Macaque japonais
Macaca fuscata
Statut CITES
Le macaque japonais[1] (Macaca fuscata) est un singe catarhinien de la famille des cercopithécidés, largement réparti sur l'archipel du Japon. Exception faite de l'Homme, c'est le primate à l'habitat naturel le plus septentrional. Particulièrement attiré par le pétrichor, il participe activement à la création d'humus.
Description de l'espèce
modifierLe macaque japonais vit sur de nombreuses îles du Japon. C’est la plus septentrionale de toutes les espèces de macaques et même de primates, l’homme excepté. Il s’agit de la plus étudiée et de la mieux connue des espèces du genre. Le macaque du Japon s’est probablement différencié à partir des populations les plus orientales du macaque rhésus durant le pléistocène. Il a une longévité d'environ vingt ans.
Mensurations
modifierLe Macaque japonais atteint une taille de 79 à 95 cm (corps et tête mesurent de 47 à 60 cm), sans la queue, très courte mesurant à peine 10 cm pour un poids de 10 à 14 kg pour le mâle et de 8 à 10 kg pour la femelle.
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Gros plan d'un macaque japonais
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Forme juvénile
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Crâne
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Os pénien
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Nouveau gros plan d'un macaque japonais.
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Un autre macaque japonais juvénile.
Écologie et comportement
modifierCe macaque est le plus nordique de tous les singes non humains du monde. Aidé de son épaisse fourrure ocre qui va du plus clair au plus foncé, il est très résistant au froid et à la neige, qui peut être abondante dans ses zones d’habitat.
Lorsque les températures chutent en dessous de −5 °C, les macaques japonais se réchauffent régulièrement dans les sources thermales (onsen) qui existent dans leur habitat. Ils sont célèbres dans la station de ski de Shiga Kogen.
Ces singes vivent en groupes de plusieurs mâles et plusieurs femelles pouvant aller de quelques individus à plus de cent. Les jeunes femelles ayant atteint la maturité sexuelle restent dans le groupe, alors que les jeunes mâles émigrent.
En 1953, dans la minuscule île de Koshima, sur un exemple précis (le lavage de patates douces), les scientifiques ont pu constater une transmission sociale progressive d’une découverte précise faite par un seul individu (une femelle nommée Imo)[2],[3],[4].
Certains macaques du Japon ont été observés, en hiver, en train de fabriquer des boules de neige dans le seul but de jouer[5].
Nutrition
modifierLeur alimentation varie au fil des saisons, car ils doivent faire face à de très rudes hivers. Omnivore, mais surtout végétarien : feuilles, fruits, baies, fleurs, écorce, bourgeons, racines, insectes, araignées, petits invertébrés, œufs, champignons. Il peut même parfois, se régaler de petits mammifères ou même d'oiseaux, lorsque l'occasion se présente. Ils font des réserves de nourriture dans leurs abajoues comme certains rongeurs. Son habitat étant de plus en plus grignoté par les activités humaines, il se risque aussi quelquefois dans les champs ou les jardins des particuliers pour se nourrir.
Reproduction
modifierLa saison des amours se situe en automne et les naissances s’étalent d’avril à juillet avec une pointe en mai, après une gestation de cinq à six mois. Sous l'effet de leurs hormones sexuelles, les vaisseaux sanguins se dilatent et leur face ainsi que leur postérieur deviennent rouge. Les mâles comme les femelles s'accouplent avec un maximum d'individus. Les femelles ont ainsi de très fortes chances d'avoir un petit durant la saison. Les bébés macaques dépendent de leur mère pendant plus d'un an.
Organisation sociale
modifierLeur structure sociale repose entièrement sur les femelles, de génération en génération les femelles ne quittent jamais le groupe. Les mâles quittent leur groupe lorsqu'ils atteignent leur maturité sexuelle. Ils vivent dans plusieurs groupes au cours de leur vie.
Le toilettage des poils permet d'enlever les puces, les tiques et les œufs de puces, il arrive qu'un macaque les mange. Le toilettage permet aussi de créer des liens sociaux entre les différents individus : plus ils passent de temps à se toiletter, plus leurs relations sont fortes[6]. Les mères et leur fille par exemple passent beaucoup de temps pour s'épucer.
Les macaques japonais défendent leurs amis durant les disputes et les désaccords.
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Macaques japonais dans une source chaude au Parc aux singes de Jigokudani
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Deux macaques japonais lors d’une séance de toilettage
Habitat et répartition
modifierLes macaques japonais fréquentent les forêts mixtes d’arbres feuillus et de conifères des montagnes du Japon et des îles environnantes. On peut en observer des centaines dans le parc d’Iwata-yama, dans la région d’Arashiyama et sur l'Île de Yakushima.
Systématique
modifierL'espèce Macaca fuscata a été décrite par le zoologiste britannique Edward Blyth en 1875.
Nom vernaculaire
modifier- Macaque japonais
Synonymie
modifier- Macacus speciosus Geoffroy Saint-Hilaire, 1826
- Inuus speciosus japanensis Schweyer, 1909
Le macaque japonais et l'Homme
modifierUtilisation populaire
modifierLe macaque japonais étant, jusqu'à une période récente la seule espèce de singe vivant sur l'archipel japonais, il fut, et est aujourd'hui encore, associé à l'image du singe dans l'imaginaire collectif japonais. Son cri est représenté par l'onomatopée Uki-Uki (ウキウキ). Ce singe est le personnage important de nombreux contes populaires japonais comme Sarukani Gassen (さるかに合戦 ; "la bataille du singe et des crabes") ou encore Momotarō dans lequel il aide le personnage principal à accomplir sa quête aux côté du chien et du faisan.
Certains animaux représentés dans la littérature chinoise comme dans le Bencao Gangmu, ont été associés à des variantes du macaques japonais, le Hi-hi, originellement décrit comme une espèce de singe à part entière dans les encyclopédies chinoises, est devenu un yōkai issu d'un macaque japonais ayant vieilli. Il est utilisé pour représenter les Singes de la sagesse au Japon, sous les noms de Mizaru (見ざる) pour l’aveugle, Iwazaru (言わざる) pour le muet ainsi que Kikazaru (聞かざる) pour le sourd. L’une des plus anciennes représentations de ces trois singes, se trouve au Nikkō Tōshō-gū, l’un des temples de Nikko, devenu l’un des principaux parcs nationaux du Japon. Dans la récit littéraire, la pérégrination vers l’ouest, désigné en japonais sous le nom de Saiyūki (西遊記), le roi singe, Sun Wukong, désigné en Japonais sous le nom de Son Goku, (尊極) est exclusivement représenté sous la forme d'un macaque japonais, comme la plupart des représentations issues de la littérature chinoise représentait le personnage sous la forme d'un macaque.
Appellations
modifierEn japonais, le terme saru (猿 ; singe) » désignait à l'origine exclusivement le macaque japonais. Mais un autre terme mashira, apparaît souvent dans les arts comme le waka. Selon l’ethnologue Minakata Kumagusu (南方熊楠), ce mot pourrait être d'origine sanskrite[7]. Originellement, le caractère 猿 (èn) servait à désigner des singes sans queue, tel que le Gibbon, en opposition à 猴 (kō) qui désignait les singes avec une queue, associés à des bêtes sauvages. Les deux caractères étaient lu en japonais sous le terme de saru. Le singe était également désigné sous le nom d' Ete-kō (エテ公) dans le langage populaire, un terme qui serait une forme d’euphémisme pour éviter de dire saru, en raison de la connotation négative qu'il entretien avec l'homonyme saru «去る ; "quitter" ; "partir"). Ce terme Ete-Kō pourrait venir du terme Ete (得手 ; « habileté »)[8]. Minakata rapporte que, lors d’une descente en bateau sur la rivière Kumano, le batelier appelait les singes sous des noms comme Yaen 野猿 ; singes sauvages) ou encore Etekichi (エテ吉) afin d'absolument éviter de prononcer le terme saru[7].
Pourtant, le caractère 猿, mais surtout sa lecture kun’yomi saru sont également utilisé dans des noms propres : Comme dans celui de Saku no Ōkimi no Saru (柿本朝臣佐留) dans les Nihon Shoki, des noms de poètes comme Saruwaka no Daisuke (猿丸大夫) ou encore ceux de personnalités historiques comme Uesugi Kenshin dont le nom d'enfance était Sarumatsu (猿松) et Maeda Toshitsune nommé Osaru (お猿) dans son enfance. Minakata avance que cela pourrait être un vestige de familles ayant autrefois le singe pour totem[7]. Ces exemples montrent que, dans l'ensemble du Japon ancien, le terme saru n'était pas systématiquement un terme tabou.
Notes et références
modifier- (en) Murray Wrobel, 2007. Elsevier's dictionary of mammals: in Latin, English, German, French and Italian. Elsevier, 2007. (ISBN 0-444-51877-0), 9780444518774. 857 pages. Rechercher dans le document numérisé
- [réf. obsolète].
- « Psychologie cognitive - Google Livres », sur google.fr (consulté le ).
- Catherine Vincent, « Que reste-t-il du propre de l'homme ? », sur lemonde.fr, Le Monde,
- Jean-Jacques Petter (préf. Yves Coppens, ill. François Desbordes), Primates, Nathan, , 256 p. (ISBN 978-2-09-260543-1), Macaques page 156
- Emmanuelle Grundmann, Eux aussi ils aiment les insectes ! Les primates et les insectes : une relation gastronomique, Insectes, n°143, page 5, 2002
- (ja) 南方熊楠, 十二支考 猴に関する伝説, 青空文庫 (lire en ligne)
- 『広辞苑 第5版』 岩波書店。「得手」
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Laurent Auclair et Collectif, 2006, Psychologie cognitive, p. 249, document 4B1, Un apprentissage par observation en milieu naturel, 448 p., Bréal. (ISBN 978-2749504155) ou (ISBN 2-749504155)
- (en) Wada K., Tokida E. & Ogawa H., 2007, The influence of snowfall, temperature and social relationships on sleeping clusters of Japanese monkeys during winter in Shiga Heights, Primates 48, p. 130-139.
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Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- (en) Référence BioLib : Macaca fuscata (Blyth, 1875)
- (en) Référence Catalogue of Life : Macaca fuscata (Blyth, 1875) (consulté le )
- (en) Référence CITES : espèce Macaca fuscata (Blyth, 1875) (+ répartition sur Species+) (consulté le )
- (fr) Référence CITES : taxon Macaca fuscata (sur le site du ministère français de l'Écologie) (consulté le )
- (en) Référence UICN : espèce Macaca fuscata (consulté le )