Luigi Comencini

réalisateur italien du XXe siècle

Luigi Comencini est un réalisateur italien, né le à Salò (province de Brescia, Lombardie) et mort le à Rome.

Luigi Comencini
Description de cette image, également commentée ci-après
Luigi Comencini en 1971
Nom de naissance Luigi Vitaliano Comencini
Naissance
Salò (royaume d'Italie)
Nationalité Italienne
Décès (à 90 ans)
Rome (Italie)
Profession Réalisateur
Films notables L'Argent de la vieille
Le Grand Embouteillage
L'Incompris
Les Aventures de Pinocchio
La Grande Pagaille
Pain, amour et fantaisie

Il a dirigé les plus grands acteurs italiens, notamment Vittorio De Sica et Gina Lollobrigida dans Pain, Amour et Fantaisie (1953), film avec lequel il a contribué à lancer la comédie à l'italienne dont il a été l'un des principaux représentants avec Mario Monicelli et Dino Risi.

Biographie

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Famille et formation

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Silvana Pampanini et Alberto Sordi dans La Belle de Rome (1955).

Luigi Vitaliano Comencini naît le à Salò[1],[2], province de Brescia. Au début des années 1920, dans le cortège de l'émigration italienne, les parents de Luigi Comencini quittent les rives du lac de Garde pour le Sud-Ouest de la France et le Lot-et-Garonne où ils s'installent à Colayrac-Saint-Cirq[3]. Le jeune Luigi passe donc une partie de sa scolarité, de 1930 à 1934, au lycée Bernard-Palissy d'Agen[3],[4].

De retour en Italie, il étudie l'architecture à l'école polytechnique de Milan. Membre des Gruppi universitari fascisti, il participe aux Lictoriales de l'art et de la culture dont il remporte une édition.

Les débuts

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Dès ses débuts, son court métrage Bambini in città (1946)[5] lui vaut le Ruban d'argent et une sélection au Festival de Cannes 1946[6]. En 1948, son premier long métrage, De nouveaux hommes sont nés, dénote également un intérêt pour l'enfance et l'adolescence, thème qui l'accompagnera tout au long de sa carrière. Le réalisateur porte un regard critique sur ce film : « assez gauche, car réalisé avec pas assez d'expérience »[7].

 
Comencini est connu comme un cinéaste de l'enfance (ici L'Incompris, 1966).

Il travaille ensuite comme architecte et critique de cinéma. Il écrit des articles notamment dans l'Avanti et le Tempo, en même temps que des scénarios. Avec son frère Gianni et Alberto Lattuada, ils fondent la Cineteca Italiana où ils réunissent les premiers fonds d'archives du cinéma italien[8].

Le succès avec Pain, Amour et Fantaisie en 1953

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Gina Lollobrigida et Vittorio De Sica dans Pain, Amour et Fantaisie (1953).

Le premier film à succès de Luigi Comencini remonte à 1953, lorsqu'il dirige Vittorio De Sica et Gina Lollobrigida dans Pain, Amour et Fantaisie (1953), suivi l'année d'après par Pain, Amour et Jalousie. À l'occasion de ces deux films, le réalisateur porte un regard plutôt noir sur les réalités sociales de son pays à travers le personnage du chef de brigade des carabiniers venu du Nord qui prend son service dans un village pauvre du Mezzogiorno[9]. Cette fable est pourtant accueillie par la critique d'alors comme du « néoréalisme à l'eau de rose », un malentendu que le réalisateur se fera fort de démentir dans ses films suivants[10].

Après quelques films en demi-teinte (hormis Tu es mon fils, 1957, sorti discrètement et considéré aujourd'hui comme l'un de ses meilleurs[11]), il dirige Alberto Sordi dans ce qui est considéré comme son chef-d'œuvre, La Grande Pagaille (1960), une tragicomédie sur l'Italie d'après l'armistice de Cassibile[12]. La Grande Pagaille a reçu, en plus de prix nationaux, un prix spécial au Festival international du film de Moscou 1961[13]. Sur le thème de la Résistance, il réalise également La ragazza (1963), d'après le roman éponyme de Carlo Cassola.

Le drame L'Incompris (1966) et Casanova, un adolescent à Venise (1969) sont également de grands succès.

 
Laura Antonelli dans Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ? (1974).

Au sein de la comédie à l'italienne, Comencini est réputé comme faisant les films les plus grinçants[10], exemplairement : La Grande Pagaille (1960), L'Argent de la vieille (1972) ou Le Grand Embouteillage (1979).

Mais son œuvre est protéiforme : Antoine Royer écrit sur le site DVDclassik:

« La filmographie de Luigi Comencini a de quoi faire enrager les colleurs d’étiquettes ou les arrangeurs de tiroirs. En naviguant constamment d’un registre à un autre, en adoptant des approches ou des regards singulièrement différents d’un film à un autre, le cinéaste aura composé une filmographie mouvante, complexe, irréductible à toute généralisation (typiquement, la question de l’enfance, absolument essentielle, n’englobe pour autant qu’une mince partie de son travail) et parfaitement rétive aux tendances dont il s’éloignait aussitôt qu’elles s’approchaient trop près de lui. Documentaire, néoréalisme (rose ou pas), comédie policière, satire sociale, mélodrame, série télévisuelle, et donc film noir comme [La Traite des blanches (1952)] [...]. Lorsqu’il évoque cette curieuse homogénéité protéiforme (disons-le ainsi) de l’œuvre de Comencini, cette capacité à insuffler sa personnalité au moindre de ses travaux, le journaliste et historien Giorgio Gosetti évoque, lui, un "don magique". L’expression peut sembler bien commode... mais on peine à trouver mieux »[14].

À cheval sur le tigre (1961), cette peinture d'un sans-grade de la vie carcérale, serait une « dénonciation de la manière dont la société corrompt un homme bon et pauvre »[10]. Le Grand Embouteillage (1978), où figurent Alberto Sordi, Annie Girardot, Marcello Mastroianni, Gérard Depardieu, Miou-Miou et Patrick Dewaere, serait une « farce tragique, mais aussi un appel au secours que Comencini a enfermé dans la bouteille à la mer du cinéma »[7].

Les documentaires et téléfilms pour la Rai

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Marcello Mastroianni et Jean-Louis Trintignant dans La Femme du dimanche (1975).

I bambini e noi en 1970

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I bambini e noi, divisé en six épisodes, a été réalisé pour la Rai en 1970, et diffusée en 1978 avec l'ajout de quelques enregistrements ultérieurs. Comencini a interogé des enfants de différentes régions italiennes et de différentes conditions sociales, mais principalement les plus pauvres, en leur rendant visite à la périphérie des grandes villes ou à la campagne. Il déclare : « Je ne me suis jamais mis dans la position de quelqu'un qui veut "illustrer" ses idées, mais j'ai essayé de me faire une idée à travers l'examen de la réalité »[15]. I bambini e noi, qui a inspiré une grande partie de sa production ultérieure[16], est considéré comme « une déchirure dans la carrière de Comencini, une lacération par laquelle le réel s'introduit dans son cinéma, contaminant la fiction, la rendant malade de la réalité »[17]. L'un des enfants intérogés, Domenico Santoro, jouera en 1972 le rôle de Lucignolo dans le feuilleton télévisé Les Aventures de Pinocchio.

 
Dans ses fictions ou ses documentaires, Comencini ne se prive pas de filmer les quartiers délabrés et pauvres (ici dans Un vrai crime d'amour, 1974).

Luigi Comencini réalise ensuite les feuilletons à succès : Les Aventures de Pinocchio (1972), Cuore (1984) et La storia (1986). Les Aventures de Pinocchio sont considérés comme un hymne à l'insoumission, l'actrice Gina Lollobrigida se plaignant d'avoir été embarquée dans « un Pinocchio communiste »[10].

L'amore in Italia en 1978

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Luigi Comencini est à nouveau engagé par la Rai en 1976 pour un documentaire sur l'éros « vu » par l'Italien moyen. L'enquête, intitulée L'amore in Italia[18], a été diffusée en par la Rai Uno en cinq épisodes et a été signée également, en tant que coauteurs, par Fabio Pellarin et Italo Moscati. Les interviews ont été filmées dans toute l'Italie entre et . À la suite de sa diffusion, en 1979, un livre, portant le même titre, est publié par Arnoldo Mondadori Editore, reprenant les interviews, y compris celles qui n'ont pas été diffusées[19].

Ses derniers films sont : Eugenio (1980), L'Imposteur (1982), Un enfant de Calabre (1987), Joyeux Noël, bonne année (1989) et Marcellino (1991), le remake de Marcelin, Pain et Vin (1955) de Ladislas Vajda.

Il prend congé après ce dernier film en raison de l'aggravation de sa maladie de Parkinson diagnostiquée une quinzaine d'années plus tôt.

Après avoir publié son livre autobiographique : Infanzia, vocazione, esperienze di un regista (1999), Luigi Comencini meurt à Rome le , à l'âge de 90 ans[1],[20]. Il est enterré au cimetière Flaminio[1].

Vie privée

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Luigi Comencini épouse la princesse Giulia Grifeo di Partanna avec laquelle il a quatre filles : la chef-décoratrice Paola (née en 1951), les réalisatrices Cristina (née en 1956) et Francesca (née en 1961) — qui ont collaboré à la réalisation de sa dernière œuvre, Marcellino — et la directrice de production Eleonora[21],[22]. Son petit-fils, Carlo Calenda, fils de Cristina, a été ministre dans les gouvernements Renzi et Gentiloni.

Son épouse Giulia Grifeo di Partanna est décédée en 2018[23].

Filmographie

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Claudia Cardinale dans La ragazza (1963).
 
Patrick Dewaere lors du tournage du film Le Grand Embouteillage en 1978 à Cinecittà, en Italie.

Cinéma

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Télévision

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Distinctions

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Prix cinématographiques

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Distinctions

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Rétrospectives

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Notes et références

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  1. a b et c LES GENS DU CINEMA ©, « Fiche de Luigi Comencini », sur www.lesgensducinema.com (consulté le )
  2. (en) John Francis Lane, « Obituary : Luigi Comencini – Italian film director adept at depicting children and parents », sur theguardian.com, (consulté le ) : « Comencini was born in Salo, on Lake Garda. […] born June 8 1916; died April 6 2007 »
  3. a et b Hélène Tierchant et Alain Marty, Aquitaine, 100 ans de cinéma, Horizon chimérique, , 212 p. (ISBN 9782907202329, lire en ligne), p. 112
  4. « Luigi Comencini, Monsieur cinéma agenais », sur ladepeche.fr
  5. « Bambini in città », sur cinematheque.fr
  6. « Rétrospective 1946 », sur festival-cannes.com
  7. a et b Farah Keram, « Luigi Comencini, cinéaste de l'Italie populaire, en quatre grands films », sur radiofrance.fr
  8. (it) « Cineteca Italiana », sur treccani.it
  9. « la comédie italienne (1958-1976) », sur cineclubdecaen.com
  10. a b c et d Jean-Luc Douin, « Luigi Comencini », sur lemonde.fr
  11. Gianni Rondolino, Catalogo Bolaffi del cinema italiano 1956/1965
  12. (it) Armando Pitassio, « Una storia riscritta : l'Italia nei Balcani e in Grecia (1940-1945) », Mestiere di storico : rivista della Società italiana per lo studio della storia contemporanea, vol. 1,‎
  13. (ru) « 1961 год », sur moscowfilmfestival.ru (version du sur Internet Archive)
  14. Antoine Royer, « La Traite des blanches », sur dvdclassik.com
  15. A. Gili 2005, p. 67.
  16. (it) Lino Micciché, Pane, amore e fantasia, un film di Luigi Comencini: neorealismo in commedia, Turin, Lindau, , p. 55 :

    « Comencini si immerge nella realtà per registrare un disagio sociale, mettere in questione le proprie utopie e approfondire il disegno di futuri personaggi e situazioni di finzione »

  17. (it) Adriano Aprà, Luigi Comencini: il cinema e i film, Venezia, Marsilio, (lire en ligne), p. 47
  18. (it) Olivia Fiorilli ; Federica Paoli, Vogliamo anche le rose, Storia e problemi contemporanei : 66, 2, 2014 (Milano : Franco Angeli, 2014).
  19. Bianco & nero : magazine trimestriel du Centro sperimentale di cinematografia. Fascicolo 560, 1/2008, 2008.
  20. (en) « Italian filmmaker Comencini dies », sur bbc.co.uk
  21. Date ou année de naissance inconnue à ce jour.
  22. LES GENS DU CINEMA ©, « Fiche d'Eleonora Comencini », sur www.lesgensducinema.com (consulté le )
  23. (it) « Grifeo Comencini Giulia », sur necrologie.repubblica.it
  24. (it) « COMENCINI Arch. Luigi », sur quirinale.it
  25. (it) « COMENCINI Arch. Luigi », sur quirinale.it
  26. Olivier Père, « Intégrale Luigi Comencini à la Cinémathèque française », Blog d'Olivier Père,‎ (lire en ligne)

Bibliographie

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  • (it) Tullio Masoni, Paolo Vecchi, Luigi Comencini, un autore popolare, Comune di Reggio Emilia, Reggio Emilia 1982
  • (it) Giorgio Gosetti, Luigi Comencini, Il Castoro Cinema n. 135, Editrice Il Castoro, 1988
  • (it) Luigi Comencini, Infanzia, vocazione, esperienze di un regista, Baldini Castoldi Dalai, Milano 1999
  • (it) Jean A. Gili, Luigi Comencini, Rome, Gremese,
  • (it) Adriano Aprà, Luigi Comencini. Il cinema e i film, Marsilio, Venezia 2007
  • (it) Riccardo Esposito, "La Rabbia" di Guareschi e l'U.R.S.S. di Comencini, in Don Camillo e Peppone. Cronache cinematografiche dalla Bassa Padana 1951-1965, Le Mani - Microart's, Recco, 2008 (ISBN 9788880124559), pp. 67–74
  • (it) Alessandro Ticozzi, Sull'eclettismo di Luigi Comencini, SensoInverso, Ravenna 2017

Liens externes

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