Manoir Benizélos

Habitation de l'époque ottomane à Athènes

Le manoir Benizélos (en grec moderne : Αρχοντικό των Μπενιζέλων), aussi appelé maison de sainte Philothée d'Athènes (Σπίτι της Αγίας Φιλοθέης της Αθηναίας), est une demeure aristocratique de l'époque ottomane située dans le quartier de Pláka à Athènes. C'est la plus ancienne maison subsistante dans la capitale grecque.

Manoir Benizélos
Vue du manoir restauré depuis le sud
Présentation
Type
Destination initiale
Résidence privée
Destination actuelle
Construction
1re moitié du XVIe siècle
Restauration
2008–2016
Rénovation
Début du XVIIIe siècle
Propriétaire
Personne privée (XVIe siècle–1972)
Ministère de la Culture (depuis 1972)
Patrimonialité
Bâtiment protégé en Grèce (d)
Site archéologique de Grèce (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Localisation
Pays
Périphérie
Commune
Adresse
96 rue Adrianoú
Coordonnées
Carte

Résidence de la famille Benizélos (el) depuis le XVIe siècle, le lieu est associé par la tradition orale à sainte Philothée (1522–1589), née Revoúla Benizélos, patronne de la ville d'Athènes. Amplement rénové et agrandi au XVIIIe siècle, le manoir subit par la suite des ajouts modernes et tombe peu à peu à l'abandon. En 1972, la propriété est expropriée par le ministère de la Culture, concédée à l'archevêché d'Athènes, en 1999, puis restaurée et ouverte au public, depuis 2017.

Histoire

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La demeure de la famille Benizélos

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À l'époque de sainte Philothée (XVIe siècle)

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Remontant probablement à la première moitié du XVIe siècle, la résidence primitive comportait deux structures à deux niveaux de faible hauteur[1]. Elle aurait appartenu à Angélos Benizélos et son épouse Sirigi Paléologue, tous deux issus d'une illustre famille archontale byzantine[2]. Leur fille, Revoúla Benizélos, est dès lors associée au lieu par la tradition orale[3], sans qu'il soit possible d'affirmer avec certitude que celle qui fut sanctifiée au tournant du XVIIe siècle par le Patriarche Matthieu II de Constantinople[3] y ait longuement vécu[4]. Toutefois, il apparaît hautement probable que Philothée y passa sa jeunesse ainsi que les années qui suivirent la mort de son mari[5].

Les sources indiquent en revanche que sainte Philothée fonda le monastère de femmes de saint André à une centaine de mètres à l'est de la propriété familiale, à l'emplacement de l'actuel archevêché d'Athènes[3],[6].

Des agrandissements au cours du XVIIIe siècle au délabrement

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Le manoir, tel que visible aujourd'hui, est le fruit d'importantes extensions imprécisément datées entre la fin du XVIIe siècle et le début du XVIIIe siècle[7]. À cette époque, la façade méridionale et les trois murs internes sont conservés jusqu'au premier étage actuel, tandis que les matériaux sont réemployés afin de reconstruire le mur nord et le niveau supérieur[8]. Des arcades sont également érigées au rez-de-chaussée de la façade principale[8].

Après la guerre d'indépendance grecque, la propriété servit de taverne et de multiples ajouts participèrent à la dénaturation de l'édifice au cours des XIXe et XXe siècles[9]. Des fenêtres ont par exemple été créées dans la loggia, obstruant dès lors un espace auparavant ouvert sur l'extérieur[10], et une couverture en tôle remplaça la toiture en tuiles[11]. La bâtisse est également divisée en deux logements au début du XXe siècle[10]. Anastásios Orlándos et Ioánnis Travlós (en), qui étudièrent la demeure entre 1940 et 1960, échouèrent ainsi à reconstituer avec clarté son architecture originelle[10].

Ioánnis Gennádios (el) (1844–1932), diplomate grec membre de la famille Benizélos et fondateur de la bibliothèque Gennádios, consacra un ouvrage à l'histoire familiale[12] et participa à la mise en lumière de la vie athénienne à l'époque ottomane[13].

La restauration et la transformation en musée

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Le manoir Benizélos resta habité jusqu'aux années 1960[14], avant de tomber à l'abandon. Il est exproprié en 1972 par le ministère de la Culture[15] et quelques opérations de sauvetage sont conduites vers 1985[16]. En 1999, le manoir est concédé à l'archevêché d'Athènes[17] dans le but de le restaurer entièrement et de le transformer en musée.

Lorsque les premiers diagnostics archéologiques sont réalisés, l'édifice est dans un état de délabrement important[18]. Au cours des fouilles préventives à l'été 2008, une partie de l'enceinte romaine construite à la suite du pillage des Hérules (267-268 apr. J.-C.), a été mise au jour dans la cour de la propriété[19],[20], ainsi qu'au niveau des fondations du manoir[21],[22]. Ces vestiges sont aujourd'hui observables par les visiteurs.

La restauration, financée en partie par des fonds structurels européens[15], eut pour objectif de redonner à l'édifice son aspect du XVIIIe siècle, en supprimant les ajouts modernes et en préservant autant que possible les éléments de bois de la charpente et de l'étage[17]. Des renforcements en acier inoxydable ont été intégrés lors de la réfection des murs intérieurs et les poutres en bois horizontales, qui avait été supprimées lors des restructurations modernes, ont été réintroduites dans la maçonnerie du mur sud afin de renforcer la résistance du bâtiment au risque sismique[23].

Le musée, qui retrace l'histoire du lieu et la vie de ses occupants à différentes époques[24], a ouvert ses portes au public en février 2017[25].

Architecture

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Le manoir Benizélos, séparé de la rue Adrianoú par un haut mur[11], présente les caractéristiques architecturales du konak, résidence des riches particuliers durant la période ottomane[26]. Ce type d'habitation est de nos jours rare dans la moitié sud de la Grèce continentale[27] et unique à Athènes[28], ce qui fait du manoir Benizélos la plus ancienne maison subsistante dans la ville[14].

Construite sur deux étages, la demeure de 23,7 m de long sur 9,3 m de large dispose d'un rez-de-chaussée en pierre abritant les fonctions économiques : un lavoir, des espaces de stockage de l'huile d'olive, du vin et d'autres denrées composent les trois pièces du niveau inférieur[27]. Un puits orne la cour principale tandis que des traces d'un pressoir à olives du XVIe siècle et d'une citerne ont été retrouvées dans le jardin qui s'ouvre au sud de la propriété, accessible depuis la cour nord par un passage voûté[27],[29]. Le sachnisi (en) central, dont il ne subsistait que d'infimes traces avant les travaux de restauration, a été reconstruit à partir d'archives photographiques du XIXe siècle[30]. Les façades orientales et occidentales étaient autrefois dégagées, ce qui laisse à penser que la demeure était beaucoup plus vaste qu'aujourd'hui[27].

À l'étage, la pierre calcaire laisse place au bois dans les espaces d'habitation et de réception. Les murs intérieurs sont constitués de pans de bois (25 %), de briques (70 %) et de mortier (5 %)[31], avant d'être recouvert d'un enduit ou de boiserie. Une loggia traversante (hayiati) relie deux salons, l'un au centre de l'édifice au niveau du sachnisi et l'autre dans l'angle nord-est[26],[27]. Cet espace de transition à l'air libre permet également de desservir deux espaces de vie clos (ontas) de part et d'autre du salon central, l'un d'eux étant équipé d'une cheminée pour les mois d'hiver[26],[27].

Galerie

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Notes et références

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  1. (en) « Before the mansion there was… », sur www.archontiko-mpenizelon.gr (consulté le ).
  2. (en) Yoúli Evángelou, Saint Philothei : An Athenian Noblewoman – a Bold Nun, Athènes, , 26 p. (lire en ligne).
  3. a b et c (en) « Saint Philothei », sur www.archontiko-mpenizelon.gr (consulté le ).
  4. Thanásis Giochálas et Tónia Kafetzáki 2013, p. 96.
  5. Ioánna Galanoúli 2020, p. 4 et 17.
  6. (en) Eugenía Drakopoúlou, « British School at Athens research into Byzantine Attica », dans Michael-Llewellyn Smith, Paschalis Kitromilides et Eleni Calligas, Scholars, travels, archives: greek history and culture through the British School at Athens (Actes de la conférence à la Fondation nationale de la recherche, 6-7 octobre 2006, Athènes), Athènes, British School at Athens, , 244 p. (ISBN 978-090-488-760-0, lire en ligne), p. 145-151, p. 145-146.
  7. Certaines publications datent plutôt la rénovation de la fin du XVIIIe siècle (Nikólaos Tsioniótis 2016, p. 715).
  8. a et b Elefthería Tsakaníka et Hárris Mouzákis 2010, p. 1380.
  9. Thanásis Giochálas et Tónia Kafetzáki 2013, p. 95.
  10. a b et c (en) « The mansion changes throughout its life! », sur www.archontiko-mpenizelon.gr (consulté le ).
  11. a et b (el) « Αρχείο Νεωτέρων Μνημείων – Αρχοντικό Μπενιζέλων » [« Archives des monuments modernes – Manoir Benizélos »], sur www.archaeologia.eie.gr (consulté le ).
  12. (en) « The Benizelos family », sur www.archontiko-mpenizelon.gr (consulté le ).
  13. (el) Máro Vasiliádou, « Αθήνα, ο «οίκος των αρχαίων σοφών» » [« Athènes, la « maison des anciens sages » »], sur www.kathimerini.gr,‎ (consulté le ).
  14. a et b Nikólaos Tsioniótis 2016, p. 715.
  15. a et b (el) Gióta Sykká, « Το αρχοντικό των Μπενιζέλων στην Πλάκα «ζωντανεύει» » [« Le manoir de Benizélos à Pláka « prend vie » »], sur www.kathimerini.gr,‎ (consulté le ).
  16. (el) Alexander Papageorgiou-Venetas, Íχνη ελληνικά [« Traces grecques »], Athènes, Potamos,‎ , 313 p. (ISBN 978-9608350816), p. 194.
  17. a et b (en) « The restoration project », sur www.archontiko-mpenizelon.gr (consulté le ).
  18. María-Eléni Stamatáki 2013, p. 71.
  19. Une ciste, un emplacement funéraire adjacent et les vestiges d'une voie ont également été découverts dans la cour (Nikólaos Tsioniótis 2016, p. 717-720).
  20. (en) Anna Maria Theocharaki, The Ancient Circuit Walls of Athens, Berlin, Walter de Gruyter, , 456 p. (ISBN 978-3-11-063820-2, lire en ligne), p. 314.
  21. (en) Kleopátra Theologídou, « Antiquities in modern crypts in Greece: ancient and modern city in dialogue », dans Proceedings of the 4th Biennial of Architectural and Urban Restoration. Host of the Itinerant Congress Hidden Cultural Heritage: Under Water, Under Ground and Within Buildings, CICOP Italia, 15-30 avril 2018, 1406 p. (ISBN 978-88-909116-5-1, lire en ligne), p. 145-146.
  22. Nikólaos Tsioniótis 2016, p. 712 et 714.
  23. Elefthería Tsakaníka et Hárris Mouzákis 2010, p. 1381 et 1388.
  24. (en) « Thematic units », sur www.archontiko-mpenizelon.gr (consulté le ).
  25. Ioánna Galanoúli 2020, p. 15.
  26. a b et c (en) « A typical konaki », sur www.archontiko-mpenizelon.gr (consulté le ).
  27. a b c d e et f (en) « The Benizelos mansion », sur www.archontiko-mpenizelon.gr (consulté le ).
  28. (el) Yánnis Pantazópoulos, « Μπήκαμε στο Αρχοντικό Μπενιζέλων, την παλαιότερη κατοικία της Αθήνας » [« Nous sommes entrés dans le manoir Benizélos, la plus ancienne résidence d'Athènes »], sur www.lifo.gr,‎ (consulté le ).
  29. (el) Éphorie des antiquités de la ville d'Athènes, « Αρχοντικό Μπενιζέλων » [« Manoir Benizélos »], sur www.efaathculture.gr (consulté le ).
  30. María-Eléni Stamatáki 2013, p. 72.
  31. (el) Ioánnis Kaparós, Ενεργειακή αξιολόγηση παραδοσιακής κατοικίας στην Αττική [« Évaluation énergétique d'une demeure traditionnelle en Attique »] (mémoire de master de l'université du Pirée), Athènes,‎ , 146 p. (lire en ligne), p. 93-94.

Voir aussi

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Bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (el) Ioánna Galanoúli, Η αγία Φιλοθέη-Βίος, κοινωνικό έργο και επίδραση στην κοινωνική και πνευματική ζωή της πόλης των Αθηνών [« Saint Filothei. Vie, travail social et influence sur la vie sociale et spirituelle de la ville d'Athènes »] (mémoire de licence de l'université ouverte de Grèce), Athènes,‎ , 76 p. (lire en ligne).  
  • (en) Yánnis Kizís, « The Restoration of the Benizelos Mansion: The Sole Preserved Athenian Residence of the Ottoman Era », dans María Georgópoulou et Konstantínos Thanásakis, Ottoman Athens: Archaeology, Topography, History, Athènes, American School of Classical Studies at Athens, , 289 p. (ISBN 978-9609994545), p. 135-150.
  • (en) Nikólaos Tsioniótis, « The Benizeli mansion excavation: latest evidence on the Post-Herulian fortification wall in Athens », dans Rune Frederiksen, Silke Müth, Peter Schneider et Mike Schnelle (eds.), Focus on Fortifications. New Research on Fortifications in the Ancient Mediterranean and the Near East, vol. 2 (Actes de la conférence sur la recherche sur les anciennes fortifications (6-9 décembre 2012, Athènes)), Oxford, Oxbow Books, , 624 p. (ISBN 978-1785701313, lire en ligne), p. 712-724.  
  • (el) Thanásis Giochálas et Tónia Kafetzáki, Αθήνα. Ιχνηλατώντας την πόλη με οδηγό την ιστορία και τη λογοτεχνία [« Athènes. Retracer la ville avec un guide d'histoire et de littérature »], Athènes, Estia,‎ , 664 p. (ISBN 978-960-05-1559-6), p. 95-96.
  • (el) María-Eléni Stamatáki, Ενεργειακή αποτίμηση και προτάσεις εξοικονόμησης ενέργειας σε διατηρητέο κτίριο της Αττικής [« Valorisation énergétique et propositions d'économie d'énergie dans un bâtiment classé en Attique »] (mémoire de master de l'Université du Pirée), Athènes,‎ , 128 p. (lire en ligne).  
  • (en) Elefthería Tsakaníka et Hárris Mouzákis, « A post-Byzantine mansion in Athens: the restoration project of the timber structural elements », dans Actes de la 11e Conférence internationale sur l'ingénierie du bois (WCTE), Trente, , 3634 p. (ISBN 978-1-62276-175-3, lire en ligne), p. 1380-1390.  
  • (el) Mános Bíris, Αθηναϊκή αρχιτεκτονική 1875-1925 [« Architecture athénienne 1875-1925 »], Athènes, Mélissa,‎ , 232 p. (ISBN 9789602042557), p. 42.

Articles connexes

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