La Reine Cléopâtre
La Reine Cléopâtre est une série télévisée américaine, mélangeant documentaire historique et reconstitutions dramatiques, basée sur la vie de la reine d'Égypte Cléopâtre VII.
Titre original | Queen Cleopatra |
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Genre | Série historique |
Création | Jada Pinkett Smith |
Production | Jada Pinkett Smith, Ben Goold, Jimmy Abounouom |
Musique | Michael 'Mikey' J Asante |
Pays d'origine | États-Unis, Royaume-Uni |
Chaîne d'origine | Netflix |
Nb. de saisons | 1 |
Nb. d'épisodes | 4 |
Diff. originale | 10 mai 2023 |
Il s'agit de la deuxième saison d'une série documentaire consacrée aux femmes monarques du continent africain, intitulée Reines africaines, diffusée sur la plate-forme de streaming Netflix.
Produite par Jada Pinkett Smith, La reine Cléopâtre est diffusée sur Netflix à partir du .
Synopsis
modifierMêlant scènes de fiction et témoignages d'historiens, La reine Cléopâtre retrace le destin de Cléopâtre VII, dernière reine d'Égypte de la dynastie lagide[1],[2].
Elle s'attarde notamment sur ses histoires d'amour avec Jules César et Marc Antoine, et décrypte ses nombreuses décisions politiques[1].
La série présente la reine comme une « icône féministe insoumise », prête à se battre pour défendre son trône et sa famille[2],[3].
Fiche technique
modifier- Création : Jada Pinkett Smith
- Production : Jada Pinkett Smith, Ben Goold, Jimmy Abounouom
- Réalisation : Tina Gharavi, Victoria Adeola Thomas
- Musique : Michael 'Mikey' J Asante
- Costumes : Barbara Elum-Baldres
- Maquillage : Zanmarie Hanekom
- Effets spéciaux : Lahcen Chamane
Distribution
modifierSauf indication contraire ou complémentaire, les informations mentionnées dans cette section peuvent être confirmées par la base de données IMDb.
- Jada Pinkett Smith : Narrateur
- Adele James : Cléopâtre
- John Partridge : Jules César
- Craig Russell : Marc Antoine
- James Marlowe : Octave
- Nada El Belkasmi : Octavia
- Simon Kunz : Cicéron
- Michael Greco : Pothinus
- Andira Crichlow : Arsinoé IV
- Laya Lewis : Eiras
- Louis Emerick : Ptolémée XII Aulète
- Calum Balmforth : Ptolémée XIII
- Phillip E. Walker : Psherenptah III
- Greg Lockett : Ammonios
- James O'Driscoll : Thyrsus
Épisodes
modifier- Épisode 1 : Rivalités
- Épisode 2 : À Rome, fais comme…
- Épisode 3 : Ce qu'il faut faire
- Épisode 4 : La dernière pharaonne
Accueil
modifierNotes
modifierA la suite d'un important review bombing, autrement dit un ajout massif et coordonné d'avis de la part de ses détracteurs[4], la série obtient un score d'audience de 2% sur le site de critique de films et séries Rotten Tomatoes. Selon Forbes, il s'agit du plus mauvais score de l'histoire du site[5].
Le Tomatomètre moyen, qui calcule combien de critiques l'évaluent favorablement, s'élève, quant à lui, à seulement 10 %[6].
Avis de la presse
modifierLa série reçoit un accueil mitigé au sein de la presse.
La journaliste Sandrine Bajos du journal Le Parisien trouve la série « assez inégale ». Elle ajoute :
« Malgré les témoignages d’historiens intéressants mais parfois redondants, on s’égare. Sommes-nous dans un drame historique un brin mièvre ou dans une série documentaire ?[7] »
Elle loue en revanche les qualités de l'actrice Adele James, qui incarne Cléopâtre, et qu'elle trouve « convaincante ». Elle note également que « le rôle et le pouvoir des femmes égyptiennes à cette époque, portée par son héroïne, est particulièrement bien mis en avant »[7].
Dans la même lignée, Pauline Demange-Dilasser du magazine Télérama note que « Si l’actrice Adele James est une Cléopâtre plutôt convaincante, le traitement général reste mièvre et artificiel, digne d’un mauvais feuilleton télévisé[8] ». Elle note cependant que la série permet d'avoir un bon aperçu de la période de l’Égypte antique, « avec un angle géopolitique intéressant mais dense, que Tina Gharavi délaye dans des séquences fictionnées[8] ».
Selon elle, le résultat de cette série est un « docu-fiction divertissant », « qui doit être prise pour ce qu’elle est : une fiction basée sur des faits réels »[8]. Elle ajoute :
« le seul reproche que l’on puisse faire à la réalisatrice Tina Gharavi, c'est de laisser certains intervenants asséner de grandes vérités sans le moindre fondement. Comme Shelley P. Haley, professeur de lettres classiques, qui affirme que Cléopâtre était noire… parce que sa grand-mère le lui aurait dit[8]. »
Polémique
modifierAvant sa sortie, la série suscite une polémique autour du choix de l'actrice britannique Adele James afin d'incarner la reine Cléopâtre. Même si la couleur de peau de la reine fait encore l'objet de débats au sein des chercheurs et historiens, la décision de la production de choisir une actrice noire suscite de vives réactions et relance le débat sur les origines de la reine[2],[9].
La série produite par Jada Pinkett-Smith, est ainsi accusée de « blackwashing », autrement dit le fait de sélectionner des acteurs noirs afin d'incarner des personnages blancs[2],[10].
Une pétition lancée sur le site Change.org, dénonçant un « mouvement afro centriste qui prétend être propriétaire de la civilisation égyptienne antique », a recueilli plus 85 000 signatures avant d'être retirée[11],[12].
Réactions en Égypte
modifierLe choix d'une actrice noire pour incarner Cléopâtre suscite de nombreuses réactions en Égypte, à la fois dans la presse et de la part de certaines institutions[13],[14].
Dans un communiqué publié le , le ministère égyptien des Antiquités rappelle ainsi que Cléopâtre avait « la peau blanche et des traits hellénistiques ». Afin d'apporter des éléments tangibles, le texte du communiqué est illustré de tétradrachmes, de pièces de monnaies grecques, et de statues en marbre représentant Cléopâtre sous des traits européens[1],[15].
De son côté, le patron des Antiquités égyptiennes Moustafa Waziri déclare que ce choix est une « falsification de l’histoire égyptienne »[1],[15].
Dans la même lignée, l'archéologue égyptien Zahi Hawass rappelle dans une chronique publiée le sur Arab News que Cléopâtre « était la descendante d'un général grec macédonien qui était un contemporain d'Alexandre le Grand » et que « toutes les preuves découvertes jusqu'à présent indiquent qu'elle était blanche ». Selon lui, le choix d'une actrice noire relève de « l'appropriation culturelle continue et de la falsification de l'histoire qui a été faite par le soi-disant mouvement afrocentrique »[16].
Une pétition en ligne intitulée « Arrêtez le documentaire sur Cléopâtre sur Netflix pour falsification historique » a également été lancée dans le pays, recueillant plus de 40 000 signatures[15].
Un législateur égyptien a même lancé un appel au Premier ministre et au ministre des Communications égyptiens afin qu'ils prennent des mesures pour interdire Netflix[14].
Le , Zahi Hawass annonce la sortie d'un documentaire sur Cléopâtre, le jour même de la mise en ligne sur Netflix de la série consacrée à la reine égyptienne[17].
Réponses de la coréalisatrice à la polémique
modifierEn réponse à cette polémique, la coréalisatrice Tina Gharavi explique assumer ce choix de sélectionner une actrice noire pour incarner Cléopâtre. Pour elle, il s'agit d'un « acte politique » qui doit permettre d'ouvrir le débat sur le « racisme intériorisé dont Hollywood nous a endoctrinés »[18]. Elle indique qu'elle espère également que cette série permettra de « trouver des réponses sur les origines de Cléopâtre » afin de « la libérer de l'emprise de Hollywood sur son image »[19].
Dans une tribune publiée sur le site du magazine Variety, elle indique s'interroger sur l'ampleur des réactions suscitées par le documentaire : « Qu'est-ce qui vous dérange tant chez une Cléopâtre noire ? [..] Et pourquoi certaines personnes ont-elles besoin que Cléopâtre soit blanche ? Sa proximité avec la blancheur semble lui donner de la valeur, et pour certains Égyptiens, cela semble vraiment important »[15],[20].
Absence de source précise et reconstruction rétrospective du passé
modifierDans un article publié le 17 avril, le journaliste Jérôme Vermelin rappelle que l'hypothèse d’une Cléopâtre noire n'est pas nouvelle et reste débattue. En 2009, un documentaire de la BCC, intitulé Cléopâtre : portrait d’une meurtrière, avançait ainsi que du sang africain coulait dans les veines de la reine d'Égypte, en se basant sur l’analyse d’un crâne humain retrouvé en Turquie qui serait celui d’une sœur de Cléopâtre VII[11].
Sa confrère, la journaliste Clara Cristalli, note que « faute de sources documentaires suffisantes, l'apparence physique des figures historiques lointaines est souvent laissée à la libre appréciation des producteurs de chaque document, sans que cela ne suscite davantage d'émoi que ça ». Elle rappelle également que « de nombreux scientifiques s'accordent pour dire qu'il est impossible de déterminer la couleur de peau qu'avait Cléopâtre »[21].
De son côté, l'historien Charles Vanthournout rappelle que, selon le géographe grec Strabon, Cléopâtre est une « bâtarde ». En effet, si le père de Cléopâtre est connu, les sources antiques sont « silencieuses » sur les origines de sa mère. Il est donc impossible de définir précisément la couleur de sa peau[20]. L'historien rappelle que des Afrocentristes disent effectivement que les Egyptiens étaient noirs, et que des tests ADN ont été effectués sur des milliers de momies. Ceux-ci ont conclu que les Égyptiens anciens constituaient une population hétérogène, comprenant aussi bien des Blancs, des Noirs que des métis. Pour le chercheur, il s'agit donc d'un « débat sans fin »[20].
L'historien Christian-Georges Schwentzel rappelle, quant à lui, que Cléopâtre a été décrite comme une « noiraude » par Shakespeare[22], 1500 ans après sa mort. C'est pourquoi, elle a été interprétée à plusieurs reprises au théâtre par des actrices noires. Cet historien rappelle aussi que Cléopâtre est une figure très présente dans la culture populaire américaine, au cinéma et dans la chanson où elle est vue comme une idole afro-américaine. Le documentaire de Netflix s'inscrit donc dans la continuité de ces interprétations. Néanmoins, Christian-Georges Schwentzel considère que le documentaire « prend une tournure particulièrement douteuse d’un point de vue scientifique » quand une intervenante du film affirme que, « non seulement Cléopâtre aurait été réellement noire, mais aussi que sa couleur de peau aurait été délibérément blanchie par les mensonges répétés de générations d’enseignantes et enseignants »[22].
Notes et références
modifier- « Cléopâtre avait « la peau blanche » : l'Égypte répond à Netflix sur la polémique liée à la reine », sur BFM,
- Paola Dicelli, « Premières images de la controversée série-documentaire « La reine Cléopâtre » de Netflix », sur Point de vue,
- Victoria Beurnez, « Nouvelle école, Bridgerton et Cléopâtre: les nouveautés Netflix du mois de mai », sur BFM,
- « La Reine Cléopâtre : suite aux polémiques, la série Netflix bat ce record qui va faire trembler la plateforme », sur hitek.fr, (consulté le )
- Reena Koh, « And the lowest Rotten Tomatoes rating in TV history goes to… Netflix's 'Queen Cleopatra' », sur Insider,
- « Netflix’s Black Cleopatra Has Lowest Audience Score In Rotten Tomatoes History », sur Greek City Times,
- Sandrine Bajos, « « La reine Cléopâtre » : au-delà de la polémique, que vaut la nouvelle série de Netflix ? », sur Le Parisien,
- Pauline Demange-Dilasser, « “La Reine Cléopâtre” sur Netflix : un docu-fiction divertissant, et c’est déjà pas mal », sur Télérama,
- (en) Ati Metwaly, « Egyptian, African, Greek, Macedonian: The great Cleopatra debate resurfaces », sur The Africa Report,
- « Cléopâtre jouée par une actrice noire sur Netflix : les gens pètent un câble », sur 20 Minutes,
- Jérôme Vermelin, « Une Cléopâtre noire sur Netflix ? La polémique ne fait que commencer », sur LCI,
- Jeanne Sénéchal, « Cléopâtre était-elle noire ? », sur Le Figaro,
- Justine Babin, « La Cléopâtre de Netflix fait polémique en Égypte », sur Les Echos,
- (en) Marc Espanol, « Was Cleopatra Black? Why a Netflix series is causing furor in Egypt », sur El País,
- « « La reine Cléopâtre » sur Netflix fait réagir jusqu’au gouvernement égyptien », sur Huffington Post,
- (en) « Egyptian comedian Bassem Youssef slams Kevin Hart, Afrocentric movement for ‘cultural appropriation’ amid Cleopatra backlash », sur Arab News,
- Un documentaire égyptien sur «la vraie Cléopâtre» sort pour rivaliser avec celle de Netflix, lefigaro.fr, 10 mai 2023
- « Cléopâtre interprétée par une actrice noire : la réalisatrice fustige un « racisme intériorisé » », sur Le Parisien,
- Jérôme Lachasse, « Polémique « Queen Cleopatra » : la réalisatrice de la série documentaire Netflix réagit », sur BFM,
- Falila Gbadamassi, « La peau noire de Cléopâtre dans une série Netflix irrite en Égypte », sur France info,
- Clara Cristalli, « Polémique autour de la série de Netflix sur Cléopâtre : le gouvernement Égyptien donne son point de vue tranché », sur Télé-Loisirs,
- « Une Cléopâtre noire sur Netflix, est-ce réécrire l’histoire ? », sur L'Obs, (consulté le )
Voir aussi
modifierLiens externes
modifier
- Site officiel
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Ressource relative à l'audiovisuel :
- La Reine Cléopâtre sur Netflix.