Lambèse

bâtiment en Afrique
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Lambèse, officiellement Lambèse-Tazoult (latin : Lambaesis), est une ville militaire d'Afrique romaine se situant au nord-est de l’Algérie sur le territoire de la commune de Tazoult dans la région des Aurès, à 10 km à l'est de Batna, sur la route de Timgad et de Khenchela.

Lambaesis
Image illustrative de l’article Lambèse
Lambèse, garnison de l'Afrique romaine.
Localisation
Pays Drapeau de l'Algérie Algérie
Lieu Lambaesis
Type Prétoire
Coordonnées 35° 29′ 25″ nord, 6° 15′ 17″ est
Histoire
Époque Afrique romaine,
République romaine
Construit par Titus.
Géolocalisation sur la carte : Algérie
(Voir situation sur carte : Algérie)
Lambaesis
Lambaesis

Historique

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Localisation de Lambèse dans l'Afrique romaine.

L’agglomération de Lambaesis eut comme premier élément un camp de 200 mètres édifié en 81 par la IIIe Légion Augusta, un deuxième de deux hectares est construit un peu plus tard, et un troisième très peu après. Les lieux sont inspectés par l’empereur Hadrien en 128[1].

L’agglomération civile se développe autour des bâtiments militaires peuplés de soldats et d’autres catégories de personnel tel l’officum.

Les ingénieurs militaires ont aidé à la construction des édifices du Lambèse civil.

À partir de la deuxième moitié du IIIe siècle, sous Septime Sévère, le statut juridique de la ville change : de simple municipe elle est élevée au rang de colonie et devient ainsi la capitale de la Numidie.

La légion est dissoute en 238, à la suite de troubles liés à la nomination de l’empereur Gordien Ier, privant la cité de son soutien économique majeur. Quelques décennies plus tard Lambèse perd son titre de capitale en raison de la restructuration politique de 315. Constantin regroupe les deux Numidies et en transfère le chef-lieu à Cirta.

Détruite au Ve siècle par les berbères, Lambèse rétrograde en une bourgade de seconde zone, tandis que ses monuments vont traverser miraculeusement les siècles.

Selon les spécialistes[Qui ?], la « ville offre le visage d'un urbanisme complexe et rare, où l'on peut observer le rôle des camps de légionnaires dans l'urbanisation des territoires avancés de l'Empire ».

Archéologie romaine

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Les fouilles durant la colonisation française

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Les fouilles de la ville antique commencent en 1848, dirigées par le colonel du 2e régiment de la Légion étrangère, Carbuccia[2].

Géographiquement, les vestiges sont éclatés en trois sites majeurs. À l'ouest entre la route nationale et le pénitencier de Tazoult, les ruines d'un vaste camp, dont tout le quartier nord et une partie du quartier est sont dégagés. À l'intersection de deux grandes voies orientées ouest-est et nord-sud, s'élève la masse imposante d'un bâtiment rectangulaire percé de larges baies en plein cintre, orné de pilastres et de colonnes corinthiennes, dont il ne manque que le toit. Les clés des arcades sont rehaussées de sculptures; Victoires, Aigles, figures allégoriques tenant la corne et la patère, symboles de la Pax Romana. Longtemps appelé Prétoire, à tort, il s'agit du bâtiment central des principia, fondé en 128 et restauré en 267. Il était traversé par la via principalis[3]. Derrière s'étend une large cour dallée flanquée de portiques et de salles symétriques qui furent des salles d'armes; on y a trouvé des projectiles en pierre et en terre cuite. Plus en arrière, au-dessus de la cour, une basilique à trois nefs, dans laquelle donnaient une série de petites salles. Celle du milieu a dû être le lieu où l'on gardait le trésor de la légion. Au sud-est de ce monument, des thermes dont les salles réservées aux bains chauds sont bien distinctes; à l'est, sur la voie qui mène à Timgad, un arc édifié à l'époque de Commode, et plus au sud un amphithéâtre romain construit sous Marc Aurèle, dont les sous-sols sont bien conservés avec les restes de la machinerie des jeux.

À la sortie est de l'agglomération de Tazoult, se dresse un arc à trois baies, construit sous Septime Sévère, qui marquait l'entrée de la ville antique. Sous cet arc passait la voie Septimania (?), voie dallée qui unissait la cité au camp de la légion et qui fut inaugurée vraisemblablement à l'occasion de la visite que fit l'empereur africain, avec sa famille, à Lambaesis en 203. Près de cet arc, de vastes ruines, incomplètement dégagées, correspondant à des thermes romains.

En remontant vers un plateau situé plus au sud, on arrive au cœur même de la cité, avec trois temples. Le temple d'Esculape, très endommagé, est inspiré du modèle que constitue l'Asclépieium d'Epidaure en Grèce dominé par le célèbre temple dorique du dieu guérisseur. Construit pendant le IIe siècle av. J.-C., il a été un établissement médico-religieux utilisé par les soldats romains pour des soins thermaux et sous la protection du dieu qui pouvait contribuer à la guérison[4]. Le Capitole, grand temple dédié aux dieux Jupiter, Junon et Minerve. Enfin, un troisième temple dont on ignore à quelle divinité il était dédié.

Les fouilles post-indépendance

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Une équipe d’archéologues avait découvert au terme des fouilles menées entre 2006 et 2010 la désormais célèbre fresque du sacrifice manqué Phrixos et Hellé puis la fresque de la Tigresse qui ont confirmé la richesse archéologique du site[5].

Durant la période du 3 octobre au 2 novembre 2019, le site a connu une opération de relevé archéologique sur la ville de Lambèse menée par une mission de 40 archéologues et chercheurs d’Algérie et de France dans le cadre d’une convention entre le Centre national de recherche en archéologie (CNRA) côté algérien et le centre national de la recherche scientifique (CNRS) côté français. Cette opération a eu pour objectif de déterminer la superficie réelle du site et son reclassement sur la base des nouvelles données surtout que l’ancien classement effectuée en 1928 sous l’occupation française était imprécis et n’avait pas déterminé la superficie du site[6].

Galerie d'images

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Notes et références

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  1. (en) Dr. David Cherry, Frontier and society in Roman North Africa, Oxford, Oxford University Press, , 291 p., relié (ISBN 978-0-19-815235-4, LCCN 98007230, présentation en ligne)
  2. Carole Dudognon, « Lambèse : une cité militaire et cultuelle antique », paru dans le Bulletin de la Société d’archéologie et d’histoire de Charente-Maritime, no 33, 2006, p. 95, disponible en ligne [1], consulté le 28 septembre 2008
  3. Le terme de praetorium a longtemps été mal employé au sujet du bâtiment central des camps permanents : R. Fellmann, « Principia et praetorium », dans M. Reddé, R. Brulet, R. Fellmann, J.K. Haalebos et S. von Schnurbein dir., Les fortifications militaires, Paris, Bordeaux, 2006, p. 89-91 et figure 72
  4. (fr) Archeologia/Préhistoire et Archéologie anc Archeologia Paris 1985, no201, p. 42-49
  5. « Musée Timgad à Batna : une mosaïque exceptionnelle témoin de la richesse archéologique de Thamugadi », sur emb-argelia.pt, (consulté le ).
  6. « Batna : Reprise des fouilles sur le site archéologique romain Lambaesis », sur algerie360.com, (consulté le ).

Bibliographie

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  • Nacéra Benseddik, L'Asclépieium de Lambèse et le culte d'Esculape en Numidie, Colloquium on North Africa from Antiquity to Islam, Bristol 1994 [1995], p. 16-23.
  • Nacéra Benseddik, Esculape et Hygie: Classicisme et originalité, Hommage à G. Souville, AntAfr, 33, 1997, [1998], p. 143-154.
  • Nacéra Benseddik, Lambèse : l’archéologie de bulldozer, Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, 135, 2001, p. 287-295.
  • Nacéra Benseddik, Lambaesis: un camp, un sanctuaire. Et la ville?, Colloque International sur L'Histoire et l'Archéologie de l'Afrique du Nord, Tabarka, mai 2000, Tunis 2003, p. 165-179.
  • Nacéra Benseddik, Esculape, Hygie et la IIIe légion Auguste, Convegno di Studio sull'Africa Romana, Tozeur, décembre 2002 [2004], p. 1365-1372.
  • Nacéra Benseddik, Esculape et Hygie. Les cultes guérisseurs en Afrique, Colloque de la Sophau sur L’Afrique romaine du Ier siècle av. J.-C. au IVe siècle ap. J.-C., Poitiers1-3 avril 2005, [2005], p. 271-288.
  • Nacéra Benseddik, Notice « Lambèse », Dictionnaire du Monde antique, Paris, PUF, 2005.Michel Janon, « Recherches à Lambèse. I- La ville et les camps », Antiquités Africaines, 7, 1973, p. 193-221.
  • Nacéra Benseddik, Le piémont nord de l’Aurès et les cultes chthoniens, colloque de Khenchela juin 2005, Aouras 3, Paris 2006, p. 343-364.
  • Nacéra Benseddik, Lateinische Epigraphik und Ideologien : der Fall Algerien, Archäologie und Epigraphik. Ein Dialog zum 150jährigen Bestehen des Corpus Inscriptionum Latinarum, Berlin 21-22 novembre 2003,Archäologischer Anzeiger, hb 1, 2006, p. 61-71.
  • Nacéra Benseddik, Les dieux de la Numidie Militaire, dans Urbanisme et urbanisation en Numidie Militaire, CEROR 34, Paris 2009, p. 239-285.
  • Mounir Bouchenaki, Cités antiques d'Algérie, collection Art et Culture no 12, Alger, Ministère de l'Information et de la Culture, 1978 (114 p.) (ISBN 84-399-7904-5)
  • Agnès Groslambert, Lambèse sous le Haut-Empire. (Ier – IIIe siècles) Du camp à la cité, Paris, 2011.
  • Michel Janon, « Recherches à Lambèse. II- Aquae Lambaesitanae », Antiquités Africaines, 7, 1973, p. 222-254.
  • Michel Janon, « Lambèse et l’occupation militaire de la Numidie méridionale » (Xe Congrès international d’études des frontières romaine, septembre 1974 Xanten-Nimègues), Studien zu den Militärgrenzen Roms, Cologne-Bonn, 1977, p. 473-485,
  • Michel Janon, « Lambaesis, eine Überblick », Antike Welt, 1977, p. 2-21.
  • Michel Janon, « À propos de l’Asclepieium de Lambèse (Numidie) », (Xe Congrès international d’études des frontières romaines, septembre 1977, Szekesfehérvar), Akten des XI internationalen Limeskongress, Budapest, 1977, p. 705-719.
  • Jean-Marie Gassend. et Michel Janon, « La colonne d’Hadrien à Lambèse », Bulletin d’Archéologie Algérienne, 9, 1977-1979, p. 239-206.
  • Jean-Claude Golvin et Michel Janon, « L’amphithéâtre de Lambèse (Numidie) », (Comité des Travaux Historiques et Scientifiques, novembre 1978), Bulletin Archéologique du Comité, 1980, p. 165-189.
  • Michel Janon, « Soldats et agriculteurs » (Vanier lectures), Ottawa, mars 1980), Revue de l’Université d’Ottawa, 52 (1982), p. 47-53 ; repris dans C. Wells (éd.), L’Afrique romaine, Ottawa, 1982, p. 51-67.
  • Michel Janon, « Recherches à Lambèse. III- Essai sur le temple d’Esculape », Antiquités Africaines, 21, 1985, p. 35-102.
  • Michel Janon, « Le temple d’Esculape à Lambèse », Archeologia, 201, 1985, p. 42-49.
  • Sandrine Agusta-Boularot et Michel Janon, « In Lambæsem defluxit Nilus », Théorie et pratique de l’architecture romaine (Études offertes à Pierre Gros), Aix-en-Provence, 2005, p. 117-131.
  • Michel Christol et Michel Janon, « Religio iuxta Aesculapium », Antiquités Africaines, 38-39, 2002-2003, p. 73-86.
  • Michel Janon, avec aquarelles de Jean-Marie GASSEND, Lambèse, capitale militaire de l'Afrique romaine, Éditions de la Nerthe, 2005.
  • Michel Janon, Article « Numidie », Dictionnaire de l’Antiquité, Paris, PUF, 2005, p. 1546-1547.
  • Michel Janon, Article « Lambèse », Encyclopédie berbère, sous presse.
  • Amina-Aïcha Malek, « Nouvelles découvertes à Lambèse Tazoult, Algérie », Dossiers d'Archéologie, no 346, Mosaïque antique, 2011, p. 26-32.
  • Amina-Aïcha Malek, « Les chefs-d'œuvre de la mosaïque figurée du Maghreb central », Dossiers d'Archéologie, no 412, Mosaïque antique et son contexte, 2022, p. 228-31.

Voir aussi

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Articles connexes

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Antiquité romaine

Liens externes

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