La Ronde (film, 1950)
La Ronde est un film français réalisé par Max Ophüls en 1950. Le scénario du film est tiré de La Ronde, une pièce de théâtre de l'écrivain autrichien Arthur Schnitzler.
Réalisation | Max Ophüls |
---|---|
Scénario |
Jacques Natanson Max Ophüls |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Films Sacha Gordine |
Pays de production | France |
Durée | 93 min (1 h 33) |
Sortie | 1950 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Synopsis
modifierUn narrateur, le « meneur de jeu », présente une série d'histoires tournant autour de rencontres amoureuses ou « galantes ». La « ronde » passe de la prostituée au soldat, du soldat à la femme de chambre, de la femme de chambre au fils de famille, de celui-ci à Emma, la dame mariée, d'Emma à Charles son mari, de Charles à la grisette Anna qui tend la main au poète, qui l'abandonne pour la comédienne qui ne résiste pas au comte, lequel, retournant s'encanailler avec la prostituée, boucle le cercle.
Fiche technique
modifier- Réalisation : Max Ophüls
- Scénario : D'après la pièce La Ronde de l'Autrichien Arthur Schnitzler
- Adaptation : Jacques Natanson, Max Ophüls
- Dialogue : Jacques Natanson
- Assistant réalisateur : Paul Feyder, Tony Aboyantz
- Images : Christian Matras
- Son : Pierre Calvet
- Décors : Jean d'Eaubonne, assisté de Fred Marpaux et Marc Frédérix
- Montage : Leonide Azar, assisté de Suzanne Rondeau
- Opérateur : Alain Douarinou, assisté de Ernest Bourreaud
- Musique : Oscar Straus, adaptation musicale Joe Hajos, (éditions Choudens)
- Compositeur : Louis Ducreux
- Costumes : Georges Annenkov, exécutés par Marie Gromtseff (= Grontzeff)
- Script-girl : Lucie Lichtig
- Maquillage : Carmen Brelle
- Secrétaire de production : Noëlle Mouton
- Régie générale : Renée Bardon
- Ensemblier : Charles Mérangel et Henri Vergne
- Photographe de plateau : Jean-François Clair et Sam Levin
- Production : Serge Gordine
- Directeur de production : Ralph Baum
- Directeur administratif : Grégoire Geftman
- Société de distribution : Svanfilm
- Langue : Français
- Tournage à "Franstudio" de Saint-Maurice
- Tirage : Laboratoire Lianofilm - Système sonore R.C.A
- Genre : Comédie dramatique
- Pellicule 35 mm, noir et blanc
- Format : 1 x 1.37
- Durée : 110 minutes, puis 93 min
- Première présentation le 16/6/1950, Paris (Palais de Chaillot)
- France : (Paris)
- États-Unis :
Distribution
modifier- Anton Walbrook : le meneur de jeu
- Simone Signoret : Léocadie, la fille prostituée
- Serge Reggiani : le soldat Franz
- Simone Simon : Marie, la femme de chambre
- Daniel Gélin : Alfred, le jeune homme
- Danielle Darrieux : Emma Breitkopf, la femme mariée
- Fernand Gravey : le baron Charles Breitkopf, marié à Emma Breitkopf
- Odette Joyeux : Anna, la grisette
- Jean-Louis Barrault : Robert Kühlenkampf, le poète
- Isa Miranda : Charlotte, la comédienne
- Gérard Philipe : le comte
- Robert Vattier : le professeur Schüller
- Jean Clarieux : le brigadier
- Marcel Mérovée : Toni
- Charles Vissières : le concierge du théâtre
- Jean Ozenne
- Jean Landier
- René Marjac
- Jacques Vertan
Scènes de La Ronde
modifierUn personnage vu de dos monte un escalier puis passe devant un théâtre dont les rideaux de scène sont ouverts. Il se parle à lui-même en disant « Qu’est-ce que je viens faire dans cette histoire ? Je suis l’auteur, un compère, un passant ? Je suis vous… et votre désir de tout connaître. Mais où sommes-nous ici, dans un studio, dans une rue ? » Il quitte son manteau gris et change de costume pour être vêtu d’un habit élégant puis coiffé d’un haut de forme il dit « Nous sommes à Vienne dans le passé. Nous sommes en 1900. Le passé c’est tellement plus reposant que le présent et plus sûr que le futur. » Il dit qu’il va être question d’amour et il chante la valse de « La ronde de l’amour » en passant devant un manège qui tourne comme les personnages qui dansent tous au même pas. Il est abordé par la fille à qui il dit qu’il ne vient pas avec elle car il est « le meneur de jeu » et qu’il n’est pas dans la ronde qui va commencer avec elle car elle va rencontrer le soldat.
Des soldats passent devant la fille qui en interpelle un sixième en lui disant : « Tu viens beau blanc ? Tu veux pas venir, j’habite tout près, viens te réchauffer ? » Il lui dit qu’il n’a pas le temps et doit rentrer au quartier pour ne pas écoper de quatre jours. Elle lui dit « J’ai pas besoin d’argent ; pour les gars comme toi, c’est gratuit ». Quand elle lui dit qu’elle habite à dix minutes, il lui répond « Donne-moi ton adresse, je viendrais demain ». « Tu ne viendras pas » dit-elle et elle le fait descendre du rempart par un escalier de pierre jusqu’en bas où il l’entraîne dans une encoignure de muraille en lui disant « On n’a pas besoin de banc, on n’est pas dans le monde. » Le refrain de la ronde s’entend. Le clairon sonne qui est joué par le meneur de jeu dont c’est le premier déguisement de militaire et qui claironne l’appel. « Cavale pas. Je m’appelle Léocadie » lui dit la fille que le soldat Franz quitte très vite et il court. La fille le traite de radin et de salaud car il ne lui a même pas donné une cigarette. Le soldat fait le mur de la caserne… Une minute de plus et la ronde s’arrêtait. Le clairon meneur de jeu dit « Le soldat rentre à la caserne mais il ressort le samedi. Il va danser sous les lanternes et il rencontre Mamzelle Marie. »
Au bal, le soldat danse avec Marie après qu’il a dansé avec une fille de ses relations qui a le visage de travers. Puis il l’entraîne dans un beau jardin rempli d’amoureux et il trouve un banc où ils s’assoient après qu’elle lui ait dit « Tu seras sage, tu promets ? » et une belle statue du dieu Pan apparaît. Puis tous deux sont debout et il la quitte pour revenir au banc rechercher son sabre. Un brigadier avec sa compagne le lui rend en lui disant « Un soldat ne doit jamais se séparer de son sabre » et lui-même se sépare de son sabre pour embrasser sa conquête. Le soldat revient vers Marie qui veut rentrer dans sa place mais il veut encore danser et il lui offre un demi de bière où il la laisse assise toute seule. Le meneur de jeu élégant s’approche ensuite de Marie qui lui dit qu’elle ne le connaît pas et lui demande « Qui êtes-vous ? » ; « Personne » répond-il en lui apprenant qu’elle a perdu sa place en rentrant trop tard mais il lui dit qu’elle en aura une autre en juillet. Il la raccompagne dans sa nouvelle place en faisant une petite marche dans le temps et puis lui dit « Vous y êtes déjà » où elle trouvera un nouvel amant. Elle découvre qu’elle est en belle tenue de bonne et elle monte l’escalier pour sonner à l’étage. La musique de la ronde reprend. Le meneur de jeu montre ensuite un clap de scène de cinéma qui porte écrit la scène suivante.
Marie lit une lettre du soldat Franz qui souhaite la revoir et à qui elle répond que sa lettre lui a fait un très grand plaisir. Elle se lève et part frapper à la porte de la chambre du jeune homme de famille qui l’a appelée en sonnant et qui lui demande de baisser les jalousies car il fera trop chaud. Puis il lui demande un grand verre d’eau bien fraîche. Il la raisonne et lui demande l’heure car il attend le professeur Schuller pour son cours de français qui le prépare à son examen. Alfred assis la félicite pour son corsage bleu puis la prend dans ses bras. « Il fait trop clair » dit-elle. Il ferme les rideaux et lui dit qu’il l’a vue la veille au soir parce que la porte de sa chambre était ouverte et qu’il a vu des tas de choses. Il ferme les volets. La ronde reprend. Le meneur de jeu croise un monsieur à barbe à qui il demande « Où allez-vous mon ami ? » « Au troisième »... « Il n’y a personne là-haut » lui dit le meneur de jeu car monsieur et madame sont à la campagne. « Mais c’est leur fils que je viens voir » dit le visiteur. « Il a dû changer d’avis » dit le meneur de jeu « car il n’est pas là, voyez d’ailleurs les volets qui sont sûrement fermés ». Il est remercié et le meneur de jeu lui dit « Ne me remerciez pas monsieur le professeur car il faut qu’elle continue à tourner ». « Oui qui ça ? » « La ronde monsieur le professeur ». Marie ouvre les volets et Alfred lui dit « Marie allez voir, je suis sûr qu’on a sonné ». Elle va voir et lui dit qu’il n’y a personne. Alfred part dehors en lui disant que c’est la providence, qu’il a besoin de marcher et qu’il a dix ans de plus. « Tu ne m’en veux pas », lui dit-il. Elle lui répond « Vous, je suis sûr de vous revoir ». Le meneur de jeu élégant est au centre du manège de la ronde dont il tourne le volant et dit « Tournent tournent mes personnages ». Il raconte la prochaine aventure du jeune homme qui a grandi et loué une garçonnière pour recevoir celle qu’il attend et qui lui a promis de venir. Elle descend très bien habillée d’un fiacre. Le meneur de jeu annonce « Le jeune homme et la femme mariée ».
La femme mariée entre et s’assoit chez lui. Elle le rassure en lui disant qu’elle n’a pas été suivie. Il lui fait enlever son collet et ses deux voilettes puis son chapeau. « Vous m’aimez ? », lui dit-elle. « J’espère que vous n’en doutez pas », répond-il. Elle répond « Alors, vous n’en doutez pas et vous allez me laisser partir ». Il lui demande de ne plus le torturer et il lui embrasse les mains. Elle lui caresse les cheveux et lui demande quelle est la pièce en face : « Un salon », dit-il. Puis, elle lui demande un verre d’eau et, lorsqu’il part en chercher, elle ouvre la porte en face et trouve un lit à deux places puis referme la porte. Elle le sonne car il tarde à revenir. Le meneur de jeu réapparaît pour redémarrer le manège en panne. Lorsqu’Alfred revient, il trouve le salon vide et craint qu’elle ne soit partie. Il ouvre la porte de la chambre et lui dit « Ah vous m’en avez donné des émotions Emma ! » Puis il s’assoit dans le lit près d’elle allongée et lui demande si elle a lu Stendhal dont souvent les personnages racontent la même chose que ce qui lui est arrivé à lui… « C’est si gentil au contraire de rester bons camarades », lui dit-elle, puis elle lui demande « Où est ta montre ? » et elle passe son bras autour de son torse. Ils s’embrassent. Puis, lorsqu’elle part en lui disant qu’elle l’appellera demain, Alfred tout heureux se dit « Me voici l’amant d’une femme mariée ». Le meneur de jeu remet le manège en route et ils valsent ensemble sur l’air de la ronde. Très belle et coquette, Emma porte en valsant une plume blanche dans ses cheveux. Le meneur de jeu annonce « La femme mariée et son mari ».
« Qu’est-ce que tu fais ? » demande le mari à Emma son épouse qui est dans son lit voisin du sien. « Je lis Stendhal », dit-elle tandis qu’il fait des calculs à haute voix. Puis elle lui demande « Qu’est-ce qu’il y a ? » et il lui répond que c’est à elle qu’il faut poser la question car « elle se transforme » dit-il. « Tu es bien galant ce soir », lui dit-elle. Comme Il reprend ses comptes en lui disant que les maris ont des soucis et n’ont pas toujours l’esprit libre. « Moi j’éteins » dit-elle et ils s’embrassent puis elle lui souhaite « bonsoir Charles ». « Tu te souviens de Venise, de notre voyage de noces ? » lui dit-il en lui demandant de rallumer la lumière. Il lui dit ensuite « Il y a dans le mariage une alternance entre les périodes calmes et d’autres moins calmes » puis il lui tient un long discours sur « le mariage qui est un troublant mystère ? Vous autres jeunes filles de bonne famille vous venez à nous ignorantes et pures. Nous autres nous savons et nous sommes condamnés à rencontrer des femmes… » dont il refuse de lui parler lorsqu'elle évoque « les créatures de sa jeunesse » dont il lui a parlé. Puis elle lui demande « Tu as été l’amant d’une femme mariée ? » Charles s’offusque puis lui dit ensuite « Oui une fois » puis « elle est morte car toutes ces femmes-là meurent jeunes ». Emma rallume et lui demande si il l’aimait et il lui dit « Mon petit on n’aime pas ces femmes-là. Il y a une justice. Car on ne peut aimer réellement que dans la vérité, la pureté ». Ils ferment chacun leur lumières. Elle demande « Quelle heure est-il ? » et il répond « Qu’est-ce que ça peut faire nous avons la vie devant nous. Pense à Venise » dit-il puis « Donne moi la main » et ils se prennent la main tendrement dans le noir de la chambre. L’air de la ronde reprend et la voix du meneur de jeu annonce « Le mari et la grisette ».
Le majordome d’un restaurant chic avec des salons particuliers précède le baron dans l’escalier d’un « Bien sûr Monsieur Breitkopf » en lui disant qu’il connaît ses goûts en cuisine et comme boisson le champagne bien évidemment, tandis qu’Anna monte derrière lui. Elle le précède dans le cabinet particulier où il lui verse du champagne. « Qu’est-ce que tu dois penser de moi de t’avoir suivi tout de suite comme ça ? » Puis elle lui dit qu’elle aime les crevettes et que le champagne pique. « Entrée » est écrit sur un carton. Le baron lui demande si elle est déjà venue en cabinet particulier ? « Oui mais avec une amie » puis elle lui répond ensuite qu’elle n’a pas d’ami car il y six mois qu’elle n’en a plus et qu’il lui ressemblait.... « Dessert » apparaît sur un carton. Le baron lui demande son âge « Dix huit ? » et elle dit plus et pour lui dit-elle « Trente ? » et il dit « à peu près ». Il l’embrasse. Elle redemande du champagne et s’allonge, grisée, sur le divan. Il lui dit « Je t’adore ». Le majordome revient vers le baron et lui présente sa note. Monsieur Breitkopf demande après au majordome s’il a déjà vu Emma dans ses cabinets particuliers et il reçoit de lui une réponse négative. Il revient voir Emma en lui disant qu’il est onze heures. « Qu’est-ce que le champagne m’a fait faire » dit-elle puis « Tu m’as assez vue, je ne sais même pas comment tu t’appelles ? ». « Charles » lui dit-il ». Ils sortent ensemble et il lui dit qu’il n’habite pas Vienne mais y vient de temps en temps. Elle en déduit qu’il est marié et le lui dit. Dans le fiacre qu’ils prennent ensemble il lui dit qu’il aimerait la revoir et l’aimer mais si elle n’aime que lui en évitant les tentations des jeunes femmes. Il lui propose un petit nid qu’il peut louer à Vienne dans une belle maison d’un quartier discret… La valse de la ronde joue son refrain. Le meneur de jeu dévoile un paillasson du futur nid d’amour où est écrit BIENVENUE. Puis il dit que la grisette rencontre ensuite un poète plus compliqué que le mari et qui blasé, ne sait plus aimer comme tout le monde.
« Est-ce que tous les poètes sont comme toi ? » demande la grisette au poète qui l’a emmenée chez lui. « Tous les grands poètes oui mais nous sommes peu nombreux ». Elle lui demande d’allumer plus de bougies et il répond « Jetons sur nous de l’ombre comme un peignoir. Non… comme un manteau d’étoiles » ; Et il monte au premier pour noter dans le noir sa dernière phrase dans son carnet. « J’ai faim » lui dit-elle, mais sauf à boire il n’a rien à manger. Il lui propose d’aller en cabinet particulier. « C’est une manie chez les hommes » dit-elle. « Y es-tu déjà allé avec un séducteur ? » questionne-t-il. « J’y suis allée seulement avec une amie et son fiancé. Tu vois » dit-elle. « Non je ne vois pas et je ne vois même pas si tu rougis. D’ailleurs je ne te vois plus du tout, es-tu brune ou blonde » réplique-t-il.en descendant de son étage. « Tu aurais dû noter dans ton carnet comment j’étais » dit-elle. Il remonte et s’exclame « C’est d’une immense profondeur ce que tu dis là. Tu résumes d’un mot toute la tragédie du désir » puis il lui demande « Dis-moi d’abord si tu m’aimes ? » « Oui » dit la grisette. « Pourquoi ? » demande le poète. « Parce que tu n’es pas comme les autres » dit-elle. « Cela se voit ? » demande-t-il. « Cela s’entend surtout » lui répond-t-elle. Il redescend l’escalier et lui dit empressé « Enlève ta robe » et part dans un monologue poétique exalté. Quand il la rejoint il mouche la bougie et lui dit « Enlève ta chemise ». « Tu m’aimes » répond-t-elle... La valse de la ronde joue. Le baron règle ensuite sa note à un peu plus de onze heures au majordome du restaurant qui lui dit « Ce n’est pas grave ». Et le baron qui a attendu en vain la grisette dans le cabinet particulier lui répond « Elle aura eu un empêchement » puis il sort. Le poète déclame un poème à la grisette puis lui révèle son nom « Je m’appelle Külhenkampf » et elle lui dit que c’est un nom comme un autre puis : « C’est vrai que tu écris des pièces qu’on voit dans les théâtres ? » Après qu'il eut été certain qu’elle ne savait pas qu’il était Külhenkampf, il lui dit qu’il est Robert, un clerc de notaire qui joue du piano le soir dans un café-concert. Puis il lui dit qu’ils vont voyager et qu’il l’emmènera dans la nature sauvage où ils iront cueillir des fruits d’or… « Et ton notaire ? » dit-elle en le ramenant sur terre , le croyant lorsqu’il lui a dit qu’il joue du piano dans un café-concert le soir. Il s’arrête puis il lui dit « Et puis nous nous dirons adieu car il n’y a pas d’amour sans adieu » Puis « Je te donnerais une place qu’un ami m’a donnée pour que tu ailles voir le prochain spectacle de Külhenkampf. Et dimanche prochain tu assisteras à la cinquantième représentation de la pièce de Külhenkampf et tu me diras ensuite ce que tu penses de cette œuvre admirable ». Vision brève d’un rideau de théâtre qui se ferme après les applaudissements et de la comédienne vedette en perruque qui est félicitée par le poète. Puis le meneur de jeu annonce oralement « Le poète et la comédienne ».
« Mon ange nous ne nous quitterons plus et nous nos aimerons dans une simplicité grandiose…Cela ne se dit pas dans la vie » dit Charlotte la comédienne au poète qui l’accompagne jusque dans sa loge en lui faisant écarter sa maquilleuse de l'entrée de sa loge pour l’embrasser au plus vite tandis qu’elle se démaquille toute seule. Il a prévu de l’emmener ensuite en deux heures de traîneau dans la nuit dans une auberge lointaine où il a loué deux chambres à sa demande. « Ou bien allons chez moi ou chez toi » lui dit-il et elle répond qu’il fait froid chez lui et qu’il y a sa mère chez elle. « Alors allons là-bas, dans cette auberge qui te rappelle sans doute un ancien amour et où vingt fois tu me renverras dans ma chambre ? » lui dit-il. « Oui mais tu sais aussi que la vingt et unième fois je ne te renverrais pas. N’est-ce pas que tu le sais ? » -« Oui je le sais » di-il - « C’est pour cela que je t’aime. » lui dit-elle, puis « Sait-t-on jamais comment les choses tournent…». « Tu ne m’aime plus ? » dit le poète « Et toi ? » rétorque la comédienne. « Ah c’est terrible le théâtre, nous savons d’avance tout ce que nous allons dire ».-« Et ceux qui ne savent pas tu les aimes aussi ? » dit le poète qui lui donne brusquement une claque puis il l’embrasse fougueusement en la ployant en arrière dans ses bras. L’air de la ronde reprend son refrain... Un officier en grande et tenue apparaît dans une entrée d’appartement. Le meneur de jeu qui apparaît annonce « La comédienne et le comte ».
Le comte en grande tenue d’officier arrive tard chez la comédienne pour lui présenter ses hommages. Elle lui dit d’attendre et de s’asseoir puis « Bonjour. Vous permettez que je me recouche. » Elle l’invite plus près d’elle dans son lit et lui dit qu’elle n’a jouée hier soir que pour lui au théâtre. « Tu ne trouves pas qu’il fait chaud ? On peut presque imaginer qu’il fait nuit. Personne ne peut nous voir » dit-elle. Elle l’entraîne sur elle dans son lit en dégrafant sa casaque d’uniforme d’officier. Le refrain de la valse de la ronde reprend. Le meneur de jeu surgit qui dévide ensuite une pellicule de film dont il repère un début et une fin pour faire une coupure. « Permettez que je me recouche » dit ensuite la comédienne au comte. « Je vous en prie » lui dit-il qui lui propose ensuite de la revoir « Disons après demain » - « Pourquoi après demain ? Tu m’attendras ce soir après le théâtre dans ma chambre » et il lui répond « Il faut que je prenne congé, pour une visite de politesse j’ai un peu abusé. Veuillez présenter mes hommages à Madame votre mère ». Le comte ensuite rencontre le meneur de jeu qui lui dit qu’il ne sert pas ici et qu'il est ici pour l’amour de l’art de l’amour. Et le meneur de jeu lui demande « Vers quel nouvel amour vous dirigez-vous Monsieur le comte ? » Mais le comte est ivre et lui dit qu’il n’est pas allé à l’entrée des artistes hier soir et il raconte une nuit mouvementée. Il dit qu’il voulait être seul et qu’il n’a pas suivi cette femme… La valse de la ronde reprend sa rengaine. Le meneur de jeu annonce « Le comte et la fille ».
Le comte se lève et reprend son sabre puis son manteau et il constate qu’il se retrouve dans la chambre de cette femme qui lui rappelle quelqu’un qu’il connaît. Couchée dans le lit elle lui dit « Tu as des soucis ? j’ai envie de dormir. Au revoir militaire ». Il la prend pour quelqu’un d’autre et lui dit « Permettez-moi d’embrasser vos yeux avant de m’en aller ? » Il ne se rappelle pas qu’il est tombé sur le canapé avec elle et qu’il ne s’est rien passé ensuite entre eux. « Je ne sais plus où on en est » dit le comte avant de lui dire « Adieu » et il sort de la chambre pour rejoindre la rue. Puis arrivé près du rempart il croise un soldat à qui il dit « Alors on ne salue plus les officiers ? » et ils se saluent mutuellement.
« Il était dommage que ces deux-là ne se saluent pas » dit le meneur de jeu, puis « C’est ainsi que finit la ronde, tout comme moi vous l’avez vue. C’est l’histoire de tout le monde, je ne vous en dirais pas plus ». Le comte disparaît. Le meneur de jeu reprend son manteau gris puis il passe devant le théâtre dont le rideau est fermé. Le mot « Fin » apparaît tandis que la valse de la ronde s’arrête, et « Je ne vous en dirais pas plus » est encore prononcé.
Distinctions
modifier- BAFTA du meilleur film en 1952.
Critique
modifier« Cette valse désenchantée, que Max Ophüls avait dû amputer de vingt minutes pour rassurer les puritains, connut un triomphe public malgré une violente campagne de dénigrement de la part de la critique. On reprochait à ce moraliste baroque d’avoir dressé un inventaire des diverses formes de libertinage et des amours illégitimes. Rien de scabreux pourtant, et pas une scène polissonne dans ce défilé virtuose de scènes d’alcôves. Le propos est amer, tragique, juste un rien teinté du cynisme cruel de Schnitzler, dont il s’inspire. Max Ophüls dresse un constat d’une infinie tristesse sous l’apparence frivole d’une fresque sur les discours et les comportements amoureux : le bonheur n’existe pas. Ce qu’il peint, fataliste, c’est l’impossibilité d’éterniser les élans les plus purs, le désespoir du sentiment amoureux bafoué par la fièvre du désir, la pureté piétinée par les rencontres éphémères, la blessure secrète de l’âme face à l’infidélité des ivresses. Le temps, implacable, ronge l’amour, oublie le don, attise le vertige des conquêtes, refroidit les cœurs. Cette frénésie désespérante et désespérée des « ruses, mensonges et périls constants » qui tissent la lutte des sexes, cette sinistre sarabande de femmes et d’hommes abusés par la comédie du plaisir est magistralement mise en scène. Les arabesques sensuelles de la caméra font partie du sujet du film : danse, transes et vertiges. »
— Jean-Luc Douin, Télérama N° 2308 – 6 avril 1994
Sortie vidéo
modifierLe film sort avec un nouveau master HD en DVD et Blu-ray le , édité par Calotta Films. En bonus, l'édition inclut une bande-annonce version 2017 du film.
Notes et références
modifier- Le film a fait l'objet d'un remake du même nom de Roger Vadim en 1964.
Liens externes
modifier- Ressources relatives à l'audiovisuel :