Lemme de Poincaré-Volterra

théorème de mathématiques

En mathématiques, et plus particulièrement en topologie, le lemme de Poincaré-Volterra énonce une condition suffisante pour la transmission de certaines propriétés topologiques par des applications continues et discrètes. Il est attribué aux mathématiciens Henri Poincaré et Vito Volterra, qui l'ont formulé et prouvé dans ses premières versions dans les années 1880[1],[2]. Ce lemme est crucial dans la preuve du théorème de Radó[3], qui affirme que toute surface de Riemann connexe est à base dénombrable d'ouverts.

Énoncé

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Soit   une application continue entre deux espaces topologiques séparés. On suppose que   est connexe et que   est à base dénombrable.

On suppose de plus que l'une des conditions suivantes est vérifiée :

  •   est un homéomorphisme local, à savoir : pour tout   il existe un voisinage ouvert   tel que la restriction   soit un homéomorphisme sur son image ouverte ;
  •   est une variété topologique (pas nécessairement à base dénombrable, a priori) et   est discrète, c'est-à-dire que pour tout   l'image réciproque   est un sous-ensemble discret de  .

Alors,   est également à base dénombrable.

Démonstration

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La démonstration qui suit est celle d'Otto Forster[3].

Notons   une base d'ouverts de  . Soit   la collection de tous les sous-ensembles ouverts   de   ayant les propriétés suivantes :

  •   est à base dénombrable ;
  •   est une composante connexe d'un ensemble   avec  .
  1. On affirme premièrement que   est une base d'ouverts de  . Soit   et   un ouvert de   contenant  . On veut montrer qu'il existe un ouvert   contenant   , contenu dans   et qui soit dans  . Premier cas : Si on suppose que   est un homéomorphisme local, on sait qu'il existe un voisinage ouvert   de   tel que   soit un homéomorphisme sur son image. Il suffit alors de prendre  . Deuxième cas : Si   est une variété topologique et   est discrète, il existe un voisinage relativement compact   de   tel que   ne rencontre pas la fibre   . Ainsi   est compact et ne contient pas   . Par conséquent, il existe   avec   et  . Soit   la composante connexe de  qui contient  . Comme  , il s'ensuit que   et donc que   a une base dénombrable car   est relativement compact. Ainsi  
  1. On remarque ensuite que pour tout   dans  , il existe un nombre au plus dénombrable d'ouverts   tels que   soit non vide. Ceci provient du fait que   est dénombrable et que   est à base dénombrable d'ouverts.
  2. On peut enfin montrer que   est dénombrable. Fixons   dans   et pour tout  , définissons   comme l'ensemble des   tels qu'il existe   vérifiant  Comme   est connexe,   Il suffit alors de montrer que chaque   est dénombrable. Ceci se montre par récurrence à l'aide de 2.

Résultats associés

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Le lemme de Poincaré-Volterra s'est avéré être une aide essentielle pour la preuve du théorème de Radó sur les surfaces de Riemann. Une autre conséquence notable de ce lemme est l'affirmation suivante[4] :

Si   est un revêtement entre deux espaces topologiques, que   est connexe et   est à base dénombrable, alors la fibre   en un point   de   est discrète et au plus dénombrable.

Notes et références

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  1. (en) Giorgio Israel et Laura Nurzia, « The Poincaré-Volterra theorem: a significant event in the history of the theory of analytic functions », Historia Mathematica, vol. 11, no 2,‎ , p. 161–192 (ISSN 0315-0860, DOI 10.1016/S0315-0860(84)80007-5, lire en ligne, consulté le ).
  2. (en) Peter Ullrich, « The Poincaré-Volterra Theorem: From Hyperelliptic Integrals to Manifolds with Countable Topology », Archive for History of Exact Sciences, vol. 54,‎ , p. 375-402 (DOI 10.1007/PL00021243).
  3. a et b (en) Otto Forster, Lectures on Riemann Surfaces, Springer-Verlag, coll. « Graduate Texts in Mathematics », (ISBN 978-0-387-90617-1, lire en ligne).
  4. « Les revêtements - Analysis Situs », sur analysis-situs.math.cnrs.fr (consulté le ).

Liens externes

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