Manuel Sacristán

philosophe espagnol

Manuel Sacristán Luzón, né le à Madrid et mort le à Barcelone, est un philosophe et militant politique espagnol et un des plus éminents introducteurs du marxisme en Espagne[1],[2]. Il a réalisé d'importantes contributions dans divers champs, parmi lesquels la logique et la philosophie des sciences. Il est, en outre, reconnu par beaucoup comme le philosophe espagnol le plus important de la deuxième moitié du XXe siècle.

Manuel Sacristán
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 59 ans)
BarceloneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Manuel Sacristán LuzónVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Giulia Adinolfi (d) (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Vera Sacristán Adinolfi (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Partis politiques
Membre de
Genre artistique

Biographie

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Il nait le 5 septembre 1925 à Madrid[3]. Après la guerre, en 1940, sa famille déménage à Barcelone, ville dans laquelle, sauf rares exceptions, il réside jusqu'à sa mort. Élevé dans une famille qui soutient le camp franquiste, il devient très vite membre de la section jeune de la Phalange Espagnole. Il étudie le Droit et la Philosophie à l'Université de Barcelone, où il devient membre de la section culturelle du Syndicat Espagnol Universitaire (syndicat étudiant de la Falange). Après être entré en contact avec des groupes clandestins anarchistes, Sacristán et deux autres collègues phalangistes se coient écartés de la SEU, ce qui provoque le suicide d'un d'entre eux et l'envoi de menaces de mort contre Sacristán[4].

Après ceci, il part pour la ville allemande de Münster pour étudier la logique mathématique et la philosophie des sciences (1954-1956). Il y est avec Ulrike Meinhof. À son retour, il devient professeur non-numéraire à la Faculté de Philosophie et de Lettres et à la Faculté d'Économie de l'Université de Barcelone, dans lesquelles il enseigne respectivement les Fondements de Philosophie et la Méthodologie des sciences.

La carrière académique de Sacristán est semée d'embûches. Il est expulsé de l'université en 1965 en raison de son positionnement politique antifranquiste, puis est réadmis dans le corps enseignant après la mort du général Franco, en étant nommé Professeur de Méthodologie des Sciences sociales de l'Université de Barcelone après l'instauration de la démocratie, non sans difficultés. Pendant le cours académique 1982/1983, il enseigne à l'Université nationale autonome du Mexique. Au Mexique, il rencontre Ángeles Lizón, qui l'accompagne jusqu'à sa mort.

Depuis 1947, Sacristán impulse diverses publications périodiques à caractère politique-culturel. Il a ainsi dirigé avec Juan Carlos García-Borrón, la revue Qvadrante, est rédacteur de la revue Laye, Quaderns de Culture Catalane (revue éditée clandestinement par le PSUC), participe à la revue Nous Horitzons, qu'il dirige et, en 1977, il est membre fondateur de la revue Materiales. Aux côtés de Giulia Adinolfi, il lance en 1979 l'initiative d'une nouvelle revue, Mientras Tanto, destinée à la reconsidération de l'idéal émancipatoire-communiste à la lumière de la critique écologiste et féministe et à la lumière de la matrice marxiste originaire. Y collaborent, entre autres, Antoni Domènech, Francisco Fernández Buey ou Víctor Rivières.

Il développe tout au long de sa vie un travail acharné comme éditeur et traducteur pour différentes maisons d'édition. Il traduit plus de 80 œuvres de divers auteurs, entre lesquelles on peut souligner Mario Bunge, Quine, Marx, Engels, Gramsci (que l'on peut considérer comme un de ses principaux référents intellectuels), Adorno, Karl Korsch, Lukács, Galvano Della Volpe, Galbraith, E. Fisher, Labriola, Marcuse, Ágnes Heller, György Márkus, E. P. Thompson., etc. Parmi ses œuvres en tant qu'auteur, on peut souligner l'Introducción a la lógica y al análisis formal (Barcelone, Ariel, 1969) et de nombreux articles et textes brefs compilés posthumément dans divers volumes de Panfletos y materiales (Barcelone, Icaria, 1983-1985).

 
Plaque à Barcelone en souvenir de Manuel Sacristán

En 1975, il projète une édition critique en langue espagnole de l’œuvre complète de Marx et Engels en 68 volumes, sous l’égide de la maison d'édition Editorial Grijalbo. Seuls douze volumes de ce gigantesque projet voient le jour, entre lesquels on trouve les traductions de Sacristán du Capital, livre 1 et 2 et de l'Anti-Dühring. Sacristán prépare, édite et traduit une anthologie de textes d'Antonio Gramsci pour la maison d'édition Siglo XXI. Son travail éditorial est toujours déterminé par un engagement soutenu dans la recherche et l'enseignement, dans les domaines de la philosophie, de la méthodologie et de la critique culturelle, ainsi que par un engagement d'intervention dans le débat idéologique de son temps.

Ses premiers contacts avec le Parti Communiste d'Espagne (PCE) se produisent pendant son premier séjour en Allemagne. Il est membre des organes de direction du PSUC et du PCE dans la clandestinité, et développe pendant de longues années un intense travail politique sur le front universitaire et culturel. À partir de la crise de 1968 (Mai 68, et l'invasion de la Tchécoslovaquie), ses divergences avec la ligne officielle du PCE et du PSUC l'amènent à démissionner de presque toutes ses charges, bien qu'il reste dans leur base jusqu'à la fin des années 1970. Seulement en 1979 il déclare publiquement qu'il ne milite pas dans aucun parti politique.

En 1978, il intègre le Comité Antinucléaire de la Catalogne et fit partie du mouvement écopacifiste et contre l'OTAN. Il est également un acteur-clef dans la formation des Commissions ouvrières de l'enseignement.

Jusqu'à son décès à Barcelone le à l'âge de cinquante-neuf ans, Manuel Sacristán développe une intense activité intellectuelle et de lutte politique en devenant sans aucun doute l'un des philosophes espagnols les plus importants du XXe siècle[5].

Références

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  1. (es) « Manuel Sacristán, en editorial Trotta » [archive du 27 de diciembre de 2014] (consulté le )
  2. (ca) « Manuel Sacristán », Gran Enciclopèdia Catalana, sur enciclopedia.cat, Barcelone, Edicions 62.
  3. López Zúñiga 2007, p. 87.
  4. Juan Ramón Capella, « Biografía de Manuel Sacristán », El País, 2 de enero de 2005
  5. Francesc Arroyo, « Falleció en Barcelona el filósofo Manuel Sacristán », El País, 28 de agosto de 1985

Liens externes

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