Locuste est un nom vernaculaire ambigu désignant en français plusieurs espèces de criquets grégariaptes appartenant à l'ordre des orthoptères. Contrairement aux sauteriaux, ils sont capables de se transformer complètement lorsque leur population atteint un certain seuil de densité pour devenir grégaires et migrateurs.

Locuste
Nom vulgaire ou nom vernaculaire ambigu :
l'appellation « Locuste » s'applique en français à plusieurs taxons distincts.
Description de cette image, également commentée ci-après

Taxons concernés

Oiseaux attrapant en vol des criquets migrateurs (locustes), en Inde. Gravure de 1891 (Illustrated London News and The Graphic), extrait de "The Locust Plague in Northern India", dans "The Graphic", 1891.

Étymologie

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Ce terme dérive du latin locusta « sauterelle ; langouste »[1], par conséquent, les « locustes de mer » peuvent désigner de nombreuses espèces de plusieurs infra-ordres de Pleocyemata, par exemple des langoustes ou crevettes[1]. Nommé d'après le terme latin, le genre Locusta Linnaeus 1758, est un des premiers genres de criquets scientifiquement décrit.

Descriptions

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Ces espèces peuvent se multiplier rapidement sous des conditions favorables et devenir grégaires et migratrices. Leurs nymphes forment alors des bandes larvaires et les adultes forment des essaims qui se déplacent sur de longues distances en ravageant végétaux sauvages et cultures où ils peuvent causer des dégâts considérables[2].

Les espèces

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Acanthacris ruficornis.

Quelques exemples d’espèces de locustes sont :

Quelques espèces ne sont grégaires qu'épisodiquement :

Les essaims

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Formation des essaims

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Quand ses populations sont de faibles densités, l'insecte adopte une phase dite solitaire[3] : il vit reclus, évite ses congénères et migre seulement la nuit[4]. Si leurs densités sont élevées et que leurs sources d'alimentation se raréfient, ils adoptent une phase dite grégaire et se regroupent en bandes de nymphes (ou larves, sans ailes) ou en essaims d'adultes (ailés) très mobiles[3].

Les rassemblements sont en relation avec la concentration d'une hormone, la sérotonine[5],[6] : au cours des contacts entre criquets en phase solitaire, notamment par frottements des pattes arrière, le taux de sérotonine est multiplié par trois dans les ganglions thoraciques (qui sont une partie du système nerveux central). Ce pic transitoire de sérotonine déclenche le passage de la phase solitaire à la phase grégaire[7].

Une chaîne de réactions environnementales amène cette prolifération. Elle commence avec l'eau : les pluies, qui en quelques jours couvrent de végétation un désert, humidifient aussi les sols et déclenchent la maturation et l'éclosion des œufs de criquets. Les nymphes se nourrissent des plantes apparues à peu près en même temps qu'eux-mêmes[4].

Si les conditions restent favorables à la reproduction (abri du vent, végétation, concentration des pontes, etc.), les nymphes se regroupent en bandes et les criquets adultes en essaim. Les nymphes, qui ne volent pas, peuvent être piégées.

 
Bandes de nymphes piégées par un mur en zinc doublé d'une fosse (Palestine, 1930).
 
Essaim en Afrique (1931)

Morphologie des essaims

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Les essaims peuvent atteindre des tailles gigantesques, s'étendant sur plusieurs centaines de kilomètres[8] et contenant des milliards d'individus[8]. Lindsey (2002) donne les chiffres de 1 200 km2 (460 mi2) pour un essaim, avec entre 40 et 60 M de criquets par km2 ; un essaim de cette taille peut manger 192 M de kg (423 M de livres-poids) de végétation par jour[9].

Le comportement d'un essaim est souvent comparé à celui des nuages, car il subit les mêmes effets du vent. Ainsi, un essaim prend principalement deux formes différentes : cumuliforme ou stratiforme. Sous l'action des vents, un essaim peut avancer de 200 kilomètres par jour.[réf. nécessaire]

Migration des essaims

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Les essaims peuvent voler rapidement sur de grandes distances (quelques milliers de km en quelques semaines)[3]. En 1988, des essaims ont traversé l'Atlantique depuis la Mauritanie jusqu'aux Caraïbes, soit 5 000 km en 10 jours ; se posant chaque nuit sur des bateaux occasionnellement mais surtout sur les corps des premiers criquets noyés à leur amerrissage mais servant de radeaux pour leurs congénères[8].

 
Illustration présentant une invasion de criquets locustes

Les locustes dans la culture

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Traces dans l'histoire

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L'Ancien Testament présente les criquets comme une plaie de l'humanité.

« Elles couvrirent la surface de toute la terre et la terre fut dans l'obscurité ; elles dévorèrent toutes les plantes de la terre et tous les fruits des arbres, tout ce que la grêle avait laissé et il ne resta aucune verdure aux arbres ni aux plantes des champs dans tout le pays d'Égypte. »[10]. »

— ("Elles" pour le mot "sauterelles", désignant anciennement des criquets migrateurs).

Les entomologistes ont identifié les formes grégaires migratrices comme une espèce distincte des formes solitaires sédentaires jusqu'au milieu du XXe siècle. Le savant Uvarov a l'idée que Locusta migratoria est la forme grégaire de Locusta danica. Lors d'expériences en laboratoire, il met des formes sédentaires dans des petites cages confinées; les insectes se transforment en formes grégaires. Au contraire, un criquet migrateur mis en isolement se transforme en phase sédentaire. Motivées par la lutte contre les invasions dans une perspective agronomique, ces recherches se développent dans le Centre anti-acridien, un institut international à Londres[11].

Consommation

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La pertinence de l'utilisation des insectes comme ressource alimentaire en prévention des famines a été débattue lors d'une conférence de la FAO réunissant en 2008 une trentaine de scientifiques de 15 pays à Chiang Mai (Thaïlande). Les insectes sont déjà consommés depuis des millénaires par de nombreuses populations du monde[12].

La chair des criquets aurait le goût de la viande de poulet ; mais ils doivent être mangés rapidement après leur mort car elle se décompose en environ 16 h. Chez les Nande (tribu majoritaire du grand nord de la province du Nord-Kivu) du Congo, leur consommation était jusqu'à une époque récente réservée aux hommes[13].

Les nymphes étaient mangées en brochettes jusque sur les tables des rois assyriens vers 700 ans av. J.-C.[3]. Dans la Grèce Antique, cigales et criquets étaient enrobés de miel et mangés. En Thaïlande, ils sont cuisinés et proposés en apéritif. Au Mexique, ils sont cuisinés frits, et revenus avec des piments et un peu d’ail[14].

Alimentation animale

Confronté à l'insécurité alimentaire rampante aggravée par l'invasion massive de criquets de 2019-2020, le plus grand producteur d’aliments pour animaux du Pakistan utilise des criquets comme complément alimentaire pour des poulets. Cette action fournit aux agriculteurs une source alternative de revenus compensant en partie la destruction de leurs récoltes. L'extension de ce projet a été approuvée en juin 2020[15].

Audiovisuel

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Dans la série Les Envahisseurs, l'épisode Cauchemar (Nightmare épisode 7 de la saison 1) montre les Envahisseurs manipulant les nuées de locustes pour anéantir les ressources de l'Amérique puis du monde.

Dans la saga vidéoludique Gears of War, les locustes sont une horde d'humanoïdes, au teint blafard et à la peau calleuse. Les locustes vivent sous terre et leur but est l'éradication pure et simple des humains vivant à la surface de la planète.

Notes et références

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  1. a et b Informations lexicographiques et étymologiques de « Locuste » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. Tom Odula, journaliste The Associated Press, « Les locustes continuent à ravager le Kenya », sur msn.com, (consulté le ).
  3. a b c et d [Tlili et al. 2020] Haithem Tlili, Khemais Abdellaoui, Laure Desutter-Grandcolas, Manel Ben Chouikha et Mohamed Ammar, « Invasion de criquets pèlerins : le cauchemar est de retour », sur reporterre.net, (consulté le ).
  4. a et b [Lindsey 2002] (en) Rebecca Lindsey (photogr. Robert Simmon), « Locust ! », Earth Observatory,‎ , p. 3 (lire en ligne [sur earthobservatory.nasa.gov], consulté le ).
  5. [Anstey et al. 2009] (en) Michael L. Anstey, Stephen M. Rogers, Swidbert R. Ott, Malcolm Burrows et Stephen J. Simpson, « Serotonin Mediates Behavioral Gregarization Underlying Swarm Formation in Desert Locusts », Science, vol. 323, no 627,‎ (ISSN 0036-8075, lire en ligne [PDF] sur citeseerx.ist.psu.edu, consulté le ).
  6. « Le pourquoi des grands rassemblements de criquets », sur techno-science.net (consulté le ).
  7. [Rogers et al. 2014] (en) Stephen M. Rogers, Darron A.Cullen, Michael L. Anstey, Malcolm Burrows, EmmaDespland, TimDodgson, TomMatheson, Swidbert R. Ott, KatjaStettin et Gregory A.Sword et Stephen J. Simpson, « Rapid behavioural gregarization in the desert locust, Schistocerca gregaria entails synchronous changes in both activity and attraction to conspecifics », Journal of Insect Physiology, vol. 65,‎ , p. 9-26 (lire en ligne [sur citeseerx.ist.psu.edu], consulté le ).
  8. a b et c « Biological control of locusts - New weapons for old enemies »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur fao.org/newsroom, (consulté le ).
  9. Lindsey 2002, p. 2.
  10. La Bible, Livre de l'Exode 10, verset 16
  11. Hermann Gisin, « Les invasions de sauterelles », Musées de Genève,‎ , p. 7-9
  12. « Manger des insectes pour prévenir les famines », sur futura-sciences.com, (consulté le ).
  13. Hervé Mukulu, « Savourer de délicieuses sauterelles du Nord-Kivu, mais… », sur habarirdc.net, (consulté le ).
  14. « Manger des insectes : dans quelles régions du monde se nourrit-on d’insectes ? », sur insecteo.com, (consulté le ).
  15. « Au Pakistan, on transforme les criquets pèlerins en aliments pour poulets »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur alimentation-generale.fr (consulté le ).

Voir aussi

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Liens externes

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  • (Français/Anglais) « L'Observatoire acridien de la FAO », , points sur la situation sur le terrain, références, sur fao.org (consulté le ).
  • « Les criquets ravageurs », sur locust.cirad.fr (consulté le ) : références, documents en ligne, outils de formation.
  • « Locust literature », references, guidelines and procedures, sur ispi-lit.cirad.fr (consulté le ).