Le Chef-d'œuvre inconnu

nouvelle de la Comédie humaine

Le Chef-d’œuvre inconnu est une nouvelle d’Honoré de Balzac publiée dans le journal L'Artiste sous le titre Maître Frenhofer, en août 1831, puis, toujours dans le même journal, sous le titre Catherine Lescault, conte fantastique, la même année. Parue une nouvelle fois dans les Études philosophiques, en 1837, elle est intégrée à La Comédie humaine en 1846. Cette nouvelle est séparée en deux chapitres : Gillette[1] et Catherine Lescault[2].

Le Chef-d’œuvre inconnu
Image illustrative de l’article Le Chef-d'œuvre inconnu
Illustration de Pierre Vidal.
Publication
Auteur Honoré de Balzac
Langue Français
Parution Drapeau de la France France, 1831,
dans L'Artiste
Recueil
Études philosophiques de La Comédie humaine
Intrigue
Genre Étude philosophique
Date fictive 1612
Lieux fictifs Paris
Personnages Frenhofer, vieux maître
Pourbus, peintre reconnu
Nicolas Poussin, jeune peintre
Gillette, amoureuse de Poussin
Nouvelle précédente/suivante

Le Chef-d’œuvre inconnu constitue une réflexion sur l’art.

Incipit :

« Vers la fin de l’année 1612, par une froide matinée de décembre, un jeune homme dont le vêtement était de très mince apparence, se promenait devant la porte d’une maison située rue des Grands-Augustins, à Paris. »

Résumé

modifier

Le jeune Nicolas Poussin, encore inconnu, rend visite au peintre Porbus dans son atelier. Il est accompagné du vieux maître Frenhofer, qui émet de savants commentaires sur le grand tableau que Porbus vient de terminer. Il s’agit de Marie l'Égyptienne, dont Frenhofer fait l’éloge, mais qui lui paraît incomplet. En quelques coups de pinceau, le vieux peintre métamorphose le tableau de Porbus au point que Marie l’Égyptienne semble renaître après son intervention. Toutefois, si Frenhofer domine parfaitement la technique, il lui manque, pour son propre ouvrage, La Belle Noiseuse, toile à laquelle il travaille depuis dix ans, le modèle en art idéal, une femme qui lui inspirerait la perfection vers laquelle il tend sans jamais l’atteindre. Ce futur chef-d’œuvre, que personne n’a encore jamais vu, serait le portrait de Catherine Lescault.

Nicolas Poussin propose au vieux maître de faire poser la femme qu’il aime : la belle Gillette, ce que Frenhofer accepte. La beauté de Gillette l’inspire à tel point qu’il termine La Belle Noiseuse très rapidement. Mais, lorsque Poussin et Porbus sont conviés à l’admirer, ils n’aperçoivent sur la toile qu’une petite partie d’un pied magnifique perdu dans une débauche de couleurs. La déception qui se lit sur leurs visages pousse le maître au désespoir. Le lendemain, Frenhofer brûle toutes ses toiles avant de périr dans l’incendie de son atelier.

Adaptations

modifier

Picasso et Le Chef-d’œuvre inconnu

modifier
 
Plaque commémorative du 7, rue des Grands-Augustins.

Ambroise Vollard propose en 1931 à Picasso d’illustrer Le Chef-d’œuvre inconnu.

L’histoire, qui met en scène le vieux peintre Frenhofer, permet à Picasso, fasciné par le texte, de s’identifier d’autant plus aisément à celui-ci que l’atelier de Frenhofer se situe non loin de celui de Pourbus, rue des Grands-Augustins.

Peu de temps après la proposition de Vollard, Picasso va d'ailleurs louer un atelier au numéro 7 de cette même rue, où il peindra son chef-d’œuvre, Guernica. Picasso demeura dans cet atelier pendant la Seconde Guerre mondiale.

Une plaque commémorative sur la façade rappelle ces deux épisodes.

Jacques Rivette et La Belle Noiseuse

modifier

Le Chef-d’œuvre inconnu a inspiré à Jacques Rivette le film La Belle Noiseuse en 1991. C'est Bernard Dufour qui « tenait le pinceau » de l'artiste.

Exposition

modifier

Voir aussi

modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

modifier
  • Michel Serres, Genèse, Grasset, 1982, p. 26-52.
  • Françoise Pitt-Rivers, Balzac et l'art, Éditions du Chêne, 1993.
  • Marc Eigeldinger, La Philosophie de l'art chez Balzac, Slatkine Reprints, (ISBN 2-05-101604-6).
  • René Guise, Autour du « Chef-d'œuvre inconnu » de Balzac, École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD), 1985 (ISBN 2905710004).
  • Jean Adhémar, « Balzac, sa formation artistique et ses initiateurs successifs », Gazette des beaux-arts, , p. 231-242.
  • « Balzac et l’image », L’Année balzacienne, 2004, Paris, PUF.
  • Véronique Bartoli-Anglard « L’art et l’idéal dans Le Chef-d’œuvre inconnu de Balzac », L’École des lettres, , p. 21-44.
  • Geneviève Dewulf, « Balzac et l’œuvre d’art (Le Chef-d’œuvre inconnu ; Gambara ; Massimilla Doni) », in L’Œuvre d’art. Balzac, Proust, Rilke, Presses universitaires de Nancy, 1993, p. 145-179.
  • Delphine Gleizes, « “Copier, c’est vivre”. Des valeurs de l’œuvre d’art dans le roman balzacien », L’Année balzacienne, 2004, « Balzac et l’image », p. 151-167.
  • Pierre Laubriet, L’Intelligence de l’art chez Balzac. D’une esthétique balzacienne, Genève/Paris, Slatkine Reprints, 1980, 578 p. [réimpr. de l’éd. Didier, 1961].
  • (de) Claudia Laurich, Der französische Malerroman, Institut für Romanistik der Universität Salzburg, 1983 [sur Balzac, p. 24-37].
  • Scott Lee, "Rester à pied d'oeuvre: "Le Chef-d'oeuvre inconnu" ou l'excès du performatif". In Scott Lee, Traces de l'excès. Essai sur la nouvelle philosophique de Balzac, Paris, Honoré Champion, 2002, p. 49-75.
  • (it) Maria-Giulia Longhi, « Balzac e il collezionismo », Quaderni dell’ Istituto di lingue e letterature neolatine [Milan], Sezione francese, no 1, 1981, p. 1-17.
  • Raymond Mahieu, « Honoré de Balzac, Le Chef-d’œuvre inconnu, Gambara, Massimilla Doni », in L’Œuvre d’art. Honoré de Balzac, « Le Chef-d’œuvre inconnu », « Gambara », «Massimilla Doni » ; Marcel Proust : « À l’ombre des jeunes filles en fleurs » ; Rainer-Maria Rilke, « Lettres à un jeune poète », Berlin, 1993, p. 5-54.
  • Isabelle Mimouni, Balzac illusionniste. Les arts dans l’œuvre de l’écrivain, Paris, Adam Biro, 1999, 127 p.
  • Kôhei Sawasaki, « Théorie de l’art chez Balzac », Annales des sciences humaines, 1964, no 39.
  • Max Andréoli, « Sublime et parodie dans les Contes artistes de Balzac », L'Année balzacienne, 1994, no 15, p. 7-38.
  • Véronique Bartoli-Anglard, « L’art et l’idéal dans Le Chef-d’œuvre inconnu de Balzac », L’École des lettres, , p. 21-44.
  • Claude E. Bernard, « La problématique de “l’échange” dans Le Chef-d’œuvre inconnu d’Honoré de Balzac », L’Année balzacienne, 1984, no 4, p. 201-213.
  • (en) Kevin Bongiorni, « Balzac, Frenhofer, Le Chef-d’œuvre inconnu : Ut Poesis Pictura », Mosaic, , no 33, vol. 2, p. 87-99.
  • (en) Helen Osterman Borozowitz, « Balzac’s unknown masters : Le Chef-d’œuvre inconnu », The Impact of art on French literature. From de Scudéry to Proust, Newark, University of Delaware Press, 1985, p. 130-146.
  • Jean-Loup Bouget, « Balzac et le pictural », The Romanic Review, , p. 286-295.
  • (en) Adam Bresnick, « Absolute Fetishism: Genius and Identification in Balzac’s Unknown Masterpiece », Paragraph, , no 17, vol. 2, p. 134-152.
  • Michel Brix, « Frenhofer et les chefs-d’œuvre qui restent inconnus », Écrire la peinture entre XVIIIe et XIXe siècles, Clermont-Ferrand, France, PU Blaise Pascal, 2003, p. 241-252.
  • Michel Butor, « L’atelier du peintre : Le Chef-d’œuvre inconnu », Energeia, , no 2, p. 5-29.
  • Thierry Chabanne, « Picasso illustre Le Chef-d’œuvre inconnu », Autour du « Chef-d’œuvre inconnu » de Balzac, École nationale supérieure des Arts décoratifs, p. 99-117.
  • (en) Wayne Conner, « Balzac’s Frenhofer », Modern Language Notes, , no 69, vol. 5, p. 335-338.
  • (en) Arthur C. Danto, « The Unknown Masterpiece by Honoré de Balzac », Unknown Masterpieces: Writers Rediscover Literature’s Hidden Classics, New York, New York Review Books, 2003, p. 13-33.
  • Yvette Went-Daoust, « Le Chef-d’œuvre inconnu de Balzac ou l’écriture picturale », Description-écriture-peinture, Gronigen, Univ. of Gronigen, 1987, p. 48-64.
  • Éric Darragon, « Remarques sur Manet et l’esthétique du Chef-d’œuvre inconnu », Autour du « Chef-d’œuvre inconnu, p. 85-94.
  • Véronique Cnockaert, « Penser l’image sous le signe de la chasse : Lecture du mythe de Diane dans Le chef-d’œuvre inconnu de Balzac », Études françaises, vol. 54, n° 2, 2018, p. 45-55 (lire en ligne).
  • Alain-Philippe Durand, « Grassou et Frenhofer : chef-d’œuvre connu ou inconnu ? », Romance Quarterly, été 1997, no 44, vol. 3, p. 131-142.
  • Pierre Erler, « Le dernier coup de pinceau », Autour du « Chef-d’œuvre inconnu, p. 133-147.
  • (en) Arthur R. Evans, « Balzac and Maître Frenhofer, an iconographic note », Romance Notes, vol. 5, 1963.
  • Jean-Luc Filoche, « Le Chef-d’œuvre inconnu: peinture et connaissance », Acta Baltica, 1980, no 1, p. 47-59.
  • Tim Frarrant, « Balzac, du pittoresque au pictural », L’Année balzacienne, 2004, Balzac et l’image, p. 113-135.
  • Juliette Frolich, « Devenir des personnages-peintres dans La Comédie humaine », Balzac et la peinture, Tours, Farrago, 1999, p. 83-97.
  • (en) Eric Gans, « Balzac’s Unknowable Masterpiece and the Limits of the Classical Esthetic », MLN, , no 90, vol. 4, p. 504-516.
  • Gérard Gengembre, « Les peintres fictifs dans La Comédie humaine », Balzac et la peinture, Tours, Farrago, 1999, p. 63-71.
  • (en) Margaret Gilman, « Balzac and Diderot: Le Chef-d’œuvre inconnu », PMLA, , no 65, vol. 4, p. 644-648.
  • Adrien Goetz, « Frenhofer et les maîtres d’autrefois », L’Année balzacienne, 1994, no 15, p. 69-89.
  • Éric Hoppenot, « Le Chef-d'œuvre inconnu », texte présenté et annoté, éd. Nathan, coll. « Carrés Classiques », 2006.
  • Jad Hatem, « L’anticipation de l’abstrait : lecture du Chef-d’œuvre inconnu de Balzac », Études classiques, 1999, no 67, vol. 1, p. 57-61.
  • Michael D. Houston, « L’artiste comme prostituée dans Le Chef-d’œuvre inconnu d’Honoré de Balzac », Romance Notes, automne 1996, no 37, vol. 1, p. 89.
  • (en) Jon Kear, « “Frenhofer, c’est moi”: Cézanne’s Nudes and Balzac’s Le Chef-d’œuvre inconnu », Cambridge Quarterly, 2006, no 35, vol. 4, p. 345-360.
  • (de) Marianne Kesting, « Das imaginierte Kunstwerk: E. T. A. Hoffmann und Balzacs Chef-d’œuvre inconnu, mit einem Ausblick auf die gegenwärtige Situation », Romantik-Eine lebenskräftige Krankheit: Ihre literarischen Nachwirkungen in der Moderne, Amsterdam, Rodopi, 1991, p. 38-62.
  • (en) Diana Knight, « From Painting to Sculpture: Balzac, Pygmalion and the Secret of Relief in Sarrasine and The Unknown Masterpiece », Paragraph, , no 27, vol. 1, p. 79-95.
  • (en) Marie Lathers, « Modesty and the Artist’s Model in Le Chef-d’œuvre inconnu », Symposium, printemps 1992, no 46, vol. 1, p. 49-71.
  • Pierre Laubriet, Un catéchisme esthétique : Le Chef-d’œuvre inconnu de Balzac, Paris, Didier, 1961.
  • (en) Paisley Livingston, « Counting Fragments, and Frenhofer’s Paradox », British Journal of Aesthetics, , no 39, vol. 1, p. 14-23.
  • (en) Dominik Müller, « Self-Portraits of the Poet as a Painter: Narratives on Artists and the Bounds between the Arts (Hoffmann-Balzac-Stifter) », Text into Image: Image into Text, Amsterdam, Rodopi, 1997, p. 169-174.
  • (en) Wendy Nolan, « Frenhofer’s Suicide and the Downfall of the Baron Gros », Symposium, été 2000, no 54, vol. 2, p. 90-112.
  • William Paulson, « Pour une analyse dynamique de la variation textuelle : le Chef-d’œuvre trop connu », Nineteenth-Century French Studies, printemps 1991, no 19, vol. 3, p. 404-416.
  • (en) Thomas E. Peterson, « “Le dernier coup de pinceau”: Perception and Generality in Le Chef-d’œuvre inconnu », Romanic Review, , no 88, vol. 3, p. 385-407.
  • (en) Lawrence R. Schehr, « The Unknown Subject: About Balzac’s Le Chef-d’œuvre inconnu », Nineteenth-Century French Studies, été-automne 1984, nos 12-13, vol. 4-1, p. 58-69.
  • Héléna Shillony, « En marge du Chef-d’œuvre inconnu: Frenhofer, Appelle et David », L’Année balzacienne, 1982, no 3, p. 288-290.
  • Jacqueline Spaccini, « Le peintre dans l’univers du roman : les antécédents ou de l’archéologie », Studia Romanica et Anglica Zagrabiensia, 2004, no 49, p. 79-111.
  • (en) Scott M. Sprenger, « Balzac, Painting and the Problem of Romanticism », Romanticism Across the Disciplines, Lanham, UP of America, 1998, p. 155-184.
  • (en) Juliana Starr, « Objects of Desire: Women and the Visual Arts in nineteenth-century », French Narrative, Indiana University, 1996, thèse dirigée par Rosemary Lloyd.
  • Victor I. Stoichita, « Le Chef-d’œuvre inconnu et la présentation du pictural », La Présentation, Paris, Centre nat. recherche scientifique, 1985, p. 77-91.
  • Sigbrit Swahn, « Le Chef-d’œuvre inconnu, récit hoffmannesque de Balzac », Studia Neophilologica, , no 76, vol. 2, p. 206-214.
  • Bruce Watson, « Frenhofer au féminin : palimpseste et parodie balzacienne dans High Art de Lisa Cholodenko », RLA, 1999, no 11, p. 133-137.
  • (en) Alexandra K. Wettlaufer, « Balzac and Sand: Sibling Rivalry and the Sisterhood of the Arts in Le Chef-d’œuvre inconnu and Les Maîtres mosaïstes », George Sand Studies, 1999, no 18, vol. 1-2, p. 65-85.
  • (en) Alexandra K. Wettlaufer, Pen vs. Paintbrush: Girodet, Balzac and the Myth of Pygmalion in Postrevolutionary France, New York, Palgrave, 2001.
  • Peter Whyte, « Le Chef-d’œuvre inconnu de Balzac : esthétique et image », Text(e)/image, Durham, University of Durham, 1999, p. 95-114.
  • Bernard Vouilloux, « “Frenhofer, c’est moi”. Postérité cézannienne du récit balzacien », Tableaux d’auteurs. Après l'« Ut pictura poesis », Saint-Denis, Presses universitaires de Vincennes, 2004, p. 73-119.
  • Bernard Vouilloux, « Balzac en peintre », Le Tournant « artiste » de la littérature française. Écrire avec la peinture au XIXe siècle, Paris, Hermann, 2011, p. 111-179.

Notes et références

modifier

Liens externes

modifier