Le Monocle (bar lesbien)

bar lesbien

Le Monocle est un bar lesbien parisien, ouvert dans les années 1920 par Lulu de Montparnasse. Situé boulevard Edgar-Quinet, il ferme lors de l'occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale.

Présentation

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Le nom du club vient du fait que le monocle est utilisé comme symbole de reconnaissance entre personnes lesbiennes au début du XXe siècle[1]. Après « les flamboyantes années 1920 et le repli des années 1930 »[2],[3], le bar est fermé lors de l'occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale[1].

C'est l'un des premiers clubs lesbiens de la ville. À son apogée, Le Monocle est considéré comme un club luxueux où les femmes « à la mode » peuvent danser, parler et s'embrasser sans craindre d'être jugées ou poursuivies. Considéré comme lieu populaire pour les lesbiennes à Paris dans les années 1920 et 1930, sa réputation d'espace sûr pour les femmes est bien connue. Il y a souvent de longues files d'attente pour entrer dans le club. C'est également un lieu de rencontre et de réseautage pour les artistes et les intellectuelles, et femmes de pouvoir[4],[5],[6],[7]. Toutefois, comme pour tous les lieux lesbiens, les femmes qui y travaillent sont « sans cesse surveillées par la police »[8].

C'est au Monocle, où elle travaille, que Frede rencontre Anaïs Nin et Marlene Dietrich, avec qui elle vit ensuite une histoire d'amour[8]. Frede ouvre ensuite son propre cabaret lesbien avec l'aide de Marlene Dietrich[8]. La femme d'affaires Marthe Hanau fréquente également Le Monocle avec sa compagne Josèphe[9].

Le photographe Brassaï est autorisé à entrer dans le bar et prend quelques photos en 1932[10]. La sportive Violette Morris apparaît dans une de ces photos prises au Monocle avec Lulu de Montparnasse, dont une des épreuves est vendue 17 500 dollars américains en 2012 chez Christie's[11].

Lucienne Franchi, dite Lulu de Montparnasse, donne la vedette sur scène à Line Marsa, la mère d'Édith Piaf[12]. Après la vente du Monocle, elle est aussi propriétaire du cabaret La Roulotte[12].

Le Monocle est évoqué dans les travaux de l'historienne Florence Tamagne[9], qui mentionne un lieu où « toutes les femmes s'habillaient comme des hommes, en smoking, et avaient les cheveux coiffés au carré ».

Notes et références

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  1. a et b Ulyces.co, « Le Monocle, l’une des premières discothèques lesbiennes, dans le Montmartre des années 1930 », sur Ulyces (consulté le ).
  2. Anne-Marie Sohn, « Florence TAMAGNE, Histoire de l'homosexualité en Europe. Berlin, Londres, Paris. 1919-1939, Paris, 2000, Seuil, 692 p. », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 14,‎ , p. 264–269 (ISSN 1252-7017, DOI 10.4000/clio.129, lire en ligne, consulté le ).
  3. David Michels, « Florence Tamagne, Histoire de l’homosexualité en Europe. Berlin, Londres, Paris, 1919-1939. Paris, Éditions du Seuil, 2000, 700 p., bibliogr. », Anthropologie et Sociétés, vol. 26, no 1,‎ , p. 220–221 (ISSN 0702-8997 et 1703-7921, DOI 10.7202/000723ar, lire en ligne, consulté le ).
  4. (en-US) « Lesbian couple at Le Monocle, Paris, 1932 - Rare Historical Photos », sur rarehistoricalphotos.com, (consulté le ).
  5. (en-US) « Inside Le Monocle, the Parisian Lesbian Nightclub of the 1930s », sur Messy Nessy Chic, (consulté le ).
  6. (en) Dr Kate Lister, « 'Paris-Lesbos': the vibrant lesbian community where women thrived », sur inews.co.uk, (consulté le ).
  7. (en) Paul McQueen, « Between the Wars, Paris Was the City of Lesbian Love », sur Culture Trip, (consulté le ).
  8. a b et c « “Frede – Belle de nuit” de Denis Cosnard : personnage de Modiano, amante de Marlene Dietrich », sur Les Inrocks (consulté le ).
  9. a et b Florence,. Tamagne, Histoire de l'homosexualité en Europe Berlin, Londres, Paris : 1919-1939, Éd. du Seuil, dl 2000 (ISBN 2-02-034884-5 et 978-2-02-034884-3, OCLC 708537756, lire en ligne).
  10. Brassaï, The secret Paris of the 30's, Thames and Hudson, (ISBN 0-500-54040-3, 978-0-500-54040-4 et 0-500-27108-9, OCLC 3241494, lire en ligne).
  11. (en) « Page web récapitulative de l'enchère » (consulté le ).
  12. a et b Pauline Paris, Les dessous lesbiens de la chanson, (ISBN 979-10-90062-53-5, OCLC 1161988953, lire en ligne).

Article connexe

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Liens externes

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Photographies de Brassaï :