Ladj Ly

réalisateur et scénariste français

Ladj Ly (/ladʒ li/[1]), né le à Paris, est un réalisateur, scénariste et producteur français. Il est connu pour avoir réalisé Les Misérables, sorti en 2019.

Ladj Ly
Ladj Ly à l'avant-première du film Les Misérables, au Gaumont Wilson de Toulouse, en 2019.
Biographie
Naissance
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Lyly Films (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Œuvres principales

Biographie

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De parents d'origine malienne d'ethnie peul (père éboueur, 13 enfants [2]), Ladj Ly grandit à Montfermeil dans le quartier des Bosquets. Passionné de vidéo, il tourne ses premiers films dans son quartier avec ses amis Kim Chapiron, Romain Gavras, Toumani Sangaré, fondateurs du collectif Kourtrajmé[3].

Il réalise ses premières vidéos, notamment pour Oxmo Puccino, et ses premiers documentaires, 365 Jours à Clichy-Montfermeil, tourné après des émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, Go Fast Connexion, 365 jours au Mali. Il filme également des cop watchs lors d'arrestations violentes.

En 2009, Ladj Ly est impliqué dans une affaire d'enlèvement et de séquestration, ce qui lui vaut en une condamnation à trois ans de prison[4], peine réduite en appel à trois ans de prison dont un avec sursis[5]. Il est aussi condamné en 2011 et 2012 pour outrage à agent public et des violences contre l'homme politique Xavier Lemoine[6].

Les violences policières filmées inspirent à Ladj Ly le court-métrage Les Misérables : un policier de la BAC de Montfermeil dont la première intervention dérape, sous l’œil d’une caméra[7]. Le film reçoit de nombreuses récompenses notamment au festival international du court métrage de Clermont-Ferrand et une nomination au César du meilleur court métrage en 2018. Toujours en 2018, il est nommé pour le César du meilleur documentaire avec À voix haute : La Force de la parole, co-réalisé avec Stéphane de Freitas, et qui traite du concours d'éloquence Eloquentia[8],[9],[10].

En 2018, Ladj Ly crée à Montfermeil une école gratuite des métiers du cinéma au sein des Ateliers Médicis, l'école Kourtrajmé[11].

La même année, il tourne son premier long métrage, Les Misérables. Il s'agit d'une adaptation de son court-métrage du même titre. Ly réalise ce film en réaction à une bavure policière sur un jeune homme noir à Montfermeil en Seine-Saint-Denis, le , qu'il avait alors filmée[12]. Le film, sélectionné au festival de Cannes 2019 en compétition officielle et récompensé par le prix du jury, fait un état des lieux des banlieues vingt-cinq ans après La Haine de Mathieu Kassovitz[13].

L’œuvre reçoit un accueil favorable lors de la projection officielle. En , le film franchit 1,4 million d'entrées en salles et figure parmi les dix demi-finalistes de l'Oscar du meilleur film international, quand éclate une polémique sur le passé du réalisateur, qui aurait pu menacer ses chances de figurer dans la sélection finale des Oscars[14],[5]. L'Oscar revient finalement à Parasite du sud-coréen Bong Joon-ho[15].

En 2022, il est membre du jury au festival de Cannes sous la présidence de son compatriote Vincent Lindon. Il commence également le tournage de son second long métrage, Bâtiment 5 (initialement titré Les Indésirables, en clin d'oeil à son premier film). Il est présenté en avant-première au festival international du film de Toronto 2023.

Affaires judiciaires

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Amendes en 2009 et 2012

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La veille de sa condamnation, le , il est condamné à 400  d’amende pour des « commentaires outrageants » à l’encontre de policiers dont il avait filmé une intervention violente, avant de mettre en ligne ces images[6],[16].

En 2012, Ladj Ly est également condamné à 90 jours-amende à cinq euros pour outrage sur personne dépositaire de l’autorité publique et violence sur personne chargée d'une mission de service public, en l'occurrence le maire UMP de Montfermeil, Xavier Lemoine[6]. L’outrage est consécutif à l’incendie qui avait coûté la vie à une fillette de neuf mois (la petite-cousine de Ly[5]), le , dans le quartier des Bosquets, où réside Ladj Ly. Cet événement l’avait vivement interpellé à propos des conditions de relogement des sinistrés, et il en avait fait grief à l'élu[6]. En 2019, cette animosité passée est révolue[5].

Condamnations en 2011 et 2012

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Un proche de Ladj Ly, Amad Ly, avec qui il n'a aucun lien de parenté[5], apprend au Sénégal que sa sœur entretient des relations sexuelles avec le mari de leur cousine[4],[17]. De retour en France, Amad demande des explications à sa sœur, qui nie cette relation[4]. Dans la nuit du 13 au , il la frappe, lui casse un doigt et lui cause un traumatisme crânien[4]. Avec son frère Mamoudou ainsi que Ladj, le trio retrouve ensuite le compagnon de sa cousine[4]. L'homme est enfermé dans le coffre d'une voiture, amené dans une forêt, frappé et menacé, mais il parvient à s'échapper[17],[4].

La victime est retrouvée le lendemain matin par un fermier[4]. Blessé notamment au visage, une incapacité totale de travail de dix jours lui est prescrite[4]. Le [6], les suspects sont jugés. Le parquet requiert quatre ans de prison pour Amad Ly, deux ans pour Mamoudou Ly et un an pour Ladj Ly. Les peines sont plus sévères : Amad étant condamné à cinq ans de prison, alors que Mamadou et Ladj sont condamnés à trois ans de prison ferme[18]. La condamnation de Ladj Ly est confirmée en appel l'année suivante, mais sa peine réduite à deux ans de prison ferme et un an avec sursis[6],[19]. Il est alors maintenu en détention[6].

À l'époque, ces procès sont relatés par la presse locale et nationale[18], avant d'être remis en lumière après le succès public des Misérables par le magazine Causeur[20]. Mais contrairement à ce qu'affirment certains titres de presse, Ladj Ly n'a jamais été condamné pour « tentative de meurtre », mais pour complicité « d’enlèvement » et « séquestration », faits qu'il a toujours niés lors des procès, alors que les charges de tentative d'assassinat et de violences aggravées avaient été abandonnées par l'accusation[5]. Le , Ladj Ly porte plainte pour « diffamation » et « diffamation raciale » contre les magazines Causeur et Valeurs actuelles[5],[19]. Les deux titres de presse sont relaxés en avril 2022[21].

Condamnation en 2024

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Dans le cadre d'une enquête pour abus de confiance et détournement de biens sociaux avec blanchiment, une perquisition est effectuée dans les locaux de la Cité des arts visuels, créée par Ladj Ly[22]. Il est placé en garde à vue durant 24 heures et ressort libre le [23].

En 2022, il est toujours soupçonné d'avoir détourné environ 300 000  de l'école de cinéma Kourtrajmé[24] ainsi que son frère Amadou Ly, président de l’association Cité des arts visuels qui gère l'école[25]. Les enquêteurs estiment « qu’environ 285 000 euros auraient été détournés des caisses de l’association qui gère l’école – abondées par des financements publics et privés –, et près de 50 000 euros l’auraient été du compte de la société de production Lyly Films, coproductrice », relate Mediapart[25].

En 2024, Ladj Ly reconnaît sa culpabilité et s’acquitte d’une amende de 50 000 euros afin d'éviter un procès. Son frère accepte à son tour une peine de six mois de prison avec sursis et 100 000 euros d’amende[26].

Filmographie

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Réalisateur

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Documentaires

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Courts métrages

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  • 2008 : Go Fast Connexion[31]
  • 2017 : Les Misérables

Longs métrages

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Scénariste

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Publication

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Distinctions

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Récompenses

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Nominations

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Notes et références

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  1. Prononciation en français de France standardisé retranscrite selon la norme API.
  2. Christophe BOLTANSKI, « Clichy et maintenant », sur Libération (consulté le )
  3. Carole Sterlé, « Montfermeil : Ladj Ly dans la cour des grands, à Cannes ! », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. a b c d e f g et h Agence France-Presse, « Amad Ly, ex 'porte-parole' des quartiers, condamné à 5 ans de prison », sur paris.maville.com (consulté le ).
  5. a b c d e f et g Robin Korda, « Ladj Ly, réalisateur des «Misérables», condamné à la prison : trois questions sur la polémique », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  6. a b c d e f et g Cédric Mathiot et Fabien Leboucq, « Ladj Ly a-t-il fait de la prison pour tentative de meurtre, comme l'écrivent “Causeur” et “Valeurs actuelles” ? », sur Libération.fr, (consulté le ).
  7. Eva Bettan, « Ladj Ly : Mon film est un cri d'alarme. Attention, la prochaine révolution viendra des banlieues », sur France Inter (consulté le ).
  8. Serge Kaganski, « À voix haute. La force de la parole », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. Carole Sterlé, « Montfermeil : « Les Misérables de Ladj Ly, primé à Clermont-Ferrand », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. « Ladj Ly porte la voix des banlieues aux César », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  11. Carole Sterlé, « Clichy - Montfermeil : le cinéaste Ladj Ly forme la relève », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. Véronique Cauhapé, « Festival de Cannes 2019 : “Les Misérables”, électrochoc sur La Croisette », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. Catherine Balle, « Cannes 2019 : avec le film choc Les Misérables, la banlieue s’invite sur le tapis rouge », Le Parisien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. « “Les Misérables” de Ladj Ly, un peu plus près des Oscars », sur Télérama.fr (consulté le ).
  15. « Oscars 2020 : quatre récompenses pour Parasite de Bong Joon-ho, dont celle du meilleur film », sur Le Monde, (consulté le ).
  16. « Quand la vidéo sert de preuve », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  17. a et b Robin Cannone et François Aubel, « «Ladj Ly a purgé sa peine»: le réalisateur des Misérables reconnaît avoir fait de la prison », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  18. a et b « Cinq ans de prison pour Amad Ly après des violences », sur leparisien.fr, (consulté le ).
  19. a et b Laurent Carpentier, « Le réalisateur des « Misérables » porte plainte après la publication d’articles sur son passé judiciaire », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  20. Anne-Sophie Nogaret, « Scoop Causeur : Ladj Ly a fait de la prison pour tentative de meurtre », sur Causeur.fr, (consulté le ).
  21. « Poursuivis en diffamation par Ladj Ly, les magazines « Causeur » et « Valeurs actuelles » relaxés », sur lemonde.fr,
  22. « Les locaux de l'association de cinéma créée par le réalisateur Ladj Ly perquisitionnés dans le cadre d'une enquête pour "abus de confiance" et "blanchiment" », sur Franceinfo, (consulté le ).
  23. « Soupçons de blanchiment et abus de confiance : le réalisateur Ladj Ly entendu 24 heures en garde à vue », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  24. Sarah Brethes et Antton Rouget, « Le réalisateur Ladj Ly soupçonné de s’être servi dans les caisses de son école de cinéma », sur Mediapart (consulté le ).
  25. a et b « Ils ont détourné près de 300 000 euros de leur école de cinéma : le réalisateur du film Les Misérables Ladj Ly et son frère condamnés » sur midilibre.fr du 17 juillet 2024.
  26. Sarah Brethes et Antton Rouget, « Détournement de fonds : le réalisateur Ladj Ly évite un procès en payant une amende », sur Mediapart, (consulté le )
  27. « En sol majeur », sur rfi.fr, Radio France internationale (consulté le ).
  28. Diffusé sur France 2, le 15 novembre 2016, dans l’émission Infrarouge.
  29. Marie Poussel, « Le fabuleux destin du documentaire "À voix haute" diffusé sur France 2 » sur Le Parisien, 19 novembre 2016.
  30. « Chroniques de Clichy-Montfermeil : le docu choc de JR et Ladj Ly », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  31. Diane Lisarelli, « Kourtrajmé débauche Charles Villeneuve », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  32. « 28 millimètres. Portrait d’une génération », sur editionsalternatives.com, Éditions Alternatives (consulté le ).

Liens externes

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