Maison Matis

maison à Basse-Terre (Guadeloupe)

La maison Matis est un immeuble situé actuellement au no 52 (ou no 256), rue Amédée-Fengarol[1],[2] à l'angle de la rue Bossant[3] à Basse-Terre dans le département de la Guadeloupe en France. Construite vers 1770, elle constitue l'un des plus anciens bâtiments de la ville et de l'île. Elle a été inscrite aux monuments historiques en 2008.

Maison Matis
La maison Matis en 2013
Présentation
Destination initiale
Maison d'habitation
Construction
vers 1770
Propriétaire
Propriétaire privé
Patrimonialité
Localisation
Pays
Département
Commune
Adresse
no 256, rue Amédée-Fengarol
Coordonnées
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Historique

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La Maison Matis aurait été construite avant 1769, sur les fondations d’une précédente bâtisse antérieure à 1688, comme le suggèrent les plans Payen[4] et Plumier[5] de 1686 et 1688[3]. Des éléments indiqueraient que la construction de la Maison Matis remonterait à 1750[6],[3] en faisant l'un des plus anciens bâtiments, encore intacts, de Basse-Terre et de Guadeloupe. Le choix du lieu de construction est probablement lié à la proximité d'une des principales cales[7] de la ville et à la place d'Armes qui faisait face. La présence de la « ravine des Jésuites » (bouchée et canalisée entre 1768[8] et 1769[9]) permettait un accès facile à l'eau[7] et expliquerait l'implantation choisie pour ce bâtiment.

À la fin du XVIIIe siècle, la bâtisse appartient à Joseph Dujarric de Lagarde[3], médecin du roi, né en 1729 à Montignac dans le Périgord, également propriétaire à cette époque de trois fours à chaux sur le rivage sous le vieux fort[6]. À sa mort en 1795, la maison est transmise à son fils naturel, Jean-Baptiste de Lagarde, mulâtre marié à Élisabeth Corbet, métisse et sœur de Noël Corbet[10], compagnon d’armes du colonel Louis Delgrès. En , lors de la succession de Jean-Baptiste de Lagarde, mort en 1810, l’immeuble est partagé entre son fils Guillaume et sa fille Marie Joseph Joséphine qui hérite de la moitié Est (actuelle Maison Matis)[11].

Au XVIIIe siècle et XIXe siècle, le mauvais entretien des maisons (associé aux dégradations par les insectes xylophages) est une constante à Basse-Terre dans toutes les classes de la société coloniale[12]. Les cyclones ravageurs de 1825 et 1865 détruisent la moitié de la ville de Basse-Terre et endommagent sévèrement la partie Ouest et Nord de l’immeuble[3]. Seule la partie Est, dite Maison Matis, conserve son étage. Après plusieurs réparations suivies de ventes et reventes, la maison est mise en adjudication et devient le la propriété de Hyacinthe Matis[réf. nécessaire] qui donnera son nom à la bâtisse et la transmet à son fils Léon Matis. Lors du cyclone de 1928, la Maison Matis sert de refuge aux habitants de la ville de Basse Terre.

Le , la maison Matis est inscrite au titre des monuments historiques[2],[3]. En 2011-2012, elle est restaurée avec l’aide de la Direction des affaires culturelles de la Guadeloupe pour remettre en valeur les façades d’origine et reconstruire l'ancienne galerie en bois qui longeait la façade Nord[13].

Architecture

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À l'origine, le bâtiment était deux fois plus long que l’actuelle Maison Matis et probablement composé de quatre bâtisses mitoyennes comme tend à le démontrer la différence des alléges moulurées des baies encore en place[3]. Historiquement, ce type de maisons mitoyennes étaient souvent destinées à la location pour les militaires ou les fonctionnaires en poste à Basse-Terre. Dans sa totalité, la maison était constituée d’une longue bâtisse en dur sur un étage, avec de simples pièces en enfilade. Le long de sa façade Nord courait une galerie haute et basse en bois qui probablement permettait aussi l’accès aux différentes pièces de l'étage. Ces galeries, parfois ouvertes comme celle de la maison Coquille, protégeaient les façades des rayons du soleil et des pluies fréquentes et violentes[12].

Sa façade Sud, percées de douze travées, donnait sur l’axe historique de l’ancienne cale de fer (actuellement la rue Bossant). Elle faisait face à l’ancienne place des Armes sur laquelle furent implantés les Magasins du Roi. Ces travées sont formées de baies en arc segmentaire typiques du XVIIIe et début XIXe siècles pour les maisons en maçonnerie de Basse-Terre[6]. Les appuis saillants des baies de l'étage sont ornés de moulures double en quart-de-rond. Le nombre important des ouvertures et leur taille permettaient de se préserver de la chaleur en favorisant la circulation de l'air entre les façades. De nos jours, à Basse-Terre, rares sont les maisons bourgeoises du XVIIIe siècle à plus de cinq travées : en 2006, seules subsistent la maison Nemausat, au no 48 de la rue du Docteur-Pitat, et la maison Matis[6].

Avant l'utilisation de la tôle, introduite en Guadeloupe dans les années 1830[6], la toiture était recouverte d’essentes[3],[14] qui sont des planchettes de bois tenant lieu de tuiles. Deux lucarnes par pan de toit, de dimension modeste, favorisent l'aération et l'éclairage des combles qui faisaient, autrefois, office de chambres ou de lieu de stockage de marchandises. Comme le reste de la toiture, ces lucarnes étaient alors recouvertes d'essentes puis plus tard de tôles.

Après les destructions par le cyclone de 1825, la maison Matis est composée en 1865 de deux espaces distincts : l’ancienne maison en maçonnerie tournée vers la Cale de Fer (rue Bossant), percée de six travées avec des baies en arc segmentaire du XVIIIe siècle, qui abrite quatre pièces au rez-de-chaussée et sept pièces à l’étage ; un grand appentis en bois adossé à la façade Nord, tourné vers la cour intérieure et la Grande-Rue (rue Amédée-Fengarol) qui abrite une grande pièce au rez-de-chaussée et six pièces à l’étage. Le cyclone du éprouvera une fois de plus cette construction.


Notes et références

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  1. Anciennement no 256, rue de la République avant le renommage de la voie — une confusion entre les deux numéros (52 et 256) semble toujours persister en raison des plaques présentes sur la maison et des relevés variés réalisés par la Direction des affaires culturelles de la Guadeloupe ; et au no 13 ou 15 de la rue Bossant, une ambiguïté existant également sur ce point.
  2. a et b Notice no PA97100026, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  3. a b c d e f g et h Notice no IA97100921, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  4. Plan de Basse-Terre par Payen, 1686. Centre des Archives de l'outre-mer, Dépôt Fortifications des Colonies Guadeloupe 17A.
  5. Vue du bourg de la Guadeloupe par le père Charles Plumier, dessin aquarellé, 1689, Bibliothèque nationale département des estampes, côte gd18.
  6. a b c d et e Marie Emmanuelle Desmoulin, Basse-terre : Patrimoine d’une ville antillaise, éditions Jasor, 2006, p. 174; p. 179; p. 190; p. 193.
  7. a et b Anne Pérotin-Dumon, La ville aux Îles, la ville dans l'île, éditions Karthala, 2000 (ISBN 9782865379361), p. 370-377.
  8. Plan de la Ville de Basse Terre de Novilos de 1768 (SHAT : 7B/120)
  9. Plan du Fort Saint-Charles 1769. Centre des Archives de l'outre-mer : Dépôt Fortifications des Colonies Guadeloupe 273A.
  10. Archives départementales de Guadeloupe : 6 Mi 51, Maître Bonet, 17 novembre 1810, Vente par J.-B. Lagarde à Négrè de deux terrains avec fours à chaux.
  11. Archives départementales de Guadeloupe : 6 Mi 444, Maître Henry, 12 juin 1822, Liquidation de la communauté de J.-B. dit Lagarde et d'E. Corbet, sa veuve, gens libres de couleur et du partage des biens entre leurs enfants, Guillaume et Marie Joseph Joséphine.
  12. a et b Maisons de maître et habitations coloniales dans les anciens territoires français de l'Amérique tropicale, Christophe Charlery, In situ - Revue des patrimoines, mai 2004, p. 8 et 33.
  13. Maison Matis sur le site Pierre Bortolussi, Architecte en chef des monuments historiques.
  14. Archives départementales de Guadeloupe : 6 Mi 920, Maître Vauchelet, 2 janvier 1826 : vente par Julien Landry et dame Victoire Lisbonne, son épouse, à Joséphine Redon, veuve de Joseph Chalos d'une maison au no 82 de Grand'rue du Fort

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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