxalement Joe Gilmore qui l’en a sauvé.
- L’iconisation fascisante utilisée pour décrire le Marshal tout au long du récit prend ici toute son ampleur face aux aspirations libertaires de Black Scarab et sa bande (qui finalement peuvent attirer la sympathie du lecteur). L’évolution du personnage va atteindre un point culminant à l’issue de cette histoire où la séparation totale des deux personnalités va se réaliser alors que les derniers souvenirs heureux qui maintenaient « en vie » Joe Gilmore seront annihilés au sens propre comme au sens figuré (planches 44 et 45). Si Marshal Law ne ressentait pas la douleur physique, il en est désormais de même pour la douleur émotionnelle.
Références utilisées et autres remarques
modifier- Les références aux personnages de comics : extrêmement nombreuses et précises, elles englobent la majeure partie des héros du Golden Age en se focalisant particulièrement sur la JSA (Justice Society of America, rebaptisée ici Jesus Society of America). Crée en 1940 dans All-Star Comics #3, cette équipe se retrouve être une réunion de second couteaux, n’ayant pas leur propre publication (lorsque The Flash et Green Lantern auront la leur, ils disparaîtront de l’équipe). Le détournement du titre en No Star Comics à la planche d’ouverture, appuie volontairement cet état de fait. Pour davantage d’informations sur ces héros, on pourra consulter les livres de Jean-Paul Jennequin sur l’Histoire du Comic Book (tome 1, Des origines à 1954, qui couvre entre autres la période de l’âge d’or des Comics jusqu’à l’adoption du comics code, , Vertige Graphic) ainsi que le Golden Age Heroes Directory de Jesse Nevins[4].
- On commence par la planche 11, qui parodie la très célèbre couverture d’All-Star Comics #3 (l’année lorsqu’elle est indiquée est celle de la création du personnage).
- De gauche à droite autour de la table : reconnaissable à son masque à gaz The Sandman (comics) (1939, nom inconnu dans la BD), Wild Cat (1941, Tomcat), The Spectre (1940, The Spook), The Flash (1940, Lightning Streaker), Hawkman (1939, Carrion Crow), Dr Fate (1940, Doc Weird), Green Lantern (1940, Blue Battery), The Hourman (1939, Hyperman, la pilule Miraclo ayant été remplacée par un shoot à la seringue).
- En haut à droite de la table un Uncle Sam (création de Will Eisner) et une Mary Marvel (1943, Mary Miracle).
- À cheval sur les canons et de droite à gauche : Wonder Woman (1941, Victory Girl), Captain America and Bucky (Public Spirit et Private Dick).
- On commence par la planche 11, qui parodie la très célèbre couverture d’All-Star Comics #3 (l’année lorsqu’elle est indiquée est celle de la création du personnage).
- Non présent sur la planche 11 : Plastic Man (1941, Devil’s Tool, planche 13), le Captain Marvel du Golden Age (1940, représenté par le personnage cherchant en vain sa formule magique Shazam), Crâne Rouge et Fu Manchu planche 14, The Human Torch du Golden Age (1939, planche 22), Starman (G-Man) et Black Canary (Black Suspenda) à la planche 23, Aquaman (1941, H2O-Man, planche 24), page 26 entre autres une Madam Fatal (Femme Fatale qui partage le même goût pour le transformisme) et un Spirit of 76/Fighting Yank, un Ibis The Invincible croisé avec Zatara (reconnaissable à ses incantations inversées) et un Green Arrow/The Arrow planche 27, The Vigilante (le cow-boy masqué) planche 34 et juste en dessous The Atom (alias the Mighty-Mite), The Doll Man (1939, Toy Boy) est évoqué au quatrième plat, et bien sûr le Blue Beetle (1941, Black Scarab) déjà présenté dans l’histoire précédente.
- Reste à faire le tri dans la multitude de héros décimés à la planche 26 (Hoppy the Captain Marvel Bunny, The Black Terror, Adam Strange/Ultra-Man ?) et ceux qui accompagnent Black Scarab à la planche 39, avec entre autres Dr Mid-Nite et Sheena (Doctor Night-Eyes et Shaggar).
- On peut aussi signaler un Iron Man à la planche 3 (juste en dessous d’une très fine allusion à l’anatomie de Joe Gilmore). C’est une référence hors Golden Age, mais les origines du personnages sont elles aussi liées à un effort de guerre (Tony Stark est un marchand d’armes).
- Quelques remarques :
- Wonder Woman créée pour être un archétype de la femme moderne, forte et émancipée, se retrouvera quand même avec la fonction de secrétaire d’un groupe (la JSA, au #8) dont elle est un des membres les plus puissants. Et donc, Victory Girl arbore des entraves de chaînes aux poignets, et le Public Spirit la somme de prendre des notes à la planche 31. Son allusion à Mars (mythologie) à la planche 14, n’est pas anodine dans le thème principal exposé par les auteurs puisque pendant la période de la guerre 39-45, c’était Mars (mythologie) qui dirigeait les forces de l’axe dans le propre titre de Wonder Woman.
- Planche 26 et 29, les pouvoirs de Blue Battery, à l’instar de ceux de Green Lantern, n’ont pas d’emprise sur le bois.
- Le Blue Beetle de 1941 utilise un fortifiant dans sa lutte contre le crime, alors que Black Scarab est imprégné de fluide toxic.
- Depuis Kingdom of the Blind les sidekicks et autres Boy Wonders (Robin, Bucky, etc.) ne sont pas à la fête dans Marshal Law (utilisés pour leurs organes ou pour leurs faveurs sexuelles). Le livre de Jean-Paul Jennequin pose justement la question de l’utilité de ces versions enfantines des héros, forcément mises en danger par leurs tuteurs, et auxquelles les jeunes lecteurs ne semblent jamais s’identifier. Mills et O’Neill ont trouvé des raisons à leur existence presque plus plausibles !
- Quelques remarques :
- Autres références
- Le titre Super Babylon bien sûr, et voilà ce que l’on trouve sur la page Wikipedia consacrée à Babylone : « Babylone représente symboliquement, dans le livre de l’Apocalypse, la société occidentale mercantile, décadente, déshumanisée et pervertie, le système répressif, toute forme d’autorité oppressive (police, armée, pouvoir financier, pouvoir politique, etc.). Néanmoins, la Bible, qui en fera le symbole de la corruption et de la décadence, nous en transmettra le souvenir et le prestige qui survécurent à sa chute ». On peut donc voir dans ce titre une allégorie évidente à notre société contemporaine (« décadente, déshumanisée et pervertie »), une allusion à la figure que représente le Marshal (« autorité oppressive ») et au souvenir que nous laissera un certain âge d’or en plein déclin (« le prestige qui survécurent à sa chute »).
- Planche 24 et 25 : il est fait référence aux auditions de l’HUAC (House Un-American Activities Committee(Commission de la chambre sur les activités non américaines), mise en place peu avant la seconde guerre mondiale pour combattre les influences nazie, fasciste et communiste aux États-Unis, et qui s’attaqua au milieu Hollywoodien en 1947 (avant même le Maccarthisme).
- Un petit clin d’œil au film Y a-t-il un pilote dans l'avion ? des ZAZ peut être remarqué à la page 5.
- détails notables :
- Deux microscopiques indices visuels (aux planches 45 et 47) permettent de subodorer que les auteurs n’en ont pas fini avec l’un de leurs personnages récurrents : Lynn Evans/Vindicta (c’est Pat Mills lui-même qui dans la section éditorial du #2 de The Savage Dragon/Marshal Law évoque sa survie).
Quelques citations
modifier- Planche 7, ou comment adapter ses insultes face à des morts vivants : « Eat shit and live, asshole ! ».
- Planche 15, un certain état d’esprit réactionnaire des héros combattant les forces de l’axe : « And remember … If it moves, it’s a Jap ! If it doesn’t, it’s a crafty Jap ! » (crafty = rusé).
- Planche 47, Carrion Crow (le super poulet), se voit saisir les deux jambes par deux anciens combattants zombifiés qui vont tirer chacun de leur côté (« Make a wish ! »).
- Planche 27, Marshal Law en réponse à un Billy Batson (Captain Marvel) qui ne veut pas croire qu’un policier puisse jurer ou user de violence gratuite : « Wich earth are you from ? ». Cette réponse se double d’un clin d’œil aux multitudes de mondes parallèles qui encombrent les univers de super héros.
- Planche 33, après le Golden Age et le Silver Age, le Marshal se veut le héraut d’un nouvel âge : « Welcome to the lead age! »(lead = plomb).
- Et pour finir, un archivage de musée un peu particulier à la planche 38, ou par exemple on peut chercher dans de grands casiers tous les héros dérivés d’oiseaux (« Albatross to Blackbird » etc.). Il en est de même pour les « Captains » (« Action to Courage, Dauntless to Fearless », etc.) ou les « Hornets » (« Black, Blue, Gold, Red », etc.) par exemple.
Pinhead vs Marshal Law : Law in Hell
modifierPublications
modifierDessins et encrages Kevin O'Neill, couleurs Steve Buccellato (souvent de simples aplats, pas le plus beau rendu de la série) et lettrages Janice Chiang.
- Sorti en 2 numéros chez Epic Comics (fin 1993) avec couvertures en relief (#1 Hell for Leather, #2 Hell to Pay). Le scénario a été entièrement écrit par Pat Mills, Clive Barker n’étant crédité que comme créateur de Pinhead.
- Cette histoire n’a pour l’instant pas été reprise dans un recueil.
Résumé de l’histoire
modifierDans cette histoire, Marshal Law s’est enfin trouvé une nouvelle (super) petite amie qui le convie à une thérapie de groupe « festive » animée par Seraph, un ange prétendument venu du paradis. Ce paradis se révèle être en fait un monde démoniaque dédié à l’expression de la douleur et du sado-masochisme extrême. Le Marshal va devoir composer avec le haut prêtre de cet enfer (pour le compte du seigneur Leviathan) : Pinhead, leader des cénobites, des démons passés maîtres dans l’art de la souffrance infligée.
- Pinhead (littéralement et physiquement « tête d’épingles ») est un personnage issu de l’imagination de l’écrivain anglais Clive Barker. Apparu aux yeux du grand public dans le film, écrit et réalisé par Barker en 1988, Le Pacte (Hellraiser), Pinhead (pas encore crédité comme tel au générique) est présenté comme le chef des cénobites, des démons dirigeants un univers alternatif, une sorte d’enfer consacré aux plaisirs sado-masochistes ultimes dont l’accès est contrôlé par un artefact magique (un cube puzzle dont il faut résoudre les énigmes). Dans cette réalité démoniaque, les utilisateurs du cube se voient obligés (qu’ils soient demandeurs ou non) de subir les pires tortures imaginables (écorchés vivants, démembrés, vidés de leur sang, etc.) infligées par les cénobites (qui n’occupent que très peu l’écran lors de ce premier épisode).
- Dans le second volet sorti en 1988, Hellraiser 2 (Hellraiser : Hellbound en anglais, seulement scénarisé par Clive Barker, réalisé par Tony Randel), on en apprend un peu plus sur Pinhead qui semble avoir une origine humaine : l’officier de l’armée britannique Elliot Spencer. Ce dernier, dont l’existence remonte à l’époque coloniale, a eu la mauvaise idée de vouloir jouer avec la boîte puzzle (mais il fait partie des consentants) et s’est retrouvé transformé en cénobites sous les ordres du seigneur Léviathan.
- Enfin, dans Hellraiser 3 (Hell on Earth, 1992, réalisé par Anthony Hickox, écrit par Peter Atkins et dernière suite ayant l’aval de Barker), l’acteur Doug Bradley qui endosse le double rôle Pinhead/Spencer gagne du gallon (deuxième au générique) et une présence plus importante à l'écran. L’alter ego humain de Pinhead se voit ainsi doté d’un background plus détaillé et Pinhead devient la menace principale du film (ce qui n’était pas le cas dans les deux premiers volets). C’est aussi dans cet épisode (le dernier avant la parution de ce team up avec le Marshal) qu’il est fait mention de la grande guerre dans le passé du Capitaine Elliot Spencer. On comprendra que ce sont les atrocités auxquelles il a été confronté durant la première guerre mondiale qui sont à l’origine de son tragique destin.
- Pour conclure cette introduction, un petit détail amusant : dans les crédits du premier film on peut repérer un certain Joe Gilmore (nom civil du Marshal) comme assistant dubbing editor.
Thèmes abordés
modifier- Cette rencontre avec Pinhead est une occasion supplémentaire de dénoncer la propagande relative aux conflits armés. En même temps que les personnages seront mis graphiquement en parallèle (sur les deux couvertures, ainsi que bien sûr un Marshal Law cénobite en ouverture du #1), leurs passés respectifs de vétéran de guerre (première guerre mondiale pour Pinhead, La Zone –le Viêt Nam en quelque sorte- pour le Marshal) seront évoqués afin de permettre aux auteurs de continuer à informer leur lectorat.
- Le thème de la glamourisation de la guerre pourrait bien sûr être redondant, mais les nouveaux détails documentaires dont se servent les auteurs ne cessent d’être pertinents.
- Ainsi, aux planches 28 à 30 du #1, on a droit à un exposé édifiant sur les termes utilisés pendant les guerres pour amoindrir l’effet des atrocités commises et désensibiliser l’opinion publique (comme dirait Pinhead à l’avant dernière planche du premier numéro : « le langage de la douleur n’est qu’une question de déni »). Plutôt que de parler de Napalm, on préférera donc utilisé la dénomination moins lourde de sens d’« incendigel » ou « artillerie légère » (et on préfèrera parler de « blessures thermiques » pour évoquer des brûlures intenses). Les grenades à fragmentation sont renommées « armes d’empêchement d’accès à une zone », et les gaz toxiques ne produiront que des « embarras respiratoire ». Quant à la barbare amputation, elle est remplacée par une simple « procédure de modification d’un membre ». Après un tel réquisitoire, il n’est nul besoin d’être un grand devin pour avoir le mot « torture » à l’esprit, lorsqu’à la dernière planche du #1 Pinhead parle « d’opération chirurgicale ».
- Un peu comme une catharsis, on sent que Mills et O’Neill se font plaisir en confrontant alors leurs propres représentants de la glamourisation (les super héros) aux horreurs des tranchées auxquelles il ne survivent pas plus longtemps (voire moins) que le militaire lambda (planches 25 et 26 du #2).
- Outre les méthodes utilisées en direction de l’opinion publique, les auteurs essayent d'identifier celles qui sont employées en direction des soldats qui serviront soit de chair à canon, soit d’exécuteurs anesthésiés. Des méthodes qui peuvent se résumer à la peur et l’ordre comme garants d’une société docile, deux thèmes qui vont être abondamment explorés dans ces deux numéros à travers les différents discours de Pinhead. Bien sûr, au passage, le Marshal sera à nouveau, et fort justement, accusé d’être un représentant de cet ordre suprême.
- L’incontournable thème de la haine de soi a évidemment une place prépondérante dans cette histoire, d’autant plus que les obsessions de Marshal Law trouveront une résonance toute particulière en la personne de Pinhead.
- La double face des deux personnages sera évoquée durant toute l’histoire par une utilisation répétée de jeux d’ombres qui culminera aux planches 12 et 13 du #2. Et encore une fois, ce n’est pas forcément le héros de cette BD qui sera prêt à reconnaître et accepter sa propre part d’ombre (planche 26 du #1, ce n’est que l’ombre du Marshal qui pleure vraiment).
- Nous avions laissé le Marshal totalement désensibilisé physiquement et psychiquement à la fin de l’histoire précédente, il n’est donc finalement pas étonnant que les auteurs le confrontent au grand prêtre ès souffrances. Les deux comics s’ouvrent d’ailleurs par une profession de foi concernant notre héros : « Par-dessus tout, Marshal Law veut ressentir à nouveau la douleur » (à l’introduction des personnages au deuxième plat).
- Malgré ce que le Marshal prétend à la troisième planche du #1 (« Mais d’abord et avant tout, je suis un homme »), il n’a d’humain que ses désirs primaires (ici sexuels). La recherche de l’humanité de Pinhead dont il va être question dans l'histoire va être traité comme une mise en abyme du chemin que le Marshal devra lui-même parcourir pour retrouver sa « moitié manquante » (cf discours de Super Nova à la planche 5 du #1 sur la supposée propension à l’autodestruction des cénobites). Même si ce dernier n’est pas encore prêt à appliquer ses propres conseils de bon sens à lui-même (planche 17 du #2, le Marshal déclare en regardant le lecteur/miroir droit dans les yeux : « Si nous pouvions atteindre ce qu’il reste d’humain en lui … »), il fait preuve d’une redoutable conscience de son état pathologique aux planches 23 et 24 du #1 lorsqu’il évoque son passé de Screaming Eagle : « Si vous ne ressentez pas la douleur, vous voulez l’infliger … pour voir ce que vous manquez. Nous étions totalement désensibilisés … L’incarnation du mal. Nous n’avions pas peur de mourir …car nous étions déjà mort ». Et l’acceptation de soi (idée renforcée à la dernière planche de l’histoire) n’est elle pas la première étape de toute bonne thérapie qui se respecte ?
Références utilisées et autres remarques
modifier- Les références aux personnages de comics : beaucoup moins directes que dans l’épisode précédent, on retrouve quand même, en plus de créations originales et de références aux personnages « maison », des clins d’œil plus ou moins évidents aux super héros mainstream (la liste qui suit n’étant pas exhaustive).
- Pour le #1 :
- Page 2 : on peut apercevoir un Sleepman et Le Pingouin.
- Page 3 : le logo du quartier général des Secret Five « 5 ? » peut faire allusion aux Quatre Fantastiques et à leur propre immeuble/QG aux multiples étages.
- Page 4 : où entre autres certains personnages peuvent faire penser au Spectre (comics), à Flash (DC comics), et à Reed Richard des Quatre Fantastiques.
- Page 5 : en une case on retrouve trois des personnages emblématiques (Lois Lane, Jimmy Olsen et Clark Kent) de l’univers de Superman. En bas de page, le sort de Green Arrow n’est pas forcément plus enviable.
- Page 7 : les Quatre Fantastiques peut être au grand complet (Mr. Fantastic, une Torche Humaine, La Chose et pourquoi pas La Femme Invisible) ? Dans la piscine, on peut retrouver le Commissaire Mc Gland.
- Page 8 : a-t-on affaire à une incarnation de Dents-de-sabre et de la Sorcière Rouge ?
- Page 22 et 23 : on retrouve des références internes au Public Spirit, au Private Eye et au Persecutor ainsi que de jeunes versions de ce dernier (avec son collier d’oreilles) et du commissaire Mc Gland.
- Pour le #2 :
- Page 6 et 7 : un des super héros qui va s’engager dans le cube a un aspect qui rappelle beaucoup le Flèche Noire du groupe Les Inhumains.
- Page 8 : Fearless fait furieusement pensé au Daredevil de la Marvel Comics (mais il ne semble pas être aveugle).
- Page 29 : outre un Hulk et un Wolverine, on peut apercevoir à la case 2 un Ravage (comics) (en) (le personnage borgne à gauche) qui est une référence très subtile. En effet, Ravage (de sa propre série Ravage 2099) a été créé quelques mois auparavant par Stan Lee et Paul Ryan avant d’être pris en main à partir du #8 par un certain Pat Mills, en association scénaristique avec Tony Skinner (qui est le principal contributeur de l’association pour cette série, dixit Mills lui-même).
- Page 30 : un Lobo (comics), alors scénarisé par un compatriote anglais des auteurs, Alan Grant.
- En dehors des références visuelles précédentes, Mills et O’Neill continuent de ridiculiser les clichés du langage des super héros (entreprise commencée avec les héros du Golden Age dans l’épisode précédent) :
- À la page 12 du #1 : le mode de manipulation du cube permettant d’ouvrir les portes de l’enfer est adapté à cette bande dessinée dans un savoureux charabia super héroïque.
- Page 6 et 7 du #2 : sans commentaires puisque la référence est ouvertement présentée.
- Pour le #1 :
- Les références aux films
- Il y a déjà la trame de base de chacun des 3 films qui est reprise, c’est-à-dire que pour espérer se sortir des griffes des cénobites, il faut passer un marché avec eux.
- Page 11 et 12 du #1 : on a droit aux premières apparitions de Leviathan et du cube mystique, à l’image de ce qu’ils sont dans les films.
- La page d’ouverture du #2, comprend une référence à un cénobite apparu dans les deux premiers films (on y aperçoit aussi Leviathan).
- Et puis bien sûr l’origine humaine de Pinhead telle qu’elle est évoquée dans le second et le troisième film est reprise et étoffée par Pat Mills.
- Autres références
- Références religieuses :
- Léviathan est une référence issue de l’univers original de Clive Barker (monstre mythique dont on ignore la forme, capable d'anéantir le monde).
- Entre la page 6 et 11 les protagonistes entament une « descente aux enfers » en prenant un ascenseur qui les mène de l’étage 97 jusqu'au 66e (via le 94 et surtout le 69 où a lieu l’orgie).
- Seraph = Séraphin (Bible): représentant à forme humaine du plus haut rang dans la catégorisation des anges, c’est-à-dire les plus proches de Dieu (ceux chargés de veiller sur son trône).
- Page 17 du #2 : les archives akashiques ne sont pas des créations des auteurs.
- Page 25 du #2 : évocations des stigmates de la réincarnation (le corps et la psyché se souvenant des vies passées).
- Il est enfin difficile de ne pas penser dans cette histoire à la scientologie ou tout autres activités gouroutisantes, en considérant les « california stuff » qui y sont décrites.
- Références à la Grande Guerre :
- L’utilisation des atrocités de la Grande Guerre comme élément fondateur de la psyché de Pinhead est du pain bénit pour Pat Mills. À travers sa propre série sur la première guerre mondiale, Charley's War (parue entre dans le magazine Battle Weekly en 1979), il a déjà pu gratter le vernis derrière la vérité officielle de ce conflit. Battle Weekly étant une revue d’histoires de guerre grand public soumise à l’approbation d’éditeurs tierces, ses attaques n’étaient pas aussi frontales qu’elles le sont dans cette histoire. Néanmoins, la précision avec laquelle les aventures de Charley Bourne était contées (le strip était extrêmement bien documenté) a permis à Mills de marquer durablement les esprits et d’éveiller la conscience de son lectorat de l’époque.
- Page 20 et 21 du #1 : la bataille de la Somme a été évoquée dans Charley's War, tout ce qui est évoqué ici est historiquement vrai. Page 22 de ce même numéro, à la case 5, la citation de Pinhead (« Eye-deep in hell ») est très probablement issue d’un poème de Ezra Pound, poème inscrit sur une épitaphe commémorant la première guerre mondiale.
- Autres remarques
- Super Nova : les auteurs utilisent une héroïne dont le nom symbolise le stade le plus brillant d’une étoile et l’associe à une étoile noire (Marshal Law = Némésis) dans sa recherche d'une figure paternelle.
- On peut déceler dans le #1, page 26, case 3, un petit clin d’œil à une situation iconique de l’art de Frank Frazetta. Et page 27, avec l’histoire précédente, c’est le deuxième tank géant surarmé que Kevin O’Neill semble prendre plaisir à mettre en scène.
- Références religieuses :
Quelques citations
modifier- Page 13 du #1 : à propos de l’ange Seraph « He wouldn’t lie … He’s a good guy, he’s got wings ».
- Page 8 et 9 du #2 : une réflexion d’un cénobite à propos de Fearless, le héros sans peur, alors qu’il est suspendu à des crochets de boucher en affirmant que tout va bien : « H’mm … Perhaps the hero without the vocabulary to express fear! ».
Secret Tribunal
modifierPublications
modifierDessins, encrage et couleurs par Kevin O’Neill, lettrage de Bill Oakley.
- Publiée d’abord aux États-Unis en deux numéros (# et #) par Dark Horse en format comics normal. Les dos des couvertures de chaque numéro forment une seule et même image avec la couverture elle-même. Attention : dans le #2, les bulles des planches 27 et 28 ont été inversées.
- Cette erreur a été corrigée lors de la réédition en Angleterre en 2003 (Titan, recueil Fear Asylum, (ISBN 1-84023-699-X)).
Résumé de l'histoire
modifierDifficile de situer chronologiquement cette histoire, qui semble suivre immédiatement Super Babylon (cf planche 8 du #1), alors que Law in Hell a pourtant été publiée entre-temps. On peut quand même remarquer que le scénario de Secret Tribunal tranche radicalement avec les récits précédents en ne reprenant pas les thèmes récurrents abordés jusqu’ici (comme la perception des conflits armés du XXe siècle). De plus, depuis Marshal Law Takes Manhattan, on assiste à la déshumanisation progressive du héros qui culminera à la fin de Super Babylon. Ensuite, le Marshal prend conscience de son état psychique durant sa confrontation avec Pinhead. L’humanité dont va à nouveau faire preuve le héros dans ce nouvel épisode engage à penser que Secret Tribunal est bien à placer après Law in Hell.
L’histoire reprend ouvertement la trame du chef-d’œuvre de James Cameron, Aliens le retour (1986). On y retrouve donc Marshal Law à la tête d’un commando de super héros mutants, le Secret Tribunal du titre, qui a pour mission de débarrasser une plateforme orbitale (un centre de formation –dans tous les sens du termes- d’apprentis super héros) de ses parasites extra terrestres, les Incubus. À l’instar du personnage d'Ellen Ripley, ils finiront par affronter une reine mère dans un combat dont l’enjeu est la protection de leur progéniture respective.
Thèmes abordés
modifier- Les auteurs vont guider le lecteur dans cette histoire à travers l’éveil à la sexualité et les transformations liées à la puberté des jeunes héros du centre de formation. Parallèlement à la réhumanisation progressive de leur personnage, ils vont aussi s’évertuer à lui conférer un aspect héroïque, préparant par la même, le revirement de mentalité futur du Marshal (ne plus haïr les héros).
- S’il n’y avait la présence létale de l’Incubus (et encore, l’Incube est une référence à un démon mâle qui prend forme humaine pour avoir des relations sexuelles avec des femmes), le sexe serait le principal objet de préoccupation des personnages de cette BD (même le commissaire Mc Gland n'échappe pas à cette frénésie sexuelle).
- À commencer par les jeunes postulants à la League of Heroes, dont le temps de l’initiation coïncide avec les changements physiques et de la pubertés (et les frustrations qui leur sont associées), symbolisés par l’apparition de pouvoirs encore incontrôlables (sans même parler de leur noms : Growing Boy, Super Sensitive Girl). Bien sûr, on pourrait penser que Mills et O’Neill traitent de la perte de la virginité comme 99 % des fictions en tuant un des deux partenaires peu après l’acte (le sexe devant forcément être traité comme dramatiquement sérieux et pas sans conséquence). Mais, en y regardant de plus près, cet acte a un côté franchement libérateur pour le deuxième partenaire qui pourra se réaliser pleinement à la fin de l’histoire (sans compter que Super Sensitive Girl n’en était visiblement pas à son coup d’essai).
- Le Marshal (pour qui le sexe est très détendu et sans conséquence dramatique) ne sera pas en reste, puisque 4 planche du #2 seront consacrées à ses ébats humoristico sexuels, les auteurs égratignant au passage la théorie de l’inner self (le plaisir simplement physique qui n’existerait pas chez la femme, voir citation de Breathless).
- Graphiquement, ce thème est lourdement appuyé par une quantité non négligeable de nudité frontale et d’iconographie sexuelle explicite (on est clairement plus tout dans le symbolisme avec l’illustration du Life Lab de la planche 3 du #1), fait rare même chez Dark Horse Comics.
- Face à l’eugénisme rampant dont vont faire preuve la plupart des personnages représentés ici (les membres du Secret Tribunal et de la League Of Heroes, les scientifiques), les auteurs vont pouvoir faire ressortir les qualités humaines de Marshal Law. Mais il ne sera pas le seul rempart face à l’éthique douteuse des protagonistes de l’histoire. En effet, une grande partie du récit est narrée (par l’intermédiaire d’un journal intime) du point de vue d’un jeune super héros, Growing Boy, qui va contraster avec les super héros généralement mis en scène par Mills et O’Neill, par son humilité, son sens des responsabilités, et la lucidité avec laquelle il va reconnaître ses faiblesses.
- L’histoire va donc être très favorable à la figure héroïque que représente le Marshal. Il va littéralement prendre la défense de l’orphelin face à une menace qui ne concerne qu’eux (et comme ce sont des produits de laboratoire, ils sont dispensables). Cet aspect héroïque est renforcé graphiquement par des postures iconiques du Marshal (dernière planche du #1) ainsi que sa présence au sein d’une équipe de 7 personnages renvoyant inconsciemment au mythe que sont devenus les 7 mercenaires/samouraï. On pourra remarqué que c’est une habitude chez Mills de reprendre cette configuration de groupe héroïque, configuration qu’il a déjà bien exploité au sein de son autre série les ABC Warriors (alias The Meknificient Seven).
- La critique des milieux de la recherche, déjà présente en filigrane depuis l’origine de Marshal Law (particulièrement dans Kingdom of the Blind), ne sera pas en reste avec ces scientifiques qui utilisent des techniques à base d’élevage industriel (leur cobayes étant nommés par numéro et ordre alphabétique) et de lavage de cerveau pour donner naissance aux super héros du futur. Ils seront même perçus comme étant pires que les super_héros eux-mêmes (par comparaison, les membres du Secret Tribunal feront finalement preuve de compassion). Pour les scientifiques de Mills, toutes les situations inédites, y compris les menaces mortelles qui pèsent sur leur progéniture, doivent être traitée du point de vue de l’observation distanciée sans que jamais interviennent des considérations morales. Il est d’ailleurs amusant de retrouver des échos de ce thème dans le quatrième volet d’Alien : Alien, la résurrection Alien Resurrection, 1997, scénario de Joss Whedon, fan ultime de comics s’il en est).
Références utilisées et autres remarques
modifier- Les références aux personnages de comics :
- Impossible de ne pas penser aux X-Men en considérant les membres du Secret Tribunal. S’il est difficile de trouver une correspondance entre les personnages de Mills et O’Neill et ceux de la Marvel Comics (si ce n’est un Ragnarok qui à l’instar de Wolverine fume le cigare), beaucoup d’indices viennent mettre la puce à l’oreille. À commencer par la présence d’un (ancien) leader en chaise roulante, le professeur Zeitgeist, puis les termes « homosuperiors » et « mutants » qui sont utilisés par les membres du Secret Tribunal. Au vu du sort qui est réservé à cette équipe, on pourrait penser que les auteurs ont plus de sympathie pour ces super héros mutants, peut être à cause de leur statut historique de parias.
- Pour en finir avec les membres du Secret Tribunal, et sans grande conviction, Ragnarok a un petit côté Deadlock (membre des ABC Warriors et aussi incarnation robotique de Nemesis the Warlock dont le vaisseau –Blitzspear- porte le même type de décoration que le costume de Ragnarok), tandis que Rune a un look très Suicidal Tendencies (S.T.), groupe de métal fusion américain.
- Beaucoup plus explicites sont les références à la Légion des Super-Héros. Pour beaucoup, les X-Men de Marvel doivent beaucoup à une autre équipe de super héros créée au sein de DC en 1958 (Adventure Comics #247) : la Légion des Super-Héros. Super équipe constituée par de jeunes héros venus du futur, la LSH est dotée d'une méthode de recrutement analogue à celle décrite dans Secret Tribunal. La League of Heroese de Mills et O'Neill est bien sûr constituée de démarcation des personnages de DC (Public Spirit Junior = Superboy, Camouflage Kid = Chameleon Boy, etc.).
- Les références cinématographiques
- L’univers d’Alien (1979, Ridley Scott) et d’Aliens (1986, James Cameron) est abondamment référencé dans cette histoire. Les cocons, l’incubation dans un hôte humain, le design général de l’Incubus, la reine mère protégeant sa progéniture, l'Incubus accroché à la navette de secours, jusqu’à l’accroche du film détournée sur la ceinture de Lichenstein (« In space no one can ear you ream »).
- Le surnom du vaisseau du Super Patriot, Cape Fear, (le cap de la peur) peut aussi bien faire référence au lieu géographique situé en Caroline du Nord du même nom, qu’au film Les Nerfs à vif remaké par Martin Scorsese en 1991.
- Enfin, les références aux films Orange mécanique et Les Sept Mercenaires/Les Sept Samouraïs sont illustrées dans la partie consacrée aux thèmes.
- Autres références
- Le nom du super groupe The Secret Tribunal est une référence littérale au mode d’agissement de ces héros et l’utilisation officieuse que peut en faire un gouvernement.
- La phrase prononcée par le Marshal à la planche 2 du #2 « Give me a child for the first four years of his life… and he’s mine forever », fait écho à un précepte d’éducation Jésuite « Give me a child untill he is seven, and I will give you the man » (que doit fort bien connaître Pat Mills puisqu’il a été dans un collège de cette confession).
- détails notables :
- l’Incubus accroché à la navette de la case 6 de la planche 7 du #1
Quelques citations
modifier- À la planche 10 du #1, lorsque le Marshal est invité à devenir chasseur d’alien : « But I don’t hate aliens … ».
- Planche 2 du #2 : à la remarque faite par le Marshal à propose des incubateurs de super héros : « Give me a child for the first four years of his life… and he’s mine forever », Dave, le scientifique en chef a cette réponse savoureuse : « Four hours actually Marshal. And six for a heroine.. because we have to inhibit her female intuition ».
- De Breathless, expliquant au Marshal sa vision du sexe à la planche 14 du #2 : « …Sex is different for a woman … It’s just not physical relief. There has to be a meeting of minds… of souls …It’s the only way to achieve real intimacy. It turns making love into a truly spiritual experience. ». Et la réponse sitcomesque du Marshal : « Yeah …er…have we got time for a quick one ? » à une Breathless peu en reste : « Oh, Baby..I thought you’d never ask! ».
- Et cela se corse encore à la page suivante où Breathless prévient notre héros : « Do what you like. I’m just going to lie here rigid », qui en fait de même: « No..leave that to me.. ».
The Savage Dragon/Marshal Law : Ten
modifierPublications
modifierScénario de Pat Mills (Erik Larsen n’est cité que comme créateur du Savage Dragon), dessins et encrage de Kevin O’Neill (noir et blanc) et lettrage de Chris Eliopoulos.
- Sorti en deux comics de 22 pages chez Image Comics en 1997, le titre choisi par Pat Mills Ten, n’apparaît que dans les pages éditoriales signées par ce dernier (2 dans chaque numéro). Il pourra néanmoins être utilisé dans ces lignes pour désigner cette histoire.
- À la date de publication de cet article, aucun recueil ne compile cette histoire qui n'existe donc que sous la forme des deux comics ci-dessus.
Résumé de l'histoire
modifierOn peut dire que ce récit est la conjonction de deux idées : célébrer les 10 ans de publication du personnage, et adapter la trame du film Seven (1995, David Fincher, traitant des sept pêchés capitaux) aux 10 commandements catholiques. L’histoire est vécue du point de vue du Savage Dragon qui se retrouve projeté dans un futur proche (celui de Marshal Law) afin de prêter main-forte au Marshal pour stopper les exactions d’un serial killer. Ce dernier assassine méthodiquement des super héros/mutants, en châtiment de leur supposé écarts aux dix commandements catholiques (explicités ici dans la partie consacrée aux références).
Introduction à l'univers du Savage Dragon
modifierPour un historique détaillé voir la page du personnage, mais pour justifier l’idée du Team Up, on peut quand même souligner les points communs évidents entre les deux héros. Ce sont tous deux des policiers possédant des pouvoirs surhumain, qui sont employés à l’origine par le gouvernement pour contenir pour l’un, des gangs de super héros laissés pour compte à San Futuro (San Francisco), pour l’autre, des mutants criminels qui sévissent dans une Chicago elle aussi uchronique.
Thèmes abordés
modifier- Après une interruption de près de 4 années, les aventures du Marshal retrouve les présentoirs de comics par le biais d’une publication chez un nouvel éditeur américain : Image Comics. On comprendra alors aisément que Mills et O’Neill aient à nouveau eu le besoin de présenter leur personnage aux lecteurs et on retrouvera donc un condensé des thèmes classiques associés au policier de San Futuro comme la haine des super héros ou la haine de soi. À travers le regard beaucoup moins cynique du Savage Dragon, les nouveaux venus seront introduits à l’univers Marshalien via une visite guidée littérale (vue aérienne de la ville sur une double page) qui prend soin de nous remettre en mémoire les principaux protagonistes de la série (Mc Gland, Sorry, Suicida, Public Spirit). Des pages éditoriales comportant des résumés détaillés de toutes les histoires précédentes ainsi que des pistes pour le futur viennent conforter cette impression de nouveau départ (le changement de costume de notre héros n’étant pas étranger à ce sentiment).
- Cela dit, le personnage va connaître une évolution importante à l’issue de Ten puisqu’il va quelque peu faire la paix avec lui-même : en décidant de ne plus haïr les super héros, Marshal Law est amené à ne plus se détester. Symboliquement, cette réunion des 2 personnalités du héros, est illustrée par un même dialogue commencé sous l’apparence de Joe Gilmore (#2, planche 13 et 14) et terminé par son alter ego costumé, en posture graphique de quelqu’un ayant enfin « u la lumière » Marshal Law ne sera d'ailleurs pas le seul personnage à avoir une révélation dans Ten (Suicida et Sorry). De gimmick presque banal, l’utilisation des 10 commandements par un méchant miroir du Marshal (double personnalité, haine de soi -le bad guy arbore un médaillon où on peut lire « pour l’amour de Dieu tuez-moi »-, actions déclenchées par une révélation divine) prend un sens beaucoup plus profond en regard de ce qu’il va devenir. En ajoutant d'une certaine manière un onzième commandement à leur mythologie (« Tu ne haïras point ton prochain »), les auteurs accordent plus de liberté à leur héros (planche finale) et à eux-mêmes, pour le développement de ses futures aventures.
Références utilisées et autres remarques
modifier- Les références aux super héros : tous les personnages intervenants dans cette histoire sont issus des univers respectifs du Savage Dragon (Mako, Star, Cesspool, Horridus, Ragging Woody, Mightyman/Anne Stevens, Justice, Superpatriot, Overlord) et de Marshal Law (Suicida, Public Spirit Junior, Commissioner McGland, Breathless, Ragnarok, Growing Boy, Sorry The Nearly Man, Flyboy, Rubber Johnny, Elemental Man, The Punished, Hellborn, The Watchlord, Ammo-Zone, Victory Girl, G-Man et quelques restes des super héros du Golden Age dans les ruines du Victory Museum de Super Babylon). Pour ce dernier, les éventuelles références à des super héros préexistants ont déjà été évoquées plus haut, sinon on a affaire à quelques nouveaux personnages non référentiels. La liste complète des intervenants est reprise des bas de page de crédits de chacun des 2 numéros.
- Les références religieuses :
- la version catholique actuelle des dix commandements est la suivante :
- Premier commandement: Je suis le Seigneur ton Dieu.
- Deuxième commandement : Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain.
- Troisième commandement : Se souvenir de sanctifier les jours festifs.
- Quatrième commandement : Honore ton père et ta mère.
- Cinquième commandement : Tu ne tueras point.
- Sixième commandement : Tu ne commettras pas d’adultère.
- Septième commandement : Tu ne voleras pas.
- Huitième commandement : Tu ne feras pas de faux témoignages.
- Neuvième commandement : Tu ne désireras pas la femme de ton prochain.
- Dixième commandement : Tu ne convoiteras pas le bien du prochain.
- L'ordre est légèrement différent dans l’histoire :
- 1°: « False God » (commandement associé au Savage Dragon)
- 2°: « Idols »
- 3°: « Blasphemy »
- 4°: « Black Sabbath »
- 5°: « Honour thy father and mother »
- 6°: « Murder » (commandement associé au personnage de Marshal Law)
- 7°: « Adultery »
- 8°: « Stealing »
- 9°: « False Witness »
- 10°: « Thou shalt not covet »
- la version catholique actuelle des dix commandements est la suivante :
- Les références cinématographiques :
- L’emprunt est tellement énorme que l’on pourra difficilement parler de plagiat déguisé lorsqu’on compare Ten au Se7en de David Fincher (scénario de Andrew Kevin Walker). Rappelons seulement que dans ce film, 2 policiers enquêtent sur des meurtres ritualisés selon les sept pêchés capitaux.
- Autres références :
- Dans le #2 à la planche 17, on pourra remarquer une troublante similitude entre la tour métallique dépeinte, et celle qui sera utilisée dans le final de la saison 5 de Buffy contre les vampires (si emprunt il y a, c’est alors dans le sens inverse qu’il faut le considérer puisque la série TV date de 2001).
Quelques citations
modifier- Une seule, en planche final du premier numéro et illustrant le onzième commandement de Mills et O’Neill : « Thou shalt not piss off Marshal Law ».
The Mask/Marshal Law
modifierPublications
modifierScénario de Pat Mills (Mike Richardson n'est cité que comme créateur de The Mask), dessins et encrage Kevin O’Neill, couleur Dave Stewart et lettrage Ellie Deville.
- Publié en 2 comics de 22 pages, entre février et chez l'éditeur américain Dark Horse Comics.
- Cette histoire a connu une réédition en chez l'éditeur anglais Titan Books (en), dans le recueil Fear Asylum.
Résumé de l’histoire
modifierMaintenant que Marshal Law n’éprouve plus de haine pour les super héros, il est bien décidé à donner sa démission tout en préparant sa succession. Mais c’est sans compter avec l’équipe de savants du docteur SHOCC, qui tentent par tous les moyens de faire sortir le Sleepman de son coma, allant même jusqu’à tester sur ce dernier un mystérieux artefact (le fameux Mask du titre).
The Mask est un personnage créé par John Arcudi et Doug Mahnke (à partir d’un concept original de Mike Richardson). La série met en scène un masque magique qui transmet le pouvoir de remodeler la réalité (dans un style souvent cartoony) à celui qui le revêt, tout en rendant celui-ci totalement invulnérable. En outre, le masque altère le physique de son porteur (une tête verte barrée d’un large sourire), ainsi que sa personnalité en supprimant ses barrières psychologiques inhibitrices. C’est d’ailleurs cette dernière capacité qui peut suffire à justifier un cross-over entre les 2 personnages, puisqu’elle va servir à nourrir l’évolution du héros.
Thèmes abordés
modifier- On peut trouver la note d’intention suivante (signée de la main de Pat Mills), dans le courrier des lecteurs du premier numéro de cette histoire : « […] the character has to develop and change if he isn’t going to end up as a tired comic-book formula. This process of development opens up new and even more satirical and savage possibilities […] ». Cette note résume à elle seule le thème principal de ce récit, thème qui sera centré sur la dualité Marshal Law/Joe Gilmore. Si la personnalité civile de Law avait enfin repris le dessus dans la précédente aventure, Mills et O’Neill vont à l’issue de ce team-up, entériner la séparation psychique et physique entre Joe Gilmore et son alter-ego. L’introduction au courrier des lecteurs du second numéro est à ce sujet sans ambiguïté : « […] Joe may not hate superheroes any more ; but his dark alter-ego still does ! These are the first major indications of a split personality that is gonna get worse in future issues ». L’homme derrière le masque n’est donc pas celui que l’on croyait.
- On peut également établir un parallèle entre le Marshal et son créateur lorsque l’on découvre au début de l’histoire notre policier déclarer qu’il est quelque peu blasé par l’exercice de son métier (c'est-à-dire « fracasser » du super héros), et souligner qu’il arrive un moment où l’on se lasse des hommes en collants. Mais le remède à la routine ne sera pas la soi-disant retraite anticipée du Marshal, mais la mise au placard de la personnalité devenue trop timorée de Joe Gilmore. Les auteurs vont choisir de pousser encore plus loin leur concept de départ (« plus c’est excessif, plus cela nous fait rire et nous enclins à poursuivre dans cette voie » déclarait récemment Kevin O’Neill dans une interview pour Timesonline par Owen Vaughan) vers une haine obsessionnelle quasi jouissive, qui culmine dans un case finale aussi logique que suicidaire. Et ce constat réduit par la même à néant tout effort de rationalisation de leur œuvre (ce que pourtant cet article s’efforce à faire).
- On peut évoquer la symbolique évidente du masque, ce que peuvent cacher certaines actions soi-disant héroïques (hilarantes planches 2 et 3 du #2), les jeux d’ombres particulièrement nombreux qui parsèment la mise en image de Kevin O’Neill et cette attaque supplémentaire de l’arrogance des milieux scientifiques.
Références utilisées et autres remarques
modifier- Références aux super héros : mis à part une utilisation humoristique du Bat Signal au dernières planches du #1, les différents protagonistes de ce récit sont soit des nouveaux personnages (non référentiels), soit des protagonistes propres à l’univers de Marshal Law (McGland, Sorry, Suicida/The Mask).
- Autres références : il y en a probablement à travers les différentes incarnations utilisées par The Mask.
- Autres remarques : dans l’interview pour Timesonline dont il est question précédemment, Kevin O’Neill nous apprend que la censure est étonnement intervenue à la première case de la planche 7 du #2. On a en effet demandé aux auteurs de remplacer le mot « Pussy » de « Pussy Palace » par « Pushy » sur le néon en haut à droite. Étonnement car si on regarde minutieusement tous ce qui est montré dans cette illustration, « Pussy » aurait dû être le cadet de leurs soucis.
Quelques citations
modifier- Page 2 du #1, le Marshal a du vague à l’âme : « More teeth on my glove. More blood on my boots. More paperwork ».
- Un extrait du journal de bord de feu, le Public Spirit, à la page 2 du #2 :« Monday-5th, Opened new wing of hospital dedicated to me. Tuesday-6th, Rescued cat. Wednesday -7th, Day off. Thursday -8th, Off sick with cat fur allergy ».
The Day of the Dead
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modifierIllustrations encrage et couleurs sont de la seule main de Kevin O'Neill.
- Cette histoire, à l’origine visible sur le défunt site web Cool Beans World, a connu sa première publication couleur papier chez l’éditeur britannique Titan Books (en), en . C’est sous la forme d’une nouvelle illustrée de près de 90 pages que se présente l’objet, imprimé au format comics mais avec une orientation « à l’italienne » (c’est-à-dire à lire dans le sens de la largeur).
- Cette nouvelle a connu une réédition sous forme de livre de poche en chez le même éditeur, dans le recueil Marshal Law Origins. Par contre, les illustrations se sont retrouvées en N&B et légèrement tronquées à cause de la réduction de format.
Résumé de l’histoire
modifierMarshal Law est sur les traces d’un ex Screaming Eagle (un super soldat génétiquement délivré de toute sensation liée à la douleur), vétéran de la zone, et ancien camarade d’unité de Joe Gilmore. C’est l’occasion pour ce dernier de se remémorer l’événement tragique à l’origine de la naissance du chasseur de héros, lors de la célébration du « Jour des Morts ».
Thèmes abordés
modifier- Si le contexte de The Day of the Dead a un fort parfum d’après guerre (San Francisco/Futuro après le Big One, l’évocation d’un conflit ayant pris place dans un pays sud américain), c’est parce que l’histoire s’inspire d’un voyage de Pat Mills à Sarajevo en 2000, dans une ex Yougoslavie se remettant à peine d’un conflit dévastateur. On peut à cet égard facilement imaginer l’auteur en lieu et place de son héros, dans le chapitre 2, alors que celui-ci traverse les décombres de San Futuro dans le Taxi qui l’a amené depuis l’aéroport. Pas étonnant donc de s’apercevoir que le thème principal du récit sera celui des traumatismes de guerre, et leur empreinte indélébile sur la psyché de ses protagonistes principaux (Dough Face et Marshal Law).
- Difficile d’enchaîner après ce monument de nihilisme qu’est la fin de The Mask/Marshal Law. Il serait d’ailleurs hasardeux de situer cette histoire dans la lignée de la chronologie suivie jusqu’ici (qu’est-il advenu de Razorhead ? Gale Force ?). Notre héros se trouve néanmoins initialement dans l’état d’esprit du récit précédent, avec une volonté sincère de faire prendre une retraite définitive au policier violent. À ce stade de l’évolution de la double personnalité du personnage, l’indépendance entre les 2 entités est totale : « But now Joe had nothing more to do with Marshal Law. They were separate beings. » (page 22). Les auteurs poussent l’idée jusqu’à offrir à Joe Gilmore/Marshal Law deux petites amies différentes dont il va devoir s’occuper alternativement durant la même soirée. Le dernier chapitre Law Unmasked est entièrement consacré à un dialogue intérieur entre les 2 alter-ego, qui se conclut par une acceptation mutuelle résignée. L’idée d’une retraite anticipée est abandonnée, la mission/travail du chasseur de héros devra être désormais menée sans entrave.
Références utilisées et autres remarques
modifier- Références aux super héros
Si des références explicites aux personnages de DC Comics et Marvel Comics pouvaient servir initialement de terreau de base aux histoires de Marshal Law, ce n’est plus le cas dans ses dernières aventures (le Hellfire Club apparaît bien dans les X-Men, mais il faut chercher la référence ailleurs). Les auteurs semblent plutôt chercher à développer leur univers à partir de leurs propres créations, avec des attributs (nom, pouvoir) immédiatement liés à leur fonction dans le récit. On pourra néanmoins encore trouver dans les illustrations de Kevin O’Neill (page 37 et 79), des clins d’œil à des super héros existants, pour la plupart déjà référencés plus haut.
- Autres références
- Le Hellfire Club : l’origine de cette société secrète est détaillée sur la page anglaise de Wikipedia correspondante. Ce club pourrait davantage être illustrée par le groupuscule d’influence formé par les 13 Secret Chiefs de l’histoire suivante (Cloak of Evil). On est ici au cœur des centres d’intérêts de Mills, et en particulier l’études des sociétés occultes britanniques, et les liens entre le paganisme ancestral et le satanisme prôné par Aleister Crowley. Les fruits de ses recherches sont pour beaucoup utilisées dans sa série française Requiem, Chevalier Vampire, dont le tome 5 porte justement le titre Hellfire Club.
- Page 18 : « War! What is it good for? Absolutely nothing » est le refrain d’une chanson du groupe anglais Frankie Goes to Hollywood (1984).
- Page 19 : le porte avion John Paul Jones échoué dans les décombres de San Futuro, fait logiquement référence au premier officier de la marine américaine s’étant distingué pendant la guerre d’indépendance. On ne peut néanmoins exclure un clin d’œil au bassiste de Led Zeppelin.
- Page 21 : « The day of the dead », littéralement « le jour des morts », est une fête mexicaine (« dia de los muertos ») d’origine précolombienne. Célébrées de façon bien plus festive que la Toussaint chrétienne, les cérémonies comportent l’accompagnement des défunts vers leur ancienne demeure via des chemins tapissés de fleurs et ornés de représentation iconiques de la mort (le masque du Marshal en étant une).
Quelques citations
modifierComme citations cette fois-ci, 2 variantes de phrases emblématiques prononcées par Marshal Law :
- Page 38 : « My gun fires six different shades shit. What’s your favourite colour, punk ? Yeah. Yellow. Figures » (Yellow = jaune, mais aussi « foie jaune »)
- Page 66 : « I’m a super hero hunter. I hunt super heroes… because I hate them. »
Cloak of Evil
modifierRésumé de l’histoire
modifierMarshal Law se retrouve à enquêter sur un meurtre lié à un scandale politique mêlant réunions libertines, espionnage international et cérémonies occultes. Son affaire l’amènera à se confronter aux Secret Chiefs, un club très fermé de personnalités haut placées, protégées par un redoutable et très discret homme de main : The Cloak. Comme si cela ne suffisait pas, le Marshal sera aussi confronté à deux des plus puissants héros de l’ex Union soviétique : Iron Wolf et la fatale Black Madonna.
Thèmes abordés
modifier- Le recueil dans lequel est publié cette histoire a pour titre Origins. The Day of the Dead traite justement de la naissance de Marshal Law, et de son existence en tant que personnalité indépendante de Joe Gilmore. Pat Mills va même jusqu’à évoquer l’idée d’une possession de Joe Gilmore par des âmes de défunts, représentées par un masque mortuaire qui deviendra le visuel principal du costume du héros. Marshal Law serait en réalité la manifestation des victimes de la guerre en Amérique centrale, les Zones Roses, exprimant à travers le policier, leur haine des super héros qui ont abusé de leurs pouvoirs. Marshal Law peut alors être considéré comme l’incarnation vengeresse de ces esprits, leur exécuteur testamentaire. Tout au long de ce second récit, Cloak of Evil, les auteurs font référence à cette idée de personnalités indépendantes. Cette séparation d’esprit est même physiquement ressentie par le vilain de l’histoire, The Cloak of Evil, qui n’arrive pas à faire pas le lien entre Marshal Law et Joe Gilmore (« the cloak of innocence » p. 158). Ce thème de la pérennisation de l’âme à travers les âges, pérennisation assurée par un besoin d’assouvir une vengeance, est un thème cher au cœur de Pat Mills, et que l’on retrouve dans bon nombre de ses œuvres majeures à travers des personnages comme Torquemada, Sha ou Sláine.
- On retrouve aussi un autre thème récurrent dans l’œuvre de Pat Mills au travers de l’évocation de sociétés secrètes ou occultes. Si dans The Day of the Dead ce thème était illustré par le Hell Fire Club (qui sévit aussi dans Requiem, Chevalier Vampire), ce même Hell Fire Club porte le nom de Secret Chiefs dans Cloak of Evil. Les rites pratiqués par les membres de ce culte sont d’ailleurs à nouveau ouvertement associés aux préceptes d’Aleister Crowley (une messe noire où un hôte serait profané, une secte formée de 13 membres).
Références utilisées et autres remarques
modifier- Références aux super héros : Cela fait maintenant quelques histoires qu’il est clair que les auteurs ne manifestent plus l’envie d’associer leur personnage à une simple satire de comics de super héros. Aussi, et sauf erreur, les protagonistes costumés de ce récit sont des créations propres, si ce n'est le personnage de Black Madonna dans lequel on peut voir la Veuve Noire (comics) de Marvel (Black Widow en version originale).
- Autres références :
- Expédions rapidement la référence aux histoires types M. I. A. (Missing In Action c'est-à-dire « porté disparu »), qui voit le Marshal former un commando afin d’aller porter secours à des prisonniers de guerres « oubliés » par les autorités. Cette partie de l’histoire a été inspirée aux auteurs par un voyage en Russie et en Estonie, avec notamment des prises de notes au sujet d’une église reconvertie en prison.
- La référence principale de cette histoire se trouve être le scandale Profumo, qui a profondément bousculé le Royaume-Uni au début des années 1960. Plus qu’une référence, c’est même le synopsis tout entier qui va suivre quasiment à la lettre les remous de ce scandale, où le secrétaire d’état à la guerre, John Profumo, devra répondre de ses liens avec une Call Girl, Christine Keeler, qui compte un attaché de l’ambassade soviétique au nombre de ses amants. Le récit détaillé de cette affaire est exposé ici, et les alter ego de ses principaux protagonistes sont listés ci-après : Kassie Kelly/Christine Keller, Steffi Riley-Davey/Mandy Rice-Davies, The Edge/Johnnie Edgecombe, The Rack/Peter Rachman, Dan Powers alias The Undertaker/John Profumo, Lord Chantry alias The Black Monocle/Vicomte Astor, Serge Kovalchuck alias KGBH/Yevgeny “Eugene” Ivanov et Lexden Kaye/Stephen Ward. On retrouve dans le récit de Pat Mills les occupations de chacun (The Rack/John Rachman est un tenanciers peu scrupuleux, Lexden Kaye/Stephen Ward est ostéopathe) ainsi que leurs destinés respectives (suicide de Stephen Ward, repentance de John Profumo). Pat Mills va même jusqu’à utiliser mot pour mot les déclarations officielles de John Profumo dans son histoire, et faire référence à un portrait extrêmement connue de Christeen Keeler (p. 164), qui a été déjà imité pour l’affiche de l’adaptation cinématographique de l’affaire (Scandal, Michael Caton-Jones, 1989).
- Autres remarques :
- Le premier chapitre de l’histoire a de forts relents du Strange Days de Kathryn Bigelow et James Cameron (1995).
- Les méthodes de The Cloak sont très similaires à un autre héros de Pat Mills, Accident Man, et The Great Beast invoquée à la fin de l’histoire possède quelques ressemblances avec Cthulhu.
Quelques citations
modifier- Page 137, après que le poing du Marshal a rencontré pour la première fois la figure de Dan Powers « Please, survive this blow – so I can deal you another one. »
- Christine Keeler n’était pas réputée pour avoir inventé l’eau chaude. Son alter ego Kassie Kelly atteint elle des sommets de candeur naïve page 141 : « Often, when she talked to him during the daytime, he’d fall asleep in mid-conversation. He had told her it was a medical disorder he suffered from. Many people she talked to seemed to suffer from the same complaint », page 142 « She wished she’d asked for more money […], but her biscuit tin wasn’t big enough to keep all the money in. If only she had a bigger biscuit tin » et 143 : « She knew he was intellectual, but she was into shopping – she never did find out what `lectual`was. »
- Page 151, un sommet de non-sens pour Marshal Law : « Law was appalled by his lack of control. He would have to file a complaint against himself for police brutality ».
Marshal Law : Origins
modifierCompile les deux nouvelles illustrées ci-dessus (mais en N&B), au format livre (13x20), Titan Books (en), 2008, (ISBN 9781845769437).