La Demeure du vent
La Demeure du vent, paru aux éditions Stock en 2023 est la version française du roman de l'auteure syrienne, réfugiée en France, Samar Yazbek, publié en arabe sous le titre de مقام الريح (Maqâm al-Riḥ)[1], traduit par Ola Mehanna et Khaled Osman. C'est son troisième roman traduit en français.
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Dans un entretien sur France-Culture avec Mathias Énard[2], la romancière a expliqué qu'avec cette publication, « elle était rentrée chez elle » , c'est-à-dire en littérature, amoureuse de sa langue, faisant sien le propos de Mahmoud Darwich « Je suis ma langue », après en avoir été éloignée plusieurs années par son engagement dans la lutte contre le régime syrien par l'action et l'écriture[3]. Ce roman a été sélectionné parmi les huit finalistes pour le prix de la littérature arabe 2023[4].
Traduction en anglais et en néerlandais
modifierIl a été traduit également en anglais avec pour titre Where the wind calls home[5] et en néerlandais : Waar de wind haast[6].
Cadre et structure
modifierLes événements se déroulent dans les montagnes des Alaouites, en particulier dans un village qui n'est pas nommé, pendant la guerre civile syrienne. Centré sur les sensations éprouvées par Ali, le protagoniste, militaire grièvement blessé, le récit associe deux niveaux temporels : le début et la fin de chaque chapitre relatent chronologiquement le présent d'à peine une journée, sans doute la dernière vécue par le héros, gisant en pleine nature à proximité d'un arbre qu'il se fixe comme but et qu'il n'atteint qu'au dernier chapitre , le seul à s'en tenir à ce que vit Ali dans le présent (ch. 15) ; tous les autres évoquent divers épisodes de son passé qui lui reviennent en mémoire ou que rapporte la narratrice qui relaie le point de vue de son personnage. Sont révélés au lecteur sa personnalité, son entourage, le vie du village au long des dix-neuf années écoulées depuis sa naissance.
Résumé
modifierSérieusement blessé à la suite d'un bombardement, Ali reprend conscience en se demandant s'il est en train de vivre son propre enterrement ou assiste à celui de son frère aîné, engagé volontaire et tué au combat. Il rassemble ses forces pour franchir les quelques mètres le séparant d'un chêne qui lui rappelle celui du sanctuaire de son village et qu'il n'atteint qu'au terme du récit.
Tout en décrivant cette pénible progression, la narratrice relate ses pensées, traversées par des hallucinations et interrompues par des évanouissements. Les souvenirs, surgissant au fur et à mesure des sensations éprouvées, sont à la source du récit des épisodes marquants de sa vie depuis son sauvetage à sa naissance par une vieille femme surnommée « la Rouquine », qui transporte le nouveau-né mourant au sanctuaire du village jusqu'à ses dix-neuf ans, où, arrêté à un contrôle routier et enrôlé dans l'armée du régime, malgré les supplications de son père qui a déjà perdu son aîné au combat.
Enfant, il a assisté aux manifestations de deuil, puis aux réjouissances des villageois à la mort du président, suivie de l'accession au pouvoir de son fils, sans rien comprendre, puisque l'omniprésence des portraits du premier lui avait fait croire en son immortalité. Dès le plus jeune âge il ne se sent bien qu'en s'immergeant en pleine nature où il s'échappe dans de longues escapades; cette euphorie, il la trouve aussi dans la fréquentation du sanctuaire et de son vieil imaM, et c'est avec bonheur qu'il effectue, en partie pieds nus, un lointain pèlerinage au mausolée d'Abu Ahmed al Ghassani, dans les environs de Lattaquié où sa mère le conduit dans l'espoir de le guérir de ce qu'elle appelle « sa divagation » et que les villageois considèrent comme de la folie.
Contrairement à ses frères et sœurs, ne supportant pas la promiscuité, il interrompt ses études à la suite d'une violente altercation avec un de ses professeurs du collège, espion du régime. Adolescent, il se construit une cabane près du sanctuaire, s'instruit en religion auprès de l'imam qui envisage de faire de lui son successeur et de la « Rouquine » qui en sait long sur l'histoire des hommes et de la Syrie. Il va travailler avec son père comme journalier dans les champs de la plaine côtière, aide sa mère, Nahla, à la création et l'entretien d'un jardin potager.
Nahla se tue au travail pour assurer l'avenir de ses enfants qui réussissent dans leurs études à l'exception d'Ali, dont elle finit par accepter l'originalité et qu'elle imagine devenir « un homme de religion pieux ». Un jour qu'il rentre du travail avec son père, il est interpellé et enrégimenté par une patrouille, malgré les supplications de son père qui argue sans succès de la mort au combat de son aîné.
Au terme du récit, Ali parvient, à bout de force, à s'accrocher à une branche du chêne, d'où il prend son « envol. »
Critiques littéraires
modifier- Richard Jacquemont : « La Demeure du vent, de Samar Yazbek : le dormeur du djebel alaouite » - Le Monde (29.01.23)[5]
- Hala Kodmani : « La Demeure au vent : Samar Yazbek, la montagne martyre » - Libération (22.01.23) [6]
- Pierre de Gasquet : La Demeure du vent : l'exil intérieur de Samar Yazbek - Les Échos (14.02.23) [7]
- Rencontre avec Kerenn Elkaim - Maison de la Poésie (18.01.23) [8]
- Entretien avec Mathias Énard- France-Culture "La voix de la Syrie" (22.01.23) [9]
- Interview de l'auteure par A. Séverin « S. Yazbek: "Je n'arrive pas à vivre sans la poésie" » (5.06.23) [10]
Notes et références
modifier- ↑ Éditions Manshurāt el Mutawasit [1]
- ↑ "Les voix de la Syrie, entretien de M. Énard avec la romancière Samar Yazbek " (22.01.23) [2]
- ↑ /[https_www.etonnants-voyageurs.com/?url=https%3A%2F%2Fwww.etonnants-voyageurs.com%2FYAZBEK-Samar.html]
- ↑ « Huit finalistes pour le Prix de la littérature arabe 2023 », sur Actualitté, (consulté le )
- ↑ Where the wind calls home [3]
- ↑ Waar de wind haast [4]
Liens externes
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