L'Eau vive (Thomas Philippe)

centre de formation catholique siège d'un scandale sexuel

L'Eau vive est, entre 1946 et 1956, un centre de formation et de spiritualité catholique à vocation internationale fondé par le père Thomas Philippe à Soisy-sur-Seine, près du couvent dominicain du Saulchoir d'Étiolles. Jean Vanier en prend la direction en 1952 après l'éviction de Thomas Philippe à la suite de plaintes en 1951 pour des abus sexuels. Le centre est fermé en 1956 par décision du Saint-Office et son fondateur condamné.

L'Eau vive
Repères historiques
Fondation 1946
Fondateur(s) Thomas Philippe
Lieu de fondation Soisy-sur-Seine
Disparition 1956
Fiche d'identité
Dirigeant Thomas Philippe (1946-1952)
Jean Vanier (à partir de 1952)
Membres Jean de Menasce, Gebhard Behler, Ceslas Minguet, Ambroise Gagneux, Louis-Bertrand Guérard des Lauriers, Jean-Marie Paupert, Jean Rupp, Lucie Denis, Paulette Posez, Simone Leuret, Madeleine Guéroult, Madeleine Brunet, Myriam Tannhof, Maryse Hueber, Marguerite Tournoux, Jacqueline d'Halluin et Anne de Rosanbo.

L'association L'Arche est fondée en 1964 par Jean Vanier et Thomas Philippe, rejoints par d'anciennes membres de l'Eau vive. Dans son livre La Trahison des pères publié en 2021, la journaliste Céline Hoyeau suggère que cette affaire de l'Eau vive est le « péché des origines » qui expliquerait la genèse et l'étendue d'abus sexuels dans plusieurs communautés nouvelles fondées par des proches de Thomas Philippe et de son frère Marie-Dominique Philippe.

Le rapport d'enquête de commandé par L'Arche qualifie le groupe de l'Eau vive de « secte cachée au sein d’une institution située au cœur de l'Église ». Pour l'historien Tangi Cavalin, il s'agit d'une « société secrète ».

Fondation de l'Eau vive

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En 1945, Thomas Philippe, alors recteur du couvent d'études du Saulchoir à Étiolles, conçoit le projet d'une hôtellerie sur une propriété acquise par la fondation Félix Dehau, son grand-père, en bordure de la forêt de Sénart à la limite des communes de Soisy-sur-Seine et d'Étiolles où sont implantés le couvent de l’Épiphanie des dominicaines des Tourelles[1] et le monastère des dominicaines de la Croix et de la Compassion, dont l'une de ses sœurs, Cécile Philippe (1906-1986), est la prieure[2]. Celle-ci fonde la même année, avec des religieuses de son ancien couvent, le monastère du Cœur Immaculé de Marie sur les terres familiales de Bouvines[3]. Son oncle, le père Thomas Dehau, est l'aumônier et l'animateur de ce monastère qui se rattache complètement à la famille spirituelle de la future Eau vive[4].

 
Programme des cours à l'Eau vive en août 1952.

Ainsi naît l'idée en 1946 d'ouvrir aux portes de Paris un « Centre international de spiritualité et de culture chrétienne », une « école de sagesse » destinée à former de futures élites chrétiennes grâce à un enseignement théologique et philosophique d'inspiration thomiste[5].

Le projet reçoit l'approbation du père Thomas Dehau, l'oncle de Thomas Philippe, et de sa dirigée, la mystique belge Hélène Claeys-Bouuaert (1888-1959), l'« l'âme secrète » de l'Eau vive qui reçoit en révélation que « près du Saulchoir une œuvre de Dieu surgirait qui serait plus importante que celle de Catherine de Sienne »[6]. Le nom de l'association[7], présidée par la comtesse Herminie de Cossé-Brissac, est notamment inspiré par le titre d'un livre de Thomas Dehau publié en 1941 : Des fleuves d’eau vive[8]. La petite dizaine de femmes qui assurent la vie matérielle de la maison, surnommées les « saintes femmes », sont ses filles spirituelles. En , L'Eau vive accueille treize étudiants[9] qui suivent également les cours dispensés au Saulchoir. La branche féminine ouvre en 1947, hébergée par le couvent de l'Épiphanie. Début 1948 une trentaine d'étudiants, de diverses nationalités et confessions religieuses, s'y côtoient. « Autour, gravite une vaste nébuleuse d'hôtes. »[10]. La direction est confiée à Thomas Philippe qui a transmis sa charge de recteur du Saulchoir en octobre 1948. Son frère Marie-Dominique Philippe et le père Jean de Menasce (Pierre en religion) y donnent des sessions d'enseignement[5].

Le philosophe Jacques Maritain, alors ambassadeur de France près le Saint-Siège, soutient l'initiative, y donne aussi des cours et songe même en 1948 à s'y installer. Thomas Philippe sollicite les milieux ecclésiastiques en France et à Rome ainsi que les cercles intellectuels et mondains pour appuyer son entreprise. Des ventes de charité sont organisées au profit de l'Eau vive[11], ce qui ne va pas sans créer quelques tensions avec le Saulchoir et la Province dominicaine sur l'attribution des bénéfices et l'autonomie de l’œuvre de Thomas Philippe[12]. Le général Georges Vanier, ambassadeur du Canada à Paris, finance l'installation du chauffage central et oriente vers l'Eau vive son fils, Jean Vanier, qui s'y installe en septembre 1950 et devient rapidement le « fils spirituel » de Thomas Philippe[13],[14]. De nombreuses personnalités honorent l'Eau vive de leur présence : l'indianiste Olivier Lacombe, l'islamologue Louis Massignon, le député Maurice Schumann, Giuseppe Roncali, futur pape Jean XXIII, alors nonce à Paris[15],[16]. L'Eau vive au moment de son apogée, dans les années 1950-1951, compte près d'une centaine d'étudiants venus du monde entier et attire le Tout-Paris catholique lors de conférences et de retraites. Dans le contexte de l'après-guerre, cette communauté apparaît aux yeux du psychiatre américain John W. Thompson (1906-1965), qui s'y installe à partir de 1951 et y accueille des adolescents et des jeunes adultes en souffrance mentale, comme « une oasis spirituelle infusée par l'amour de Dieu au milieu d'un désert sans âme marqué par le matérialisme et la destruction. »[17].

Premières révélations des abus sexuels de Thomas Philippe

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Des dysfonctionnements cependant se font jour, d'autant que le père Thomas Philippe est un piètre administrateur. L'afflux de visiteurs[18] désorganise l'Eau vive, une « pagaye »[19] qui déplaît fortement à ses proches, l'abbé Charles Journet, le père de Menasce et Jacques Maritain qui s'en plaint en ces termes : « L'Eau vive n'est ni un hospice, ni un hôpital, ni un asile, ni une maison de retraite spirituelle, ni un centre de personnes déplacées. Elle doit spécialement se tenir en garde vis-à-vis des déséquilibrés et des gyrovagues. »[20]. Ils déplorent également les débordements de piété affective, mariale en particulier[21]. Cet avis est partagé par l'ancien dominicain Jean-Marie Paupert qui y a séjourné durant plusieurs années et critiquera dans son livre Peut-on être chrétien aujourd'hui ? (1966) un « caravansérail rempli de psychiatres avides de merveilleux » fustigeant la « mariolâtrie » et le « mépris cathare de la matière et de la chair » régnant selon lui à l'Eau vive[22],[23]. Par l'entremise de sa sœur Cécile[24], le père Thomas Philippe entretient des rapports privilégiés avec plusieurs moniales dont il assure la direction spirituelle : « Tout ce microcosme dominicain d’Étiolles et de Soisy [...] vit dans l’exaltation mariale sous son ascendant : les pénitents et pénitentes se pressent dans le couloir d’accès à son bureau, quitte à y faire le pied de grue plusieurs heures. »[25].

Son influence s'étend aussi à plusieurs carmels, dont celui de Nogent-sur-Marne, d'où part la première alerte à l'occasion d'une visite canonique effectuée en par Pierre Brot, vicaire général du diocèse de Paris et supérieur délégué du carmel. Il rapporte un « engouement excessif » pour la personne de Thomas Philippe, proche de « l’adoration », et ses fréquentes visites que la prieure du carmel cherche à dissimuler. Cette dernière reçoit du père Brot une admonestation qui lui demande de limiter les visites de Thomas Philippe, qui reçoit lui-même une lettre de mise en garde. C'est le père carme Marie-Eugène de l’Enfant-Jésus qui, lors de sa visite du carmel de Nogent en , est le premier à déceler la nature sexuelle des relations entre Thomas Philippe et plusieurs religieuses du couvent[26], dont la prieure, qui est déposée. Thomas Philippe se voit interdire l'accès au carmel. Cependant aucun signalement n'est fait au Saint-Office[27].

En , deux femmes de l'Eau vive, Madeleine Guéroult et Madeleine Brunet[28], une ancienne novice du monastère de la Croix et de la Compassion d'Étiolles[29], alertent certains pères dominicains, notamment les pères Jean de Menasce et Jourdain Bonduelle, cousin germain de Thomas Philippe[30]. L'abbé Charles Journet et Jacques Maritain[31] sont également informés. Elles dénoncent des abus sexuels infligés par Thomas Philippe, justifiés par des arguments théologiques et mystiques[32]. Des « indiscrétions »[33],[34] ébruitent l'affaire. Par mesure de rétorsion, Madeleine Guéroult est aussitôt renvoyée de l'Eau vive par la comtesse de Cossé-Brissac[35]. Au début de 1952, la branche féminine de L’Eau vive est fermée. Une enquête interne à l'Ordre dominicain est ouverte. Le , Thomas Philippe est définitivement démis de ses fonctions et appelé à Rome[36], à la maison générale de l'Ordre des prêcheurs au couvent Sainte-Sabine[37], pour rendre compte de ses agissements[38].

L'Eau vive après le départ de Thomas Philippe (1952-1956)

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Thomas Philippe nomme à sa place Jean Vanier, soutenu par le conseil d'administration de l'Eau vive, constitué de laïcs influents, au grand dam du père Albert-Marie Avril (1897-1978), provincial français de l'Ordre dominicain, qui le juge inexpérimenté et souhaite que le Saulchoir reprenne la main sur l'Eau vive[5].

Jean Vanier, qui n'a pas jusque là connaissance des pratiques mystico-érotiques de Thomas Philippe avec plusieurs femmes de l'Eau vive, y est initié le dimanche , en le jour de la Fête-Dieu, par l'une d'elles, Jacqueline d'Halluin (1926-2009)[39],[40] : « Au moment où T. Philippe perd pied sur le plan psychologique, où l’Eau vive semble plus que jamais menacée dans ses fondations, on la renforce en élargissant le cercle des intimes, et en y incluant J. Vanier, un homme, un sexe masculin, un « Christ » »[41].

À la rentrée 1952, le père Avril interdit aux frères dominicains d'enseigner à l'Eau vive et aux étudiants de l'Eau vive l'accès aux cours du Saulchoir. Les effectifs de l'Eau vive baissent alors rapidement[5].

Pour sortir de l'impasse et tenter une conciliation avec les dominicains, Alexandre Renard, évêque de Versailles, ordonne le une enquête canonique qui est menée par le père Vandewalle, vicaire général du diocèse. La Province dominicaine « pose comme un préalable à toute reprise des négociations le renvoi de tous les éléments féminins exerçant une responsabilité dans l'Eau Vive, même à titre bénévole. »[42] À la suite de cette enquête, un accord tripartite entre l'Eau vive, la Province dominicaine et le diocèse est trouvé en qui prévoit la nomination d'un directeur aumônier en la personne du père Fulbert Cayré. Cependant entre lui et Jean Vanier les relations se tendent rapidement, ce dernier n'entendant pas lui laisser les rênes de la communauté. Soucieux de défendre l'autonomie de l’œuvre de Thomas Philippe, Jean Vanier mobilise un vaste réseau de relations en France et à Rome, qui comprend le cardinal Angelo Roncalli, ami de la famille Vanier, et Giovanni Montini, alors pro-secrétaire d’État de Pie XII[43]. Ces démarches suscitent l'agacement des dominicains et l'inquiétude du Saint-Office qui se saisit de l'affaire[5].

Enquête du Saint-Office et condamnation de Thomas Philippe et de ses proches

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Malgré les dénonciations claires et concordantes de faits d’abus sexuels, que Thomas Philippe a en partie reconnus, l’enquête s’enlise entre et et semble conduire à des mesures légères contre lui : le nouveau maître de l’Ordre dominicain, le père Michael Browne, préconise dans une note sur l’affaire datée du d’interdire simplement à Thomas Philippe de confesser et d’assurer une direction spirituelle, tout en lui permettant de continuer à écrire et à enseigner[44].

Le père dominicain Paul Philippe[45] (sans lien de parenté avec Thomas Philippe) est nommé commissaire du Saint-Office le . L'enquête est relancée le quand il reçoit la déposition du père Louis-Bertrand Guérard des Lauriers, professeur au Saulchoir d'Étiolles, à qui s'est confiée l'une des dirigées de Thomas Philippe, Myriam Tannhof (née Chemla). Ce témoignage décisif dévoile au père Guérard des Lauriers l'ampleur et la gravité des faits commis par Thomas Philippe, dont il partage la ligne théologique conservatrice. Sa connaissance du milieu de l'Eau vive et des monastères fréquentés par Thomas Philippe le convainquent de la véracité du témoignage de Myriam Tannhof qui avait fait partie du premier cercle des « initiées » de Thomas Philippe jusqu’au début de l’année 1954, avant que son mari, Norbert Tannhof, qu'elle avait épousé en 1951, ne lui enjoigne de dénoncer les abus sexuels dont elle avait été la victime[46].

Paul Philippe se rend en France en décembre 1955 et interroge les deux femmes qui avaient témoigné en 1952 ainsi que Myriam Tannhof et son mari. Le commissaire du Saint-Office apprend notamment que l'une des femmes de l'Eau vive, Anne de Rosanbo (1921-2004), enceinte de Thomas Philippe, dont elle est la « favorite »[47], a avorté pour éviter le scandale. L'avortement a été pratiqué par une membre de l'Eau vive, le Dr Simone Leuret[48], le , jour de la Nativité, à l'instigation de l’ancienne prieure du carmel de Nogent-sur-Marne qui confirme les faits lors d’un interrogatoire mené le [49]. Le corps de l’enfant, baptisé post mortem, a été conservé par le groupe comme une relique que « toutes les initiées ont été conviées à vénérer […] comme quelque chose de sacré, en raison du secret de la T[rès] S[ainte] Vierge » comme l’indique le père Guérard des Lauriers dans sa déposition. Ce n’est que lors de la visite du père Avril en 1952 que le corps est enterré dans la forêt[50].

De nombreux témoignages et documents collectés en quelques mois permettent au Saint-Office de mettre au jour un groupe d’au moins 33 religieuses et jeunes femmes laïques en quête de vocation religieuse « initiées » aux pratiques mystico-sexuelles de Thomas Philippe à partir de 1942, année de son installation au Saulchoir. Parmi les 8 à 9 femmes de l'Eau vive, 5 sont identifiées « comme des "initiées" ou des complices potentielles », auxquelles s'ajoutent Anne de Rosanbo et Myriam Tannhof[51]. Les autres sont issues des monastères des dominicaines d’Étiolles et de Bouvines, des carmels de Nogent-sur-Marne, Boulogne-sur-Seine et Figeac. La liste comprend aussi la supérieure générale de la congrégation des Tourelles à Montpellier, dont le couvent de l’Épiphanie sert d'hôtellerie à l'Eau vive. Mère Marie-Bernard Maistre reconnaît en avoir commis des « actes impurs graves au cours de l’année 1950 » avec Thomas Philippe[52]. Paul Philippe a connaissance de rumeurs d'une « influence dangereuse [de Thomas Philippe] sur certaines religieuses [du couvent de l’Épiphanie] dont les noms sont malheureusement inconnus »[53]. Madeleine Guéroult rapporte cependant avec précision le cas d'une dominicaine de l’Épiphanie entretenant un commerce sexuel avec Thomas Philippe[54],[55].

« Cécile Philippe a elle-même poussé plusieurs de ses moniales d’Étiolles et de Bouvines dans les bras de son frère tout en ayant elle-même des rapports homosexuels avec plusieurs d’entre elles et des rapports incestueux avec son frère Thomas Philippe ». « De forts soupçons pèsent sur [Marie-Dominique Philippe] » qui aurait commis des actes similaires. Il se voit reprocher « d’avoir encouragé une des victimes de son frère, dont il était le directeur spirituel, à poursuivre avec lui des pratiques sexuelles. » Leur oncle, Thomas Dehau admet avoir « commis des choses mystérieuses » avec quelques religieuses, ajoutant que son neveu « avait été moins prudent ». La sous-prieure du carmel de Nogent rapporte dans sa déposition du que deux religieuses de son couvent « avaient fait ces choses-là avec le P. Dehau avant le P. Thomas »[56].

 
Fresque originale de la Mater Admirabilis au couvent de la Trinité-des-Monts.

Pour se justifier, Thomas Philippe invoque, dans un pro-memoria (un aide-mémoire) de 18 pages daté du , des « grâces très obscures » reçues à plusieurs reprises devant la fresque Mater Admirabilis[57] du couvent de la Trinité-des-Monts en 1938 alors qu’il enseignait à l’Angelicum à Rome. Selon son récit, « [ces grâces] impliquaient une emprise divine du corps, nettement localisée dans la région des organes sexuels et rayonnant de là, comme de l’intérieur, sur tout le corps et sur l’esprit » Au fil de ces « grâces » qui le prennent à chaque fois qu’il se recueille, encouragé par son oncle Thomas Dehau, il aurait par la suite vécu une expérience d’union mystique avec Marie : « Je fus pris en tout mon corps, toute la nuit, dans un recueillement et une intimité extrême avec Elle. C’était comme une nouvelle connaissance de Marie »[58]. Il affirme avoir reçu en révélation l’existence de relations incestueuses entre Jésus et Marie au cours de leur vie terrestre et se poursuivant dans leur vie céleste[59]. « Après ce temps initial de « révélation » qui n’implique que lui, il a rapidement ressenti le besoin de faire vivre ces « grâces » à d’autres, de les transformer en pratiques sexuelles et de développer des arguments théologiques pour les justifier »[58].

À l’issue du procès devant le Saint-Office qui se tient du au , Thomas Philippe, qualifié de « vicieux subtil »[60], « est reconnu coupable d’abus sexuels graves avec des femmes adultes, impliquant le sacrement de la pénitence, de faux mysticisme pour justifier de tels actes et d’un avortement provoqué »[61]. Il est « frappé de la peine vindicative de déposition [...] qui le prive du droit d’exercer son ministère et de délivrer les sacrements. »[25] « Sa sœur, mère Cécile, alors prieure du couvent dominicain de Bouvines [...] est condamnée pour complicité, débarquée dans l'heure de sa charge et déplacée au couvent de Langeac où elle finira ses jours sous un nouveau nom de religion. »[62]. En raison de sa « grave responsabilité » dans les désordres de son neveu, son oncle Thomas Dehau reçoit, compte tenu de son grand âge et de son état de santé, une simple monition canonique. Il meurt six mois plus tard. Le père Marie-Dominique Philippe, « jugé gravement complice des agissements de son frère », est condamné en 1957 : il lui est interdit durant deux ans de confesser, de diriger spirituellement des religieuses, de séjourner et de prêcher dans des monastères et d’enseigner la spiritualité[63]. En raison de sa défense acharnée de Thomas Philippe, le Saint-Office décrit Jean Vanier comme son « disciple le plus fanatique »[64]. Malgré ses démarches répétées pour devenir prêtre entre 1956 et 1979, Jean Vanier se voit refuser l'accès au sacerdoce en raison de son refus de passer par une formation dans un grand séminaire et de sa proximité avec Thomas Philippe qui se poursuit à l'Arche. Une dernière tentative de sa part en 1975, avec le soutien appuyé de l'évêque de Beauvais, Stéphane Desmazières, qui intercède à plusieurs reprises en sa faveur auprès de Giovanni Benelli, substitut de la Secrétairerie d’État, se heurte finalement à un refus de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi en 1979[65].

L'Eau vive est fermée, avec interdiction pour ses membres de reformer une communauté et pour Thomas Philippe de reprendre contact avec son groupe de disciples[66]. En 1958 la propriété est vendue par la fondation Félix Dehau au profit de la Province de France des dominicains[67]. En 1963, à l'emplacement du château de Gerville, bâtiment qui avait servi à l'Eau vive, est installé l'actuel hôpital psychiatrique de Soisy-sur-Seine qui a conservé ce nom[68].

Postérité de l'Eau vive

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Malgré ces interdictions, à partir du retrait forcé de Thomas Philippe en , un groupe formé par Jean Vanier et sept anciennes membres de l'Eau vive, dont Jacqueline d'Halluin et Anne de Rosanbo[43], entretiennent des relations clandestines avec le père Thomas Philippe[69], assigné à Rome sous étroite surveillance à la Trappe de Frattochie[70], puis au couvent Sainte-Sabine. Ils nomment cette expérience « la vie cachée en Marie ». Le courrier de Thomas Philippe étant surveillé, ils correspondent avec lui via des lettres portées par des personnes de confiance (la « valise diplomatique de Marie »[71]) non datées, sous noms de code et en langage secret. Ces lettres témoignent de liens amoureux et mystiques avec un arrière-plan sexuel[43].

En 1959, Jean Vanier loue un appartement à Rome pour faciliter les rencontres. Le père Thomas Philippe ayant été soigné pour dépression en 1953 et en 1955 au hameau-école de Longueil-Annel dirigé par le Dr Robert Préaut, Jean Vanier joue de son influence pour le placer là-bas, à 13 km du village de Trosly-Breuil où il s'installe lui-même en 1964, en toute discrétion et en compagnie des femmes qui l'ont suivi. Ensemble, ils forment alors le noyau initial de la communauté de l'Arche, dont Jean Vanier est le fondateur avec Thomas Philippe[72] qui en est aussi l'aumônier, malgré la sentence de déposition de 1956[73].

Rapports sur Jean Vanier et les frères Philippe

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Le , l'Arche révèle qu'entre les années 1970 et son départ en 1991[74] « le père Thomas Philippe a eu des agissements sexuels sur des femmes majeures, par lesquels il disait rechercher et communiquer une expérience mystique. »[75]. Concernant Jean Vanier[76], l'Arche annonce le avoir recueilli sur une période allant de 1970 à 2005 des « témoignages de relations sexuelles sous emprise tous émanant de femmes adultes et non handicapées [...] avec des justifications soi-disant mystiques et spirituelles ». Le rapport conclut que « parce que Jean Vanier n’a pas dénoncé les théories et les pratiques du père Thomas Philippe dont il était personnellement au courant dès les années 1950, cela a rendu possible, de fait, la poursuite de ses abus sexuels sur des femmes à L’Arche et lui a permis d’élargir son influence spirituelle sur les fondateurs ou membres d’autres communautés. »[77],[78].

Ainsi la journaliste Céline Hoyeau dans son livre La Trahison des pères, paru en 2021, envisage cette affaire de l'Eau vive comme le « péché des origines »[79] et fait « l'hypothèse que les frères Philippe auraient transmis à d'autres fondateurs leur doctrine cachée »[80] conduisant à de nombreux abus sexuels observés dans les communautés créées sous leur influence : la communauté Saint-Jean, l'Office culturel de Cluny, la communauté des Béatitudes, Points-Cœur. Dès , le Service Accueil Médiation (SAM) de la Conférence des évêques de France, créé à l'initiative de Jean Vernette, émettait un rapport dans lequel Marie-Dominique Philippe apparaissait comme le dénominateur commun de communautés suspectes de dérives sectaires comme les différentes branches de la Congrégation Saint-Jean, la Famille monastique de Bethléem, l'abbaye d'Ourscamp avec Points-Cœur ou le carmel de Montgardin[81].

Quatre commissions historiques et théologiques des dominicains[82],[83], de L'Arche[84] et des Frères de Saint-Jean enquêtent sur la genèse des abus des frères Philippe. Leurs rapports respectifs sont attendus en 2022[85]. Le rapport et sa synthèse sont publiés le par la commission d'étude mandatée par L’Arche Internationale[86],[87]. L'enquête historique confiée par le provincial de France des dominicains à l’historien Tangi Cavalin, entouré d'une équipe, paraît aux Éditions du Cerf[88],[89]. Le rapport de la communauté Saint-Jean est publié le [90],[91]. Au lendemain de cette publication, Céline Hoyeau fait paraître un article sur « les influences souterraines des frères Philippe » dans différents milieux de l'Église de France, sur lesquelles la CORREF souhaite un travail de recherche historique[92]. Cette tâche est confiée en à Tangi Cavalin[93].

Références

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  1. « Dominicaines des Tourelles », sur Conférence des religieux et religieuses de France (consulté le )
  2. Arche 2023, p. 76
  3. « Par ailleurs, depuis Bouvines, le père Pierre Dehau et Cécile Philippe soutiennent le projet. Car, dans le château de Félix et Marie Dehau fut fondé, en 1945, le monastère du Cœur immaculé de Marie. Une volée de Dominicaines contemplatives du monastère de la Croix de Soisy-sur-Seine s'y installèrent, La fondatrice et première prieure n'est autre que mère Cécile. » Lafon 2015, p. 302
  4. Mourges 2009, p. 68
  5. a b c d et e Étienne Fouilloux, « PHILIPPE Thomas », sur Dictionnaire biographique des frères prêcheurs,
  6. « [Le] Père Thomas Philippe [a été] envoyé à Rome par Dehau et cette âme contemplative : elle lui avait dit alors de parler au maître général, de lui dire que près du Saulchoir une œuvre de Dieu surgirait qui serait plus importante que celle de Catherine de Sienne. [...] Le Père Dehau m'avait parlé de cette grande œuvre, de cette floraison intellectuelle et spirituelle qui aurait lieu « au prix de fleur de sang ». Cette âme parlait d’une œuvre d'Église (non de l'ordre), d’une espèce de congrégation ou d'ordre de la Sainte Vierge, sans forme extérieure ni constitution visible mais où il y aurait son esprit dans la liberté. C’est tout cet ensemble de lumière qui a fortifié le Père Thomas Philippe et l'a poussé à fonder l'Eau Vive. » Carnets personnels de Maritain, 30 août 1949, Archives Jacques et Raïssa Maritain, cité par Mourges 2009, p. 66
  7. L'Eau vive, même si elle revêt des aspects communautaires, n'est pas une communauté religieuse. Cf. Cavalin 2023, p. 320 « Le caractère laïque du centre de l’Eau vive est essentiel. Il se crée près du couvent d’études du Saulchoir, dont il se présente comme un prolongement, mais est indépendant de lui sur le plan juridique. [...] Rien, dans son objet, ne signale la finalité religieuse de l’association : il s’agit de « venir en aide aux surmenés en veillant amicalement sur leur repos et en favorisant leur réadaptation sociale » [...]. Le siège social est situé à Soisy-sur-Seine, au domaine de Gerville, propriété de la comtesse de Gouvion Saint-Cyr. Elle est administrée par un comité et un bureau désignés lors de l’assemblée constitutive. La comtesse Herminie de Cossé-Brissac prend la présidence du bureau, Jacques Hubert et Georges Riquier, la vice-présidence, le docteur Simone Leuret le secrétariat et Marguerite Tournoux la trésorerie. Cette équipe est celle qui assure juridiquement, une existence à l’Eau vive. » En avril 1948, l'association change ses statuts pour devenir un « Centre international de culture chrétienne » Cavalin 2023, p. 325
  8. Mourges 2009, p. 65
  9. Mourges 2009, p. 131
  10. Lafon 2015, p. 303
  11. Raymond Millet, « "L'Eau Vive" », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  12. « [...] Cette question de l'autonomie de l'Eau Vive va être aussi le point où se cristallisent toutes les tensions avec le Saulchoir et la Province, qui à partir de ce moment iront sans cesse croissantes. Ces tensions, sont longuement exposées par le Père Avril au Maître Général dans un rapport du mois d'août 1949, qu'il écrit à la suite d'un conflit à propos de la répartition des bénéfices d’une vente organisée au profit commun de la Province et de l'Eau Vive. La Province, dans une situation financière catastrophique, reproche à l'Eau Vive d'avoir accaparé la majeure partie des bénéfices à son profit, alors qu'elle était juste « invitée » à cette vente. » Mourges 2009, p. 72
  13. « Entre le jeune homme de 22 ans et le prêtre de 45 ans se noue une relation intense. Au point que le premier s'identifie vite comme le « fils spirituel » du second, un « titre » qu'il revendiquera toute sa vie. » Marie-Béatrice Baudet et Cécile Chambraud, « Les noirs secrets de Jean Vanier », Le Monde,‎ , p. 20-21 (lire en ligne  )
  14. « Jean et Thomas ont non seulement partagé des proies mais ils pourraient aussi avoir entretenu une relation homosexuelle. « Cette question est posée. Elle est légitime et fera partie du champ de la recherche », confirme Stephan Posner [coordinateur international de L’Arche]. » Marie-Béatrice Baudet et Cécile Chambraud, « Les noirs secrets de Jean Vanier », Le Monde,‎ , p. 20-21 (lire en ligne  ) « Pour ce qui concerne la relation homosexuelle ou non de T. Philippe avec J. Vanier, en l’état positif de ses connaissances, la Commission ne peut pas cependant trancher. Question ouverte. » Arche 2023, p. 40
  15. Lafon 2015, p. 304
  16. « Le Journal de France de Roncalli indique qu’il a reçu quatre fois T. Philippe entre 1946 et 1952 et avait visité deux fois l’Eau vive, le 15 juin 1949 et le 3 mars 1952 en faisant des remarques très positives. » Arche 2023, p. 131
  17. « Thompson considered Eau Vive a spiritual oasis, infused with the love of God in an otherwise soulless desert of materialism and destruction. » Weindling 2010, p. 216
  18. « In the difficult year between April 1951 and April 1952, 454 students came from forty countries. » Weindling 2010, p. 209
  19. « À l'Eau Vive nous sommes tombés dans une pagaye que vous prévoyiez et redoutiez » Lettre de Jacques Maritain à Charles Journet, 12 juin 1949, Correspondance vol. 3, Éditions universitaires (1996) p. 754. Cité par Mourges 2009, p. 155
  20. « Il importe d'être spécialement en garde contre les dangers que pourraient faire courir à l'œuvre les gens attirés par le snobisme de la sagesse, les curieux et les touristes. L'Eau Vive ne doit non plus, à aucun moment, accepter d'être un lieu de camping pour scouts, colonies de vacances ou œuvre de jeunesse. Elle ne doit recevoir comme hôtes ou visiteur que ceux qui s'intéressent vraiment à l'œuvre et à ses fins, et peuvent vraiment en tirer profit. » « Au sujet de l'Eau vive », juin 1949, Archives Jacques et Raïssa Maritain. Cité par Mourges 2009, p. 157
  21. « Vous me dites, Charles, que vous avez des inquiétudes pour l'Eau Vive. Je vous en prie, dites-moi plus clairement de quoi il s'agit. Je suis inquiet, il me semble qu'il y a je ne sais quoi qui ne va pas. [...] Je pense à l'esprit de l'Eau Vive. Entre nous, le rapport du Père Thomas Philippe au Congrès Marial [...] m'a mis extrêmement mal à l'aise. Est-ce là de la sagesse théologique ? [...] Et cette manière de vouloir faire de la Sainte Vierge l'épouse de son Fils (comme s'il ne suffisait pas de sa Maternité, comme si tout n'était pas dans sa Maternité !) m'exaspère et me scandalise. » Lettre de Jacques Maritain à Charles Journet, 24 juillet 1951, Correspondance vol. IV, Éditions Saint-Augustin (2005) p. 140. Jacques Maritain écrit par la suite, le 19 juin 1952 dans son carnet personnel : « Le père Thomas est fou, à mon avis. Le père Marie-Dominique connaît les faits, et déclare que son frère étant un saint, tout est bien ainsi. Un autre fou. Le diable est déchaîné dans cette affaire inouïe. » cité par Arche 2023, p. 200
  22. Pierre Vignon, « Les deux expertises ou l’inventaire des décombres »,
  23. « Quoique jouissant d’un statut autonome, nous étions, mes élèves et moi, hébergés à l’« Eau Vive » ; ce me fut l’occasion d’observer de près cette sorte de Colline inspirée [...] [R]apidement prise en main par le P. Th. P. entouré par un état major de jeunes hommes et de jeunes femmes (souvent ex-contemplatives et toujours déséquilibrées), elle devint rapidement ce que je l’ai connue, savoir : sous les auspices d’un certain monde d’ambassadeurs et d’industriels du Nord qui fournissaient les fonds, sous l’étiquette officielle « d’École de sagesse » chère à Maritain [...], en réalité une école de folie de la plus belle espèce. […] Il y avait d’abord cette sorte d’envoûtement ambigu qu’exerçait sur ses disciples, notamment sur les femmes, le métaphysicien en robe blanche et à la voix d’eunuque, au point qu’à sa venue, elles interrompaient leurs exercices, voire la messe qu’elles suivaient pour se précipiter sur la sienne ; il y avait aussi cette étrange mariologie qui était plutôt une mariocentrie sinon une mariolâtrie ; Il y avait encore ce mépris cathare de la matière et de la chair qui se vengeait bien : tant qu’on finit par connaître le fin mot de l’histoire qui était tout simplement une très typique résurgence d’enseignement quiétiste à la Molinos réservé aux initiés, poussé jusqu’à ses déviations les plus sexuellement concrètes : le mariage et les procréations d’enfants : quelle horreur ! Mais du moment qu’on ne multipliait pas la chair, bien des choses étaient permises à fins de contemplation et d’union à Dieu. Les hommes de l’art m’auront compris à demi-mot : observons de Conrart le silence prudent. L’affaire, dévoilée, fut réglée avec fermeté par l’autorité dominicaine. » Jean-Marie Paupert, Peut-on être chrétien aujourd'hui ?, Paris, Grasset, , 275 p. (BNF 33130523), p. 70-71
  24. « Le père Thomas est aussi en relations étroites avec l'une de ses sœurs, Cécile, laquelle lui donne volontiers accès au couvent voisin de moniales dominicaines de la Croix et de la Compassion à Étioles, où elle est maîtresse des novices et lui directeur de conscience. » Marie-Béatrice Baudet et Cécile Chambraud, « Les noirs secrets de Jean Vanier », Le Monde,‎ , p. 20-21 (lire en ligne  )
  25. a et b Étienne Fouilloux, « PHILIPPE Thomas », sur Dictionnaire biographique des frères prêcheurs, (consulté le ).
  26. « Un autre des témoignages est recueilli par Paul Philippe le 19 février 1956 auprès d’une sœur, « initiée » et repentie, devenue depuis sous-prieure de ce même carmel. L’auteur du rapport précise qu’il « s’agit de véritables aveux, avec de nombreux détails crus et sordides signés par la moniale » [...] Le témoignage révèle qu’au moins six religieuses de la communauté de Nogent ont suivi T. Philippe dans ses pratiques mystico-sexuelles et que trois d’entre elles [...] persistent encore, à la veille de la conclusion de son procès, à en « garder l’esprit ». » Arche 2023, p. 298-299
  27. Arche 2023, p. 82
  28. Madeleine Brunet témoigne ainsi en juin 1952 : « Le Père se livrait sur moi à toutes sortes de lubricités [...]. Il me faisait monter dans sa chambre, me faisait déshabiller, se déshabillait lui-même, me faisait coucher dans son lit, se livrait sur moi à toutes sortes de caresses. Il éprouvait une véritable jouissance sexuelle et m’a demandé maintes fois de boire le sperme me disant de boire ainsi au Cœur de N. S. Jamais il n’a eu de rapports conjugaux normaux du moins avec moi. » Arche 2023, p. 590
  29. Arche 2023, p. 94, 257-258
  30. Cavalin 2023, p. 35
  31. Jacques Maritain écrit en 1952 dans son journal : « Le P. Thomas est fou, à mon avis. Le Père Marie-Dominique connaît les faits, et déclare que son frère étant un saint, tout est bien ainsi. Un autre fou. Le diable est déchaîné dans cette affaire inouïe. » cité par Arche 2023, p. 200 et Aymeric Christensen, « "Jacques Maritain a eu une prise de conscience progressive vis-à-vis de Thomas Philippe" », La Vie,‎ (lire en ligne)
  32. Arche 2023, p. 82-83
  33. « Ce que vous m'écrivez du Père Thomas [Philippe] me consterne !, Pouvez-vous me donner un peu plus de précisions, me dire de quelle nature sont ces «directions folles » ? Il me semble qu'il faudrait que l’un de vous trois - probablement son frère - parle franchement et à fond avec lui. D'abord pour lui donner une chance de se défendre et de s'expliquer. Ensuite, au cas où l'explication ne serait pas satisfaisante, pour tout faire pour l'éclairer et l'amener à comprendre qu'il s'est trompé. Tout le monde peut se tromper, la question est de pouvoir le reconnaître. S'il s'est trompé en matière si grave et si maintenant il ne le comprend pas, alors j'avoue que de très sérieuses questions se poseraient dans mon esprit au sujet de l'Eau Vive. C'est au nom du bien spirituel qui se fait là que nous avons passé sur cet irrationalisme dans l'organisation (absence d') qui de soi nous est si pénible. Mais s'il y a quelque illusion latente et risque de déviation dans le spirituel lui-même, si l'Eau Vive risquait de devenir une espèce de Port-Royal quiétiste ! Alors nous tous aurions des mesures à prendre, si douloureuses qu'elles soient. C'est pourquoi je vous suis si reconnaissant d'avoir demandé l'autorisation de lever le secret de la confession pour m'en parler, et vous supplie de me tenir au courant et de m'éclairer davantage autant que possible. Connaissant les vertus et l'humilité du Père Thomas j'aurais été porté à penser que le diable et la psychologie humaine ont brouillé les cartes, mais je dois bien l'avouer: la brume au sein de laquelle notre ami aime à agir, et ce que je vous écrivais dans ma dernière lettre de sa théologie, et l'absence en lui de certaines intuitions thomistes fondamentales, tout cela m'inquiète énormément. Je comprends que le pauvre Père de Menasce «souffre mille morts». » Lettre de Jacques Maritain à Charles Journet, 25 août 1951, Correspondance vol. IV, Éditions Saint-Augustin (2005) p. 156-157.
  34. « Et moi, Jacques, je ne suis pas non plus Français (sinon de cœur). Je ne suis pour rien dans l'Eau Vive, et bien trop maladroit pour pouvoir vous aider. J'ai essayé de rester derrière le décor, pensant que c'était aux dominicains à régler la situation. J'aurais voulu que la normalisation vînt du P. Dehau ; mais il finit par dire oui toujours au P. Thomas qui plaide coupable et s'humilie. Et le P. Marie Dominique est aussi sans résistance devant le P Thomas. Alors, pendant l'absence du P. de Menasce, je me trouvais entre d’une part l'Eau Vive et d'autre part le scandale de deux des victimes à qui il semblait qu'on laissait tout en place, et que le P. Thomas finirait par ensorceler tout le monde. L'une savait très bien qu'en donnant l'autorisation à un Père de Paris d'user de ce qu'elle lui avait dit en confession, elle pourrait renverser du coup le P. Thomas et sans doute en même temps l'Eau Vive. Je ne lui ai jamais défendu de le faire. J'ai expliqué que je cherchais à sauver l'Eau Vive et tout le grand bien qui s'y faisait, en faisant obstacle à tout ce qui serait dorénavant trouble ; que je pensais qu'il valait mieux y aller progressivement que par un coup d'état ; mais que si elle désirait tout révéler, je ne pouvais le lui interdire. Elle ne l'a pas fait. La pauvre, elle était même tentée de retourner se mettre sous la direction du P. Thomas. C'est alors que j'ai écrit au P. Thomas pour lui demander de liquider la communauté féminine de l'Eau Vive. » Lettre de Charles Journet à Jacques Maritain, 2 janvier 1952, Correspondance vol. IV, Éditions Saint-Augustin (2005) p. 181-182
  35. Cavalin 2023, p. 373
  36. « Jean Vanier l'y conduit lui-même en voiture, un long voyage. En fait, le Saint-Office a ouvert un procès contre le prêtre. Débute alors un grand passage à vide pour le duo. Mais leur alliance est indéfectible : Thomas a confié à Jean les rênes de L'Eau vive. » Marie-Béatrice Baudet et Cécile Chambraud, « Les noirs secrets de Jean Vanier », Le Monde,‎ , p. 20-21 (lire en ligne  )
  37. « Couvent de Santa Sabina », sur Ordre des Prêcheurs (consulté le )
  38. Cavalin 2023, p. 38
  39. « Jacqueline d’Halluin [...] was somebody precious, both to myself and to L’Arche. I had known her since 1950, when I arrived at l’Eau Vive from the Canadian Navy. She was then Father Thomas Philippe’s secretary. Later she helped me as L’Arche began. The very name of L’Arche was given to us when we were together, at the start of the first home; and it was she who wrote the prayer of L’Arche. » (en) Jean Vanier, « Letter of Jean Vanier September 2009 », sur larchetoronto.org « Jacqueline d'Halluin [...] était quelqu'un de précieux, tant pour moi que pour L'Arche. Je la connaissais depuis 1950, lorsque je suis arrivé à l'Eau Vive après mon départ de la Marine canadienne. Elle était alors la secrétaire du Père Thomas Philippe. Plus tard, elle m'a aidé au début de L'Arche. Le nom même de L'Arche nous a été donné lorsque nous étions ensemble, au début du premier foyer ; et c'est elle qui a écrit la prière de L'Arche. »
  40. « En souvenir de Maurice d’Halluin époux de Louise Virnot », sur Histoire des Virnot de Lamissart (consulté le )
  41. Arche 2023, p. 94
  42. « On peut se demander pourquoi la Province continue à poser une telle exigence, alors qu'il est certain que si « dérives » il y a eu, elles ne furent pas imputées à la communauté dans son ensemble mais à [Thomas] Philippe seul. Une explication plausible serait que cette exigence découle du besoin de se prémunir contre toute suspicion possible du Saint-Office. Quoi qu'il en soit, on imagine aisément qu'une telle condition est extrêmement difficile à accepter pour l'Eau Vive, car elle impliquerait le renvoi de l'équipe de femmes qui porte la communauté depuis sa fondation en 1946 et qui en est le véritable noyau avec Vanier depuis 1952. Cependant, d'après les propos de Vandewalle que nous avons cités, il semble que la communauté soit prête à se plier à cette exigence en demandant une exception pour Marguerite Tournoux, Nous verrons plus loin que dans la pratique, aucune suite ne fut donnée à cette exigence par la communauté, qui revenait pour elle à se décapiter. » Mourges 2009, p. 305
  43. a b et c Antoine Mourges, [vidéo] L'Arche - Traverser notre histoire - 2020 sur Vimeo
  44. Arche 2023, p. 109
  45. Marie-Lucile Kubacki, « « L’autre Philippe » : comment un cardinal a tenté d’empêcher le pire face aux frères Philippe », La Vie,‎ (lire en ligne)
  46. Arche 2023, p. 110
  47. Cavalin 2023, p. 346
  48. Simone Leuret (Mémoires de Jean Daujat p. 535) et Maryse Hueber (Arche 2023, p. 252) sont deux nièces de l'académicien Georges Duhamel.
  49. L'ancienne prieure de Nogent « confirme ainsi [à Paul Philippe] qu’un avortement a bien été pratiqué par le docteur Simone Leuret, et qu’elle en avait même été l’instigatrice en voulant éviter un grand scandale pour l’Eau vive. » Cavalin 2023, p. 469
  50. Arche 2023, p. 109-112
  51. « Le groupe comprend 9 personnes en 1952 et 8 en 1954. Cinq d’entre elles sont identifiées par les témoignages collectés par le Saint-Office comme des « initiées » ou des complices potentielles. Ces cinq femmes aux âges variables (de la vingtaine à la cinquantaine) ne sont pas mariées. Il s’agit de Marguerite Tournoux, qui assure l’accueil téléphonique et la réception des visiteurs, Marise Hueber et Jacqueline d’Halluin, qui assurent le secrétariat, Paulette Posez, responsable de la cuisine et Lucie Denis, qui est affectée à l’infirmerie. Ces listes n’incluent pas cependant toutes les « initiées ». C’est le cas d’Anne de Rosanbo, qui est officiellement écartée pour donner suite au témoignage de M. Guéroult en mars 1952. Mais aussi celui de Myriam Tannhof (Chemla de son nom de jeune fille) qui figure uniquement dans la liste de 1952 parmi le groupe des « ménages ». » Arche 2023, p. 251
  52. Cavalin 2023, p. 477
  53. « Au cours de l’enquête menée en France par Paul Philippe [dans l'affaire de l'Eau vive], au tournant de l’année 1955‐1956, un autre lieu attire l’attention du Saint-Office : le couvent de l’Épiphanie, situé à Soisy-sur-Seine, en face de l’Eau vive, qui sert notamment d’hôtellerie pour les femmes fréquentant le centre spirituel. Communauté de sœurs dominicaines dont les premiers éléments investissent les lieux en mars 1947, le couvent de l’Épiphanie est une filiale du couvent de Montpellier de la congrégation de droit pontifical des Tourelles. Le 21 février 1956, Paul Philippe reçoit la déposition de la prieure générale, la mère Marie-Bernard [Maistre], dans un lieu qui n’est pas indiqué. Elle reconnaît sa participation aux errements de Thomas Philippe, « par des actes impurs graves au cours de l’année 1950 » qu’elle serait seule à avoir accomplis dans sa congrégation : « En février 1951, je m’en suis confessée et j’ai prévenu le Père Thomas que je jugeais [rayé dans le texte] ces [souligné par Paul Philippe] rapports avec lui parce que je reconnaissais que d’après leur nature il était impossible de penser qu’ils étaient voulus par la T.S. Vierge. Je crois pouvoir assurer que personne dans ma congrégation n’a connu ces errements et n’a été victime de telles erreurs. » La brièveté de la déposition décourage l’analyse. On ne sait rien de l’initiation de la prieure générale. Le témoin en a-t-il dit davantage que ce que consigne le rapport d’archives ? D’autres dominicaines de l’Épiphanie ont-elles été interrogées par le commissaire du Saint-Office ? L’enquête dans cette congrégation ne paraît pas avoir été menée de manière approfondie : en juin 1956, au moment d’informer les religieuses des Tourelles des décisions du Saint-Office, le commissaire demande au père Vincent Héris, assistant apostolique de la congrégation, de se rendre à Montpellier afin de découvrir si les rumeurs dont il a eu l’écho d’une « influence dangereuse [de Thomas Philippe] sur certaines religieuses dont les noms sont malheureusement inconnus » étaient fondées. C’est à ce religieux qu’est délégué le soin d’en savoir plus, tâche dont il s’acquitte sans que rien de notable ne soit soumis à l’attention du Saint-Office. » En note : « [...] Le père Vincent Héris avait déjà mené une visite aux couvents de l’Épiphanie et de Montpellier en octobre 1952, à la demande de la curie généralice, visite au terme de laquelle il n’avait rien trouvé à reprocher à Thomas Philippe et n’avait en rien soupçonné la prieure générale. Le compte rendu rédigé alors était même très favorable à l’ancien directeur de l’Eau vive. » Cavalin 2023, p. 470-471
  54. « Ces témoignages émanant de victimes de T. Philippe donnent à voir le basculement dans le « mystico-sexuel » de ce noyau de permanentes et de certaines étudiantes de l’Eau vive. Celui de Madeleine Guéroult, d’une grande précision, offre une bonne introduction : "Une dominicaine de l’Épiphanie venait furtivement dans la chambre à coucher du P. T[homas] au 1er étage, montant par le petit escalier de service, et le P. T[homas] par le grand escalier. Ils s’enfermaient à clef durant des heures. Les rideaux, et parfois les persiennes aussi, étaient complètement fermés – cela se voyait du dehors, quand on passait dans la rue." » Arche 2023, p. 258
  55. « On sait [...] que la communauté de l’Épiphanie, prenant en charge les étudiantes de l’Eau vive, est aussi impliquée dans les pratiques de T. Philippe. On a vu que Madeleine Guéroult mentionne qu’une des religieuses y vivant venait rejoindre T. Philippe dans sa chambre le soir. Par ailleurs le « Rapport d’archives » de la Congrégation pour la doctrine de la foi indique que la supérieure de la congrégation des Tourelles a reconnu s’être laissée entraîner durant une brève période dans les pratiques mystico-sexuelles de T. Philippe. » Arche 2023, p. 261
  56. (Arche 2023, p. 80-82)
  57. « Mater Admirabilis - Trinité-des-Monts », sur trinitadeimonti.net, (consulté le )
  58. a et b Arche 2023, p. 78-79
  59. Arche 2023, p. 36
  60. Cavalin 2023, p. 589
  61. Arche 2023, p. 112
  62. Hoyeau 2021, p. 307.
  63. Communauté des frères de Saint-Jean, « Message final de la seconde session du chapitre général », sur freres-saint-jean.org, .
  64. Arche 2023, p. 83-84
  65. « À son tour convaincu qu’il faut s’opposer à l’ordination de Jean Vanier par Mgr Desmazières, Giovanni Benelli préconise d’informer avec précision l’évêque du contenu du dossier de l’Eau vive. Lui-même reprend et développe, fort de ses entretiens avec Vanier, les raisons qui imposent de mettre un terme à ce projet : non seulement le fondateur de l’Arche ne s’est jamais soumis aux conditions posées pour son ordination, mais il a conservé auprès de lui, comme aumônier, Thomas Philippe qualifié de « vicieux subtil » par le Saint-Office. De plus, son obstination à être ordonné pour l’Arche est inacceptable selon les normes ecclésiales : un prêtre se doit d’être rattaché à un corps sacerdotal (presbyterium) sous l’autorité d’un évêque, pas à une cause ou une œuvre particulière aussi prestigieuse soit-elle. » Cavalin 2023, p. 588-590
  66. « Dans la foulée, [le Saint-Office] ordonne la fermeture de L'Eau vive, la dispersion de son noyau, « ces pauvres âmes perdues », selon l'expression du secrétaire du Saint-Office, interdisant sa reconstitution. Jusqu'à sa mort, Jean Vanier niera avoir eu connaissance des motivations de cette sentence, couverte par le secret pontifical. » Marie-Béatrice Baudet et Cécile Chambraud, « Les noirs secrets de Jean Vanier », Le Monde,‎ , p. 20-21 (lire en ligne  )
  67. Lafon 2015, p. 313.
  68. « Soisy Mag », sur Ville de Soisy-sur-Seine, .
  69. « Malgré les consignes de Rome, [Jean Vanier] correspond avec le père Thomas et l'aide même à rencontrer clandestinement des femmes du groupe. » Marie-Béatrice Baudet et Cécile Chambraud, « Les noirs secrets de Jean Vanier », Le Monde,‎ , p. 20-21 (lire en ligne  )
  70. (it) « Monaci Trappisti di Frattochie. Storia della Comunità » (consulté le )
  71. Ces lettres ont été conservées par Jean Vanier jusqu'à sa mort dans un dossier intitulé « NFA », c'est-à-dire « Not For All » : « pas pour tous ». « Au sein des proches de T. Philippe, c’est [...] une convention et un euphémisme pour signifier la restriction de la diffusion. Le sigle [...] était apposé par J. Vanier, dans les années 1950, sur les textes théologiques que T. Philippe rédigeait et qu’il faisait transcrire à ses fidèles disciples. » Arche 2023, p. 218-219
  72. « Thomas Philippe (1905-1993) n'a jamais occupé de fonction officielle dans la direction de l'Arche, mais il est considéré comme son cofondateur et en resta toute sa vie l'accompagnateur spirituel. » Christine Mo Costabella, « L'ombre du père Thomas Philippe », La Vie,‎ (lire en ligne)
  73. « En 1964, c'est le noyau de L'Eau vive, censé avoir été dispersé sur ordre du Vatican, qui fonde sans obstacle L'Arche, à Trosly-Breuil. Peu à peu, Rome a restitué au dominicain le droit d'administrer les sacrements et d'être directeur spirituel. Pourquoi ? A la suite de quelle intervention ? « Faute d'accès, pour le moment, à une documentation sûre et recoupée, on ne peut que s'en tenir à des hypothèses. Aucune ne peut être écartée », commente l'historien Tangi Cavalin, chargé par les dominicains de faire la lumière sur les responsabilités internes. » Marie-Béatrice Baudet et Cécile Chambraud, « Les noirs secrets de Jean Vanier », Le Monde,‎ , p. 20-21 (lire en ligne  )
  74. Céline Hoyeau, « L'Arche fait la lumière sur la face cachée du P. Thomas Philippe », La Croix,‎ (lire en ligne)
  75. « Lettre de Patrick Fontaine et Eileen Glass » [PDF], sur L'Arche internationale, (consulté le )
  76. La fidélité absolue de Jean Vanier au père Thomas s'expliquerait « peut-être parce que, au-delà de leur possible relation homosexuelle, « l'élève » fut associé, des années durant, aux déviances du « maître . « Dans l'ensemble des lettres conservées par Jean Vanier, une série d'indices conduit à penser qu'il aurait partagé [à l'époque] des pratiques sexuelles semblables à celles du père Thomas », rapporte l'enquête de L'Arche récemment dévoilée. » Marie-Béatrice Baudet et Cécile Chambraud, « Les noirs secrets de Jean Vanier », Le Monde,‎ , p. 20-21 (lire en ligne  )
  77. « Rapport de synthèse par L’Arche Internationale », sur L'Arche internationale, .
  78. « Un autre disciple du père Thomas est sous haute surveillance aujourd'hui : l'abbé Gilbert Adam, 80 ans, ancien aumônier de L'Arche et protégé de Jean Vanier. En novembre 2014 [...] une femme [...] a déposé une plainte à la brigade de recherches de Compiègne. Quelques mois auparavant, elle avait envoyé un long témoignage au tribunal ecclésiastique de Paris où elle racontait l'emprise du prêtre, coupable selon elle de lui avoir imposé des relations sexuelles entre 1996 et 2006. La nuit du 6 octobre 1996 [...] l'ecclésiastique la fait venir chez lui et l'entraîne dans son lit. « Au moment de l'acte sexuel, j'ai eu très peur. [...] » Au fil des rencontres, elle lui confie ses angoisses, ses crises de larmes. Pour la calmer, il lui répond : « Si tu veux, on peut aller voir Jean Vanier et lui parler, il comprend très bien. » » Marie-Béatrice Baudet et Cécile Chambraud, « Les noirs secrets de Jean Vanier », Le Monde,‎ , p. 20-21 (lire en ligne  )
  79. Hoyeau 2021, p. 302-339
  80. Hoyeau 2021, p. 295
  81. « Le rapport, relativement bref mais dense, est daté du 13 mai [2002]. Il est remis à Mgr Fruchaud et sert de base à un échange lors de la réunion suivante du 4 juin. Que met-il en avant ? Organisé en dix points et assorti d’une conclusion pratique, il se révèle extrêmement sévère à l’endroit de Marie-Dominique Philippe, décrit comme omniprésent dans un réseau dont il est le principal, voire l’unique point de référence. » Tangi Cavalin cite, entre autres, cette partie du rapport : « Sur toutes [ces] communautés [Bethléem, sœurs mariales, etc.], le Père a une profonde influence. Par son enseignement [...]. Mais également au for interne : ici, il est aumônier ; ailleurs le confesseur ou le directeur spirituel, voire l’exorciste ; partout il est le référent. [...] » Cavalin 2023, p. 121-122
  82. « Le secret sur le procès canonique de 1956 puis la levée progressive des sanctions par le Saint-Office ont participé du silence ayant protégé les agissements de Thomas Philippe. Le rôle des dominicains dans l'itinéraire de l'un des leurs va également faire l'objet d'une enquête supervisée par l'historien Tangi Cavalin. Des contacts ont d'ores et déjà été pris au Vatican afin d'avoir accès aux archives du Saint-Office. » Marie-Béatrice Baudet et Cécile Chambraud, « Les noirs secrets de Jean Vanier », Le Monde,‎ , p. 20-21 (lire en ligne  )
  83. « Affaire Jean Vanier : La responsabilité des Dominicains sous l'œil des historiens », La Vie,‎ (lire en ligne)
  84. « L'Arche internationale constitue une Commission d'Etudes sur son fondateur », sur arche-france.org,
  85. Céline Hoyeau, « Enquête sur les frères Philippe : des années d’abus en toute impunité », La Croix,‎ (lire en ligne)
  86. « Publication du rapport de la Commission d’Étude », sur L'Arche internationale, (consulté le )
  87. « Affaire de l’Arche : deux nouveaux rapports d’enquête épinglent Jean Vanier et père Thomas Philippe », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  88. « Les dominicains face au scandale des frères Philippe : communiqué du frère Nicolas Tixier, o.p. Provincial de la province dominicaine de France », sur Dominicains de la province de France, (consulté le )
  89. Tangi Cavalin, L'affaire : Les dominicains face au scandale des frères Philippe, Éditions du Cerf, , 766 p. (ISBN 9782204153539).
  90. « Sortie du rapport « Comprendre et guérir » », sur Communauté Saint-Jean, (consulté le )
  91. Céline Hoyeau et Christophe Henning, « Abus sexuels chez les frères de Saint-Jean : un rapport à la fois juge et partie », La Croix,‎ (lire en ligne)
  92. Céline Hoyeau, « Abus sexuels dans l’Église : les influences souterraines des frères Philippe », La Croix,‎ (lire en ligne)
  93. Christophe Henning, « Tangi Cavalin missionné pour faire la lumière sur l’influence des frères Philippe dans l’Église de France », La Croix,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Céline Hoyeau, La Trahison des pères, Paris, Bayard, , 351 p. (ISBN 978-2-2274-9870-9, lire en ligne)
  • Marie-Christine Lafon, Marie-Dominique Philippe - Au cœur de l'Eglise du XXe siècle, Paris, Desclée de Brouwer, , 840 p. (ISBN 978-2-220-06630-1, lire en ligne)
  • Charles Journet et Jacques Maritain, Correspondance Journet, Maritain 1950-1957, vol. IV, Paris, Éditions Saint-Augustin, , 952 p. (ISBN 2-88011-367-9, BNF 39953811, lire en ligne)
  • Antoine Mourges, Des « sages et des savants » aux « tout petits ». Aux origines des communautés de l'Arche, 1945-1965. (Mémoire de Master 1 d'Histoire religieuse sous la direction de Michel Fourcade), Université Paul-Valéry-Montpellier-III, , 478 p.
  • (en) Paul Weindling, John W. Thompson : Psychiatrist in the Shadow of the Holocaust, Rochester (USA), University of Rochester Press, , 456 p. (lire en ligne), chap. 14 (« The Eau Vive Affair »), p. 203-241
  • Florian Michel, Antoine Mourges et al., Commission d’étude mandatée par L’Arche internationale, Emprise et abus, enquête sur Thomas Philippe Jean Vanier et L’Arche (1950-2019), , 907 p. (ISBN 979-10-92137-15-6, lire en ligne [PDF])
  • Tangi Cavalin, L'affaire : Les dominicains face au scandale des frères Philippe, Éditions du Cerf, , 766 p. (ISBN 9782204153539)
  • Commission interdisciplinaire des Frères de Saint-Jean, Comprendre et guérir : Origines et analyses des abus dans la Famille Saint-Jean, , 826 p. (lire en ligne [PDF])

Articles connexes

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Bibliographie complémentaire

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Banques de données, dictionnaires et encyclopédies

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