Météorite de L'Aigle

La météorite de L'Aigle est une météorite tombée en 1803 entre L'Aigle et Glos-la-Ferrière, dans l'Orne (région Normandie, France). C'est une chondrite ordinaire du groupe L6.

Météorite de L'Aigle
Illustration.
Fragment de la météorite de L'Aigle.
Caractéristiques
Type Chondrite
Classe Chondrite ordinaire
Groupe L6
Observation
Localisation L'Aigle
Coordonnées 48° 45′ nord, 0° 38′ est
Chute observée Oui
Date 26 avril 1803
Découverte 1803

Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Météorite de L'Aigle

Histoire

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Le mardi vers 13 heures tombent dans la région de L'Aigle près de 3 000 fragments d'une météorite. Le citoyen Marais relate ce phénomène dans une lettre écrite à un de ses amis qui est communiquée à l'Institut et est publiée dans le Journal de Physique[1] :

« Mardi dernier, 6 floréal (26 avril 1803), entre une et deux heures après midi, nous fûmes surpris par un roulement qui était semblable au tonnerre : nous sortîmes et fûmes surpris de voir l'atmosphère assez net, à quelques petits nuages près; (...) mais la surprise fut bien autre chose, lorsqu'on apprit qu'il était tombé de ce nuage, des pierres très grosses et en grande quantité, parmi lesquelles il y en avait de dix, onze et jusqu'à dix-sept livres. (...) Chacun dans le pays est curieux d'en posséder une ou un morceau, comme étant un objet de curiosité. Les plus grosses ont été lancées si violemment, qu'elles sont entrées dans la terre au moins à un pied de profondeur : elles sont noires extérieurement et grisâtres intérieurement : il semble qu'il y ait dedans une espèce de métal. »

 
Carte indiquant, par une ellipse, la zone où des débris de la météorite de L'Aigle sont tombés, le 7 messidor an XI , soit le 26 avril 1803.

Le ministre de l'Intérieur Jean-Antoine Chaptal désigne le jeune astronome Jean-Baptiste Biot pour enquêter à l'Aigle et dans la région, afin d'établir « les preuves morales et physiques de la chute de pierres du 6 floréal ». Jean-Baptiste Biot quitte Paris le  : accompagné par un guide, il enquête pendant plusieurs semaines dans la région de L'Aigle. Il rédige un rapport minutieux (première carte précise d’un champ de dispersion de météorites (image ci-contre à gauche), analyse chimique de plusieurs échantillons de la pluie météoritique, recueil de témoignages) présenté le à l'Académie des Sciences de Paris[2] qui marque le début réel des études scientifiques des météorites[3]. Jean-Baptiste Biot se rapproche à la suite de son rapport[4] de la thèse de l'origine extraterrestre des météorites avancée par le physicien allemand Chladni[5], mais il est partisan de l'origine volcanique lunaire des météorites.

Jean-Baptiste Biot y présente deux preuves[6] :

  • preuve physique : chute soudaine de deux à trois mille pierres se ressemblant malgré leur champ de dispersion d'environ 10 kilomètres de long sur 4 de large et n'ayant aucun rapport avec le terrain sur lequel elles sont collectées ;
  • preuve morale : étude sociologique des témoignages concordants émanant de plus de vingt hameaux.

Le muséum des sciences naturelles d'Angers présente des échantillons des météorites de l'Aigle et d'Angers (en) (tombée le )[7].

La majorité des fragments de la météorite de L'Aigle sont conservés au Muséum national d'histoire naturelle[8].

Notes et références

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  1. Cette lettre est publiée dans le numéro du 19 prairial, an 11 (9 mai 1803) du Journal de sciences mathématiques et physiques de l'Institut National
  2. Jean-Baptiste Biot, Relation d'un voyage fait dans le département de l'Orne, pour constater la réalité d'un météore observé à Laigle, le 6 floréal an XI, Baudouin, , 47 p. (lire en ligne)
  3. Jean-Pierre Luminet, Le feu du ciel : Météores et astéroïdes tueurs, Paris, Éditions du Cherche Midi, , 226 p. (ISBN 2-7491-0030-5), p. 37-38
  4. « Relation d'un voyage fait dans le département de l'Orne, pour constater la réalité d'un météore observé à l'Aigle, le 26 floréal an XI , par J.-B.… », sur Gallica, (consulté le ).
  5. (en) Ursula B. Marvin, « Ernst Florens Friedrich Chladni (1756-1827) and the origins of modern meteorite research », Meteoritics, vol. 31,‎ , p. 545-588 (lire en ligne)
  6. (en) Matthieu Gounelle. The meteorite fall at L'Aigle on April 26th 1803 and the Biot report
  7. Pierre-Louis Augereau, Angers Mystérieux, Grasse, Éditions Cheminements, , 108 p. (ISBN 2-84478-055-5, lire en ligne), p. 45
  8. Matthieu Gounelle, « Météorites : des pierres à remonter le temps », émission Ciel et Espace radio, 12 octobre 2009

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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