Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp Diouf
Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp Diouf – également connu sous le nom de Coumba Ndoffène II – est un ancien roi du Sine[4]. Maad a Sinig (ou Mad a Sinig, Maad Sine) signifie « roi du Sine » en langue sérère[5],[6],[7],[8],[9].
Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp Diouf | |
Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp Diouf, roi du Sine | |
Titre | |
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Maad a Sinig (Roi du Sine) | |
c. 1898 – | |
Couronnement | c. 1898 à Diakhao Royaume du Sine, Sénégal |
Premier ministre | [Diaraf Bou Maag Bandiougour Sène[1] |
Prédécesseur | Maad a Sinig M'Backé Ndepp N'Diaye |
Biographie | |
Titre complet | Maad a Sinig Mad a Sinig Maad Sine Bour Sine Auparavant, un Thilas[2] Officier de la Légion d'honneur[3] |
Hymne royal | Fañ na NGORO Roga deb no kholoum O Fañ-in Fan-Fan ta tathiatia |
Dynastie | Dynastie Guelwar maternelle Dynastie Diouf paternelle Appartient à la maison royale de Bouré Gnilane Diouf |
Nom de naissance | Coumba Ndoffène Fandepp Diouf |
Lieu de naissance | Royaume du Sine, Sénégal |
Enfants | El Hajj Farba Diouf, Déthié Amaséid Diouf, Boucar Diouf, Farba Diouf |
Héritier | Maad a Sinig Mahecor Diouf |
Résidence | Diakhao |
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Il n'y a pas de consensus sur les dates exactes du règne de Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp Diouf. Selon certains, il aurait régné de 1898 à 1924[10],[11] – ce qui semble confirmé par les sources écrites disponibles à l'époque[12]. D'autres historiens pensent qu'il régna de 1897 ou 1898 à 1923[13] – ce qui semble plutôt conforté par la tradition orale sérère. D'après cette tradition, le roi était très malade avant sa mort et régna pendant 27 hivers (soit 27 ans) avant l'arrivée au pouvoir de son successeur Maad a Sinig Mahecor Diouf. Une période de deuil suivit la mort du roi et il fallut un peu de temps pour se préparer à la cérémonie du couronnement de Maad Mahecor Diouf, conformément à la coutume et à la tradition sérères[14],[15]. Maad Mahecor Diouf accéda au trône en 1924[11], plus précisément selon certains, le . Il y a cependant un consensus quant à l'année de la mort de Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp. Les historiens, même ceux qui envisagent un règne de 1898 à 1924, sont d'accord sur le fait qu'il mourut en 1923[16], ou parfois plus précisément le à Diakhao[3].
Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp Diouf ne doit pas être confondu avec son grand-oncle Maad a Sinig Coumba Ndoffène Famak Diouf – également connu sous le nom de Coumba Ndoffène Ier – qui régna de 1853 à août 1871[11]. Famak (ou Fa mak) signifie « l'aîné » en langue sérère. Fandepp (ou Fa ndepp ou Fandeb) signifie « le jeune » en sérère.
Succession
modifierLorsque son prédécesseur Maad Mbacké Ndepp N'Diaye meurt, il ne laisse aucun héritier direct au trône (buumi). Comme Coumba Ndoffène Fandepp est alors le thilas, c'est-à-dire le deuxième sur la liste de succession, c'est lui qui est nommé roi du Sine[2]. Il appartient à la maison royale de Bouré Gnilane Diouf[13].
Ingérence française
modifierLa succession de Maad Coumba Ndoffène Fandepp fut mal accueillie par l'administration française au Sénégal, en particulier par l'administrateur Hippolyte Alsace. Le Conseil des nobles qui étaient chargés d'élire les rois de la famille royale fut informé par Alsace qu'il n'entérinerait pas leur choix. Le noble Conseil objecta qu'ils avaient fait leur choix et que le peuple du Sine avait désigné Maad Coumba Ndoffène Fandepp comme roi. Cette réponse mécontenta l'administration française. Le Sine fut découpé en cantons, on nomma Maad Coumba Ndoffène Fandepp chef supérieur de l'Est de Sine et son rival Coumba Djimbit chef supérieur de l'Ouest du Sine[1]. L'ingérence de l'administration française au Sine et sa tentative de diviser le Sine en cantons étaient vouées à l'échec. Alors qu'en théorie Maad Coumba Ndoffène Fandepp n'était un simple chef, en pratique il était le roi du Sine. Les Sérères du Sine l'avaient élu et ils étaient réticents à l'idée de se soumettre aux ordres de n'importe qui d'autre. Les failles de ce système apparurent clairement lorsque la population sérère du Sine-Ouest refusa de payer ses impôts. Quand l'administrateur Victor Valantin se rendit au Sine-Ouest en afin de forcer la population à payer ses impôts, les Sérères du Sine-Ouest cachèrent leurs enfants, leurs femmes et leurs animaux, et prirent les armes. Valantin et ses accompagnateurs furent contraints à une retraite précipitée[17]. Les relations entre l'administration française et la noblesse sérère du Sine se détériorèrent encore davantage quand l'administrateur Charles Lefilliâtre écrivit au prince Léopold Diouf, secrétaire privé du roi, lui disant qu'« il n'y avait plus de roi », puis à Maad Coumba Ndoffène Fandepp en le traitant de « simple chef et rien de plus ». Lefilliâtre se rétracta plus tard et devint le principal soutien de Maad Coumba Ndoffène Fandepp au sein de l'administration française[18].
Leadership
modifierEn 1901 Maad Coumba Ndoffène Fadepp réussit à empêcher la création d'une mission chrétienne à Diohine et à maintenir l'Église hors du Sine[19]. Quand le fils de Lat Dior, (roi du Cayor et du Baol), mécontent, essaye d'incriminer Amadou Bamba en l'accusant de boulochage armes[pas clair] en vue de lancer une guerre contre l'administration française, les Français intentent un procès à Amadou Bamba. Bien que Maad Coumba Ndoffène Fandepp soit un adepte de la religion sérère et non un musulman, il est le seul à prendre la défense d'Amadou Bamba. Il demande à l'administration française de le libérer, les accusations proférées contre lui n'étant que des mensonges. Amadou Bamba est relâché et toutes les fausses accusations portées contre lui sont retirées[3],[10].
Maad Coumba Ndoffène Fandepp fut un chef efficace et ses pouvoirs étaient bien réels en dépit des directives françaises[19]. Un jour on demanda à Farba Diouf – le fils de Maad Coumba Ndoffène Fandepp qui se convertira lui-même plus tard – si son père avait un jour envisagé de se convertir à l'islam. Il répondit : « Jamais[10]! ».
Postérité
modifierLéopold Sédar Senghor, poète et premier président du Sénégal, magnifia le dernier roi du Sine dans son célèbre poème « Joal » en 1945[20]. Il y décrit de manière homérique toute la noblesse du cérémonial qui entourait le roi en disant qu'il se souvenait encore à l'âge adulte « des fastes du Couchant où le dernier roi du Sine voulait faire tailler son manteau royal »[21].
Chaque année la famille Mbacké – les descendants d'Amadou Bamba Mbacké – rendent grâce à la famille Diouf du Sine, en souvenir de la journée où Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp prit la défense d'Amadou Bamba contre de fausses accusations. L’évènement, qui est célébré les 7 et de chaque année, alternativement à Darou Marnane et à Diakhao, est marqué par de grandes cérémonies[3].
Notes
modifier- Klein 1968, p. 195.
- Klein 1968, p. 173.
- (fr) « Magal du Grand Témoignage du Bour Sine Coumba Ndoffène Diouf Fandëb à Serigne Touba Khadimou Rassoul : 7 juin 2009-DIakhao - 13 juillet 2009 Darou Marnane », article du Soleil en ligne sur Xibar.net
- Klein 1968, p. 7 et 173.
- (en) Oliver; Fage & Sanderson. The Cambridge History of Africa, Cambridge University Press, 1985, p. 214 (ISBN 0521228034)
- (en) Faal, Dawda, Peoples and empires of Senegambia: Senegambia in history, AD 1000-1900, Saul's Modern Printshop, 1991, p. 17
- (en) Ajayi, J. F. Ade et Crowder, Michael, History of West Africa, vol. 1, Longman, 1985, p. 468. (ISBN 0582646839)
- (en) Galvan, Dennis C. The State Must be Our Master of Fire, University of California Press, 2004, p. 270 (ISBN 9780520235915)
- (fr) Diouf, Marcel Mahawa, Lances mâles : Léopold Sédar Senghor et les traditions sérères, Centre d'études linguistiques et historiques par tradition orale, Niamey, 1996, p. 54
- (en) Villalón, Leonardo Alfonso, Islamic society and state power in Senegal: disciples and citizens in Fatick, Cambridge University Press, 1995, p. 200 (ISBN 0521460077)
- Klein 1968, p. XV.
- Niokhobaye Diouf, « Chronique du royaume du Sine, suivie de notes sur les traditions orales et les sources écrites concernant le royaume du Sine par Charles Becker et Victor Martin », Bulletin de l'IFAN, vol. 34, série B, no 4, , p.776-777.
- Diouf 1972, p. 732.
- Diouf 1972, p. 732-777.
- (fr) Sarr, Alioune, « Histoire du Sine-Saloum. Introduction, bibliographie et notes par Charles Becker », Bulletin de l'IFAN, tome 46, série B, n° 3-4, 1986-1987, p. 211-283
- Klein 1968, p. 202.
- Klein 1968, p. 200-203.
- Klein 1968, p. 201-202.
- Klein 1968, p. 203.
- Lorsque Léopold Senghor a écrit ce poème en 1945, Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp était le roi du Sine précédentes qui sont morts avant ce poème a été écrit[pas clair]. Maad a Sinig Coumba Ndoffène Fandepp n'a pas été le dernier roi du Sine. C'est Maad a Sinig Mahecor Diouf qui fut le dernier roi du Sine
- (fr) « Je me rappelle les fastes du Couchant. Où Koumba N'Dofène voulait faire tailler son manteau royal. », in Brunel, Pierre (coord.), Léopold Sédar Senghor. Poésie complète, CNRS éditions, 2007 (ISBN 2271066042)
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- (en) Ajayi, J. F. Ade et Crowder, Michael, History of West Africa, vol. 1, Longman, 1985 (ISBN 0582646839)
- (fr) Brunel, Pierre (coord.), Léopold Sédar Senghor. Poésie complète, CNRS éditions, 2007, 1313 p. (ISBN 2271066042)
- (fr) Diouf, Marcel Mahawa, Lances mâles : Léopold Sédar Senghor et les traditions sérères, Centre d'études linguistiques et historiques par tradition orale, Niamey, 1996
- (en) Faal, Dawda, Peoples and empires of Senegambia: Senegambia in history, AD 1000-1900, Saul's Modern Printshop, 1991
- (en) Galvan, Dennis C., The State Must be Our Master of Fire, University of California Press, 2004 (ISBN 9780520235915)
- (en) Martin A. Klein, Islam and imperialism in Senegal : Sine-Saloum, 1847-1914, Stanford University Press, (ISBN 0804706212).
- (en) Oliver, Rolan, Fage, John Donnelly et Sanderson, G. N., The Cambridge History of Africa, Cambridge University Press, 1985 (ISBN 0521228034)
- (en) Villalón, Leonardo Alfonso, Islamic society and state power in Senegal: disciples and citizens in Fatick, Cambridge University Press, 1995 (ISBN 0521460077)