Mark David Chapman
Mark David Chapman, né le à Fort Worth, est un Américain originaire du Texas, devenu tristement célèbre pour avoir assassiné John Lennon le soir du à New York. Il était 22 h 52 lorsque Lennon s'est écroulé devant sa résidence, le Dakota Building au coin de la 72e rue, près de Central Park, tué de quatre balles d'un revolver calibre 38. Éligible pour une demande de mise en liberté conditionnelle à partir de 2000, Chapman s'est déjà vu opposer douze refus par la justice de l'État de New York ces vingt-trois dernières années.
Mark David Chapman | ||
Meurtrier | ||
---|---|---|
Photo d'identité judiciaire de Chapman, le . | ||
Information | ||
Nom de naissance | Mark David Chapman | |
Naissance | Fort Worth, États-Unis |
|
Nationalité | américaine | |
Surnom | Mark Chapman | |
Condamnation | ||
Sentence | perpétuité dont 20 ans de sûreté | |
Actions criminelles | meurtre | |
Victimes | John Lennon | |
Arrestation | ||
modifier |
Biographie
modifierOriginaire de Fort Worth, au Texas, Mark David a pour père David Curtis Chapman, sergent dans l'US Air Force, et pour mère Diane Elizabeth (née Pease) infirmière. Il raconte avoir vécu dans la crainte de son père, un homme violent. Il vit une enfance mouvementée, passant d'une ville à l'autre suivant les affectations de son père, fuguant, essayant la drogue, le LSD. C'est dans ces années de beatlemania qu'il achète des albums du groupe[1].
Après plusieurs échecs scolaires, il rencontre à seize ans une jeune étudiante, Jessica Blankenship, rompt avec la drogue, devient un Born again mais, après avoir trompé sa compagne, il ne se pardonne pas cet acte et sombre dans la dépression. En 1977, il tente de se suicider par intoxication au monoxyde de carbone dans une voiture mais échoue et est admis au Castle Memorial Hospital. En 1978, inspiré par le film Le Tour du monde en quatre-vingts jours, il réalise un tour du monde et commence une relation avec une Nippo-Américaine plus âgée (comme Yoko Ono et John Lennon), Gloria Abe, agente de voyage rencontrée à Hawaï. Ils se marient le [2].
Travaillant au Castle Memorial Hospital, il en est licencié après une altercation avec une infirmière. Il trouve un emploi de gardien de nuit. Il se met à boire beaucoup et commence à fantasmer sur l'assassinat de son idole[3].
Assassinat de John Lennon
modifierIl semble que Chapman ait côtoyé des « barbouzes » à Hawaï, alors qu'il travaille pour l'organisation caritative YMCA[4]. Il achète un Charter Arms Undercover .38 Special à cinq coups à Honolulu le et vient une première fois à New York le pour tuer Lennon, mais il change d'avis et rentre chez lui[5],[6].
Le vers 17 h, alors que John et Yoko marchent jusqu’à leur limousine, plusieurs fans s’approchent pour leur demander un autographe, ce à quoi ils sont habitués[7]. Parmi eux se trouve Chapman[8]. Il tend silencieusement à Lennon un exemplaire de son album Double Fantasy que le musicien lui dédicace[8]. Après l’avoir signé, Lennon lui demande poliment : « C’est tout ce que vous désirez ? », et Chapman répond d’un signe de tête affirmatif. La scène est immortalisée par un photographe fan de Lennon, Paul Goresh, qui prit une photo de la rencontre[9],[10]. Certains[Qui ?] prétendront que, face à la générosité et surpris par la gentillesse de Lennon (qui lui demanda à deux reprises s'il ne désirait pas autre chose), Chapman pourtant venu à cette heure dans l'idée de tuer, renonça.
Vers 22 h, Chapman vient attendre près du domicile de John Lennon.
Entre-temps, John et Yoko Ono sont au studio Record Plant, John décide de poursuivre la session afin de débuter l'enregistrement définitif des morceaux. Mais Yoko refuse prétextant qu'elle a eu une journée assez chargée. Lennon explique à sa femme et au producteur que « quelque chose » le pousse à se mettre immédiatement à l'enregistrement. En quittant le studio, le couple décide de s'arrêter en chemin dîner dans un restaurant et renonce au bout de quelques minutes. Arrivé devant la résidence vers 22 h 50, Lennon descend de la limousine garée sur la 72e rue, juste devant l'immeuble, alors qu'il aurait pu la ranger dans la cour intérieure, plus sécurisée[11].
Le portier du Dakota, Jose Perdomo, et un chauffeur de taxi ont vu Chapman attendre dans l’ombre de l’arche[12],[13]. Yoko Ono entre la première sous l'arche. À 22 h 52, alors que John Lennon la suit, Chapman tire sur lui, à cinq reprises, avec un revolver 38 Special Charter Arms[14],[15]. Nombre de récits de radios, télévisions et journaux de l’époque ont rapporté qu’avant de tirer, Chapman a appelé « Mister Lennon » et s’est mis en « position de combat »[16],[17],[18], mais cela n’a pas été confirmé par les audiences et les dépositions de témoins. Chapman a, pour sa part, déclaré ne pas se souvenir d’avoir appelé le nom de Lennon avant de lui tirer dessus[19],[20]. Un coup passe au-dessus de la tête de Lennon et touche une fenêtre du Dakota, puis deux balles atteignent Lennon au côté gauche du dos et deux autres pénètrent dans son épaule gauche. Les quatre balles infligent de graves blessures, une au moins perforant l’aorte de Lennon[21]. Lennon chancelle sur les marches qui mènent au poste de sécurité, déclare : « Je suis touché ! je suis touché ! » et s’effondre[13]. Le concierge Jay Hastings couvre la victime avec son uniforme et lui enlève ses lunettes, il alerte ensuite la police.
À l'extérieur, le portier Perdomo fait tomber l'arme de la main de Chapman et la repousse du pied vers le trottoir[12]. Chapman retire ensuite son manteau et son chapeau en attendant l'arrivée de la police, afin de montrer qu'il n'a plus d'arme sur lui, et s'assoit sur le bord du trottoir. Perdomo lui crie : « Tu sais ce que tu as fait ? », ce à quoi Chapman répond, comme de marbre : « Oui, je viens d'abattre John Lennon. ». Les premiers policiers sur les lieux sont Steve Spiro et Peter Cullen, qui se trouvaient à l'intersection de la 72e rue et de Broadway, quand on leur a signalé les coups de feu tirés au Dakota. À leur arrivée, ils trouvent Chapman assis « très calmement » sur le trottoir. Ils ont rapporté que le tueur avait laissé tomber son revolver sur le sol et tenait un livre de poche, L'Attrape-cœurs de J. D. Salinger[22].
Un rassemblement à la mémoire de John Lennon est organisé chaque à New York, et diverses commémorations parsèment le monde notamment à l'occasion de ce jour.
Condamnation
modifierChapman plaide coupable pour le meurtre de Lennon en [23], contre l'avis de ses avocats[24], qui voulaient lui faire plaider la folie[25],[26]. Accusé de meurtre au second degré, il a été jugé conscient de ses actes et reçoit une peine de perpétuité mais, dans la mesure où il a plaidé coupable, avec une période de sûreté de vingt années. La liberté conditionnelle (parole) est envisageable depuis 2000, par une demande bisannuelle. Chapman se voit refuser la liberté conditionnelle à douze reprises, pour chacune de ses demandes[27],[28],[29], et reste emprisonné au centre correctionnel d'Attica[30].
Sa tête a été mise à prix maintes fois, des menaces ont été proférées à son encontre s'il venait à être libéré.
En , la chaîne britannique de télévision Channel 4 annonça son projet de faire une interview télévisée de Chapman mais Yoko Ono s'est insurgée de manière véhémente contre cet engouement médiatique en attaquant la chaîne.
Personnalité
modifierFan obsédé par les Beatles, Chapman voyait en John Lennon un héros qui lui permettrait de surmonter sa vie moribonde. Il prétendit vouer une admiration sans limites à son idole, et avoir été jusqu'à se marier avec une Hawaïenne d'origine japonaise pour avoir l'impression d'être le couple Lennon-Yoko Ono. Mais, déçu par une situation qui ne s'améliorait pas, il accusa celui qui l'avait trompé dans ses espoirs : John Lennon, qu'il considérait désormais comme un hypocrite et un traître, d'abord en ce qui concerne la religion avec ses phrases « Imagine no religion » (imagine, aucune religion) et « Aujourd'hui, nous sommes plus populaires que Jésus »[31]. Comme il l'avait lu dans la presse, Chapman semblait estimer que John Lennon avait trahi son message de paix et de fraternité entre les hommes, qu'il était devenu milliardaire et menait une vie bourgeoise, et qu'il ne distribuait pas son argent parmi les pauvres. Chapman déclara cependant qu'il n'aime pas la chanson Imagine, la trouvant « communiste »[32]
Dans une interview accordée à Lynne Schultz le , Chapman se justifia :
« Lennon nous dit d'imaginer un monde sans possessions, et le voilà avec des millions de dollars, des yachts, des propriétés et investissements immobiliers, se moquant des gens comme moi qui crurent ses mensonges et achetèrent ses disques, en construisant une grande partie de nos vies autour de sa musique. »
Il avoua, malgré tout, qu'il avait décidé de tuer John Lennon pour devenir également célèbre et que son nom soit définitivement lié à la gloire de Lennon. Il avait également d'autres cibles potentielles (Johnny Carson, David Bowie ou Elizabeth Taylor) s'il ne parvenait pas à assassiner Lennon[33],[32].
Mark Chapman aimait énormément le livre L'Attrape-cœurs de J. D. Salinger, livre qu'il avait sur lui lors du meurtre[34]. Il avait écrit un message sur la page de garde : « Pour Holden Caulfield. De Holden Caulfield. Voici mon témoignage. » Il a par la suite déclaré que sa vie faisait écho à celle de Holden Caulfield, personnage principal du livre, que « les réponses se trouvaient dans ce livre » et que son seul but était dorénavant de le faire connaître[22]. Chapman s'affirma aussi être un lecteur assidu de la Bible.
Postérité
modifierFilms
modifierDeux films racontant l'assassinat de John Lennon ont été réalisés plus de 25 ans après les faits. Le premier des deux, The Killing of John Lennon, est sorti le — la veille du 27e anniversaire du meurtre. Réalisé par Andrew Piddington, le film met en scène Jonas Ball dans le rôle de Mark David Chapman[35]. Le deuxième film, Chapitre 27, est sorti le . Réalisé par J. P. Schaefer, le film met en scène Jared Leto dans le rôle du tueur. Lennon est interprété par Mark Lindsay Chapman[36].
Des deux films, celui au moindre budget, The Killing of John Lennon a été nettement mieux accueilli par la critique[37]. En revanche, Chapitre 27, avec son budget plus important, a été très critiqué par le public[38].
Musique
modifierLe groupe américain Mindless Self Indulgence a intitulé Mark David Chapman une chanson de l'album If en 2008.
En 1996, le groupe irlandais The Cranberries interprète I just shot John Lennon sur l'album To the Faithful Departed.
En 2023, le groupe italien Måneskin a intitulé Mark Chapman, une chanson de l'album Rush!.
Ouvrage
modifierJ'ai tué John Lennon de Gael Séjourné et Rodolphe, bande dessinée sortie chez Glénat en 2016, retrace en détail la vie de Mark Chapman meurtrier de John Lennon de son enfance jusqu'à ce jour fatidique ce soir là dans le hall du Dakota à 22h50[39],[40],[41].
Un roman du journaliste Pierre Merle intitulé L’Assassinat de John Lennon, sorti chez Fleuve Noir en 1993, retrace le parcours de Mark Chapman le jour du crime.
Notes et références
modifier- (en) Colin A. Ross, The C.I.A. Doctors : Human Rights Violations by American Psychiatrists, Greenleaf Book Group, , p. 124.
- (en) Wilbur R. Miller, The Social History of Crime and Punishment in America : An Encyclopedia, SAGE Publications, , p. 217.
- (en) Kenneth Womack, The Beatles Encyclopedia, ABC-CLIO, , p. 180.
- John Lennon — Life, Times And Assassination par Phil Strongman.
- (en) « Descent Into Madness », People. Consulté le 13 mai 2010.
- (en) Peter Knight, Conspiracy Theories in American History : An Encyclopedia, ABC-CLIO, , p. 426.
- (en) « The Last Day In The Life », TIME Magazine. Consulté le 13 mai 2010.
- (en) « Is That All You Want? », Courtroom Television Network. Consulté le .
- (en) « John Lennon Encounters Mark David Chapman », HowStuffWorks. Consulté le 13 mai 2010.
- « La photo de John Lennon avec Mark David Chapman » (version du sur Internet Archive).
- (en) Les Ledbetter, « John Lennon of Beatles Is Killed », The New York Times, .
- (en) « Do It, Do It, Do It! », Courtroom Television Network. Consulté le 14 mai 2010.
- Collectif, John Lennon 1940-1980, Montréal, Select, (ISBN 2-89132-503-6)
- (en) « Police Trace Tangled Path Leading To Lennon's Slaying at the Dakota », elvispelvis.com. Consulté le 14 mai 2010.
- « Le jour où John Lennon a été assassiné », Sud Ouest, 8 décembre 2020
- (en) [vidéo] CBS Evening News television report, .
- (en) [vidéo] John Lennon - murdered Dec 8 1980 (part 1) (ABC News), YouTube. Consulté le .
- Paul L. Montgomery, « Police Trace Tangled Path Leading To Lennon's Slaying at the Dakota », The New York Times, 10 décembre 1980, pp. A1,B6.
- (en) « John Lennon murder: Killer Mark David Chapman gives new details of shooting », Telegraph. Consulté le 14 mai 2010.
- (en) Transcription d'une audience de Chapman en 1981, Salvador Astucia's Online Books. Consulté le 14 mai 2010.
- (en) « John Lennon - After The Music » « Copie archivée » (version du sur Internet Archive), Robert Soliman. Consulté le .
- (en) Paul L. Montgomery « Lennon Murder Suspect Preparing Insanity Defense », The New York Times. Consulté le 14 mai 2010.
- (en) « http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,922589,00.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) « Divine Justice », Time. Consulté le 15 mai 2010.
- (en) « http://www.time.com/time/magazine/article/0,9171,924795,00.html »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) « A Matched Pair of Gunmen », Time. Consulté le 15 mai 2010.
- (en) « John Lennon's Killer: The Nowhere Man », New York Magazine. Consulté le 15 mai 2010.
- (en) Lennon Murder Suspect Preparing Insanity Defense, New York Times. Consulté le 15 mai 2010.
- Le meurtrier de Lennon veut être libre, Le Figaro, 19 août 2012.
- (en) « John Lennon Killer Chapman Denied Parole for Eighth Time », sur bloomberg.com, .
- AFP, https://www.20minutes.fr/monde/1914955-20160829-assassin-john-lennon-encore-vu-demande-liberation-rejetee-neuvieme-fois « Neuvième refus de libération pour l'assassin de John Lennon » sur 20 minutes (France), 29 août 2016.
- « L'assassin de John Lennon reste derrière les barreaux », sur lepoint.fr, (consulté le ).
- Philip Norman, John Lennon : une vie, Robert Laffont, , p. 818
- (en) « The shooting of John Lennon: Will Mark David Chapman ever be released? », sur The Independent,
- (en) Kenneth Lovett, « Mark David Chapman must continue to serve prison time for John Lennon's murder, parole board says », sur Daily News, .
- De la même façon que John Hinckley, le tireur solitaire qui tenta d'assassiner Ronald Reagan quatre mois plus tard, en avait un exemplaire dans sa chambre d'hôtel, avec une brochure du Washington Post dedans, concernant Lennon.
- (en) « The Killing of John Lennon », IMDb. Consulté le 19 mai 2010.
- (en) « Chapter 27 », IMDb. Consulté le 19 mai 2010.
- (en) Studio Briefing - Film News Jan 8 2008. Consulté le 19 mai 2010.
- (en) « Chapter 27 Movie Reviews, Pictures », Rotten Tomatoes. Consulté le 19 mai 2010.
- Les élucubrations de Fleur
- J’ai tué John Lennon, Le tourneur de pages
- « J'ai tué John Lennon le 1er juin », citycomics
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Let Me Take You Down, Inside The Mind of Mark David Chapman, The Man Who Shot John Lennon, Jack Jones, Villard Books 1992 (ISBN 0812991702 et 978-0812991703)
- John Lennon — Life, Times And Assassination, Phil Strongman, The Bluecoat Press 2010 (ISBN 9781904438946 et 1904438946)
- John Lennon and the FBI Files, Alan Parker & Phil Strongman, Sanctuary Publishing Ltd 2003 (ISBN 1860745229 et 978-1860745225)
- Doublures, récit de Bertram Waring, scénario François Rivière, dessin Andreas, dans Spécial John Lennon : l’hommage de la bande dessinée, À suivre hors série, , p. 63-65 (3 planches noir et blanc)
Filmographie
modifier- Arte, Les Mercredis de l'histoire : L'homme qui a tué John Lennon, de Egon Koch et Friedrich Scherer, diffusé à 20 h 40 le
- La Deux, Les crimes du siècle : L'Assassinat de John Lennon, diffusé à 21 h 10 le
- « L'assassin de John Lennon s'excuse, 34 ans plus tard… » sur sfrlive.sfr.fr
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Ressource relative à la bande dessinée :