Mammouth de Yukagir
Le Mammouth de Yukagir est un spécimen de Mammouth laineux congelé trouvé en 2002 dans le nord de la Yakoutie, en Sibérie[1], un immense territoire fréquenté au Pléistocène par les mammouths[2].
Découverte
modifierLa tête de ce Mammouth laineux, entièrement recouverte de peau et très bien conservée, a été découverte en 2002. Ayant eu vent de la découverte, un explorateur polaire met en place une expédition pour extraire l'animal du permafrost. Un des membres de l'équipe est l'explorateur polaire Bernard Buigues, connu pour ces expéditions au pôle nord et en Sibérie depuis les années 1990, et réputé « chasseur de mammouths »[1]. Il a fallu trois voyages successifs pour extraire l'intégralité de l'animal. Bien que les découvertes de fossiles de mammouths ne soient pas rares dans le monde, ce spécimen se distingue par son très bon état de conservation[3].
Anatomie
modifierÀ partir de ses os et ses énormes défenses, les scientifiques qui se trouvaient sur le site (dont les experts des mammouths Dick Mol et Larry Agenbroad) ont deviné qu'il s'agissait d'un vieux mâle qui pesait certainement environ 5 tonnes de son vivant.
La découverte du mammouth de Yukagir est l'une des plus grandes découvertes paléontologiques du début du siècle, car elle a notamment révélé que les Mammouths laineux avaient des glandes temporales entre les oreilles et les yeux[1], et le très bon état de conservation de ses pieds a permis d'observer des craquelures sur sa voute plantaire, qui jouaient certainement un rôle pour s'agripper au substrat. Comme les éléphants modernes, les Mammouths laineux marchaient sur leurs orteils, dont la face inférieure était recouverte de coussinets charnus. Parmi d'autres découvertes, le mammouth de Yukagir a révélé que l'espèce pouvait souffrir de spondylodiscite au niveau des vertèbres et d'ostéomyélite.
Régime alimentaire
modifierLe pergélisol a préservé la tête, les défenses, les pattes avant et une partie de l'estomac et du tractus digestif de l'animal. Les scientifiques ont obtenu des informations sur le régime alimentaire de ces animaux, qui était principalement composé d'herbe. De manière très étonnante, et comme la plupart des restes de végétaux présents dans les bouses, les tiges de graminées ont conservé leur couleur, qu'elles avaient il y a 22 500 ans[4]. En s'appuyant sur le dernier repas du mammouth de Yukagir, les scientifiques ont été capables de découvrir des choses sur les ancêtres des éléphants et de resituer sa place dans l'environnement de l'époque[5], ainsi que de redéfinir l'importance des champignons dans le cycle alimentaire des steppes à mammouths[6].
Références
modifier- (en) Dick Mol, Jeheskel (Hezy) Shoshani, Aleksei Tikhonov, Bas van GEEL, Peter Lazarev, Gennady Boeskorov et Larry Agenbroad, « The Yukagir Mammoth: Brief History, 14c dates, individual age, gender, size, physical and environmental conditions and storage. », Scientific Annals, School of Geology Aristotle University of Thessaloniki (AUTH), vol. 98, , p. 299–314 (lire en ligne, consulté le )
- (en) Bochkarev Bolot, « eYakutia », sur eyakutia.com (consulté le ).
- Anonymous, « From the Siberian steppes to the Aichi Universal Exhibition in 2005 », Mammuthus.org (consulté le ).
- (en) Peter Tyson, « A Mammoth Waste of Time », sur pbs.org, Nova Science Now (consulté le ).
- (en) B. van Geel, A. Aptroot, D. Baittinger, D. Mol, J.P. Pals, J. Shoshani, G.B.A. van Reenen, I. Bull, R. Evershed, K.G.J. Nierop, A. Tikhonov et P.H. van Tienderen, « Environmental reconstruction based on the Yukagir Mammoth's last meal », Japan Association for the 2005 World Exposition, , p. 13–14
- (en) Andre Aptroot et Bas van Geel, « Fungi of the colon of the Yukagir Mammoth and from stratigraphically related permafrost samples », Review of Palaeobotany and Palynology, vol. 141, nos 1-2, , p. 225–230 (DOI 10.1016/j.revpalbo.2005.04.006)