Mûrisserie

local de mûrissement des fruits

Une mûrisserie est un espace dans lequel on laisse le mûrissement des fruits d'une récolte se produire. Le terme est particulièrement employé pour désigner les sites sur lesquels on stocke des bananes dans l'attente de leur maturité.

Un maillon essentiel

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Les mûrisseries sont un maillon essentiel de la chaîne d'approvisionnement qui permet de commercialiser au mieux dans des latitudes tempérées, par exemple en Europe, un fruit tropical ou subtropical périssable comme la banane[1].

Le régime de bananes est coupé dans les plantations avant sa pleine maturité. On transporte à travers l'océan ces fruits au froid dans les navires. On cherche alors à ralentir leur métabolisme grâce au froid et à la ventilation et à les acheminer le plus vite possible. Ensuite, la banane passe en mûrisserie pour retrouver ses qualités naturelles avant d'être vendue dans le commerce[1].

La mûrisserie est un grand bâtiment fonctionnel où les bananes, rangées sur des palettes portant chacune entre 24 et 32 cartons de fruits, sont stockées dans des chambres de maturation[2]. Les bananes entrent en mûrisserie alors qu'elles sont vertes et y restent entre 4 et 8 jours, exposées à des températures variant entre 14° et 18°, qui sont progressivement baissées[3]. Quand elles sortent de la mûrisserie, les bananes sont en train de devenir jaunes. Elles arrivent sur les étals jaunes à bouts encore verts[4].

Développement des mûrisseries

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Avant la Première Guerre mondiale, une mûrisserie de bananes est déjà installée à Bordeaux[5]. Dans les années 1950 et 1960, les mûrisseries de France métropolitaine sont implantées dans les ports[6], comme Rouen[7] ou Nantes[8] et dans la région parisienne[6], mais aussi dans d'autres villes, comme Lille[9], Toulouse[10], Agen[11], Grenoble[12] ou Saint-Étienne[13]. En France métropolitaine, au début des années 1960, les entreprises de mûrisseries sont encore de petites entreprises artisanales, dont le nombre dépasse un milllier. Elles sont alors plus d'une vingtaine à Nantes ou à Bordeaux et une soixantaine à Marseille[2].

Au début des années 1980, les mûrisseries ne sont plus qu'environ 230 en France[2]. Ce processus de concentration est lié à la conteneurisation : les petites mûrisseries, trop exigües pour accueillir un conteneur entier de bananes, ont disparu[14]. La conteneurisation permet d'éviter beaucoup de manipulations des cartons de fruits et donc de risques de choc[2]. D'autre part, les mûrisseries industrielles se sont beaucoup développées pour fournir les importants volumes réclamés par les centrales d’achats de la grande distribution[15].

Les firmes transnationales investissent dans les mûrisseries dans le cadre d'une intégration verticale, pour contrôler l'ensemble de la filière[16].

Références

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  1. a et b Jean-Claude Maillard, « Le commerce international de la banane : marché, filière, système », Les Cahiers d'Outre-Mer. Revue de géographie de Bordeaux, vol. 55, no 220,‎ , p. 371–392 (ISSN 0373-5834, DOI 10.4000/com.942, lire en ligne, consulté le ).
  2. a b c et d Jean-Claude Maillard, Le Marché international de la banane: étude géographique d'un "système commercial", Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, (ISBN 978-2-86781-107-4, lire en ligne).
  3. André Lassoudière, Le bananier et sa culture, Editions Quae, (ISBN 978-2-7592-0957-6, lire en ligne).
  4. André Lassoudière, Le bananier: Un siècle d’innovations techniques, Editions Quae, (ISBN 978-2-7592-1690-1, lire en ligne).
  5. Philippe Prévôt, Bordeaux secret et insolite : la face cachée du "port de la lune, Paris : Les Beaux jours, (ISBN 978-2-35179-000-7, lire en ligne).
  6. a et b J. André, « Le ravitaillement en fruits de l'agglomération parisienne », L'Information géographique, vol. 18, no 3,‎ , p. 93–100 (DOI 10.3406/ingeo.1954.1381, lire en ligne, consulté le ).
  7. Henri Grellet, « Rouen Grand port moderne. V – Activité du port, analyse des principaux trafics », Études normandes, vol. 7, no 21,‎ , p. 389–428 (DOI 10.3406/etnor.1953.3068, lire en ligne, consulté le ).
  8. Chloé Chamouton, Les grandes catastrophes en Loire-Atlantique, La Crèche : Geste, (ISBN 978-2-36746-291-2, lire en ligne).
  9. M. M. Thomassin, « L'approvisionnement en fruits et légumes du Marché de Lille », Revue du Nord, vol. 41, no 163,‎ , p. 67–89 (DOI 10.3406/rnord.1959.2345, lire en ligne, consulté le ).
  10. Nadia Djelal, « Le marché d'intérêt national de Toulouse », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest. Sud-Ouest Européen, vol. 50, no 1,‎ , p. 81–98 (DOI 10.3406/rgpso.1979.3586, lire en ligne, consulté le ).
  11. Lucette Lepagnot, « Un organisme récent de commercialisation des fruits et légumes en Moyenne-Garonne : le marché-gare d'Agen-Boé », Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest. Sud-Ouest Européen, vol. 37, no 2,‎ , p. 218–230 (DOI 10.3406/rgpso.1966.4551, lire en ligne, consulté le ).
  12. Michelle Vincent, « Le ravitaillement de Grenoble en fruits et légumes », Revue de géographie alpine, vol. 59, no 1,‎ , p. 127–139 (DOI 10.3406/rga.1971.1215, lire en ligne, consulté le ).
  13. Bernard Jayol, « Le marché stéphanois des fruits et légumes (premier article) », Géocarrefour, vol. 46, no 4,‎ , p. 333–369 (DOI 10.3406/geoca.1971.1593, lire en ligne, consulté le ).
  14. Colette Ranély Vergé-Dépré, « Quinze années de conteneurisation des trafics maritimes aux Antilles françaises : éléments d'un bilan », Les Cahiers d'Outre-Mer, vol. 50, no 198,‎ , p. 151–170 (DOI 10.3406/caoum.1997.3647, lire en ligne, consulté le ).
  15. Sophie Michel, « Les mécanismes à l’origine de la reconstruction de la légitimité - Le cas d’un grossiste en fruits et légumes », Revue française de gestion, vol. 41, no 248,‎ , p. 171–185 (ISSN 0338-4551 et 1777-5663, DOI 10.3166/RFG.248.171-185, lire en ligne, consulté le ).
  16. Jean-Louis Rastoin et Denis Loeillet, « Le marché mondial de la banane : entre globalisation et fragmentation », Économie rurale, vol. 234, no 1,‎ , p. 46–53 (DOI 10.3406/ecoru.1996.4805, lire en ligne, consulté le ).