Mamadou Racine
Mamadou Racine Sy, né à Souïma (Podor), au Sénégal, le , et mort le , à Kita, au Mali, est un officier français appartenant au corps des tirailleurs sénégalais. Il est le premier Noir à obtenir le grade de capitaine de l'Armée française.
Mamadou Racine Sy | ||
Mamadou Racine Sy et sa femme en 1889 | ||
Naissance | Podor (Sénégal) |
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Décès | (à 59 ans) Kita (Mali) |
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Grade | capitaine | |
Autres fonctions | fama du Bambouck | |
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Biographie
modifierJeunesse
modifierToucouleur, Mamadou Racine Sy est né dans le Fouta à Souïma, près de Podor, le [n 1]. Son père Elimane Racine était le chef du village et était très influent parmi les Toucouleurs. Sa mère Seynabou Rabi Bâ est issue de l’aristocratie peule et torodo de Thilogne et Guede Ouro.
Enfant, il suit une formation à la religion mulsumane et devient instructeur scolaire en études coraniques[1].
Carrière militaire
modifierMamadou Racine Sy entre dans le corps des tirailleurs sénégalais[1], le , et se fait remarquer par sa bravoure au combat. Il est nommé sergent le puis sous-lieutenant à titre indigène le [1]. C’est le plus jeune africain qui accède à l’épaulette. Il devient Chevalier de la Légion d'honneur en novembre 1869.
En 1878, il est désigné pour représenter les tirailleurs à Paris et est promu lieutenant le [1]. Blessé lors de la prise de Daba le [1], il est alors apprécié par ses supérieurs. Bien que la loi française limite la promotion des militaires indigènes au grade de lieutenant, ceux-ci, le colonel Gustave Borgnis-Desbordes en particulier, le proposent au grade de capitaine des tirailleurs[1]. À titre exceptionnel, Jules Grévy, président de la République française, signe le un décret faisant de Mamadou Racine le premier capitaine africain de l’infanterie de marine coloniale française[1].
En , il est chargé de rapporter au colonel Frey le traité de Kéniébakoro (ou Kéniéba-Koura) dans lequel Samory Touré, fondateur de l'empire wassoulou, reconnaissait la souveraineté de la France sur la rive gauche du Niger[2]. Le capitaine Racine devient alors, pour le compte des autorités coloniales, un guide, interprète et diplomate, auprès du nouvel allié des Français[1].
Mamadou Racine Sy est commandant du poste de Nyamina, en 1889, puis de Goumbo, en 1896, date de sa retraite. Auparavant, Louis Archinard le nomme chef du village de Kayes-rive droite (Kayes Ndi) et des territoires qui en dépendent le . Le général Edgar de Trentignan, lieutenant gouverneur du Soudan, le nomme, par décision no 236 du , fama (« roi ») du Bambouck[n 2], un poste honorifique qui place Mamadou Racine Sy en position d'intermédiaire entre les administrateurs coloniaux et les populations colonisées[1].
Fin de vie
modifierMamadou Racine Sy meurt le à Kita[1], au cours d’une mission de recrutement pour le chemin de fer que lui avait confié le gouverneur général en raison de son prestige et de son influence, comme l’indiqua le gouverneur Ponty dans sa lettre de désignation. Au cours de l'année 2011, sa tombe est transférée dans le cimetière réservé aux soldats français[1].
Son frère, Mademba Sy (1852-1918), assure au cours de sa vie le rôle d'interprète entre les officiers de la métropole et les soldats coloniaux[4].
Postérité
modifierEn France, des personnalités de l'époque coloniale sont enregistrées dans la mémoire nationale, tandis qu'un supplétif indigène tel que Mamadou Racine Sy reste un anonyme[1]. Au Sénégal, le nom de celui-ci est associé au portrait d'un collaborateur au service des colonisateurs, en opposition aux figures héroïques de la résistance africaine[1],[5].
Distinctions
modifier- Chevalier de la Légion d'honneur (). Mamadou Racine est le premier Noir à recevoir cette distinction[1].
- Officier de la Légion d'honneur ()[1]
- Commandeur du dragon noir de L’Annam
- Médaille militaire
- Médaille coloniale avec agrafe Sénégal Soudan
- Chevalier de l’étoile Noire du Bénin
- Officier de l’ordre royal d’Anjouan
- Commandeur de l’ordre royal du Cambodge
Notes et références
modifierNotes
modifier- La date exacte de naissance de Mamadou Racine Sy n'est pas connue. Il est né soit en 1838 soit en 1842. De même, son lieu de naissance n'est pas certain[1].
- Le Bambouck, ou Bambouk, était une région du Soudan français[3].
Références
modifier- Stéphanie Soubrier, « Mamadou Racine Sy, premier capitaine noir de l’armée française », The Conversation, (consulté le ).
- Louis-Gustave Binger, Une Vie d'explorateur. Carnets de route, Fernad Sorlot, 1938, p. 103.
- Archives nationales d'outre-mer, « Bambouk, Région géographique (Mali) », sur anom.archivesnationales.culture.gouv.fr, (consulté le ).
- « Anthony Guyon, Les tirailleurs sénégalais de l’indigène au soldat de 1857 à nos jours - Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie », sur www.aphg.fr (consulté le )
- « Mamadou Racine Sy, premier capitaine noir de l’armée française », sur Encyclopédie d’histoire numérique de l’Europe (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Anthony Guyon, Histoire des tirailleurs sénégalais : De l'indigène au soldat, de 1857 à nos jours, Place des éditeurs, (ISBN 978-2-262-08598-8, lire en ligne)
- Jean Gilbert Nicomède Jaime, De Koulikoro à Tombouctou, à bord du Mage, 1889-1890, Dentu, 1891, p. 299-301 (un portrait de Mamadou Racine Sy figure à la page 300 de l'ouvrage).
- Guy Thilmans et Pierre Rosière, Les Tirailleurs sénégalais, 2008, p. 179.
- Abdoul Sow, Mamadou Racine Sy, L'Harmattan, 2010.
- Seydou Madani Sy, Le Capitaine Mamadou Racine Sy, Karthala, 2014.
Liens externes
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- Sébastien Philippe, Fédération nationale des anciens d'outre-mer et anciens combattants des Troupes de marine, « Mamadou Racine SY : premier capitaine noir de l'armée française », document archivé sur Internet Archive [PDF], (consulté le ).