La Marseillaise des cotillons
La Marseillaise des cotillons en l'an 1848 est un hymne féministe, écrit par Louise de Chaumont.
Le texte parut en juin 1848 dans le numéro 1 de La République des femmes, journal des cotillons, édité à Paris par les Vésuviennes, un groupe de jeunes femmes dans la tradition saint-simonienne[1].
Comme quantité d'autres chansons militantes[2], cet hymne se chante sur l'air de La Marseillaise[3].
Paroles
modifier1
Tremblez, tyrans portant culotte !
Femmes, notre jour est venu :
Point de pitié, mettons en note
Tous les torts du sexe barbu ; (bis)
Voilà trop longtemps que ça dure,
Notre patience est à bout.
Debout, Vésuviennes, debout,
Et lavons notre vieille injure.
Refrain
Liberté, sur nos fronts verse tes chauds rayons ;
Tremblez, tremblez, maris jaloux,
Respect aux cotillons !
Tremblez, tremblez, maris jaloux,
Respect aux cotillons !
2
L'homme, ce despote sauvage,
Eut soin de proclamer ses droits ;
Créons des droits à notre usage,
À notre usage, ayons des lois ! (bis)
Si l'homme en l'an quatre-vingt-treize
Eut soin de ne songer qu'à lui,
Travaillons pour nous aujourd'hui,
Faisons-nous une Marseillaise !
3
Jusqu'à ce jour, dans ce triste monde,
Tout était borgne ou de travers ;
Partout, sur la machine ronde,
La femme essuyait des revers.
Qu'un pareil chaos se débrouille,
À nous de battre le tambour !
Et vous, messieurs, à votre tour,
Filez, filez votre quenouille.
4
Combien de nous furent vexées,
Depuis le matin jusqu'au soir !
Nos pauvres paupières lassées
De pleurs étaient un réservoir. (bis)
Prenons, prenons notre revanche ;
Que le sexe battu jadis
Aujourd'hui batte ses maris.
Ainsi nous serons manche à manche.
5
On dit qu'Ève, notre grand'mère,
N'avait chemise ni maillot ;
Supprimons notre couturière,
Oui, la couturière est de trop.
La liberté, chaste amazone,
N'admet ni voiles ni verroux ;
À la barbe de nos époux
Luttons comme à Lacédémone[4].
Notes et références
modifier- Précision donnée par Robert Brécy, Florilège de la chanson révolutionnaire de 1789 au Front populaire, Les Éditions Ouvrières, Paris 1990, page 57.
- Ainsi, par exemple, L'Internationale à l'origine se chantait sur l'air de La Marseillaise, Léo Taxil a écrit La Marseillaise anticléricale, Séraphin Cordier a écrit La Nouvelle Marseillaise des mineurs, et, dans le genre militant pour la joie et la bonne humeur, au Carnaval de Paris on chanta jadis La Marseillaise de la Courtille.
- Écouter la chanson
- On sait qu'à Lacédémone les femmes, dans les jeux publics, se montraient toutes nues. (note de l'édition originale de 1848)