Marguerite Broquedis

joueuse de tennis française

Marguerite Marie Broquedis, née le à Pau et morte le à Orléans, est une joueuse de tennis française du début du XXe siècle. Première française championne olympique toutes disciplines confondues, sa popularité fut importante avant la Grande Guerre.

Marguerite Broquedis
(épouse Billout puis Bordes)
Image illustrative de l’article Marguerite Broquedis
Marguerite Broquedis lors des Jeux olympiques de Stockholm en 1912.
Pays Drapeau de la France France
Naissance
Pau
Décès (à 90 ans)
Orléans
Prise de raquette Droitière
Palmarès
Meilleurs résultats en Grand Chelem
Aust. R.-G. Wim. US
Simple V (2) 1/2
Double V (1) 1/8
Mixte V (3) F (1)
Médailles olympiques
Simple 1
Mixte 1

Biographie

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Origines et débuts

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Marguerite Broquedis est née à Pau en 1893 dans la maison du Jeu de Paume du parc Beaumont, où son père Émile Broquedis était maître paumier (professeur de jeu de paume) et fabricant de raquettes[1]. La famille s’installe en Île-de-France en 1904, Émile Broquedis se portant acquéreur de salles de jeu de paume et de tennis rue Saint-Didier, dans le 16e arrondissement de Paris[1].

Alors qu'il s'agit d'un sport bourgeois et masculin, toute la famille Broquedis pratique le lawn-tennis, Marguerite comme ses deux frères, Louis et Eugène Broquedis, devenus professeurs de cette discipline au Club de sport de l'île de Puteaux. Son père estime en effet que cela pourrait aider sa fille à s'élever socialement[1].

Championne olympique

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Après l'avoir vue jouer, Pierre de Coubertin soutient la participation de Marguerite Broquedis aux JO. Seule femme membre de la délégation olympique française en , elle décroche aux Jeux olympiques de Stockholm une médaille d'or en simple dames et une médaille de bronze en double mixte, associée à Albert Canet. Elle devient la première Française championne olympique, toutes disciplines confondues[2],[1]. Par comparaison, les 111 hommes de la délégation ne ramènent que quatorze médailles dont six en or, conduisant le journal Excelsior à célébrer celle qui « vient de donner un bel exemple de sportivité nationale à ses collègues du sexe fort ». Pour recevoir sa médaille d'or, elle se présente devant le roi de Suède non pas en robe mais en jupe-culotte[1]. Le chercheur Jean-Michel Peter précise qu'« elle n’est pas une militante [féministe], mais elle participe à la construction d’une image de sportive moderne et elle révolutionne la tenue de tennis sans la ramener, avant Suzanne Lenglen » ; Marguerite Broquedis porte ainsi les cheveux courts, délaissant le corset et raccourcissant légèrement sa jupe. En 1914, elle dénonce dans la revue La Vie au grand air le peu de disciplines sportives proposées aux femmes, contrairement aux hommes[1].

Elle devient très populaire et intègre la vie mondaine parisienne, montant à cheval au bois de Boulogne ou patinant au Palais de Glace[1].

En et , elle remporte le championnat de France (devenu les Internationaux de France en ), alors ouvert aux seuls Français, respectivement face à Jeanne Matthey et Suzanne Lenglen. Avec cette dernière, elle figure alors en couverture du magazine Femina[1],[3]. Elle est réputée pour la fulgurance de son coup droit[1].

Grande Guerre puis dernières compétitions

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La Grande Guerre éprouve durement Marguerite Broquedis. Son frère Louis, caporal au 103e régiment d'infanterie, est tué le [4]. Quelques jours plus tard, le , son second frère, Eugène[5], est grièvement blessé ; il restera paralysé du bras droit. Enfin sont encore tués ses cousins germains Pierre Lafaurie[6], caporal au 7e régiment d'infanterie coloniale, le et Bernard Luce[7], second-maître mécanicien sur le croiseur Cassard le .

Elle reprend la compétition après-guerre, mais sa renommée passée est alors éclipsée par celle, grandissante, de Suzanne Lenglen[1]. Elle remporte encore quelques titres majeurs sous ses noms d'épouse, Marguerite Billout puis après Marguerite Bordes[1].

Elle s'impose notamment aux Internationaux de France de Roland-Garros avec Jean Borotra en double mixte en 1927 contre Lilí Álvarez et Bill Tilden. C'est son dernier match important. Elle met un terme à sa carrière en 1930, s'occupant désormais de sa famille. Elle garde cependant contact tout au long de sa vie avec ses anciens partenaires de tennis, Borotra, René Lacoste, Jacques Brugnon ou encore Henri Cochet[1].

Retraite et famille

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En 1917, elle avait épousé au château d'Aunoy (Seine-et-Marne) Marcel-Louis Billout, riche héritier des pompes à essence Desmarais mais il meurt d'une cirrhose du foie en 1923. Elle se remarie avec le médecin Raymond-Pierre Bordes en 1925, avec qui elle a deux filles. La fortune de son premier veuvage disparaît avec la crise de 1929. Elle conserve un temps un château à La Ferté-Imbault (Loir-et-Cher) où la famille vit, avant de finalement partir pour Orléans[1].

En 1976, elle est conviée avec d'anciens médaillés d'or olympiques par le président de la République Valéry Giscard d'Estaing à déjeuner au palais de l'Élysée. Âgée de 83 ans, elle est la doyenne. Le chef de l'État la décore de la Légion d'honneur[1].

Elle meurt en 1983 à Orléans dans l'anonymat. Le Monde précise : « Marguerite Broquedis n'aimait pas les honneurs et se fichait qu'on l'oublie. Le tennis, elle en avait tourné la page »[1].

Palmarès (partiel)

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Titres en simple dames

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No Date Nom et lieu du tournoi Catégorie Surface Finaliste Score
1 28-06-1912 Jeux olympiques d'été, Stockholm J. olympiques Terre (ext.)     Dorothea Köring 4-6, 6-3, 6-4 Parcours
2 ??-05-1913 Championnat de France, Paris G. Chelem Terre (ext.)   Jeanne Matthey 6-3, 6-3 Parcours
3 17-06-1914 Championnat de France, Paris G. Chelem Terre (ext.)   Suzanne Lenglen 5-7, 6-4, 6-3 Parcours

Finales en simple dames

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No Date Nom et lieu du tournoi Catégorie Surface Vainqueure Score
1 ??-05-1911 Championnat de France, Paris G. Chelem Terre (ext.)   Jeanne Matthey 6-2, 7-5 Parcours
2 05-06-1920 Championnat de France, Paris G. Chelem Terre (ext.)   Suzanne Lenglen 6-1, 7-5 Parcours

Titre en double dames

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No Date Nom et lieu du tournoi Catégorie Surface Partenaire Finalistes Score
1 ??-05-1924 Championnat de France
Paris
G. Chelem Terre (ext.)   Yvonne Bourgeois   Germaine Golding
  Jeanne Vaussard
6-3, 6-3 Parcours

Finale en double dames

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No Date Nom et lieu du tournoi Catégorie Surface Vainqueures Partenaire Score
1 12-05-1921 Championnat de France
Paris
G. Chelem Terre (ext.)   Suzanne Lenglen
  Germaine Bourgeois
  Suzanne Deve 6-2, 6-1 Parcours

Titres en double mixte

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No Date Nom et lieu du tournoi Catégorie Surface Partenaire Finalistes Score
1 ??-05-1911 Championnat de France
Paris
G. Chelem Terre (ext.)   André Gobert   Marguerite Mény
  É. Mény de Marangue
6-4, 6-3 Parcours
2 ??-05-1924 Championnat de France
Paris
G. Chelem Terre (ext.)   Jean Borotra NC
NC
NC Parcours
3 24-05-1927 Internationaux de France
Paris
G. Chelem Terre (ext.)   Jean Borotra   Lilí Álvarez
  Bill Tilden
6-4, 2-6, 6-2 Parcours

Finales en double mixte

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No Date Nom et lieu du tournoi Catégorie Surface Vainqueures Partenaire Score
1 22-06-1914 The Championships
Wimbledon
G. Chelem Gazon (ext.)   Ethel Thomson Larcombe
 [8] James Cecil Parke
  Anthony Wilding 4-6, 6-4, 6-2
2 12-05-1921 Championnat de France
Paris
G. Chelem Terre (ext.)   Suzanne Lenglen
  Jacques Brugnon
  Max Decugis 6-4, 6-1 Parcours

Parcours en Grand Chelem (partiel)

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Si l’expression « Grand Chelem », tirée du bridge, désigne classiquement les quatre tournois les plus importants de l’histoire du tennis, elle n'est utilisée pour la première fois qu'en 1933, quand l'Australien Jack Crawford perd la finale du Championnat des États-Unis en septembre (après avoir mené deux sets à zéro) alors qu'il avait gagné les trois tournois dudit « grand chelem » précédents. L'expression n'acquiert la plénitude de son sens que peu à peu après le premier Grand Chelem de Donald Budge en 1938, et à partir des années 1950, quand les voyages internationaux s'accélèrent. Aujourd'hui chacun des quatre tournois du Grand Chelem est appelé - par extension colloquiale - un Grand Chelem.

En simple dames

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Année Championnat d'Australasie
Championnat d'Australie
Championnat de France
Internationaux de France
Wimbledon US National
1911 - Ch. R. finale   Jeanne Matthey - -
1913 - Ch. R. victoire   Jeanne Matthey - -
1914 - Ch. R. victoire   Suzanne Lenglen 2e tour (1/16)   Agnes Tuckey -
1920 - Ch. R. finale   Suzanne Lenglen - -
1924 - 1/2 finale   Jeanne Vaussard - -
1925 - 1/4 de finale   Kitty McKane 1/2 finale   Joan Fry -
1927 - 1/4 de finale   Eileen Bennett 2e tour (1/32)   Joan Ridley -
1928 - 3e tour (1/8)   Madzy Rollin 1er tour (1/64)   H. Contostavlos -
1929 - 3e tour (1/8)   Eileen Bennett - -
1930 - 2e tour (1/16)   Elizabeth Ryan - -

À droite du résultat, l’ultime adversaire.

En double dames

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Année Championnat d'Australasie
Championnat d'Australie
Championnat de France
Internationaux de France
Wimbledon US National
1914 - - 1/2 finale
  V. Pinckney
  Edith Hannam
  Ethel Larcombe
-
1920 - 1/2 finale
  S. Amblard
  S. Lenglen
  É. d'Ayen
- -
1921 - All comer's finale
  Suzanne Deve
  S. Lenglen
  G. Bourgeois
- -
1924 - Victoire
  Y. Bourgeois
  G. Golding
  J. Vaussard
- -
1925 - 1/2 finale
  Y. Bourgeois
  Evelyn Colyer
  Kitty McKane
- -
1927 - 2e tour (1/8)
  Gounouilhou
  Simone Amaury
  M. Rosenbaum
1/4 de finale
  S. Mathieu
  E. Harvey
  M. McIlquham
-
1928 - 1er tour (1/8)
  Y. Bourgeois
  E. Bennett
  P. Holcroft
3e tour (1/8)
  Y. Bourgeois
  J. Russell
  C. Tyrrell
-
1929 - 2e tour (1/8)
  S. Barbier
  Doreen Cole
  B. Tapscott
- -
1930 - 1/4 de finale
  Sylvie Jung
  E. Ryan
  Helen Wills
- -

Sous le résultat, la partenaire ; à droite, l’ultime équipe adverse.

En double mixte

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Année Championnat d'Australasie
Championnat d'Australie
Championnat de France
Internationaux de France
Wimbledon US National
1911 - Ch. R. victoire
  André Gobert
  M. Mény
  Édouard Mény
- -
1914 - - Finale
  A. Wilding
  Ethel Thomson
 [8] James Parke
-
1921 - All comer's finale
  Max Decugis
  S. Lenglen
  J. Brugnon
- -
1924 - Victoire
  Jean Borotra
- -
1925 - - 2e tour
  Henri Cochet
  P. Satterthwaite
  Jean Washer
-
1927 - Victoire
  Jean Borotra
  Lilí Álvarez
  Bill Tilden
2e tour
  Jean Borotra
  Betty Nuthall
  Bunny Austin
-
1928 - 1/4 de finale
  Jean Borotra
  Esna Boyd
  John Hawkes
3e tour
  Jean Borotra
  P. Holcroft
  G. Crole-Rees
-
1929 - 1/4 de finale
  R. de Buzelet
  Helen Wills
  F. Hunter
- -

Sous le résultat, le partenaire ; à droite, l’ultime équipe adverse.

Parcours aux Jeux olympiques

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En simple dames

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# Date Nom de l'olympiade Surface Résultat Ultime adversaire Score
1 28/06/1912 Jeux olympiques d'été, Stockholm Terre (ext.)   Or     Dorothea Köring 4-6, 6-3, 6-4 Parcours

En double dames

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# Date Nom de l'olympiade Surface Résultat Partenaire Ultimes adversaires Score
1 13/07/1924 Jeux olympiques d'été
Paris
Terre (ext.) 4e place (petite finale)   Yvonne Bourgeois     Evelyn Colyer
    Dorothy Shepherd
6-1, 6-2 Parcours

En double mixte

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# Date Nom de l'olympiade Surface Résultat Partenaire Ultimes adversaires Score
1 28/06/1912 Jeux olympiques d'été
Stockholm
Terre (ext.)   Bronze     Albert Canet   Oskar Kreuzer
  Micken Rieck
Forfait Parcours
2 13/07/1924 Jeux olympiques d'été
Paris
Terre (ext.) 1er tour (1/16)   Jean Borotra   Vincent Richards
  Marion Zinderstein
6-3, 6-1 Parcours

Notes et références

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  1. a b c d e f g h i j k l m n et o Marion Van Renterghem, « Marguerite Broquedis, “déesse” du tennis et première championne olympique française », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  2. Gilles Dhers, « Marguerite Broquedis, la grande oubliée du tennis », sur Libération, (consulté le )
  3. Il s'agit là de la seule défaite au tournoi de Roland-Garros de Lenglen (alors âgée de quatorze ans) ; la « Divine » prendra sa revanche contre Broquedis en .
  4. « Louis Broquedis », sur Mémoiredeshommes
  5. Eugène Broquedis sur archives.paris.fr
  6. Pierre Lafaurie sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
  7. Bernard Luce sur memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr
  8. a et b À l'époque, l'Irlande faisait partie du Royaume-Uni.

Voir aussi

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Liens externes

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