L'homme Moïse et la religion monothéiste
L'homme Moïse et la religion monothéiste (Der Mann Moses und die monotheistische Religion) est le dernier ouvrage de Sigmund Freud, paru en 1939, l'année de sa mort.
L'homme Moïse et la religion monothéiste | |
Couverture de l'édition originale d'Amsterdam (en allemand). | |
Auteur | Sigmund Freud |
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Pays | Autriche |
Genre | Psychologie |
Éditeur | Imago / De Lange / Hogarth Press |
Lieu de parution | Vienne, Amsterdam, Londres |
Date de parution | 1937-1939 |
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Histoire du livre
modifierPrésentation
modifier« Der Mann Moses und die monotheistische Religion »[note 1], commencé à Vienne dès 1934, est achevé durant l'exil de Freud à Londres en , alors que les deux premiers articles (sur trois) sont parus dans la revue Imago en 1937. Le livre paraît alors simultanément à Amsterdam (en allemand) et à Londres (en anglais, sous le titre Moses and Monotheism) en . Au dos de la première traduction française, on lit : « Dans ce dernier ouvrage, le fondateur de la psychanalyse examine les origines du monothéisme en Égypte, au moment de la révolution religieuse et esthétique du pharaon Akhenaton, et expose une théorie nouvelle sur les origines de Moïse et de la religion juive. »
Freud reprend la thèse de l'archéologue américain James Henry Breasted, qui reliait en 1894 le monothéisme biblique à la révolution monothéiste d'Akhenaton.
Traduit de l’allemand par Anne Berman sous le titre Moïse et le monothéisme, le livre est publié par Gallimard en 1948, qui le republie dans une traduction de Cornelius Heimp en 1986. Le texte paraît aux PUF dans les Œuvres complètes de Freud en 2010, et au Seuil dans une traduction de Jean-Pierre Lefebvre en 2012.
Éditions
modifier(D'après les OCF.P vol. XX[1])
Première publication :
- 1939 : Amsterdam, Verlag Albert de Lange, 241 p.
Autres éditions allemandes :
- 1950 : Gesammelte Werke, t. XVI, p. 103-246.
- 1974 : Studienausgabe, t. IX, p. 459-581.
Traduction anglaise :
- 1964 : Standard Edition, t. XXIII, p. 7-137 : Moses and Monotheism.
Traductions françaises :
- 1948 : Moïse et le monothéisme, traduit par Anne Berman, Paris, Gallimard, 207 p.
- 1986 : L'homme Moïse et la religion monothéiste, traduit par C. Heim, avec une préface de Marie Moscovici, Paris, Gallimard, 256 p.
- 2010 : L'homme Moïse et la religion monothéiste, traduit par J. Altounian, P. Cotet, P. Haller, Ch. Jouanlanne, R. Lainé, A. Rauzy, dans Oeuvres Complètes de Freud / Psychanalyse — OCF.P vol. XX 1937-1939, Paris, PUF, 2010 (ISBN 978-2-13-056594-9), p. 75-218.
État des connaissances sur Akhenaton au début du XXe siècle
modifierL'hypothèse que reprend Freud selon laquelle le monothéisme juif a été influencé par le monothéisme d'Akhénaton, était ignorée des historiens et archéologues jusqu'à la mise au jour en 1887 des tablettes d'Amarna. Dans sa thèse parue à Berlin en 1894, l'égyptologue américain James Henry Breasted souligne l'importance de l'étude de la révolution monothéiste d'Akhenaton dans la compréhension du monothéisme biblique. En 1910, l'égyptologue Arthur P. Weigall associe plus étroitement encore Akhenaton et le récit biblique[2].
Réception
modifierAu temps de Freud
modifierL'ouvrage suscite une certaine résistance de la part de lecteurs juifs dès 1938. Freud rapporte dans son journal la visite d'un érudit juif palestinien, Abraham Shalom Yahuda, qui au double titre de juif et de spécialiste de la Bible, lui conseille de renoncer à publier l'ouvrage[3].
Réception et critique moderne
modifierAujourd'hui, le lien proposé entre Akhenaton et le monothéisme biblique est généralement contesté[4]. Cependant, le philosophe Bruno Karsenti souligne la portée politique de la thèse freudienne[5].
La psychanalyste Marie Moscovici, tout en étant admirative, en parle comme d'un livre « à vrai dire assez fou »[6].
Freud fait de Moïse un disciple d'Akhenaton. Néanmoins, pour les spécialistes modernes, Akhenaton « semble être le premier dans l'histoire universelle à avoir introduit dans la pensée religieuse une innovation que la tradition attribue à Moïse : la distinction entre le vrai et le faux. Autrement dit, entre le vrai dieu et les autres dieux. Mais il n'existe pas pour autant de lien de cause à effet entre la révolution « monothéiste » du pharaon et la naissance du monothéisme biblique, survenue plus tard »[7]. Selon le sociologue Michael Löwy, Freud reconnaît que les bases de cette hypothèse sont fragiles. Il voulait d'ailleurs à l'origine donner comme titre à son essai : L'homme Moïse, un roman historique[6].
Notes et références
modifierNotes
modifier- Après Moïse et le monothéisme, la seconde traduction française révisée porte le titre de L'homme Moïse et la religion monothéiste, Freud ayant employé en allemand dans son titre le vocable der Mann qui signifie « l'homme » de sexe masculin.
Références
modifier- Alain Rauzy, « Notice » pour L'homme Moïse et la religion monothéiste, OCF.P vol. XX 1937-1939, Paris, PUF, 2010 (ISBN 978-2-13-056594-9), p. 76-79.
- Jan Assmann, Moïse l'Égyptien, Flammarion, coll. « Champs », (1re éd. 1997), p. 52.
- Mark Edmundson, The Death of Sigmund Freud: The Legacy of His Last Days, p.149-150, lire en ligne : [1]
- Dimitri Laboury, Akhenaton, Pygmalion, , p. 32 et suivantes.
- Bruno Karsenti, Moïse et l’idée de peuple. La vérité historique selon Freud, Éditions du Cerf, .
- Michael Löwy, « Freud (Sigmund) L'Homme Moïse et la Religion monothéiste, trois essais », Archives de Sciences Sociales des Religions, vol. 62, no 2, , p. 273–274 (lire en ligne, consulté le )
- Robert Solé, L'aventure monothéiste, entre Moïse et Akhenaton, lemonde.fr, 8 mai 2008
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
(Dans l'ordre alphabétique des noms d'auteurs :)
- Jan Assmann, Moïse l'Égyptien, Flammarion, coll. « Champs », (1re éd. 1997), p. 52.
- Thomas Gindele, Le Moïse de Freud au-delà des religions et des nations. Déchiffrage d'une énigme, L'Harmattan, coll. « Études psychanalytiques », (ISBN 978-2-343-01283-4)
- Christian Hoffmann, « Qu'est-ce qu'un effet dans le réel? », Figures de la psychanalyse, vol. 15, , p. 43-45 (DOI 10.3917/fp.015.0043, lire en ligne, consulté le )
- Bruno Karsenti, Moïse et l’idée de peuple. La vérité historique selon Freud, Éditions du Cerf, .
- Dimitri Laboury, Akhenaton, Pygmalion, , p. 32 et suivantes.
- Brigitte Lemérer, « L'homme Moïse et la religion monothéiste, Sigmund Freud », sur www.universalis.fr (consulté le )
- Michael Löwy, « Freud (Sigmund) L'Homme Moïse et la Religion monothéiste, trois essais », Archives de Sciences Sociales des Religions, vol. 62, no 2, , p. 273–274 (lire en ligne, consulté le )
- Alain Rauzy, « Notice » pour L'homme Moïse et la religion monothéiste, OCF.P vol. XX 1937-1939, Paris, PUF, 2010 (ISBN 978-2-13-056594-9), p. 76-79.
- Henri Rey-Flaud, Et Moïse créa les juifs... : le testament de Freud, Paris, Aubier, 2006.
- Jacques Le Rider, « Moïse égyptien », Revue germanique internationale, Paris, PUF, vol. 14, , p. 127-150 (DOI https://doi.org/10.4000/rgi.811, lire en ligne, consulté le )
- Moustapha Safouan, « Moïse hébreu, Moïse égyptien », Figures de la psychanalyse, vol. 25, , p. 163-170 (DOI 10.3917/fp.025.0163, lire en ligne, consulté le )
- Ivan Segré, « La mémoire du texte. L’« homme Moïse » de Freud : pour une lecture critique et sociale », Le Coq-Héron, vol. N°239, no 4, , p. 144-155 (ISSN 0335-7899 et 1951-6290, DOI 10.3917/cohe.239.0144, lire en ligne)
- Laurie Sibony-Tua, « Quand l'homme Freud nous parle de Moïse », Topique, vol. 85, , p. 239-250 (DOI 10.3917/top.085.0239, lire en ligne)
- Antoine Vergote, « Religion et psychanalyse-/2. Le Dieu-Père et le complexe d'Œdipe », sur www.universalis.fr (consulté le )
- Yosef Hayim Yerushalmi, Le Moïse de Freud, judaïsme terminable et interminable, Paris, Gallimard, coll. « Tel », (1re éd. 1993) (ISBN 2070133672)
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- (de) Sigmund Freud, « Der Mann Moses und die monotheistische Religion. Drei Abhandlungen », sur archive.org, Amsterdam, Verlag Allert de Lang,
- « Freud et la religion. Épisode 4 : L'homme Moïse et la religion monothéiste », sur www.franceculture.fr, (consulté le )