Louis Théodore Kleinmann

militaire français alsacien

Louis Théodore Kleinmann alias « Kayser » ou « Capitaine Kayser » (né le à Brumath (Bas-Rhin), mort le à Strasbourg (Bas-Rhin) est un officier français spécialiste du renseignement[1]. Il est surnommé « père de la ville de Mayence ».

Louis Théodore Kleinmann
Surnom Kayser ou Capitaine Kayser
Naissance
Brumath (Alsace-Lorraine)
Décès (à 71 ans)
Strasbourg (France)
Origine Drapeau de la France
Allégeance Drapeau de la France libre
Grade Colonel
Années de service 1925 – 21 juillet 1964
Conflits Seconde Guerre mondiale
Guerre de Corée
Guerre d'Indochine
Faits d'armes Libération du Sud de l'Alsace (Seconde Guerre mondiale)
Evacuation de An Khê (Guerre d'Indochine)
Distinctions Chevalier de la Légion d'honneur
Commandeur de la Légion d'honneur
Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne
Hommages Citoyen d'honneur de l'Université de Mayence

Biographie

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Louis Théodore Kleinmann alias « Kayser » est né le 21 juillet 1907 à Brumath (Bas-Rhin), il meurt le 14 juillet 1979 à Strasbourg (Bas-Rhin). Il est le frère d'André et René Kleinmann qui sont résistant dans le groupe Main Noire[2].

En il contracte un engagement volontaire de trois ans au 158e régiment d'infanterie[3]. En 1929, il réussit le concours d'officier pour entrer à l'École militaire de Saint-Maixent (Deux-Sèvres).

Il est ensuite nommé lieutenant le à l'ouvrage du Hackenberg, le plus important de tous les ouvrages de la ligne Maginot. Il étudie l’allemand au « Centre d'Études Germaniques de Strasbourg » en -. Le il est affecté au bureau régional d'études (BRE) à Metz (Moselle)[3].

Seconde Guerre mondiale

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En 25 janvier 1939, il est nommé capitaine. Le 2 septembre 1939, il est muté au secrétariat à la Guerre comme chef de poste de renseignement. Après l'armistice, il s'installe à Lyon où il dirige l'antenne Uranus du poste 4 du réseau Kléber des Forces françaises combattantes (FFC). Sous le pseudonyme de « Capitaine Kayser », il ne cesse de se déplacer de Lyon à Lons-le-Saunier (Jura) pour interroger les prisonniers de guerre évadés et les Alsaciens ayant réussi à passer la ligne de démarcation. Il met en place en Alsace une organisation clandestine de renseignement et d'évasion de prisonniers de guerre. L'abbé Charles Venner est responsable du secteur de Mulhouse (Haut-Rhin) et Robert Borocco du secteur de Colmar (Haut-Rhin)[3]. Grâce à Jean-Marie Bressand, directeur du cinéma « Le Casino » « Direktor von SoldatenKino Casino » de Besançon, il dispose d'une source très importante dans le secteur du Doubs[4].

À la suite de l'invasion de la zone non occupée par les Allemands en novembre 1942, Louis Kleinmann reçoit l'ordre de rejoindre Nîmes (Gard) puis Perpignan (Pyrénées-orientales). Après son départ, le réseau Kléber-Uranus est complètement démantelé par les Allemands le 15 décembre 1942[3].

Le 19 février 1943 après avoir franchi clandestinement la frontière espagnole, il est interné en Espagne jusqu'au 1er avril 1943. Puis il séjourne au Portugal sous une fausse identité belge puis à Gibraltar[5].

Via Casablanca (Maroc), il rejoint Sidi Bel Abbès (Algérie) où il est affecté au 2e régiment de zouaves le 22 août 1943. Le 16 février 1944, il est muté à la compagnie d'appui du 2e bataillon de la 1re demi-brigade de zouaves. Cette unité est ensuite affectée à la 1re division blindée (DB). Le 10 septembre 1944, il débarque avec son unité à Saint-Tropez (Var) et participe à la libération de la France. Il fait les combats de la libération de l'Alsace durant l'hiver 1944 - 1945. Le 21 novembre 1944, il s'illustre à la tête de son bataillon lors des combats de Burnhaupt-le-Bas (Haut-Rhin) en capturant 500 soldats allemands.

Après-guerre

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Il est affecté à la mission militaire pour les affaires allemandes de l’État-Major général de la Défense nationale. Il occupe des postes à responsabilités dans les gouvernements militaires d'occupation, particulièrement à Mayence (Allemagne). Il s'investira plus particulièrement dans la reconstruction de l'université de cette ville[3].

Le 1er septembre 1945, il est nommé Chef de bataillon (commandant). Il est détaché au ministère des affaires étrangères.

En , il commande un bataillon du 7e régiment de tirailleurs algériens (RTA).

Guerres de Corée et d'Indochine

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Combats où s'est illustré le commandant Kleinmann : 1 ⇒ Plei Rinh 2 ⇒ An Khe

En , il est attaché au bataillon en Corée. À la fin de la guerre de Corée, en , il est envoyé en Indochine. Le il arrive à Saïgon et prend le commandement du deuxième bataillon de Corée[5]. Le régiment de Corée appartient au groupe mobile no 100 (GM 100) basé à An Khê sur les hauts-plateaux du Centre-Vietnam.

Le lors de la défense du poste de Plei Rinh il est blessé au pied gauche mais garde à sa demande le commandement de son bataillon. Ce jour-là, sa conduite au feu lui vaut la citation à l'ordre de l'armée suivante[5] :

« Magnifique officier supérieur qui, à la tête du 2ème Bataillon de Corée, a montré les plus belles qualités de chef et d'entraineur d'hommes. Le 22 mars à Plei Rinh, les positions du GM 100 ayant été violemment attaquées par un régiment régulier rebelle, a été blessé dès le début de l'engagement. Malgré sa blessure, est resté à son PC sous une pluie de mortiers de feux d'armes automatiques n'acceptant de se faire soigner qu'à l'issue du combat. Son adjoint et son officier de renseignement ayant été également blessés et l'encadrement de son bataillon réduit à sept officiers valides, a refusé de se laisser évacuer, continuant ainsi à assurer son commandement sans aucune interruption, donnant ainsi une preuve magnifique de courage et de sens du devoir. »

Après la chute de Dien Bien Phu, le général Salan donne l'ordre d'évacuer An Khê le . C'est l'opération Églantine pendant laquelle le GM 100 (3 500 hommes) est pris dans une embuscade du Viet Minh (16 000 hommes) sur la route coloniale 19. Le commandant Kleinmann assure l'arrière-garde avec le bataillon II/Corée. Par son habileté, il réussit à sauver 497 hommes sur 834 de son bataillon.

Pour son action lors de cette bataille, Louis Kleinmann est cité une nouvelle fois à l'ordre de l'armée[5] :

« Officier supérieur très courageux et d'une rare énergie, commandant le 2ème bataillon de Corée. Le 24 juin 1954 à 15 km à l'Ouest d'An Khé (Plateaux montagnards du centre Viêt-Nam) a subi une forte attaque rebelle centrée sur le PC du GM 100. Contraint à se replier devant des forces supérieures en nombre, a regroupé son bataillon dans un poste distant de 15 km après une marche épuisante dans une brousse épaisse. Le 28 juin 1954 au cours de la marche sur PLeiku, il repoussait une violente attaque de 2 bataillons menée sur le PC, l'artillerie et le convoi du Groupement. A fait l'admiration de tous, en donnant un magnifique exemple de chef. »

Après avoir dissous son bataillon, le il est nommé au commandement du secteur de Quang Tri au nord de Hué sur le 17e parallèle. Il organise la reconstruction de la région après huit ans de guerre. Il quitte l'Indochine le [5].

Au retour de l'Indochine, il est affecté à l'état-major des forces françaises en Allemagne (FFA). Il est en poste à Baden-Baden (Allemagne).

Le , il est nommé lieutenant-colonel et colonel le . Il quitte l'armée le et donne des conférences. Il est père de quatre enfants[3].

Il décède le à Strasbourg (Bas-Rhin) et repose au cimetière de Brumath (Bas-Rhin).

Son action à Mayence (Allemagne)

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Allocution du général Koenig lors de l'Inauguration de l'Université de Mayence le 22 mai 1946

Comme commandant français de la ville Mayence après juillet 1945, son rôle est décisif pour la refondation de l’université Johannes Gutenberg de Mayence en coopération avec Raymond Schmittlein : ce qui lui vaudra d'être nommé citoyen d'honneur de l'Université qui est rouverte le par le général d'armée Koenig[6]. Il travaille beaucoup avec Emil Kraus, le maire de Mayence de 1945 à 1949 (le maire précédent, Rudolph Walther, installé par les Américains, est remplacé le ).

Louis Kleinmann a aussi des engagements civiques forts. Il s'investit notamment dans la reprise du carnaval de Mayence et le sauvetage du grand clocher de l'église Saint-Étienne de Mayence, du Palais Ostein et de tous les bâtiments autour de la Schillerplatz.

Lors du premier marché aux vins de Mayence après la guerre en , la puissance occupante française de l'époque, en coopération avec Louis Kleinmann, met à disposition 100 000 litres de vin. Avec un excédent de 60.000 Reichsmark provenant des recettes du marché du vin de 1946, le Mainzer Verkehrsverein, l'initiateur original du marché du vin de Mainzer, a été rétabli.

Il est ensuite nommé commandant à Pirmasens et travaille pour le Haut-Commissaire adjoint à Bad Godesberg.

Il est décoré de l'Ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne en .

Distinctions

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« Officier aux belles qualités militaires. Engagé d'abord avec sa compagnie du 15 au 25 novembre 1944, puis avec son bataillon, dont il assurait le commandement à partir de cette date, a participé à toutes les opérations de libération du Sud de l'Alsace dans des conditions particulièrement glorieuses et meurtrières. Après avoir participé au nettoyage du village de Moosch le 19 novembre, a enlevé le 20 novembre le village de Sinsheim, y faisant 130 prisonniers; les 22 et 23 novembre, résiste avec sa compagnie aux attaques de l'ennemi sur l'Ile Napoléon, lui infligeant de lourdes pertes; le 25 novembre, à l'attaque de Heimsbrunn, son commandant de bataillon ayant été tué, le remplace au pied levé et enlève le village en faisant de nombreux prisonniers. Les 28 et 29 novembre, chargé d'attaquer Burnhaupt-le-Bas dans des conditions particulièrement difficiles, réussit le 29 novembre à occuper le village. Au cours de ces opérations, le détachement auquel il appartient a enlevé ou pris d'assaut plus de dix villages, fait plus de 500 prisonniers et pris un important matériel de guerre »

— Journal officiel de la République française du 6 avril 1945

Reconnaissance

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  • Citoyen d'honneur de l'université de Mayence pour son investissement dans la réouverture de l'université.
  • Une allée du campus mayençais, le « Colonel-Kleinmann-Weg » porte son nom.

Notes et références

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  1. « Louis KLEINMANN », sur museedelaresistanceenligne.org, Musée de la résistance 1940-1945 en ligne (consulté le )
  2. Charles Béné, L'Alsace dans les griffes nazies (4) : Les communistes alsaciens, la jeunesse alsacienne dans la Résistance française, FeniXX, , 412 p. (ISBN 978-2-402-22760-5, lire en ligne)
  3. a b c d e f g et h Eric Le Normand, Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), La Résistance des Alsaciens, Paris, Fondation de la Résistance, Département AERI, cop. 2016 (ISBN 978-2-915742-32-9 et 2-915742-32-4, OCLC 959964698, lire en ligne)
  4. Roger FALIGOT, La rose et l'edelweiss : 9782707196569, La Découverte, , 420 p. (ISBN 978-2-7071-9656-9, lire en ligne)
  5. a b c d e et f Marc André, « Louis Kleinmann un brumathois en Indochine », Société d'Histoire et d'Archéologie de Brumath et des environs, Editions SHABE, vol. 25,‎ , p. 10 (ISSN 1163-7692)
  6. Général Koenig, Allocution prononcée par le général Koenig à l'occasion de la réouverture de l' Université de Mayence, Imprimerie nationale (Burda, Offenburg) N° 1120, , 18 p.
    Disponible à la consultation à la Bibliothèque Nationale Universitaire de Strasbourg (BNU). Cote : R35SUD-PRET A.114.986.
  7. « Base des médaillés de la résistance - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi

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Bibliographie

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  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Eric Le Normand (avec l'aide de Damien Kleinmann), Association pour des études sur la Résistance intérieure des Alsaciens (AERIA) (ill. Christophe Clavel), « Louis Kleinmann », dans Eric Le Normand, La résistance des Alsaciens, Fondation de France, département AERI, (ISBN 978-2-915742-32-9).   DVD pédagogique
  • (de)Friedrich Schütz: Louis Théodore Kleinmann (1907-1979). Französischer Stadtkommandant von Mainz 1945/46: der „Vater der Stadt“, à Ut omnes unum sint – tome 2: Gründungspersönlichkeiten der Johannes Gutenberg-Universität, p. 9-21, Michael Kissener (edit.) / Helmut Mathy (edit.), (ISBN 978-3-515-08781-0) extrait sur Google Books  
  • Bernard Fall:"Indochine 1946-1962", R.Laffont, 1962
  • Marc André: "Louis Kleinmann, un Brumathois en Indochine", Bull. Soc. d'Hist. et d'Arch. de Brumath et environs, No 25, .
  • "L'Odyssée du GM 100", Plon

Article connexe

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Lien externe

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