Le Monde avant le Déluge
Le Monde avant le Déluge (en anglais The World Before the Flood), est une peinture à l'huile sur toile réalisée en 1828 par l'artiste anglais William Etty, et actuellement conservée à la Southampton City Art Gallery. Cette œuvre picturale constitue une interprétation visuelle d'un épisode du poème épique Le Paradis perdu de John Milton, dans lequel Adam reçoit une vision prophétique des événements précédant le Déluge biblique.
Artiste | |
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Date | |
Type | |
Matériau | |
Dimensions (H × L) |
202,3 × 140 cm |
No d’inventaire |
186 |
Localisation |
L'œuvre représente une scène élaborée où des hommes procèdent à la sélection de leurs futures conjointes parmi un groupe de danseuses. La composition traduit de manière symbolique les mécanismes sociaux et relationnels liés au mariage, tels que décrits par Milton, mettant en lumière le processus de choix et d'engagement dans une nouvelle étape de vie. En arrière-plan, l'artiste a intégré une représentation dramatique d'une tempête menaçante, élément symbolique qui préfigure la catastrophe imminente du Déluge. Cette construction visuelle suggère une tension entre l'insouciance des protagonistes et la destruction prochaine, créant ainsi une dimension prémonitoire et allégorique particulièrement significative.
La réception de ce tableau lors de sa présentation à l'Exposition d'été de la Royal Academy en 1828 est singulièrement contrastée. L'œuvre provoque des réactions divergentes, certains critiques la célébrant comme une création artistique remarquable, d'autres la rejetant pour ses supposées insuffisances esthétiques. Initialement acquis par le marquis de Stafford, le tableau connaît une trajectoire économique défavorable, illustrant le déclin de la réputation artistique de William Etty. Vendu à deux reprises avec des moins-values significatives, en 1908 puis en 1937, il est finalement intégré aux collections de la Southampton City Art Gallery. Une esquisse préparatoire, identifiée rétrospectivement en 1953, complète la compréhension de l'œuvre. Conservée à la York Art Gallery, l'esquisse est présentée conjointement avec le tableau principal lors d'une rétrospective dédiée à Etty en 2011 et 2012, permettant une réévaluation critique de l'artiste et de son corpus artistique.
Contexte
modifierWilliam Etty : Esthétiques marginales
modifierOriginaire de York, William Etty émerge du monde artisanal au sein duquel son père pratique la boulangerie et la meunerie[1]. Sa carrière artistique prend racine dès son plus jeune âge, alors qu'il entame un apprentissage en imprimerie à seulement 11 ans auprès de Robert Peck, éditeur du journal local The Hull Packet[2]. Après sept années de formation technique, William Etty entreprend un voyage décisif vers Londres[3], animé par une ambition artistique singulière : devenir un peintre d'histoire reconnu[4]. Son inspiration puise directement dans le patrimoine pictural européen, en particulier auprès des vieux Maîtres de la Renaissance italienne comme Titien et Pierre Paul Rubens. Son parcours artistique se heurte initialement à un mur d'indifférence. Les institutions culturelles majeures de son temps, la Royal Academy of Arts et la British Institution, manifestent un désintérêt marqué pour ses créations. Ses toiles, souvent ignorées ou délibérément écartées, peinent à trouver leur place dans les espaces d'exposition[5].
Consécrations artistiques
modifierEn 1821, la Royal Academy of Arts franchit un tournant décisif dans la reconnaissance de William Etty en exposant son œuvre monumentale L'Arrivée de Cléopâtre en Cilicie, tableau qui marque profondément sa trajectoire artistique[5]. Cette œuvre, saluée par ses pairs, révèle immédiatement le talent singulier de l'artiste dans le traitement des compositions historiques complexes. Sa consécration académique intervient en 1828, lorsqu'il est élu membre de la Royal Academy of Arts[a],[7], distinction suprême dans le monde artistique britannique du XIXe siècle[8],[6]. Cette reconnaissance institutionnelle sanctionne non seulement son talent technique, mais également sa contribution significative à l'art pictural de son époque. William Etty se distingue particulièrement par sa maîtrise exceptionnelle du rendu chromatique des épidermes, développant une approche novatrice dans la représentation des nuances et des textures corporelles[9]. Dans la décennie suivant l'exposition de son Cléopâtre, il approfondit cette recherche esthétique en réalisant une série de compositions figuratives s'inscrivant dans les registres biblique, mythologique et littéraire, où le nu devient un véritable langage artistique[10].
Corps et scandales
modifierMalgré la présence de quelques nus d'artistes étrangers dans des collections privées britanniques, le contexte culturel anglais du début du XIXe siècle se caractérise par une forte répression visuelle. La Proclamation de 1787, relative à la répression des comportements considérés comme immoraux a significativement restreint la diffusion et l'exposition d'œuvres représentant le corps dénudé[11]. William Etty emerge ainsi comme une figure singulière et provocatrice, devenant le premier artiste britannique à faire de la représentation picturale du nu son domaine d'expertise. Ses œuvres suscitent des réactions complexes et polarisantes au sein de la société victorienne[b], révélant les tensions profondes entre les conventions artistiques et les normes sociales de l'époque[12]. La réception critique de son travail présente une dichotomie significative : tandis que ses représentations de nus féminins sont fréquemment dénoncées comme indécentes et moralement répréhensibles, ses études de corps masculins bénéficient d'une réception nettement plus favorable, reflétant les paradigmes de genre et les préjugés esthétiques dominants du XIXe siècle britannique[13],[c]
Sujet
modifierL'œuvre Le monde avant le déluge opère une transposition picturale des lignes 580-597 du livre XI du Paradis perdu de John Milton. Dans cette séquence narrative, l'archange Michel révèle à Adam une vision prospective de l'humanité postérieure à l'expulsion du jardin d'Éden, mais antérieure au déluge universel. Cette configuration iconographique et textuelle établit un dialogue herméneutique direct avec le sixième chapitre de la Genèse, plus précisément le passage : « Les fils de Dieu virent que les filles des hommes étaient belles ; et ils en prirent pour femmes parmi toutes celles qu'ils choisirent ». Cette transgression ontologique des frontières sacrées va précipiter la décision divine de sanctionner l'humanité par une purification cosmique, manifestée par l'avènement du déluge[d].
La composition picturale transcrit les dynamiques relationnelles et socio-sexuelles telles que Milton les conceptualise, illustrant la transition des interactions masculines homosociales vers l'établissement de configurations conjugales et matrimoniales[15]. Le processus créatif de William Etty révèle une exploration plastique complexe, caractérisée par des investigations successives des dispositifs de positionnement et d'interaction des figures. L'œuvre documente ainsi les mutations anthropologiques fondamentales concernant les modalités de socialisation et d'alliance, en mettant en scène le passage d'un régime relationnel collectif et masculin à un modèle fondé sur l'union hétérosexuelle et la constitution de cellules familiales[15]. La composition du tableau a fait l'objet d'une élaboration minutieuse par l'artiste, qui a exploré plusieurs dispositions et arrangements des personnages avant d'arrêter sa configuration définitive[16].
Composition
modifierInfluence
modifierL'œuvre Le Monde avant le Déluge présente une influence significative du tableau Une Bacchanale devant un terme de Pan (1632-1633) de Nicolas Poussin[17], une composition que l'artiste William Etty admirait profondément et dont il avait réalisé plusieurs interprétations[18]'[19]. Cette œuvre, acquise par la National Gallery en 1826[20], semble avoir inspiré une réinterprétation perspectiviste originale. Contrairement à la composition originale de Poussin, les personnages d'Adam et de Michael sont absents de la représentation. L'artiste a plutôt opté pour une narration visuelle qui place le spectateur dans la perspective d'Adam, créant ainsi un dispositif énonciatif novateur[21].
Analyse
modifierLe tableau d'Etty représente une scène bachique composée de six femmes faiblement drapées[22], engagées dans une danse dynamique, observées par un groupe masculin. La composition met en évidence une tension corporelle et visuelle : les figures féminines présentent un incarnat prononcé, résultant simultanément de l'intensité chorégraphique et d'une expressivité suggestive[21]. Les personnages masculins manifestent un regard éminemment objectivant, caractérisé par une contemplation scopique où chaque observateur semble projeter un désir de sélection et de possession visuelle[21].
Dans la composition spatiale, un quintette de figures masculines observe un ensemble de six femmes en mouvement chorégraphique[15]. Trois de ces hommes semblent engagés dans une discussion sélective relative aux danseuses, tandis que deux autres contemplent le groupe de manière plus distante[19]. La figure masculine située à proximité immédiate du plan de perception, un homme à la pigmentation foncée positionné en posture assise, constitue un élément iconographique récurrent, ayant précédemment été représenté comme soldat dans l'œuvre Le Triomphe de Cléopâtre[23]. Un sixième individu masculin, ayant effectué sa sélection, manifeste une dynamique d'appropriation physique en se projetant vers l'avant et en saisissant les membres d'une danseuse à la poitrine dénudée[19].
Au centre de la composition, un groupe de femmes est engagé dans une danse rythmique. L'entrelacement de leurs bras et de leurs mains génère un motif plastique complexe, constituant le point focal principal de la représentation picturale[19]. Sur le côté droit de cet ensemble chorégraphique central, un jeune homme conduit une femme à l'écart du groupe et se dirige vers un couple enlacé situé dans l'angle droit de la toile[19], lequel apparaît dans une posture d'intimité allongée[16].
L'arrière-plan de la composition est dominé par un dispositif atmosphérique suggestif : un ciel dont la tonalité s'assombrit progressivement, avec des formations nuageuse chargées de potentiel orageux. Cette configuration picturale fonctionne comme un élément symbolique préfigurant une dimension dramatique latente, suggérant une menace imminente que les protagonistes de la scène semblent ignorer dans leur dynamique chorégraphique[21].
Une étude préliminaire de Le monde avant le déluge, actuellement conservée à la York Art Gallery, présente une structure compositionnelle similaire à l'œuvre finale, avec une focalisation particulièrement marquée sur le groupe central de figures féminines[16]. Dans les esquisses préparatoires à l'huile et les études graphiques de William Etty, la figure dansante positionnée à l'extrémité droite, vêtue d'une jupe de tonalité verte, adopte initialement une posture de contemplation extérieure, les membres supérieurs positionnés en arrière, délimitant un espace plastique circulaire avec l'ensemble chorégraphique central[16]. Dans la version définitive, cette figure opère une transformation gestuelle significative, orientant ses mouvements vers l'extérieur du dispositif circulaire. Cette modification génère un flux narratif explicite, structuré selon une progression spatiale et symbolique : depuis les figures masculines célibataires situées à gauche, en passant par l'individu procédant à une sélection conjugale, jusqu'au groupe de danseuses, puis au couple s'extrayant du cercle chorégraphique pour rejoindre les amants allongés à l'extrême droite de la composition[16].
Nom de l'œuvre
modifierConformément à sa pratique artistique habituelle, William Etty n'attribue pas de titre définitif à cette œuvre. La première présentation publique est réalisée sous l'intitulé A Composition (Une composition), explicitement référencée comme dérivée du onzième livre du Paradis perdu de John Milton[24]. L'artiste lui-même utilise successivement deux dénominations alternatives : The Bevy of Fair Women ( La bande de belles femmes) et The Origin of Marriage (L'origine du mariage), témoignant d'une approche herméneutique fluctuante[25]. Lors de sa présentation à l'Exposition universelle de 1862, l'œuvre acquiert définitivement sa dénomination actuelle, marquant une stabilisation taxonomique de sa réception critique et muséale[26].
Réception critique
modifierRéception négative de l'œuvre
modifierLa réception critique du tableau Le monde avant le déluge, ainsi que ses deux autres œuvres exposées[27] à l'Exposition d'été de la Royal Academy en 1828[e], est marquée par des appréciations divergentes[19],[29]. Un commentateur de la Literary Gazette formule une critique radicale, qualifiant l'œuvre de « péché contre l'esthétique académique ». Sa critique s'articule autour de deux axes principaux : un traitement pictural du fond perçu comme « excessivement brutal » et une représentation des figures féminines s'écartant significativement des conventions iconographiques de l'époque. Le critique établit un rapprochement herméneutique provocateur, comparant les figures féminines non aux représentations idéalisées du Paradis, mais aux personnages transgressifs de Tam o' Shanter de Robert Burns, soulignant ainsi la dimension subversive de l'œuvre de William Etty[30].
La critique du tableau de William Etty, publiée dans les périodiques britanniques du début du XIXe siècle, met en lumière les tensions esthétiques de l'époque. Un critique anonyme du Monthly Magazine exprime un jugement sévère, dénonçant les « contorsions et les torsions » des figures, qu'il considère comme « proches des limites impardonnables » de l'art[19]. Ce même auteur critique également les tons de peau sombres de certaines figures, affirmant que « le visage brun de la gitane » ternit l'image des roses et des lys, symboles de la beauté britannique traditionnelle. De son côté, le correspondant du London Magazine reconnaît certaines qualités de l'œuvre, la qualifiant d'« admirable » en termes d'esprit et d'audace, tout en soulignant des défauts techniques notables. La représentation des femmes suscite une attention particulière, le critique notant que « l'expression des visages est fade » et que les membres, bien que correctement dessinés, manquent de finesse et de dynamisme, donnant l'impression de lourdeur. La critique s'attaque également à la progression artistique de William Etty, le qualifiant d'artiste ayant « progressé à mi-chemin sur le chemin de l'excellence classique », mais qui aurait échoué à poursuivre son développement avec la rigueur nécessaire. John Constable, un collègue de William Etty, exprime un jugement acerbe, qualifiant l'œuvre de « fête de satyres et de clochards », soulignant ainsi son caractère provocateur et marginal[31].
Réception positive
modifierLa critique artistique de l'œuvre de William Etty a également suscité des échos favorables, témoignant d'une appréciation significative de son talent. The Examiner souligne que l'artiste avait « surpassé son ancien moi et la plupart de ses contemporains », mettant en avant une évolution notable dans son travail[19]. De même, un critique du The Mirror of Literature, Amusement, and Instruction affirme que « peu de tableaux ont attiré ou mérité plus d'attention que cette production magistrale », qualifiant les personnages de « gracieux et élégants »[24]. L'Athenaeum quant à lui déclare que l'œuvre était « sans aucun doute le tableau le plus attrayant de toute l'exposition », notant que leur critique avait été retardée en raison de l'afflux de visiteurs qui rendaient difficile une évaluation adéquate[32]. Le Colburn's New Monthly Magazine reconnaît également l'œuvre comme « un autre exemple des progrès rapides que cet artiste émergent fait vers la perfection »[33]. L'éloge le plus poétique provient de John Taylor, qui, en , imagine que si John Milton et Nicolas Poussin avaient été présents pour admirer le tableau, Milton l'aurait contemplé avec « joie et fierté », tandis que Poussin aurait ressenti une « épine envieuse », conscient que les capacités de William Etty avaient désormais surpassé les siennes[34].
Historique ultérieure de l'œuvre
modifierAcquisition du tableau par le marquis de Stafford
modifierEn 1828, l'œuvre Le Monde avant le Déluge de William Etty est acquise par George Granville Leveson-Gower, marquis de Stafford, pour la somme de 500 guinées, équivalant approximativement à 54 000 livres sterling en valeur actuelle[35],[36]. Cette transaction s'inscrit dans la stratégie du collectionneur de constituer un ensemble pictural mettant en valeur les représentations académiques du nu, domaine dans lequel le Titien est considéré comme une référence artistique majeure[37],[f]. L'exposition marque par ailleurs un moment significatif dans la carrière d'Etty, qui voit trois de ses œuvres acquises par des collectionneurs reconnus, témoignant de la reconnaissance croissante de son talent dans le milieu artistique britannique du début du XIXe siècle[6]. Cette vente constitue une validation importante de son approche picturale et de son statut émergent parmi les artistes de son époque[6].
Controverse et éthique dans l'art du nu
modifierÀ partir de 1832, confronté à des critiques récurrentes de la presse concernant l'apparente indécence et le manque de raffinement présumé de son œuvre, William Etty entreprend de conférer une dimension éthique à sa production artistique, tout en demeurant un artiste majeur dans le domaine du nu[39]. Jusqu'à son décès en 1849[40], il continue de travailler et d'exposer, malgré les accusations persistantes de certains contemporains qui le perçoivent comme un pornographe[41]. Charles Robert Leslie, commentant l'œuvre d'Etty peu après sa mort, souligne la dimension intrinsèquement artistique de son travail : Etty n'avait nullement l'intention de choquer, mais il demeurait profondément inconscient de la réception potentiellement controversée de ses compositions par un public aux sensibilités plus conservatrices. L'intérêt critique pour l'œuvre de William Etty décline progressivement avec l'émergence de nouveaux courants picturaux en Grande-Bretagne. À la fin du XIXe siècle, la valeur marchande de ses productions artistiques diminuent significativement par rapport à leurs estimations originelles[40].
Dernier parcours de l'œuvre : entre acquisitions et expositions
modifierLe Monde avant le Déluge présente une trajectoire historique et muséale significative. Initialement vendue à F. E. Sidney en 1908 pour 230 guinées (équivalent approximatif de 30 000 livres sterling en 2024), le tableau est ultérieurement acquis par la Southampton City Art Gallery en 1937 pour 195 guinées[29] (environ 16 000 livres sterling en 2024)[36], où il demeure encore en 2016[42]. Après sa première présentation publique en 1828, l'œuvre est exposée dans plusieurs événements artistiques majeurs au cours du XIXe siècle[43]. L'esquisse préliminaire, initialement propriété de Thomas Lawrence, connaît un parcours tout aussi intéressant. Après le décès de Lawrence en 1830, l'esquisse est vendue sous le titre Une scène bachique pour 27 guinées (approximativement 3 100 livres sterling en 2024[36]), puis revendu sous l'intitulé Paysage avec personnages en 1908. En 1953, cette esquisse est formellement identifiée comme une étude préparatoire pour Le Monde avant le Déluge et acquise par la York Art Gallery[25], où elle est conservée encore en 2016[44]. Un moment historique est atteint lors de la rétrospective consacrée à William Etty à la York Art Gallery en 2011 et 2012, où les deux versions du tableau sont présentées conjointement, permettant une analyse comparative approfondie[45].
Notes et références
modifierNotes
modifier- Durant cette période historique, les distinctions honorifiques, telles que le titre de chevalier, étaient principalement réservées aux hauts dignitaires et responsables institutionnels, excluant généralement les personnalités artistiques, malgré leur reconnaissance sociale et culturelle[6].
- Dans le domaine artistique, la représentation du corps nu était interprétée selon une distinction entre le regard expert et la perception profane. Les théoriciens différenciaient l'analyse contemplative des connaisseurs de la réception potentiellement naïve du public non initié aux codes esthétiques. Comme le souligne Alison Smith, conservatrice à la Tate Britain, les spécialistes distinguaient la représentation idéalisée de la corporéité artistique de sa manifestation empirique, contrairement au grand public susceptible de confondre forme symbolique et réalité physique[12].
- Dans l'œuvre d'Etty, les représentations masculines dénudées s'inscrivaient principalement dans les registres mythologique et historique, genres artistiques où la nudité masculine bénéficiait d'une légitimité culturelle et académique dans le contexte artistique britannique du XIXe siècle. Ces compositions, ancrées dans les traditions classiques de la peinture occidentale, permettaient une figuration du corps masculin sous un angle esthétique et allégorique, contournant ainsi les restrictions sociales contemporaines relatives à la représentation corporelle[14].
- Voir Gn 6,2.
- Lors de l'exposition de 1828, Etty présente plusieurs œuvres significatives : Venus, the Evening Star et Guardian Cherubs. Cette exposition marque sa première participation estivale en tant qu'académicien royal pleinement reconnu. Parallèlement aux œuvres exposées à la Royal Academy, Etty soumet également Cupid Intercedes for Psyche et The Dawn of Love à la British Institution. Fait notable, Guardian Cherubs se distingue comme l'unique tableau de William Etty exposé à la Royal Academy durant la décennie 1820 qui ne comporte pas au moins une figure nue, s'écartant ainsi de son style iconographique caractéristique[28].
- Vers 1844, l'œuvre est documentée dans la collection de la Bridgewater House à Londres, sous le titre A Festival before the Flood[38].
Références
modifier- (en) Dennis Farr, « Etty, William », Oxford Dictionary of National Biography, (lire en ligne)
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- Burnage 2011, p. 157.
- Smith 1996, p. 86.
- Burnage 2011, p. 31.
- Robinson 2007, p. 135.
- Smith 2011b, p. 118.
- Burnage 2011, p. 118.
- Burnage 2011, p. 198.
- (en) « About the artist • Salvaged », sur Manchester Art Gallery, (consulté le )
- Smith 2011b, p. 53.
- Smith 2011b, p. 55.
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- Burnage 2011, p. 32-33.
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- Robinson 2007, p. 207.
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- (en) « Nicolas Poussin • A Bacchanalian Revel before a Term • NG62 National Gallery, Londres », sur National Gallery (consulté le )
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- Green 2011, p. 70.
- Farr 1958, p. 53.
- (en) Thomas Byerly et John Timbs, The Mirror of Literature, Amusement, and Instruction: Containing Original Essays; Historical Narratives; Biographical Memoirs; Manners and Customs; Topographical Descriptions; Sketches and Tales; Anecdotes; Select Extracts from New and Expensive Works; Poetry, and Original and Selected; the Spirit of the Public Journals; Discoveries in the Arts and Sciences; New Facts in Natural History, &c, J. Limbird, , p. 383
- Farr 1958, p. 158.
- International exhibition 1862, p. 8.
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- (en) « Measuring Worth - Annual RPI and Average Earnings for Britain », sur Measuring Worth (consulté le )
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- Jameson 1844, p. 214.
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- (en) « The World before the Flood • Art UK », sur Art UK (consulté le )
- Farr 1958, p. 157-158.
- (en) « Sketch for 'The World Before the Flood' • York Museums Trust », sur York Museums Trust, (consulté le )
- Burnage 2011, p. 113-115.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- (en) Sarah Burnage, William Etty: Art and Controversy, Bloomsbury USA, (ISBN 0856677019).
- (en) Dennis Farr, William Etty, Londres, Routledge & Paul, coll. « English master painters », , 217 p.
- (en) Richard Green, William Etty: Art and Controversy, Bloomsbury USA, .
- (en) Harvard University, Companion to the Most Celebrated Private Galleries of Art in London ..., Saunders and Otley, (lire en ligne).
- (en) International exhibition, Illuminated guide to the International exhibition, (lire en ligne).
- (en) Leonard Robinson, William Etty: The Life and Art, McFarland, (ISBN 978-0-7864-2531-0).
- (en) Alison Smith, Exposed: The Victorian Nude, Tate Publishing, 2001a (ISBN 978-1-85437-372-4).
- (en) Alison Smith, Art in the Age of Queen Victoria: A Wealth of Depictions, Russell-Cotes Art Gallery and Museum, 2001b (ISBN 978-0-85331-829-3).
- (en) Alison Smith, The Victorian Nude: Sexuality, Morality, and Art, Manchester University Press, (ISBN 978-0-7190-4403-8).