Le Bateau ivre

poème d'Arthur Rimbaud
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Le Bateau ivre est un poème écrit par Arthur Rimbaud à la fin de l'été 1871, alors qu'il était âgé de 16 ans. Il est constitué de 25 quatrains d'alexandrins. Il raconte, à la première personne, un bateau sans maître, chahuté par les flots.

Le Bateau ivre
Première page de la transcription manuscrite du poème par Paul Verlaine. Département des Manuscrits de la Bibliothèque nationale de France.
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Lecture du poème.

Historique

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L’œuvre est connue par la copie qu'en a faite Paul Verlaine[1]. Première publication en revue : « Les Poètes maudits » (7) : « Arthur Rimbaud (4) », Lutèce, [2],[3]; en recueil : Paul Verlaine, Les Poètes maudits : Tristan Corbière, Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, L. Vanier, 1884, p. 30-34[4].

Arthur Rimbaud a envoyé ce poème à Verlaine avant de le rejoindre à Paris[5]. Une caricature d'André Gill dans l’Album zutique représente Rimbaud dans une frêle embarcation. Le premier groupe zutique, qui comprenait André Gill et Arthur Rimbaud, a transcrit poèmes et dessins de l’Album zutique de la mi- à la mi- à peine. Ainsi, selon toute vraisemblance, le poème Le Bateau ivre est antérieur à cette date butoir pour l’Album zutique. De deux choses l'une : ou Rimbaud a composé son poème peu avant sa montée à Paris autour du , ou il l'a composé dès son arrivée à Paris[note 1].

Ernest Delahaye a régulièrement essayé de se faire passer pour le premier témoin de la composition des poèmes de Rimbaud. Or il prétend que Le Bateau ivre a été composé expressément pour se présenter à Paris[6]. Le témoignage semble pour une fois conserver sa vraisemblance malgré l'épreuve du temps, sauf sur un point : le , Rimbaud a probablement lu un ancien poème de 1870, Les Effarés. Verlaine cite Les Premières Communions, Les Effarés, Mes petites amoureuses, Les Poètes de sept ans comme les premiers poèmes qui lui furent envoyés par lettre[7].

Plusieurs auteurs estiment que ce poème de Rimbaud a été influencé par le roman Vingt Mille Lieues sous les mers de Jules Verne[8],[9], paru de 1869 à 1870. Si cela était avéré, le poème ne pourrait alors pas être antérieur à cette période.

Réception critique

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Le poème est considéré depuis les débuts du XXe siècle comme l'un des plus beaux de la langue française (Paul Claudel, Louis Aragon, le surréalisme, etc.). André Gide le place dans les poèmes essentiels de l'histoire littéraire dans son Anthologie de la poésie française et Georges Pompidou l'a également défendu[10]. Roland Barthes, Pierre Louÿs, Roger Caillois, René Étiemble, parmi d'autres, ont proposé des analyses approfondies de cette œuvre complexe. Selon ce dernier, Rimbaud répondrait dans son texte à la question de Charles Baudelaire : « Étonnants voyageurs ! [...] / Dites, qu'avez-vous vu ? »[11]. Cette poésie, en tout cas, est truffée de références empruntées à Charles Baudelaire donc, mais aussi à Jules Verne, Edgar Allan Poe, Leconte de Lisle, Théophile Gautier etc., ce qui en fait l'un des textes les plus difficiles et les plus commentés de la langue française[12].

Verlaine a notamment écrit, en parlant du poème : "Ce fut l'émotion poignante d'une adolescence qui reçoit la révélation de la poésie de Rimbaud : le Bateau ivre venait de paraître ; nous lûmes ce livre à quatre, côte à côte, haletants d'un long souffle enfin retrouvé ; ce livre était un miracle de poésie."[réf. nécessaire]

Paul Cosseret en a un jugement bien plus négatif dans La Presse du  : « Cette poésie spéciale est lettre close pour moi, je n'y vois qu'une suite singulière de pluriels incohérents. C'est du prétentieux charabia. Ayons donc le courage de dire que bizarrerie n'est point originalité[13]. »

Héritage

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Samuel Beckett a édité une traduction en anglais, Drunken Boat[14].

Léo Ferré a mis en musique et interprété ce poème dans son album L'Imaginaire (1982). Il prend la liberté de transformer les deux premiers quatrains en refrain, répété sept fois. Ce principe de répétition, ainsi que la présentation, par des procédés typographiques, des rythmes sonores du Bateau ivre par Léo Ferré, a été montré dans le livre de Serge Chamchinov Fleuves impossibles (sic)[15].

Maurice Delage a mis en musique ce poème dans un poème symphonique de 1954[16].

Une reproduction intégrale du Bateau ivre, inaugurée le [17], occupe un long mur de la rue Férou à Paris, non loin de l'endroit[18] où Rimbaud aurait présenté le poème pour la première fois le lors d'une réunion des Vilains Bonshommes. Elle a été réalisée par l'artiste néerlandais Jan Willem Bruins.

Le projet, lancé par Serge Chamchinov auprès de la Maison internationale de la Poésie Arthur Haulot (MIPAH), lors de la biennale internationale de la poésie qui s'est déroulée à Liège en 2012 - la traduction du poème Le Bateau ivre sur 25 langues selon le principe une strophe / une traduction -, a été réalisé en 2013 sous la forme d'un livre d'artiste collectif Symphonie du temps[19],[20].

Sur le mur de l'Hôtel des impôts de la rue Férou : le poème d'Arthur Rimbaud, Le Bateau ivre.

Notes et références

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  1. Rue Nicolet, chez les parents de la femme de Verlaine où Rimbaud restera quelques jours avant d'être renvoyé pour mauvaise conduite.

Références

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  1. BNF, manuscrit NAF 18894-18895.
  2. Claude Jeancolas, Rimbaud. L’œuvre intégrale manuscrite, t. 3, Textuel, 2004, p. 300
  3. prelia.fr
  4. lire en ligne sur Gallica
  5. Voir les notes du poème établies par Antoine Adam pour Rimbaud, Œuvres complètes, Bibliothèque de la Pléiade, p. 915.
  6. Voir Rimbaud Souvenirs d'Ernest Delahaye.
  7. Ernest Delahaye, Verlaine, A. Messein, 1923, p. 138 lire en ligne sur Gallica.
  8. Steve Murphy, « Logiques du Bateau ivre », Littératures, no 54,‎ .
  9. Michaël Lacroix, « Présence et influence de Vingt Mille Lieues sous les mers dans l’œuvre poétique d’Arthur Rimbaud », Bulletin de la Société Jules Verne n°148,‎ 4e trim. 2003, p.02-51
  10. André Gide, Anthologie de la poésie française, Gallimard, Pléiade, 1949, p. 654.
  11. Étiemble cité par André Guyaux in Rimbaud, Œuvres complètes, Pléiade, Gallimard, p. 869.
  12. André Guyaux in Rimbaud, Œuvres complètes, Pléiade, Gallimard, p. 869. Guyaux reprend ici l'analyse d'Étiemble, qui fut son professeur.
  13. Paul Cosseret, La Presse, , p. 2 lire en ligne sur Gallica
  14. Samuel Beckett, Collected Poems 1930-1978, éd. John Calder, Londres.
  15. Voir le catalogue de la BLJD, fonds spécifiques [1]
  16. Étiemble, Le mythe de Rimbaud, vol. 4, Gallimard, 1961, p. 212 lire sur Google Livres
  17. Inauguration d'un poème mural "Le Bateau ivre" d'Arthur Rimbaud (ambassade des Pays-Bas).
  18. Une plaque commémorant l'évènement a été apposée à une centaine de mètres de là, le , au coin des rues du Vieux-Colombier et Bonaparte, au restaurant du premier étage du marchand de vin Ferdinand Denogeant.
  19. Voir la description du projet dans la revue Ligature, no 3, 2013 (EAN 9791091274203)
  20. (de) « Ausstellung : Absolument moderne! », sur mainz.de via Wikiwix (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Arthur Rimbaud, Œuvres complètes, Paris, Flammarion, , 422 p. (ISBN 978-2-08-121962-5).  
  • Pierre Brunel, Rimbaud. Œuvres complètes, Paris, Le Livre de poche, coll. « La Pochothèque », , 1036 p. (ISBN 978-2-25-313250-9)
  • Michaël Lacroix, « Présence et influence de Vingt Mille Lieues sous les mers dans l’œuvre poétique d’Arthur Rimbaud », Bulletin de la Société Jules Verne no 148, Paris, 4e trim. 2003, p. 2-51
  • Arnaud Santolini, Le Bateau ivre. Une fabrique du désordre, Presses universitaires de Rennes, 2019, (ISBN 978-2-7535-7580-6)

Articles connexes

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Liens externes

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