Maki de Mayotte
Lémur à front blanc
Le Maki de Mayotte, appelé aussi Ankoumba en kibouchi (malgache de Mayotte) ou Comba en shimaoré et comorien, est un primate lémuriforme considéré comme une sous-espèce du Lémur fauve (Eulemur fulvus) de Madagascar, ou comme l'une de ses sous-espèces (Eulemur fulvus mayottensis - Schlegel, 1866). Il vit sur l'île de Mayotte et dans les autres iles de l'archipel des Comores, où il aurait été introduit depuis Madagascar.
Phylogénie au sein de l'ordre
modifierPhylogénie des infra-ordres actuels de primates, d'après Perelman et al. (2011)[1] :
Primates |
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Caractéristiques et mode de vie
modifierDescription
modifierC'est en 1866 que Schlegel en parle pour la première fois. Les premiers exemplaires ont été collectés par Pollen et Vandamen en 1864 dans la baie de Jougoni. Eulemur fulvus mayottensis n'existe qu'à Mayotte.
On le reconnaît à son visage noir orné de deux grands yeux au regard orange doré, son museau allongé de lévrier terminé par une truffe noire, et son pelage très doux, variant du beige au roux, particulièrement touffu au niveau de la queue. Les zones sourcilières sont claires, et certains individus développent un collier de longs poils blancs formant des favoris. Il mesure une cinquantaine de centimètres (plus une queue de 60 cm), et pèse de deux à trois kilogrammes.
Ses longs pieds au pouce opposable portent des ongles, à l'exception d'une longue griffe courbe à l'index. Il serait le seul primate qui possède des mains de type humain avec des empreintes digitales [réf. nécessaire].
Alimentation
modifierIl se nourrit de fruits pendant la bonne saison, et sinon de feuilles et de fleurs, avec une tendance omnivore, se complémentant de petits lézards et d'œufs d'oiseaux, mais sa nourriture essentielle reste composée de fruits mûrs comme les bananes, les papayes, les mangues, les jaques et baies diverses, ce qui explique l'animosité de certains agriculteurs à son égard.
Pendant la saison sèche, le manque de fruits le pousse à descendre dans les habitations pour chercher de la nourriture (parfois dans les poubelles) et ne craint pas de passer sur les fils électrique pour s'approcher. On peut le voir au milieu des villes comme Kawéni. Avec ses mains qui ressemblent à des mains humaines, il est capable d'éplucher certains fruits comme la banane.
Mode de vie
modifierDoté d'un sens extraordinaire de l'équilibre, grâce à sa longue queue, il saute d'arbre en arbre, avec des bonds prodigieux de plusieurs mètres. Il passe la majorité de son temps dans les arbres et ne descend que pour boire de l'eau ou pour chercher un morceau de fruit tombé à terre.
Il vit en groupe composé de quatre à une dizaine d'individus. Il est actif de nuit comme de jour. Il communique par différents cris (plus de 10), mais essentiellement par des grognements proches de ceux des cochons. Sa vie sociale est très structurée et comparable à la nôtre par bien des aspects[réf. nécessaire]. Il « enterre » ses morts (ou tout au moins les recouvre de terre ou de feuilles)[réf. nécessaire].
Reproduction
modifierRelation avec les humains
modifierSa sociabilité et son absence d'agressivité naturelle (d'où sa vulnérabilité) en font un animal qu'il est tentant (mais difficile) d'apprivoiser. Malgré leur caractère sauvage, ils peuvent s'habituer très facilement aux humains notamment quand ces derniers les nourrissent à la main : cela est cependant déconseillé, car il existe un risque de déséquilibre alimentaire et surtout de « clochardisation » de ces animaux, qui délaisseraient les forêts pour aller mendier en ville.
Mesures de protection
modifierLe maki est devenu maintenant une espèce protégée, semble-t-il parce qu'il était chassé comme nourriture (il aurait été importé de Madagascar pour servir de gibier, comme le tangue). La capture de cet animal est devenu un délit passible d'amende et d'emprisonnement.
Légende
modifierDepuis la nuit des temps, il est raconté dans la culture première des habitants de Mayotte (culte des ancêtres) que les makis sont à l'origine des êtres humains.
Étymologie du mot olombelo
modifierEn kibouchi (en malgache) olono Velono, signifie littéralement « quelqu'un de vivant » (être humain).
La légende remonte à une époque où il fallait aller chercher l'eau aux puits ou dans les rivières.
Elle raconte que pour économiser l'eau, une mère a utilisé de l'eau qui a servi pour laver du riz et nettoyer les fesses de son enfant en ignorant l'interdiction ancestrale qui rend le riz sacré et ne doit donc être souillé (même l'eau de lavage) aucunement.
Souiller le riz de cette manière est un acte fady (interdit en kibouchi (en malgache), langue utilisée aussi à Mayotte).
Zanahary (ou Ndragnahary), Dieu en malgache, de colère transforme l'enfant et tous les habitants de son village en maki.
La légende de l'îlot de sable blanc (situé au sud de Mayotte, proche de Saziley) rejoint cette croyance du sacrilège fait au riz sacré.
Références
modifier- (en) P. Perelman, W. E. Johnson, C. Roos, H. N. Seuánez, J. E. Horvath, M. A. M. Moreira, B. Kessing, J. Pontius, M. Roelke, Y. Rumpler, M. P. Schneider, A. Silva, S. J. O'Brien et J. Pecon-Slattery, « A molecular phylogeny of living primates », PLoS Genetics, vol. 7, no 3, , e1001342 (PMID 21436896, PMCID 3060065, DOI 10.1371/journal.pgen.1001342, lire en ligne)
Bibliographie
modifier- Claire Harpet, « Regards sur le Maki de Mayotte », sur SFEcologie.org, .
Liens externes
modifier- (en) Référence BioLib : Eulemur fulvus mayottensis (Schlegel, 1866) (consulté le )
- (en) Référence NCBI : Eulemur fulvus mayottensis (taxons inclus) (consulté le )