La Mort de Chrispe
La Mort de Chrispe est une tragédie en cinq actes de Tristan L'Hermite. Dédiée à Claire-Charlotte d'Ailly, duchesse de Chaulnes, la pièce compte 1 676 alexandrins. Représentée au printemps 1645 par l'Illustre Théâtre avec le jeune Molière, elle est publiée l'année suivante.
La Mort de Chrispe | |
Page de titre de l'édition originale (1645) | |
Auteur | Tristan L'Hermite |
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Genre | Tragédie |
Nb. d'actes | 5 actes en vers |
Lieu de parution | Paris |
Éditeur | Augustin Courbé |
Date de parution | 1645 |
Date de création en français | 1645 |
Lieu de création en français | Paris Royaume de France |
Compagnie théâtrale | Illustre Théâtre |
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Personnages
modifier- Constantin, empereur,
- Fauste, femme de Constantin,
- Cornélie, confidente de Fauste,
- Chrispe, fils de Constantin, et beau-fils de Fauste,
- Constance, Fille de Licine, beau-frère de Constantin,
- Lactance, précepteur de Chrispe,
- Léonce, domestique de Chrispe, et parent de Cornélie.
- Probe, capitaine des Gardes.
La scène est à Rome dans le palais de Constantin.
Résumé
modifier1er acte
modifierActe II
modifierActe III
modifierActe IV
modifierActe V
modifierReprésentations et publication
modifierTristan L'Hermite dédie sa tragédie à Claire-Charlotte d'Ailly, duchesse de Chaulnes en 1645[1], dont la protection dure peu de temps, l'obligeant à se tourner vers le duc de Guise. La pièce est représentée au printemps 1645[B 1], remportant un « honnête succès[2] ».
Elle fait partie du répertoire de la troupe itinérante de Molière et, fixés à Paris en 1658, les comédiens la représentent encore cinq fois l'année suivante[B 2]. C'est, « parmi les tragédies de Tristan, une de celles qui ont été le plus souvent réimprimées[B 3] » au XVIIe siècle.
Postérité
modifierEn 1936, à l'occasion d'une reprise du Parasite au Théâtre des Arts[C 1], Henry Bidou présente La Mort de Chrispe comme « l'aveu de Phèdre sans l'aveu ». Le critique du Temps devine « entre le génie de Tristan L'Hermite et celui de Racine une affinité qui donne à rêver : C'en est peut-être assez pour tirer un instant la pièce de l'oubli[3] ».
Analyse
modifierLe rapprochement avec la Phèdre de Racine s'impose, par la proximité du sujet : « Voici une reine qui s'éprend de son beau-fils. C'est un adolescent chaste et farouche, et la marâtre, peut-être, n'oserait pas avouer son amour ; mais elle apprend qu'elle a une rivale, et jeune, et heureuse. Elle se désespère ; tour à tour elle flatte et menace son beau-fils. La passion qui la tourmente n'est point née d'un caprice ; elle vient des "dieux conjurés" contre une femme ; elle l'entraîne, elle l'accable ; elle est "une soif brûlante" que seul le sang de la possédée "pourra désaltérer". La reine se déclare enfin dans un instant d'égarement. Repoussée, en proie à la honte et à la fureur, elle provoque à son insu la mort du jeune homme. Mais son crime la remplit d'horreur ; elle en fait l'aveu à son mari et meurt[4] ».
Tristan « a cherché l'intérêt dans le duel de deux femmes, fières et passionnées ». Gustave Lanson apprécie la « beauté émouvante et grandiose » du caractère de l'impératrice Fauste[5]. Marcel Arland admet qu'« il serait aisé de montrer les faiblesses de cette tragédie, très inégale, très imparfaite. Mais on est saisi par ses hautes visées, et l'on y surprend quelques-uns des plus beaux cris de passion que le théâtre français ait fait entendre avant Racine[6] » :
En un sang qui se glace ils conservent des flammes,
Leurs corps restent unis aussi bien que leurs âmes.
La Mort ne défait pas ce que l'amour a joint,
Ils quittent la lumière et ne se quittent point.
Bibliographie
modifierÉditions modernes
modifier- Edmond Girard (dir.), L'Œuvres dramatique de Tristan L'Hermite (tome VI) : La Mort de Chrispe, Paris, La Maison des Poètes, coll. « Les Cahiers d'un Bibliophile », , 97 p. (lire en ligne)
Œuvres complètes
modifier- Tristan L'Hermite et Roger Guichemerre (dir.), Œuvres complètes, tome IV : Les Tragédies, Paris, Éditions Honoré Champion, coll. « Sources classiques » (no 31), , 560 p. (ISBN 978-2-7453-0384-4)
- Daniela Dalla Valle, Introduction, p. 7-16
- Daniela Dalla Valle, Introduction et notes pour La Mort de Chrispe, p. 345-443
Anthologies
modifier- Amédée Carriat (présentation et annotations), Tristan L'Hermite : Choix de pages, Limoges, Éditions Rougerie, , 264 p.
Ouvrages généraux
modifier- Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle — Tome II : L'apogée du siècle, Paris, Éditions Albin Michel, (1re éd. 1956), 845 p. (ISBN 2-226-08922-5)
- Marie-France Hilgar, La mode des stances dans le théâtre tragique français 1610-1687, Paris, A.G. Nizet, , 263 p.
- (en) Henry Carrington Lancaster, A history of French dramatic literature in the seventeenth century, Part II : The Period of Corneille (1635-1651), New York, Gordian Press, (1re éd. 1932), 804 p.
- (en) Henry Carrington Lancaster, A History of French dramatic Literature in the seventeenth century, Part III : The Period of Molière (1652-1672), New York, Gordian Press, (1re éd. 1936), 896 p.
- (en) Henry Carrington Lancaster, A History of French dramatic Literature in the seventeenth century, Part IV : The Period of Racine (1673-1700), New York, Gordian Press, (1re éd. 1940), 984 p.
- (en) Henry Carrington Lancaster, A History of French dramatic Literature in the seventeenth century, Part V : Recapitulation (1610-1700), New York, Gordian Press, (1re éd. 1942), 235 p.
- Jacques Scherer, La Dramaturgie classique en France, Paris, A.G. Nizet, , 488 p.
Études et monographies
modifier- Marcel Arland, Le Promenoir de Tristan, préface pour Le Page disgracié, Paris, Éditions Stock, coll. « À la Promenade » (no 7), , 324 p., p. 7-44
- Napoléon-Maurice Bernardin, Un Précurseur de Racine : Tristan L'Hermite, sieur du Solier (1601-1655), sa famille, sa vie, ses œuvres, Paris, Alphonse Picard, , XI-632 p. (lire en ligne)
- Sandrine Berregard, Tristan L'Hermite, « héritier » et « précurseur » : Imitation et innovation dans la carrière de Tristan L'Hermite, Tübingen, Narr, , 480 p. (ISBN 3-8233-6151-1, lire en ligne)
- (en) Thomas James Braga, Baroque imagery and themes in the theater of Tristan L'Hermite, Houston, Rice University, , 255 p. (lire en ligne)
- (it) Daniela Dalla Valle, Il Teatro di Tristan L'Hermite : Saggio storico e critico, Turin, Giappichelli, , 340 p.
- Gustave Lanson, Esquisse d'une histoire de la tragédie française, New York, Columbia University Press, , XII-155 p. (lire en ligne)
- Claude et François Parfaict, Histoire du Théâtre français depuis son origine jusqu'à présent, t. VI, Amsterdam, Aux dépens de la Compagnie, , 428 p. (lire en ligne)
Articles et analyses
modifier- Sandrine Berrégard, « La pratique de l'argument dans le théâtre de Tristan L'Hermite : de l'écriture dramatique à l'écriture narrative », XVIIe siècle, no 232, , p. 499-512 (lire en ligne)
- Henry Bidou, « Chronique théâtrale », Le Temps, (lire en ligne)
- Georges Forestier, « Mythe, histoire et tragédie : de Crispus à La Mort de Chrispe », Littératures classiques, hors-série. Mythe et histoire dans le théâtre classique. Hommage à Christian Delmas, , p. 351-370 (lire en ligne).
- Pierre Quillard, « Les poètes hétéroclites : François Tristan L'Hermitte de Soliers », t. V, Mercure de France, , 370 p. (lire en ligne), p. 317-333.
Cahiers Tristan L'Hermite
modifier- Cahiers Tristan L'Hermite, Tristan : Théâtre, Limoges, Éditions Rougerie (no XXII), , 95 p.
- Charles Mazouer, « La vision tragique dans La Mariane, La Mort de Sénèque et La Mort de Chrispe », p. 5–16
- Catherine Guillot, « La fonction didactique du frontispice dans le théâtre de Tristan L'Hermite », p. 17–35
- Daniela Dalla Valle, « Les songes tragiques de Tristan », p. 62–78
Liens externes
modifier- Tristan L'Hermite, La Mort de Chrispe (édition de 1645) sur le site Theâtre Classique.
- La Mort de Chrispe et ses représentations sous l'Ancien Régime sur le site CÉSAR
Références
modifier- Napoléon-Maurice Bernardin, Un Précurseur de Racine, Alphonse Picard, 1895 :
- Amédée Carriat, Choix de pages, Rougerie, 1960 :
- Carriat, p. 260-261.
- Autres sources :
- Dalla Valle 2001, p. 357.
- Dalla Valle 2001, p. 352.
- Bidou 1936.
- Arland 1946, p. 22.
- Lanson 1920, p. 76.
- Arland 1946, p. 22-23.