Naturisme (mouvement littéraire)
Le naturisme est un mouvement littéraire et artistique fondé vers 1895 par Saint-Georges de Bouhélier et Maurice Le Blond, proclamant la mort du symbolisme et la naissance d'une poésie nouvelle fondée sur les valeurs de la nature, l'énergie vitale et la volonté de jouir[1]. La vie, la santé, le « réel », la « renaissance » sont les thèmes essentiels de ce mouvement naturiste[2]. En 1897 est créée La Revue naturiste.
Histoire du mouvement
modifierSaint-Georges de Bouhélier et Maurice Le Blond (gendre de Zola) le lancent officiellement en publiant le dans Le Figaro un Manifeste naturiste[3],[4]
L'aventure avait commencé en 1893 avec la fondation de la revue L’Assomption par Bouhélier, Le Blond et Emmanuel Signoret. Cette revue deviendra en 1894 Le Rêve et l’Idée, puis prendra en 1895 le titre de Documents sur le naturisme, et en La Revue naturiste.
En réaction contre l'abstraction et le mysticisme nébuleux des symbolistes, le naturisme prône un retour à la sensibilité immédiate et à la vie dans son quotidien et sa simplicité[5]. Le naturisme semble une contraction, une simplification du naturalisme, en même temps qu'une réaction contre le symbolisme [6] En plus de Bouhélier et Le Blond, le groupe naturiste est constitué de Christian Beck, Michel Abadie, auxquels viendront se joindre Jean Viollis, Eugène Montfort, Georges Rency ou Maurice Magre. Des écrivains comme André Gide avec Les Nourritures terrestres, mais aussi Joachim Gasquet, Paul Fort et Francis Jammes, sans avoir adhéré explicitement à ce mouvement, peuvent être comptés parmi ses principaux représentants.
Le naturisme est issu du naturalisme d'Émile Zola et Saint-Georges de Bouhélier écrit, dans un livre de souvenirs paru en 1946, Le Printemps d'une génération, que c'est Zola lui-même qui l'a encouragé à écrire ce manifeste[7].
Citation
modifier« Nous chanterons les hautes fêtes de l'homme. Pour la splendeur de ce spectacle, les poètes convoqueront les plantes, les étoiles, les vents et les graves animaux. Une littérature naîtra qui glorifiera les marins, les laboureurs nés des entrailles du sol et les pasteurs qui habitent près des aigles. De nouveau, les poètes se mêleront aux tribus. » (Manifeste naturiste, 1897)[8]
Bibliographie
modifier- Maurice Le Blond. Essai sur le naturisme (1896)
- Manifeste naturiste (Le Figaro, )
- Saint-Georges de Bouhélier. Éléments d'une renaissance française, Paris, Bibliothèque artistique et littéraire, 1899
- Andriès de Rosa, Saint-Georges de Bouhélier et le naturisme, Paris, Albert Meissein, 1910 sur Gallica
- Michel Décaudin. La Crise des valeurs symbolistes. Vingt ans de poésie française : 1895-1914, Slatkine (réimpression), (lire en ligne) chapitre II : Du naturisme à l'humanisme
- Sylvain Villaret. Histoire du naturisme en France depuis le siècle des Lumières, Vuibert, 2005
Références
modifier- Simonetta Valenti, Camille Mauclair, homme de lettres fin-de-siècle Milan, V & P Università, 2003, p. 110.
- Pierre Charreton Les Fêtes du corps. Histoire et tendances de la littérature à thème sportif en France 1870-1970, Saint-Étienne : CIEREC, 1985, pp. 14-15.
- Lise Dumasy et Chantal Massol, Pamphlet, utopie, manifeste. (XIXe – XXe siècles), Paris, L'Harmattan, 2001, p. 229 et suiv..
- Le Figaro du 10 janvier 1897 sur Gallica.
- Gérald Froidevaux, L'art et la vie. L'esthétique de C.F. Ramuz entre le symbolisme et les avant-gardes, L'AGE D'HOMME, 1982 - 209 pages p. 89.
- Le Monde nouveau, Volume 5, numéros 5 à 6, 1923 p. 194.
- De Claudel à Malraux. Mélanges offerts à Michel Autrand (textes réunis par Pascale Alexandre-Bergues et Jean-Yves Guérin), Besançon, Presses universitaires de Franche-Comté, 2004 pp. 357-358.
- Bonner Mitchell, Les manifestes littéraires de la Belle Époque, 1886-1914: Anthologie critique, (Seghers) réédition numérique FeniXX, (ISBN 978-2-232-14164-5)