Manhattan (film, 1979)
Manhattan est une comédie de Woody Allen sortie en 1979. Le film est inscrit en 2001 au National Film Registry de la Bibliothèque du Congrès.
Réalisation | Woody Allen |
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Scénario |
Woody Allen Marshall Brickman |
Acteurs principaux | |
Pays de production | États-Unis |
Durée | 96 minutes |
Sortie | 1979 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Scénariste de télévision, Isaac Davis[1],[2] (Woody Allen) est un homme désabusé et angoissé. À 42 ans, sa vie professionnelle le laisse insatisfait. Aussi passe-t-il le plus clair de son temps à écrire et réécrire son roman. Sa vie privée est plus que chaotique. Sa deuxième épouse (Meryl Streep), qui l’a quitté pour une autre femme, est sur le point de publier son autobiographie où Isaac tient une bonne place. Il fréquente aussi Tracy, une jeune fille de 17 ans (Mariel Hemingway) avec laquelle il ne se voit aucun avenir. La situation se complique lorsque Yale (Michael Murphy), son meilleur ami, lui présente sa maîtresse, Mary (Diane Keaton), dont Isaac ne tarde pas à tomber amoureux.
Synopsis
modifierManhattan commence par des images de New York[3] sur lesquelles la voix de Woody Allen/Isaac Davis commence le premier chapitre de son nouveau livre : « Il adorait New York ». Le film est un hommage à la « Allen-town » (la ville de Allen, autrement dit New York), à la ville qui l’a vu naître, il en fait l'apologie, la magnifie. Le film s’ouvre sur les plans de la ville avec l'air de Rhapsody in Blue de George Gershwin : feux d’artifice sur Central Park, le panorama de la « skyline » de Manhattan à l’aube, l’Empire State Building, le pont de Brooklyn[4]. Manhattan idéalisée loin des quartiers sordides de l'East Side, de Harlem, de ses SDF à l'abri du métro aérien se réchauffant autour d'un brasero, etc.
Dans un climat de dépression, Isaac Davis décide d’écrire un roman autobiographique dont le thème est son image de soi, qu'il identifie à l'image de la ville, image castrée, faite d’insatisfactions. Tout en s’appuyant sur la beauté physique de la ville, Isaac Davis procède à une autopsie sur son environnement socio-culturel, sa vie sociale, autopsie qui fait le constat d'un déclin de la culture contemporaine[5].
Le film tourne autour des interactions qu'entretiennent les quatre personnages principaux[6] : Isaac Davis écrivain de télévision qui quitte son travail pour écrire son livre, Yale (Michael Murphy) professeur de littérature qui travaille sur une biographie de Eugene O’Neill, Mary Wilke (Diane Keaton) journaliste qui écrit sur l'art et la culture en général et Jill (Meryl Streep), ex-femme d’Isaac qui a publié un tract féministe sur leur mariage intitulé "Mariage, divorce et Individualité".
Les dialogues font de nombreuses références aux grands écrivains et cinéastes de la vie New-yorkaise[7], autant de points d'appui pour le développement psychologique d'Isaac Davis ; sont cités notamment August Strindberg, Scott Fitzgerald, Ingmar Bergman, Federico Fellini, Franz Kafka, Norman Mailer, Groucho Marx, Albert Camus, etc.,. Ce mélange montre les difficultés d'identification d’Isaac le plongeant dans des troubles névrotiques. Les références à Ingmar Bergman et Federico Fellini seront reprises dans son film de 1980 Stardust memories[8].
On retrouve dans Manhattan les thèmes chers à Woody Allen : l’instabilité des relations amoureuses, le jazz, les femmes, l’amitié, l'insatisfaction de vivre, l'art et l’écriture… Et par-dessus tout, l’amour qu’il porte à New York[9].
On retrouve également des références à La Dame de Shanghai d'Orson Welles, écho du divorce orageux d'Orson Welles de Rita Hayworth, avec ses différentes répliques amères sur les relations amoureuses.
Fiche technique
modifier- Réalisation : Woody Allen
- Scénario : Woody Allen et Marshall Brickman[10]
- Musique : George Gershwin
- Photographie : Gordon Willis
- Montage : Susan E. Morse
- Décors : Mel Bourne (en)
- Costumes : Albert Wolsky
- Production : Charles H. Joffe
- Société de production : Jack Rollins and Charles H. Joffe Productions
- Société de distribution : United Artists
- Pays d'origine : États-Unis
- Langue originale : anglais
- Genre : comédie
- Format : noir et blanc - 35 mm - 2,39:1 - son mono
- Durée : 96 minutes
- Dates de sortie :
- États-Unis :
- France :
Distribution
modifier- Woody Allen (VF : Bernard Murat) : Isaac Davis
- Diane Keaton (VF : Béatrice Delfe[11]) : Mary Wilkie
- Michael Murphy (VF : Bernard Tiphaine) : Yale
- Mariel Hemingway[12] (VF : Béatrice Bruno) : Tracy
- Meryl Streep (VF : Annie Sinigalia) : Jill
- Anne Byrne : Emily
- Damion Scheller (VF : Jackie Berger) : Willie Davis
- Raymond Serra (VF : Gérard Hernandez) : le serveur de la pizzeria
- Karen Ludwig : Connie
- Michael O'Donoghue (VF : Jean-Pierre Dorat) : Dennis
- Wallace Shawn (VF : Francis Lax) : Jeremiah
- Kenny Vance (en) (VF : Jacques Balutin) : le producteur de télévision
- Victor Truro (VF : Bernard Woringer) : un invité à la soirée
- Helen Hanft : une invitée à la soirée
- Frances Conroy : l'actrice shakespearienne
- Karen Allen : l'actrice à la télévision
Autour du film
modifierFilmé en Panavision sur film Technicolor, Manhattan sera finalement édité en noir blanc[13], c'est également le seul film de Woody Allen à avoir été tourné en Cinémascope.
Les diverses compositions de George Gershwin sont interprétées par l'Orchestre Philharmonique de New York sous la direction de Zubin Mehta et l'Orchestre Philharmonique de Buffalo sous la direction de Michael Tilson Thomas.
Le film a été entièrement tourné en décors naturels, des scènes extérieures aux scènes d’intérieur.
C’est la cinquième fois que Diane Keaton apparaît dans un film de Woody Allen.
Manhattan marque la première collaboration de Susan E. Morse qui devient la monteuse attitrée de Woody Allen jusqu’en 1998.
La relation d'Isaac Davis avec Tracy (Mariel Hemingway) est l'écho de la relation amoureuse qu'entretenait Woody Allen avec la jeune Christina Engelhardt depuis quatre ans[14],[15],[16].
Une des scènes où les personnages, joués par Woody Allen et Diane Keaton, sont assis sur un banc près d'un pont dans la brume, a été tournée au pied du Queensboro Bridge, pont sur l'East River, et l'image a été reprise pour l'affiche du film[17].
Accueil
modifierAccueil critique
modifierManhattan avec Annie Hall, Hannah et ses sœurs, Blue Jasmine et Minuit à Paris fait partie des plus grands succès de Woody Allen au box office[20],[21].
Pays | Box-office | Nbre de sem. | Classement TLT[22] | Source |
Box-office Paris | 779 330 entrées | 12 sem. | - | [1] |
Box-office France | 2 353 357 entrées | ? sem. | - | [2] |
Box-office États-Unis | 39 000 000 dollars | ? sem. | [3][23] |
Distinctions
modifier- 1979 : Lauréat du Los Angeles Film Critics Association Awards, décerné par la Los Angeles Film Critics Association (LAFCA), pour Merryl Streep dans son rôle de Jill[24]
- 1979 : Lauréat du National Board of Review Award, mention "meilleur film" décerné par le National Board of Review of Motion Pictures.
- 1979 : Lauréat du NSFC Award, mention "meilleur réalisateur", décerné par la National Society of Film Critics[25]
- 1979 : Lauréat du New York Film Critics Circle Awards, mention "meilleur réalisateur", décerné par le New York Film Critics Circle[26]
- 1980 : Lauréat du César du cinéma, mention "meilleur film étranger", décerné par l'Académie des arts et techniques du cinéma
- 1980 : Lauréat du Bodil Award mention Amerikanske film[27]
- 1980 : Lauréat du BAFTA awards mention "meilleur scénario"[28] et "meilleur film"[29]
- 2001 : Inscription au National Film Registry[30]
Influences
modifier- La comédie Quand Harry rencontre Sally est inspirée du film dans la structure narrative et l'imbrication des 4 personnages, c'est notamment visible dans la scène de fin de remords de Harry qui court rejoindre Sally[réf. nécessaire].
- La série télévisée Friends, dont les liens entre les personnages, leurs interrogations existentielles, la ville de New York et cet humour si caractéristique emprunte au film. C'est aussi visible dans l'histoire des personnages, ainsi Ross qui découvre que sa femme est lesbienne et le quitte pour une autre[réf. nécessaire].
- Le film Frances Ha possède plusieurs similitudes avec le film : outre les dialogues abondant, le jazz, le style allénien général et la ville de New York, le film est également en noir et blanc[31]. Le personnage principal, Frances, peut aussi être perçu comme la version féminine et contemporaine d'Isaac Davis. Tout comme Isaac aspire à devenir écrivain, Frances rêve de réussir en tant que chorégraphe, tandis que le film explore ses déboires amoureux et professionnels. La scène finale de Manhattan, lorsque Isaac court dans les rues de New York, est directement citée dans une séquence similaire avec Frances filmée en travelling.
Notes et références
modifier- (en) « Why Manhattan is the definitive Woody Allen film », sur ACMI (consulté le )
- « Manhattan :: Film Culte Manhattan :: FilmDeCulte », sur www.filmdeculte.com (consulté le )
- (en-US) Roger Ebert, « Manhattan Movie Review & Film Summary (1979) | Roger Ebert », sur www.rogerebert.com (consulté le )
- (en) « woody », sur pzacad.pitzer.edu (consulté le )
- « Variations sur les premières minutes du film Manhattan de Woody Allen », sur Open edition, Cahiers de l’APLIUT [En ligne], Vol. XXV N° 1
- (en-US) Alex Sheremet, « Woody Allen's MANHATTAN Is Not What You Think It Is », sur IDEAS ON IDEAS, (consulté le )
- (en-US) « Norman Holland on Woody Allen's Manhattan », sur www.asharperfocus.com (consulté le )
- Encyclopædia Universalis, « MANHATTAN, Woody Allen », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
- (en-GB) « Film Review: Manhattan, "Woody Allen’s love letter to the city" », sur Plymouth Arts Cinema | Independent Cinema for Everyone | Plymouth College of Art., (consulté le )
- (en-GB) Peter Bradshaw, « Manhattan review – Woody Allen's masterpiece still shimmers with honesty », The Guardian, (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
- (fr) RSdoublage.com (onglet doublage)
- (en) Roger Ebert, « Manhattan Movie Review & Film Summary (1979) | Roger Ebert », sur www.rogerebert.com (consulté le )
- « Critique : Manhattan, de Woody Allen », sur critikat.com - le site de critique de films, (consulté le )
- (en) « Underage Girl Who Inspired Woody Allen's 'Manhattan' Speaks Out For First Time About Sexual Relationship », sur theplaylist.net (consulté le )
- (en-GB) « Woody's real life Manhattan Lolita », sur Mail Online, (consulté le )
- (en) Yohana Desta, « The Former Teenage Model Woody Allen Allegedly Dated in the 70s Speaks », sur HWD (consulté le )
- « Ciné-club : Manhattan de Woody Allen », sur www.cineclubdecaen.com (consulté le )
- « Manhattan - la critique du film », sur Avoir Alire - Critiques et news films, Livres, BD, musique, séries TV, Spectacles (consulté le )
- (en) « Manhattan review: Woody Allen finds a mature harmony of humour and form | Sight & Sound », sur British Film Institute (consulté le )
- (en-US) « Woody Allen Movie Box Office Results », sur www.boxofficemojo.com (consulté le )
- (en-US) David Sim On 1/14/19 at 11:10 AM EST, « Ranked: Woody Allen’s 20 best movies », sur Newsweek, (consulté le )
- Tous les temps - All Time
- « Manhattan (1979) - Box Office Mojo », sur www.boxofficemojo.com (consulté le )
- « LAFCA », sur www.lafca.net (consulté le )
- (en) « Past Awards », sur National Society of Film Critics, (consulté le )
- (en-US) « Awards - New York Film Critics Circle - NYFCC » (consulté le )
- (da) « Amerikanske film », sur Bodilprisen (consulté le )
- « BAFTA Awards », sur awards.bafta.org (consulté le )
- « 1980 Film | BAFTA Awards », sur awards.bafta.org (consulté le )
- (en-US) « Complete National Film Registry Listing | Film Registry | National Film Preservation Board | Programs at the Library of Congress | Library of Congress », sur Library of Congress, Washington, D.C. 20540 USA (consulté le )
- « "Frances Ha" : jubilatoire | Les Inrocks », sur https://www.lesinrocks.com/ (consulté le )
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Woody Allen, Four Films: Annie Hall/Interiors/Manhattan/Stardust Memories (screenplays), éd. Random House, 1982
- Graham McCann, Woody Allen: New Yorker, éd. Polity Press, 1990
- Julian Fox, Woody: Movies From Manhattan, éd. Overlook Books, 1996
- Jürgen Müller, Films des années 70, éd. Taschen, 2003, p. 566 (ISBN 3-8228-2192-6)
Liens externes
modifier- Ressources relatives à l'audiovisuel :