L'Illusionniste (film, 2010)
L'Illusionniste (The Illusionist, titre original) est un film d'animation franco-britannique écrit et réalisé par Sylvain Chomet d'après le scénario inédit de Jacques Tati basé sur une lettre intime à sa fille Helga Marie-Jeanne Schiel[1], avec les voix de Jean-Claude Donda et Edith Rankin. Après avoir été présenté au festival de Berlin le , ce film est sorti le en France et au Royaume-Uni.
Titre original | The Illusionist |
---|---|
Réalisation | Sylvain Chomet |
Scénario |
Sylvain Chomet d'après l'œuvre inédite de Jacques Tati |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Django Films Ciné B France 3 Cinéma avec la participation de Canal+ CinéCinéma France 3 |
Pays de production |
France Royaume-Uni |
Genre | Animation |
Durée | 77 minutes |
Sortie | 2010 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Synopsis
modifierÀ la fin des années 1950, le monde du music-hall penche vers sa fin depuis la naissance du rock 'n' roll. Un vieil illusionniste se considère comme un artiste en voie de disparition et quitte les salles de spectacle parisiennes pour tenter sa nouvelle chance à Londres, mais la situation est malheureusement la même au Royaume-Uni. Il continue à faire ses tours dans de petits théâtres et dans des bars. Un jour, il rencontre une jeune fille nommée Alice dans un pub d'un village écossais qui le prend pour un vrai magicien.
- Titre : L'Illusionniste
- Titre original : The Illusionist
- Réalisation : Sylvain Chomet
- Scénario : Sylvain Chomet d'après l'œuvre originale de Jacques Tati
- 1er assistant réalisateur : Paul Dutton
- Directeur artistique : Bjarne Hansen
- Orchestration, distribution et production : Thierry Davis
- Chansons interprétées : The Britoons, Didier Gustin, Jil Aigrot et Frédéric Lebon
- Décors : Isobel Stenhouse et Bjørn-Erik Aschim
- Couleurs : Anne Hoffmann et Marcin Lichowski
- Création sonore : Jean Goudier
- Montage et musique : Sylvain Chomet
- Superviseur compositing : Jean-Pierre Bouchet
- Superviseur technique : Campbell McAllister
- Superviseur de la mise en couleur des personnages : Emma McCann
- Création graphique des personnages : Sylvain Chomet et Pierre-Henry Laporterie
- Chefs animateurs : Laurent Kircher, Thierry Torres Rubio, Nic Debray, Victor Ens, Antonio Mengual Llobet, Charlotte Walton, Sandra Gaudi et Antoine Antin
- Effets spéciaux 2D : Olivier Malric
- Studios d'animation : Néomis animation, Ink Digital, Guy Movie, Sunwoo, La Station et Django Films
- Direction de production : Fiona Hall
- Production : Bob Last et Sally Chomet
- Producteurs associés : Philippe Carcassonne et Jake Eberts
- Coproducteur associé : Jinko Gotoh
- Société de production : Django Films, Ciné B, France 3 Cinéma avec la participation de Canal+, CinéCinéma, France 3
- Distribution : Pathé Distribution
- Budget : 11 millions d'euros[4]
- Pays : Royaume-Uni et France
- Langue : français, anglais
- Format : couleur - 1.85 : 1 - 35 mm
- Genre : animation
- Durée : 77 minutes
- Dates de sortie :
- : au festival de Berlin
- , :
- Jean-Claude Donda : Tatischeff, le vieil illusionniste sous l'apparence frappante de Jacques Tati lui-même.
- Edith Rankin : Alice
Production
modifierAprès son premier long-métrage Les Triplettes de Belleville (2003) qui a reçu une nomination aux Oscars, tombé amoureux de l'Écosse en 2004[5], le réalisateur Sylvain Chomet s'est installé à Édimbourg en 2006, où il a aménagé ses propres studios d'animation, Django Films[4] pour produire un gros projet qu'est L'Illusionniste, prévu au départ en images de synthèse pour une sortie en 2008[6].
Du script au scénario
modifierJacques Tati avait écrit un script nommé Film Tati no 4[7], très simple et sans dialogue[8], entre 1955 et 1959[9] comme une lettre personnelle à sa fille aînée Helga Marie-Jeanne Schiel, qu'il avait longtemps abandonnée et qu'il n'avait jamais osé partager avec les autres[1], en collaboration avec son partenaire de toujours Henri Marquet[10], décorateur et coscénariste de Mon oncle (1958) et de Playtime (1967). Ce script a longtemps été gardé par Jérôme Deschamps et Macha Makeïeff : « ce sont des gens que je respecte énormément, dit le réalisateur Sylvain Chomet, qui s'occupent admirablement de la gestion de l'œuvre de Tati, et qui font des choses superbes au théâtre. Et ils m'ont accordé une telle confiance que cela m'a permis de tenir jusqu'au bout »[8] ; ils avaient immédiatement pensé au réalisateur Sylvain Chomet qui pourrait en faire un film.
Pourquoi Jacques Tati n'a-t-il pas pu tourner son propre scénario ? Il y a à cela plusieurs raisons, comme l'explique Sylvain Chomet[11] : « j'en apprends de nouvelles à chaque rencontre. Pierdel[12], ce magicien que Tati a embarqué comme accessoiriste sur ses films dès Jour de fête, m'a dit que Tati n'était pas du tout habile de ses mains. Ça se voit dans les films, d'ailleurs. Monsieur Hulot est un personnage qui hésite toujours à saisir les choses, parce que dès qu'il les touche, il les détruit, comme dans la cuisine de Mon oncle. Il semble toujours agité par un conflit intérieur : son cerveau lui dicte quelque chose, mais son corps hésite. Laurent Kircher, qui a animé le personnage, a restitué à la perfection ces hésitations. J'ai l'impression que Tati devait être comme ça dans la vie, très maladroit avec tout ce qui demandait de la minutie. En plus, il s'était brûlé une main. Il s'est donc rendu compte qu'il allait devoir confier le rôle à un comédien et en a parlé notamment à Pierdel. Or, le personnage de l'illusionniste est très proche de lui, bien plus que Monsieur Hulot. On a dit aussi que Tati trouvait le sujet trop sérieux à ce moment-là de sa vie. Bref, il a abandonné le projet pour faire Playtime ».
Avant tout, Sylvain Chomet, réécrivant le scénario sous le titre provisoire L'homme au Lapin blanc[13],[5], respecte la plus grande partie de l'histoire de Jacques Tati dans laquelle l'action se déroule à Prague : il l'a transportée à Édimbourg, où d'ailleurs se trouve le studio Django Films, tout en gardant « la période, le ton et le style cinématographique de Tati ». « Par ailleurs, les deux villes se ressemblent et puis la lumière est plus belle à Edimbourg, explique le réalisateur[5], les contrastes y sont plus dramatiques, le ciel y est d'un bleu très pur alors que Prague se trouve dans les terres, loin de la mer, avec un ciel très bas ». Le scénario original parlait des poules du magicien, mais Sylvain les a remplacées par un lapin blanc parce que les poules « relèvent de l'enfer pour un animateur »[5], ce qu'avait vécu Nick Park, le réalisateur anglais, durant la mise en scène de Chicken Run.
Animation
modifierTechniques
modifierContrairement aux Triplettes de Belleville, qui comprend environ mille deux cents plans, L'Illusionniste n'en compte que quatre cents[11].
Décors
modifierC'est le directeur artistique danois Bjarne Hansen qui, avec d'autres animateurs, s'est occupé des décors au trait faits sur papier, comme les dessins d'animation des personnages, ensuite scannés et coloriés à la palette graphique[8]. Son pays a une petite similitude avec l'Écosse où se déroule l'action. L'essentiel des recherches et développement des décors basés à Edimbourg ont été réalisés sous forme d'esquisses poussées par Pierre-Henry Laporterie sous la supervision de Sylvain Chomet.
Choix des interprètes
modifierLe comédien Jean-Claude Donda retrouve Sylvain Chomet avec qui il a déjà travaillé pour les rôles d'un commentateur sportif, d'un mendiant et du Général de Gaulle dans Les Triplettes de Belleville (2003) ; il prête ici sa voix au personnage Tatischeff, le vieil illusionniste.
Réception
modifierCritique par certains membres de la famille de Tati
modifierUne polémique est survenue fin : la famille McDonald, notamment les fils de Helga Marie-Jeanne Schiel et petits-fils de Jacques Tati, a exprimé sa colère à travers une lettre de l'un d'eux, Richard McDonald, destinée à la maison britannique de The Observer et à Roger Ebert au Chicago Sun-Times. « the sabotaging of Tati's original L'Illusionniste script, without recognising his troubled intentions, so that it resembles little more than a grotesque, eclectic, nostalgic homage to its author is the most disrespectful act » (« le sabotage du script original de L'Illusionniste, ne reconnaissant pas les intentions troubles de Tati et les masquant derrière un hommage grotesque et nostalgique, est profondément irrespectueux »)[14],[15],[16].
Festivals
modifierLa sortie en salles de L'Illusionniste était d'abord prévue en 2007, puis 2008. Comme l'avait dévoilé le quotidien écossais Herald Scotland[17] en , il a été présenté dans la section spéciale[18] pour la première fois au public au festival de Berlin du 11 au , très précisément le . Ce fut un succès qui a même permis aux studios Sony Pictures Classics de recevoir les droits de distribution en Amérique du Nord[19]. Il est également présenté en avant-première le , jour de l'ouverture du Festival international du film d'animation d'Annecy[20].
Pathé Distribution avait annoncé sur son site que sa sortie officielle serait le , avant d'être à nouveau repoussé au .
Box-office
modifierSelon le webzine cinématographique Excessif, L'Illusionniste a séduit 75 495 spectateurs dans quatre-vingt quatre salles[21] au cours de son premier week-end d'exploitation en France, ce qui donne le meilleur remplissage des 19 et . Trois jours plus tard, le film intègre finalement le Top 10 de la semaine en France, classé huitième, avec 87 969 entrées, affichant une moyenne par copie supérieure à 1 000 entrées[22].
Fin 2014, il totalise un peu plus de 295 000 entrées en France[23] et 5 631 400 de dollars de recettes à l'international[24].
Distinctions
modifierRécompenses
modifier- Meilleur film d'animation
- Spotlight Award
- Meilleur film d'animation
Nominations
modifier- Meilleure contribution technique
- Meilleur film d'animation
- Meilleur film d'animation
- Meilleur film
- Meilleur film d'animation
- Meilleur film d'animation
- Meilleur film d'animation
Analyse
modifierRéférences à d'autres œuvres
modifier- Lorsque Taticheff embarque pour se rendre en Écosse, on peut apercevoir un agent de police qui est le personnage principal d'un court métrage de Sylvain Chomet, La Vieille Dame et les Pigeons.
- Lors d'une scène où Taticheff se déplace en train après son voyage en ferry en provenance de France on peut voir un paysage montrant l'usine Battersea Power Station représentée sur la pochette d'album Animals de Pink Floyd.
- Le film My Uncle (version anglaise de Mon oncle), de Jacques Tati, est projeté dans un cinéma d'Édimbourg lorsque Taticheff y pénètre par erreur. Le clin d'œil est double car ce cinéma s'appelle Caméo et existe réellement.
- Lorsque Taticheff quitte son travail d'illusionniste de vitrines, son remplaçant (un nain aux dents de lapin habillé en maharadjah) est un personnage des Triplettes de Belleville, le film précédent de Sylvain Chomet, en 2003.
Notes et références
modifier- Jean-Philippe Guérand, « La postérité de M. Hulot », sur NonFiction, Gallimard, (consulté le )
- « L'illusionniste (2010) », sur Internet Movie Database (consulté le )
- « L'illusionniste », sur Pathé Distribution (consulté le )
- Aurélien Allin, « Focus sur le prochain Sylvain Chomet », sur Cinéma Teaser.com, (consulté le )
- « La voix de Tati », sur Le Nouvel Observateur, (consulté le )
- Guillaume Massart, « L'ILLUSIONNISTE: un avant-goût du nouveau film de Sylvain Chomet », sur Film de culte (consulté le )
- Nicolas SCHIAVI, « 'L'illusionniste', La critique d'Excessif », sur Excessif (consulté le )
- « Entretien avec Sylvain Chomet, réalisateur de 'L'illusionniste' », sur Cinémotions (consulté le )
- Thierry Jobin, « Jacques Tati à Berlin », sur letemps.ch, (consulté le )
- Matthieu Orléan, « France - Paris - Jacques Tati - Deux temps, trois mouvements », sur La Cinémathèque française (consulté le )
- Bernard Génin et Stéphane Goudet pour Positif, « L'Illusionniste (p. 27-28) », sur Montreuil.fr (consulté le )
- André Delepierre, de son vrai nom, est d'abord illusionniste depuis ses onze ans avant d'être accessoiriste puis technicien des effets spéciaux et aussi figurant dans les films de son ami Jacques Tati.
- « Tati et l'esprit d'enfance », sur Le Soir, (consulté le )
- (en) Vanessa Thorpe, « Jacques Tati's lost film reveals family's pain », sur The Observer, (consulté le )
- Aurélien Allin, « La famille illégitime de Tati s'insurge contre L'Illusionniste », sur Cinéma Teaser, (consulté le )
- (en) Roger Ebert et Richard Mcdonald, « The secret of Jacques Tati » [archive du ], sur Chicago Sun-Times, (consulté le )
- (en) Edd McCracken, « A hot ticket set to transform the world's view of Scotland », sur Herald Scotland, (consulté le )
- Olivier Bachelard, « Festival - BERLIN 2010 – Sélection Séances spéciales », sur Abus de ciné (consulté le )
- Nicolas G., « Tournée américaine pour L'Illusionniste », sur Zoom-Cinéma, (consulté le )
- « Avant-premières - Programme LMAP 1 (90 min) », sur Annecy.org (consulté le )
- Olivier Corriez, « Box office week-end : 400.000 entrées pour L'Agence tous risques », sur excessif, (consulté le )
- Olivier Corriez, « Box office : L'Agence tous risques, le film du moment », sur excessif, (consulté le )
- Fiche Allociné.
- L'Illusioniste, TheNumbers.com
- « Des Hommes et des dieux César du meilleur film », article dans Libération (source AFP) le 26 février 2011. Page consultée le 26 février 2011.
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier
- Site officiel
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- L'Illusionniste sur Pathé Distribution