Louise Augustine Gleizes
Louise Augustine Gleizes, généralement évoquée par son prénom Augustine, née Louise Augustine Bouvier le dans le 9e arrondissement de Paris et morte le à Rennes, est une domestique française.
Naissance | |
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Décès |
(à 46 ans) Rennes |
Nom de naissance |
Louise Augustine Bouvier |
Elle est surtout connue comme la patiente la plus notoire du neurologue Jean-Martin Charcot à l’hôpital de la Salpêtrière à Paris.
Biographie
modifierLouise Augustine Bouvier naît en 1861, au 56, rue de Dunkerque à Paris, au domicile maternel. Elle est la fille naturelle de Clarisse Joséphine Bouvier, une domestique de 27 ans[1]. Six semaines après sa naissance, sa mère épouse François Gleizes, un valet de chambre de 32 ans, légitimant ainsi sa fille qui prend le nom de Gleizes[2]. Les époux Gleizes sont tous deux domestiques dans une grande maison.
Louise Augustine passe son enfance dans un internat religieux[3]. Elle commence, elle aussi, à travailler comme domestique à l'âge de 13 ans dans la même maison que ses parents[4],[3],[5]. La même année, elle est violée sous la menace d'un rasoir par son patron, qui avait déjà auparavant agressé sexuellement sa mère. Les fortes crises d'hystérie qu'elle ressent à la suite de ces événements sont généralement associées à cette agression sexuelle[3] et provoquent, le , son internement à l'hôpital de la Salpêtrière à l'âge de 14 ans[4],[5].
Durant ses années à la Salpêtrière, le neurologue Jean-Martin Charcot se trouve fasciné par la puissance des crises d'hystérie de la jeune fille. Il décide alors d'en faire sa patiente attitrée et commence à organiser des réunions mondaines convoquant journalistes, médecins et politiciens afin d'observer la puissance de l'hystérie[3]. Le neurologiste se sert aussi d'Augustine afin de tester ses nouvelles techniques d'hypnose. La jeune fille y étant très réactive, Charcot la fait entrer en transe et les spectateurs étaient autorisés à venir la manipuler[3]. Pour la première fois, des photographes pénètrent au sein de l'hôpital afin d'immortaliser les impressionnantes contorsions de la patiente[4],[6]. Les photos prises d'Augustine sont par la suite utilisées par Charcot pour exposer l'hystérie comme une véritable maladie[7],[8],[9].
Quand Augustine refuse de participer aux expériences, elle est mise à l'isolement. Elle finit par s'évader de l'hôpital en 1880 habillée en homme[10].
En 1895, alors sans profession et domiciliée à Clichy, elle épouse à Saint-Denis Alphonse Ferrand, rentier[11]. Ce dernier, né à Dol-de-Bretagne en 1855, devenu médecin comme ses deux frères[12], s'est établi à Paris[13]. Il meurt, toujours marié, en 1903 à Paramé[14],[Note 1]. On perd la trace de Louise Gleizes après cette date.
Veuve et « propriétaire », elle meurt à Rennes le , à la clinique Saint-Yves[15],[16].
Filmographie
modifierDeux films sont consacrés à Augustine Gleizes :
- 2003 : Augustine de Jean-Claude Monod et Jean-Christophe Valtat[17]
- 2012 : Augustine d'Alice Winocour[18].
Bibliographie
modifier- Medical Muses: Hysteria in Nineteenth-Century Paris, par Asti Hustvedt (2011)
- Iconographie photographique de la Salpêtrière, vol. 2, 1878.
Notes et références
modifier- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Louise Augustine Gleizes » (voir la liste des auteurs).
Notes
modifier- Sur son acte de décès, il est dit « époux de Louise Glaize » (sic).
Références
modifier- Acte de naissance no 835, , Paris 9e, Archives de Paris (avec mention marginale de reconnaissance) [lire en ligne] (vue 12/31)
- Acte de mariage no 552, , Paris 9e, Archives de Paris [lire en ligne] (vue 23/31)
- Luc Perino, Patients zéro : Histoires inversées de la médecine, Paris, La découverte, , 207 p. (ISBN 978-2-348-05864-6), Chapitre 4 : Les trois héroïnes de l'hystérie
- Entertainment, « Medical history's mystery woman finds her voice », Smh.com.au, (lire en ligne, consulté le )
- Olivier Walusinski, MD, Jacques Poirier, Hubért Duchy, « Film Review, 'Augustine' », European Neurology, (consulté le )
- C.G. Goetz, « Visual art in the neurologic career of Jean-Martin Charcot », Archives of Neurology, vol. 48, , p. 421–425 (PMID 2012518, DOI 10.1001/archneur.1991.00530160091020)
- A Hustvedt, Medical muses: Hysteria in nineteenth-century Paris, Norton & Co.,
- Amelia Jones, The Feminism and Visual Culture Reader, New York NY, Routledge, , 248–258, 300–308
- « The History of Hysteria: Sexism in Diagnosis »,
- « Alice Winocour’s Augustine | Fiction and Film for French Historians », H-france.net, (consulté le )
- Acte de mariage no 182, , Saint-Denis, Archives de Seine-Saint-Denis [lire en ligne] (vue 85/257)
- « Paramé. Nécrologie », sur Gallica, L'Ouest-Éclair, (consulté le ), p. 3
- « Liste des docteurs en médecine, officiers de santé, sages-femmes, chirurgiens-dentistes et pharmaciens : exerçant dans le ressort de la Préfecture de police... », sur Gallica, (consulté le ), p. 47
- Acte de décès no 35, , Paramé, Archives départementales d'Ille-et-Vilaine [lire en ligne] (vue 8/27)
- Acte de décès à Rennes, n° 1921, vue 277/317.
- « Clinique Saint-Yves — WikiRennes », sur www.wiki-rennes.fr (consulté le )
- « Augustine », sur telerama.fr, (consulté le ).
- Aureliano Tonet, « "Augustine" : derrière le cobaye du docteur Charcot, une héroïne des temps modernes », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).