Les Nuits blanches
Les Nuits blanches : roman sentimental (souvenir d'un rêveur) (Белые ночи) est une longue nouvelle de l'écrivain russe Fiodor Dostoïevski publiée en 1848. Long d'une centaine de pages (Folio), le récit est divisé en cinq parties : quatre « nuits » et un « matin ». L'histoire est narrée par un narrateur anonyme, un jeune homme qui vit à Saint-Pétersbourg et souffre de solitude. Il rencontre une jeune femme et en tombe amoureux; malgré les apparences, cet amour ne sera pas vraiment partagé: la jeune fille, tourmentée par un chagrin d'amour, retrouve l'homme qu'elle a aimé et reprend sa liaison avec lui. Le narrateur retourne alors à sa solitude...
Les Nuits blanches | |
Publication | |
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Auteur | Fiodor Dostoïevski |
Titre d'origine | Белые ночи
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Langue | russe |
Parution | 1848 |
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Le titre
modifierSelon Ely Halpérine-Kaminsky, un des premiers traducteurs de la nouvelle en français, lorsque l'on parle à Saint-Pétersbourg des nuits blanches, on évoque l'époque durant laquelle le soleil se lève vers une heure du matin et se couche vers neuf heures le soir[1].
Résumé
modifierLe narrateur est un jeune fonctionnaire qui parcourt Saint-Pétersbourg en tous sens pour tromper son ennui et sa solitude. Au retour d'une promenade, il croise sur les bords de la Néva une jeune fille en pleurs. Il voudrait l'aborder mais n'ose pas, pourtant il chasse un homme saoul venu l'importuner. La jeune femme accepte ensuite qu'il la raccompagne chez elle. Les deux jeunes gens promettent de se revoir le lendemain soir au même endroit.
La jeune fille, qui répond au nom de Nastienka, tient sa promesse; elle cherche un confident, pas un amoureux. Le jeune homme, lui, se définit comme rêveur. Il parle de lui à la troisième personne, souffre de la solitude, et n'a aucun ami. À vingt-six ans, il a déjà le sentiment d'avoir gâché sa vie, et les deux soirées qu’il vient de passer avec elle sont les seules où il a vécu.
Nastienka raconte sa pauvre existence d'orpheline recueillie par sa grand-mère aveugle. À quinze ans, elle fait une bêtise : sa grand-mère a depuis épinglé sa robe à la sienne pour qu’elle ne puisse pas s'éloigner et qu'elle s’amende. Elle vit ainsi dans un huis clos étouffant et rêve de partir. La chance lui avait portant souri avec un locataire, jeune et bel étudiant, qui l'avait invitée avec sa grand-mère au théâtre. C'est la seule sortie qu'elle ait jamais faite. Et quand il lui annonce son départ pour Moscou , elle veut partir avec lui, malgré ses seize ans. Il promet de revenir un an après et de l’épouser, et aujourd’hui, voici un an et trois jours qu'il est parti. Tiendra-t-il sa promesse ?...
Le narrateur est tombé amoureux de Nastienka presque immédiatement. Celle-ci cherche à calmer les craintes du jeune homme, qui a peur de voir revenir l'étudiant. Il se laisse cependant bercer par les illusions : lors de la dernière nuit, quand il lui déclare son amour, elle lui répond : « Je l’aime mais ça passera » et elle accepte son amour. Ils font des projets, il va emménager chez elle comme locataire. Ils sont comme enivrés. Mais voilà qu'ils croisent un jeune homme : c’est l'étudiant! Aussitôt, Nastienka s’arrache de ses bras, court vers l’autre, et tous deux disparaissent. Le lendemain, Nastienka écrit au narrateur pour lui annoncer qu’elle va épouser l’étudiant la semaine suivante. Un amour de quelques jours n’était pas de taille contre un amour d’une année.
Le narrateur se projette alors quinze ans plus tard, et pense qu'il sera toujours aussi seul.
Personnages
modifier- Le narrateur, vingt-six ans, idéaliste solitaire, fonctionnaire
- Nastienka, jeune fille brune de dix-sept ans, orpheline, habite chez sa grand-mère
- Grand-mère, aveugle, elle maintient sa petite-fille à ses côtés par une épingle qui lie leurs deux robes
- Locataire, jeune étudiant venu s'installer dans la mezzanine de la maison de la grand-mère après la mort d'un vieux locataire
Traductions françaises
modifier- Les Nuits blanches, traduit par André Markowicz, Arles, Éditions Actes Sud, 1992 (ISBN 2-868-69831-X). Rééd. coll. « Babel », n° 43, 110 p.
- Les Nuits blanches, traduit par Pierre Pascal, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1956, 55 p. (ISBN 2-070-10178-9), Rééd. coll. « Folio », 112 p.
- Le Joueur; Les nuits blanches, trad. Ely Halpérine-Kaminsky, Paris, Plon, 1926, 191 p. (v. p. 141-191)
Adaptations
modifierUne version radiophonique de la nouvelle, adaptée par Carlos Carretoni et Margaux Grilleau et réalisée par Michel Sidoroff a été diffusée le 11 juin 2016 sur France Culture . Elle est toujours disponible sur le site de la station[2].
Adaptations cinématographiques
modifierSignalons ici quelques adaptations au cinéma (parmi une dizaine) : Nuits blanches de Luchino Visconti, sorti en 1957, Quatre Nuits d'un rêveur de Robert Bresson, sorti en 1971, Saawariya de Sanjay Leela Bhansali, sorti en 2007 et Nuits blanches sur la jetée de Paul Vecchiali, sorti en 2015.
Le film Two Lovers de James Gray est librement inspiré de la nouvelle, tout comme Lola, film de Jacques Demy.
Adaptations théâtrales
modifierLa nouvelle a plusieurs fois été mise en scène. Signalons:
- Les nuits blanches, adaptation Gil Sandier, mise en scène Nicole Kessel, avec Nicole Kessel et Jean Martin, 1961. (V. L'Avant-Scène Théâtre, N° 245, 1961)
- Les Nuits blanches, adaptation et mise en scène de Alain Gambin et Christine Verbeke ; avec Jean-Luc Battini et Marie Trintignan, au théâtre Guillaume Apollinaire, La Seyne-sur-mer, 22 mai 1981
- Les Nuits blanches[3], adaptation de Florient Azoulay et Xavier Gallais, création au théâtre des Béliers (Avignon).7
Notes et références
modifier- Le joueur. Les nuits blanches, (trad. Ely Halpérine-Kaminsky), Paris, Plon, 1926, p. 141. [lire en ligne (page consultée le 6 avril 2024)]
- [écouter en ligne (page consultée le 6 avril 2024)]
- Florient Azoulay et Xavier Gallais, Les Nuits blanches, Paris, Les Cygnes, , 40 p. (ISBN 978-2-369-44383-4)