Groupe Eclair

studio français de cinéma et d’audiovisuel
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Le Groupe Eclair, anciennement Laboratoires Eclair, basé à Vanves en région parisienne, est un studio de cinéma et d’audiovisuel pratiquant des activités variées dont la restauration de films, la conservation, le sous-titrage d’émissions de télévision, l’étalonnage. Les Laboratoires Éclair étaient, depuis 1907, les principaux laboratoires de développement, de traitement et de tirage de pellicules cinématographiques en France. Leur travail a été récemment orienté vers le numérique, à commencer par la restauration des vieux films.

Laboratoires Éclair
Histoire
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Entre 1908 et 2009 la compagnie possédait également des studios de tournage, situés, comme le laboratoire, à Épinay-sur-Seine.

Il est composé de deux entités : Eclair Cinema et Eclair Media.

La première entité s'occupe de la postproduction cinéma et la restauration de films, la seconde pour les activités d'adaptation et de services à la distribution [1].

Les laboratoires Eclair

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Une action de la Société en 1911.
 
Le studio Éclair au début du XXe siècle.
 
Caméréclair (1928).
 
Éclair 16 NPR (1960).

Créée à Épinay-sur-Seine en 1907 par l'industriel Charles Jourjon (1876-1934) et Ambroise-François Parnaland (1854-1913), la société Éclair se destine dans un premier temps à la production de films : entre 1908 et 1918, Éclair est la troisième firme française après Gaumont et Pathé. Elle emploie de grands réalisateurs, comme Maurice Tourneur et Victorin Jasset, ainsi que des acteurs tels que Charles Krauss, André Liabel, Camille Bardou[2]. La société Éclair s'implante aux États-Unis, à New York en 1909, à Fort Lee en 1911, et enfin à Tucson en 1913. Une filiale est aussi implantée en Allemagne, à Berlin, sous le nom de "Decla" (Deutsche Eclair). Elle prend sous contrat Émile Cohl, pionnier français du dessin animé, à partir de 1912. Mais elle est victime successivement de la mort de Jasset (), de l'incendie de ses studios et laboratoires de Fort Lee (), et de graves problèmes bancaires ; elle perd également Émile Cohl et Maurice Tourneur, qui décident de rester aux États-Unis à la fin de la Première Guerre mondiale.

L'activité de production d'Éclair est reprise en 1919 par Louis Aubert et Marc Sandberg, patrons de la société SIC, puis cesse en 1922[3]. Entre-temps, la société développe une autre activité : la conception et la fabrication de matériel de tournage, et notamment de caméras. C'est Jourjon qui développe la partie laboratoire et la fabrication de caméras d’après les brevets de Jean Mery. C'est ainsi qu'elle lance avec succès en 1920 le Caméréclair pour faire front à la caméra d'André Debrie : le Debrie Parvo L. Parallèlement, ses studios sont loués à d'autres maisons de production et accueillent d'autres réalisateurs (par exemple pour Luitz-Morat, Jacques Feyder, Marcel L'Herbier ou Jean Epstein).

 
Le Caméflex, magasin de pellicule enlevé.
 
Emil-Edwin Reinert à l'œilleton d'un Caméréclair Studio pour Quai de Grenelle (1950).

L'activité de production d'Éclair reprend en 1928. En 1929, il est produit sous son enseigne l'un des premiers films sonores, Le Collier de la reine, réalisé par Gaston Ravel. À la mort de Charles Jourjon en 1938, son beau-fils Jacques Mathot lui succède et rachète les studios Tobis d'Epinay-sur-Seine, où sont tournés Le Million de René Clair (1931) et La Kermesse héroïque de Jacques Feyder (1935).

En 1947, Éclair lance une caméra 35 mm à magasins de 300 mètres, le Caméréclair Studio, lourde caméra de studio, qu'une visée reflex perfectionnera en 1952, sous l'appellation Camé 300 Reflex. Elle innove surtout avec la caméra Caméflex (appelée Camerette aux États-Unis), appareil portatif et pratique qui rencontre un vrai succès[4] et obtient le prix de l'Academy of Motion Pictures américaine trois ans plus tard. Dans les années 1960, son modèle au format 16 mm, la caméra Éclair 16 conçue pour l'ORTF, est également apprécié auprès de certains cinéastes de la Nouvelle Vague, notamment des documentaristes.

L'activité de fabrication de caméras sera rachetée au début des années 1970 par le producteur Harry Saltzman avant d'être vendue dans les années 1980 au principal concurrent d'Éclair, Aaton. La société se diversifie alors avec le traitement de la vidéo et la restauration de films sur pellicules. Parallèlement, les studios d'Épinay accueillent le tournage de nombreux longs métrages.

En , la société Holland Coordinator Italie, propriété de l'homme d'affaires et producteur tunisien Tarak Ben Ammar qui possède en outre 83 % du groupe Quinta Industries[5], principal concurrent d'Éclair via son pôle image (LTC, scanlab, duran, duran duboi et duboicolor), acquiert 43 % du capital d'Éclair en achetant la société Téléclair, détenue jusqu'alors par la famille Dormoy. En décembre de la même année, le groupe Quinta Industries devient l'unique actionnaire du laboratoire en achetant les 57 % restants au fonds d'investissement ETMF2 de BNP Paribas. La filiale d'Éclair Télétota reste la propriété d'ETMF2. La SACD se dit très inquiète de cette concentration[6].

En , Tarak Ben Ammar et son groupe Quinta Industries décident de se désengager de sa participation majoritaire des laboratoires Éclair, GTC, Télétota et Centrimage dans des conditions qui restent obscures. La fusion des plus grands laboratoires cinématographiques français n'a pas lieu, au grand soulagement des producteurs français et de la diversité culturelle française dans son ensemble.

En , les quatre plateaux de tournage cinéma d'Épinay-sur-Seine (un de 1 500 m2, deux de 800 m2 et un de 200 m2) sont cédés au groupe TSF[7].

Le groupe Eclair

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Aujourd'hui, les entités « Laboratoires Éclair », Laboratoire vidéo « Télétota » et « Neyrac Films (laboratoires) » sont regroupées au sein d'une seule société : « Eclair Group ».

Eclair Group a réalisé en 2004 un chiffre d'affaires net consolidé de 97,3 millions d'euros.

Le , Eclair Group est placé en procédure de sauvegarde par le tribunal de Nanterre[8].

En 2011, Eclair group réalise la première restauration 4K en Europe avec Les Enfants du paradis de Marcel Carné pour Pathé.

Avec la signature de nouveaux contrats en 2012, Eclair group décide de spécialiser son site d'Épinay dans ce domaine pour pouvoir traiter plus de 200 films par an.

Le , Eclair Group est racheté par le groupe Ymagis [9]. Les anciennes entités du groupe Éclair disparaissent. Deux nouvelles sociétés sont créées au sein du groupe Ymagis: Eclair Cinema et Eclair Media. La première entité s'occupe de la postproduction cinéma et la restauration de films, la seconde pour les activités d'adaptation et de services à la distribution [1].

En novembre 2018 Ymagis demande le placement de la société Eclair Cinema en redressement judiciaire[10]. En 2017 Eclair Cinema avait atteint un chiffre d'affaires de 10 millions d'euros, enregistré une perte de 549 k€ et employait 99 salariés[11], alors que l'autre entité dégageait un résultat positif de 504 k€ pour 12 millions d'euros de chiffre d'affaires et 116 salariés[12].

Quelques films tournés aux Studios Éclair

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Voir la catégorie:Film tourné aux studios d'Épinay

Notes et références

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  1. a et b Alain Beuve-Méry, « Cinéma : le secteur de la postproduction se concentre », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  2. Encyclopédie du cinéma
  3. Eclair, fleuron de l’industrie cinématographique française, 1907-2007, par Marc Sandberg, Cinémathèque française
  4. (en) Éclair Cameflex sur le site de l'Australian Cinematographer Society
  5. « Duran : En Vrac »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  6. « SACD - Communiqué - Rachat du Groupe Eclair par le Groupe Quinta Communications - La diversité culturelle face à la concentration industrielle »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)
  7. « sonovision.com/news/news.php?n… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  8. « Brèves - sonovisionbroadcast », sur sonovision.com via Wikiwix (consulté le ).
  9. « Ymagis va reprendre Eclair Group », Investir,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. « YMAGIS : Eclair Cinema SAS en redressement judiciaire », Capital.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « ECLAIR CINEMA (MALAKOFF) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 813220837 », sur www.societe.com (consulté le )
  12. « ECLAIR MEDIA (MALAKOFF) Chiffre d'affaires, résultat, bilans sur SOCIETE.COM - 808351712 », sur www.societe.com (consulté le )

Bibliographie

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  • Henri Bousquet, Laurent Mannoni (dir.), « Éclair 1907-1918 [numéro thématique] », 1895, revue d'histoire du cinéma, no 12,‎ , p. 1-192 (lire en ligne)
  • (en) Richard Abel, « Eclair : The Other French Film Company », Griffithiana, nos 44-45,‎ , p. 5-14 (ISSN 0393-3857).
  • (en) Richard Abel, « The Eclair Trademark : From Nick Carter to Zigomar », Griffithiana, no 47,‎ , p. 89-109 (ISSN 0393-3857).
  • (en) Richard Abel, The Ciné Goes To Town : French Cinema 1896-1914, Berkeley / Los Angeles / Londres, University of California Press, , XXIII-568 p. (ISBN 0-520-07935-3).
    Édition mise à jour et augmentée : (en) Richard Abel, The Ciné Goes To Town : French Cinema 1896-1914, Berkeley / Los Angeles / Londres, University of California Press, , XXIII-568 p. (ISBN 0-520-07936-1).
  • (it) Francis Lacassin, « La società Eclair e la letteratura popolare in Europa dal 1908 al 1919 », Griffithiana, no 47,‎ , p. 60-87 (ISSN 0393-3857).
  • Éric Le Roy (dir.) et Laurent Billia (dir.) (préf. Pierre Tchernia), Éclair : un siècle de cinéma à Épinay-sur-Seine, Paris, Calmann-Lévy, , 205 p. (ISBN 2-7021-2444-5).

Liens externes

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