La Montagne sacrée (film, 1973)

film sorti en 1973

La Montagne sacrée (titre original : La montaña sagrada) est un film américano-mexicain réalisé par Alejandro Jodorowsky, sorti en 1973.

La Montagne sacrée

Titre original La montaña sagrada
Réalisation Alejandro Jodorowsky
Scénario Alejandro Jodorowsky
Musique Don Cherry
Acteurs principaux

Alejandro Jodorowsky
Horácio Salina

Sociétés de production ABKCO Records
Producciones Zohar
Pays de production Drapeau du Mexique Mexique
Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Expérimental
Aventure
Fantasy
Durée 114 minutes
Sortie 1973

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le film est librement inspiré du roman inachevé du poète René Daumal, Le Mont Analogue[1].

Synopsis

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Un homme ressemblant au Christ (Horácio Salinas) s'introduit dans une tour et y affronte un maître alchimiste (Alejandro Jodorowsky). Après l'avoir vaincu, ce dernier lui fait parcourir les premières étapes d'une initiation, puis lui présente sept personnes qui font partie des puissants de ce monde, chacun d'entre eux étant associé à une planète, au sens astrologique. Ces hommes et ces femmes sont prêts à tout abandonner pour obtenir le secret de l'immortalité. Le maître leur a promis de les conduire jusqu'aux neuf sages qui le détiennent au sommet de la Montagne sacrée...

 
Le voleur vagabond est associé à la carte du fou dans le tarot de Marseille (scène introductive).

Personnages

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Malgré une forte capacité à être interprété de multiples manières, le film présente des grands traits caractéristique de la quête d'absolu[2]. Tous les personnages ont une visée symbolique, et font référence à des stéréotypes de vices et de vertus : le voleur, nu et désespéré, cherche à transcender sa nature humaine par la religion, qui le déçoit vite (scène des moulages du Christ) après s'être maladroitement sociabilisé dans un monde de vulgarité, de violence et de cupidité sans mesure. Sa quête d'une vie plus signifiante passe par l'ésotérisme, incarné par l'alchimiste (campé par Jodorowski en personne). Les sept compagnons du voleur représentent tous les maux de l'humanité, qui produisent l'illusion du bonheur mais l'éloignent chaque fois plus de sa nature.

  • Fon ou Vénus (un jeune entrepreneur ambitieux) : symbolise la vanité vulgaire de la beauté, dominatrice et insatiable.
  • Isla ou Mars (une marchande d'armes à la mode) : symbolise le bellicisme tout aussi dominatrice et insatiable.
  • Klen ou Jupiter (un homme d'affaires d'âge mûr) : symbolise l'art et les artifices comme un consumérisme éloigné de toute sincérité.
  • Sel ou Saturne (tantôt un clown habillé en évêque, tantôt une femme en élégante robe bleue) : symbolise la corruption de l'innocence par les doctrines fallacieuses.
  • Berg, ou Uranus (un jeune homme infantile et dégingandé) : symbolise la dangereuse servilité de la science au service du pouvoir.
  • Axon, ou Neptune (un général inflexible) : symbolise la répression militaire aveugle, masculiniste et sectaire.
  • Lut, ou Pluton (un ingénieur dirigiste qui "dompte" les humains) : symbolise l'architecture et l'urbanisme au service d'un mode de vie de plus en plus aliénant.

La purification de ces allégories, qui mène à leur immortalité (que l'alchimiste dit pouvoir leur offrir grâce aux neuf sages immortels) passe par leur renoncement à tout : argent, orgueil, individualité (ils brûlent une statue les représentant).

Le Pantheon Bar, cimetière où les voyageurs égarés s'amusent sans fin, représente la tentation de rester coincé dans une vie hédoniste : le poète ambulant qui s'imagine, par ses vers médiocres, singer la nature ; l'alchimiste de pacotille prenant le LSD pour la pierre philosophale. Tous s'imaginent avoir conquis la montagne sacrée.

La prostituée rappelle Marie-Madeleine, pécheresse repentante qui, bien que d'humble condition, s'élève par l'amour qu'elle voue au voleur.

Fiche technique

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Distribution

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Autour du film

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Pour le tournage qui dura 6 mois, comme il le raconte[6], Jodorowsky imposa à ses interprètes de vivre l'expérience décrite par le film : ainsi en dormant très peu, en travaillant sans arrêt, sans sexe, sans drogue, il a fini par créer une sorte de « confrérie ».

À la suite du succès de El Topo auprès des milieux des stars de rock (John Lennon et Yoko Ono, ou Peter Gabriel[7] notamment[8]), le financement de ce film est plus facile. « On m'a donné un million de dollars pour faire ce que je voulais », confie le cinéaste[9].

Postérité

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L'héritage du film, est particulièrement marqué, notamment sur d'autres artistes :

  • Le 10 septembre 2023 pour clôturer l'Étrange Festival, le Forum des images de Paris laisse le réalisateur russe Kirill Serebrennikov organiser une masterclass avec la projection d'un film de son choix. Ce dernier choisit La Montagne sacrée et invite Alejandro Jodorowsky. Au cours d'une discussion il dit: « Le cinéma est un royaume, et vous, vous en êtes le grand magicien »[10].
  • Pour le clip de la chanson Gracias sortie en 2015 le groupe de rap rennais Columbine a utilisé des extraits du film.

Notes et références

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  1. Jean-Philippe de Tonnac, René Daumal, l'archange, Paris, Grasset, , 358 p. (ISBN 2-246-56521-9, BNF 36982443), Introduction
  2. « La Montagne Sacrée : Ascension spirituelle », (consulté le )
  3. « La Montagne sacrée », sur bifi.fr (consulté le )
  4. « La Montagne sacrée », sur encyclocine.com (consulté le )
  5. Eric Dinkian, « DeVilDead : Critique du film EL TOPO (1971) et du Blu-ray Zone A », sur www.devildead.com (consulté le )
  6. Jean de Baroncelli, « " LA MONTAGNE SACRÉE " d'Alexandro Jodorowsky », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. Bruno Icher, « Prises de «Jodo» », sur Libération, (consulté le )
  8. Eric Dinkian, « DeVilDead : Critique du film EL TOPO (1971) et du Blu-ray Zone A », sur www.devildead.com (consulté le )
  9. Jean-Nicolas Berniche et Mikaël Demets, « L'anarchiste du 7e art, interview d'Alejandro Jodorowsky », Evene (site web),‎
  10. « L'Étrange Festival - XXIXème édition - 5 au 17 septembre 2023 - Master Class Kirill Serebrennikov + La Montagne Sacrée co-présenté avec son réalisateur Alejandro Jodorowsky », sur www.etrangefestival.com (consulté le )

Liens externes

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