MSirda Fouaga

commune d'Algérie
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MSirda Fouaga, ou M'Sirda Fouaga, est une commune algérienne de la wilaya de Tlemcen, proche de la frontière marocaine.

MSirda Fouaga
MSirda Fouaga
MSirda Fouaga
Noms
Nom arabe مسيردة الفواقة
Nom amazigh ⵎⵙⵉⵔⴷⴻⵜ ⵍⴼⴻⵡⵡⴰⴳⴰ
Administration
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
Région Oranie
Wilaya Tlemcen
Daïra Marsa Ben M'Hidi
Chef-lieu Arbouz
Code postal 13024
Code ONS 1330
Indicatif 043
Démographie
Population 5 693 hab. (2008[1])
Densité 66 hab./km2
Géographie
Coordonnées 35° 01′ 11″ nord, 2° 03′ 54″ ouest
Superficie 86 km2
Localisation
Localisation de MSirda Fouaga
Localisation de la commune dans la wilaya de Tlemcen.
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MSirda Fouaga
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Géographie

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Situation

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Le territoire de la commune de MSirda Fouaga est situé au nord-ouest de la wilaya de Tlemcen. Son chef-lieu, Arbouz, est situé à 95 km au nord-ouest de Tlemcen, à 50 km au nord-ouest de Maghnia et à 19 km à vol d'oiseau à l'est de la ville marocaine de Saïdia.

Localités de la commune

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En 1984, la commune de M'Sirda Fouaga est constituée à partir des localités suivantes[2] :

  • M'Sirda Fouaga
  • Arbouz (chef-lieu)
  • Boukanoun
  • Sebabna
  • Djama El Oust
  • Bider
  • Ouled Bouyacoub
  • Zaouia Ouled Benyahia
  • El Hanach Poste Bourogba
  • El Ayayat

Histoire

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Coutumes et traditions

La région de Msirda à gardé sa dans traditionnelle danse nommée Aarfa ou Imediazen en Tamazight qui signifie les troubadours ou les poètes.

Cette danse guerrière se pratiquait avec un fusil en lieu et place de la canne aujourd'hui dans les fêtes.

Dans des images d'archives de la guerre d'Algérie par exemple nous voyons les mujahidines la pratiquer avec leurs armes.

Elle est spécifique à toutes les tribus Zenetes de race Rifaine de la région du Trara en Algérie jusqu'au nord du Maroc à Ceuta, toute cette zone étant constituée du même peuple ethnique.

La flutte à deux cornes appelée zamar n'est utilisée au Maghreb que dans cette région.

Le Zamar (Azamar en Tamazight) est un instrument traditionnel utilisé dans la région de M'sirda et plus largement dans le Trara

Cet instrument est typique des tribus Zénètes de cette région allant de Nador à Ghazaouet

Le mot azamar vient de la racine ZMR a donné le mot "Zmar" en Berbère qui signifie "siffler"

L'Azamar est une sorte de clarinette composée de deux tuyaux de bambou rattachés à deux cornes de vaches taillées et limées

Cet instrument est joué par El Aarfa (imedyazen en Berbère) et plus précisément par un Amedyaz

Encore très populaire dans la région de M'sirda

Elle se différencie de tous les autres instruments à vent utilisés par les Amazighs.

Enfin elle se doit d'être pratiquée avec l'habit traditionnel blanc et le turban.


L'absence des Romains à Msirda

La présence Romaine en Afrique du Nord après la fin de la République Carthaginoise et des Royaumes Numides (les deux étant d'origine purement Maghrébine), a été limitée aux plaines et centres urbains.

Elle n'a jamais été étendu sur l'ensemble du territoire comme en Europe.

Msirda pour sa part et la région du Trara et plus généralement les montagnes du Rif n'ont pas connu de présence Romaine : absence de route, de vestiges et de ruines dans toute la région...

C'est ce que confirme Nora Yahiaoui dans son ouvrage :

"Absolument rien ne nous permet d'établir une quelconque présence romaine, même à un faible degré. C'est vrai pour toute la vaste région des monts Trara" (1)

Certains auteurs français, très enclin à vouloir justifier d'une présence Romaine sur tout le Maghreb ont parfois pu faire faire preuve d'honnêteté, comme Robert Tinthoin, historien qui écrit au sujet de nos montagnes :

"Cette curieuse région demeurée un lieu de refuge alors que les plaines de Maghnia et de Tlemcen étaient des voies de passage pour les invasions venues de l'Est et de l'Ouest" (2)

C'est ce que confirme Ahmed Henni, : "Il n'y a eu aucun mélange de population. Msirda n'ayant subi ni colonisation ni occupation romaine" (3)

les Msirdas et le massif du Trara sera également préservé d'autres peuples comme les Vandales

(1) Nora Yahiaoui, "Les confins occidentaux de la Maurétanie Césarienne.

(2) Robert Tinthoin, "Les Trara, etude d'une région musulmane d'Algérie

(3) Ahmed Henni, "Histoires d'un Msirdi


Le blocus de Msirda durant la colonisation française

Après leur victoire à Karkour et Sidi Brahim, où selon l'unanimité des articles de presse de l'époque ils avaient pris la plus grande part, les Msirda subir le déchaînement sanglant de l'armée français, ils furent poursuivis par l'hostilité tenace des français après 1846 qui vont faire un blocus sur cette région.

En 1901 le journal "le petit fanal oranais" écrit : "15 000 kabyles* de Msirda restent bloqués dans leur massif montagneux et la mer qui déferle au pied du Zendal leur est interdite. Les trois portes de sortie vers le Nord sont murées"

Le journaliste Jean Hess confirme ce blocus en 1903 : "vous avez fait tout ce qu'il fallait pour ruiner les indigènes, pour les décourager, pour les révolter, pour les acculer à des représailles en les séquestrant dans les massifs montagneux des Msirda; en les bloquant, en fermant leurs plages par calcul machiavélique avec une circulaire de douane de 1887

Les indigènes sont gravement lésés dans leurs intérêts (...) depuis 14 ans les kabyles* des atiya, des beni mengouch, des Msirda sont impitoyablement bloqués dans leurs massifs montagneux"

(1) "Histoires d'un Msirdi", Ahmed Henni

Le 23 septembre 1845 eut lieu à Kerkour, une bataille entre les troupes française et les habitants de Msirda.

Les français subiront une lourde défaite. Le colonel Montagnac

L'officier français Azan écrivait : " le colonel Montagnac avait constaté pendant les années passées en Afrique que la race indigène ne respecte que la force brutale (...) Montagnac avait mené des expéditions à Constantine, en sauvage (...) il disait : toutes les populations qui n'acceptent pas nos conditions doivent être rasées, tout doit être saccagé (...) le 31 janvier 1845 il s'emparait d'un Kabyle* de Msirda, qui avait assassiné un sous lieutenant. Le lendemain on attachait à un poteau l'individu dont l'impassibilité n'annonçait certes pas qu'il allait à la mort. Une seconde plus tard quatre balles lui entraient dans le coeur et sa tête était (coupée), puis placée sur un poteau"(2)

L'historien René Cagnat écrivit que le jour de la bataille les fantassins indigènes surgissaient de tous les côtés (...) la mêlée devenait sanglante, les hussards n'attaquaient plus, il cherchaient seulement à résister. Le Capitaine Chargère fut tué, sa compagnie écrasée.

De tous les villages voisins, les Msirda étaient venus par centaines et l'émir abdelkader était là, sur le terrain du combat, en personne"(3)

Le journal français "l'indépendant" écrivit à ce sujet : "Les Msirda, l'une des tribus qui avait pris le plus de part au combat et y avait montré le plus d'acharnement"(4)

Les rescapés français s'enfuir. Ils passèrent par le village d'Ouled Ziri près d'un ruisseau ou des femmes faisaient leur lessive.

Celle-ci abandonnèrent leur linge et brandissant leur battoir coupent la retraite aux soldats français et se lancent à leur assaut. Elles les attaquent à coup de pierre et de battoir. Elles en tuent plusieurs, 10 selon certaines sources. L'officier Paul Azan signale qu'une dénommée Zohra, soeur d'un combattant est parmi la plus féroce.(5)

Il n'y aura que 8 soldats français qui survivront à cette bataille.

*Le terme kabyle au 19e siècle décrit l'ensemble des Berbères en Algérie

Jusque dans les années 50, les habitants de la région du Trara, parlaient le Tamazight (langue Berbère) de type Zénète, très proche de celui des Chenouis de Tipaza en Algérie et des Rifains du Maroc.

Les chercheurs Français J. Ruffier, R. Cabannes et G. Larrouy de la société d'anthropologie de Paris avait au début des années soixantes réalisés un mémoire sur les populations de Msirda dans le Trara.

Toutefois les Msirdas ont appris parallèlement à leur langue natale qui est le Tamazight, la langue Arabe.

Cette spécificité que l'on retrouve qu'à l'extrême ouest Algérien et au nord du Maroc avec les Jbalas notamment est sans doute du à la proximité de ses régions avec l'Andalousie musulmane ou le parler était pré-Hilalien c'est à dire différent et antérieur à l'arrivée des Banu Hilal au Maghreb, tribu ayant conquis l'Est du territoire Maghrébin au 12e siècle avant d'en être vaincu par le souverain Almohade Abd al-Mumin, issu de la région des traras.

Population

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Les habitants de la région sont appelés les Msirdiyines.

L'universitaire Algérien Walid Zouhri, de l'université de Médéa a compilé un certain nombre d'études qu'il a regroupé aux siennes et les a exposés dans son ouvrage intitulé "Msirda" aux éditions "Noor Publishing[3]".

Selon les études génétiques réalisés en 2007, la population de Msirda est homogène et purement Amazigh.

Les travaux de Nadjlaa Mourtad sur le polymorphisme génétique confirme cela. Les Msirdas ne se sont quasiment pas mélangés avec d'autres populations malgré leur position géographique près des côtes.

En 1962 les chercheurs Français Ruffié et Jacques avaient réalisé une études sur la composition des groupes sanguins et les avaient comparés avec d'autres échantillons de tribus au Maghreb pour attester également de cette homogénéité des Msirdas.

Les tribus Arabes représentent entre 10% et 15% des Msirdas et elles sont génétiquement Arabo-Amazighe car mélangées (contrairement au 85% à 90% d'éléments purement Amazighs).


Personnalités liées

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Références

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4: "Histoires d'un Msirdi", Ahmed Henni


5: Étude hémotypologique des populations berbères de M'Sirda