Kouprey
Bos sauveli
Répartition géographique
PEWA2d; C1+2a(i); D : Peut-être éteint à l'état sauvage
Statut CITES
Le Kouprey (Bos sauveli) (du khmer kū̞ pre̞j (គោព្រៃ) : « bœuf sauvage ») est un bovidé sauvage apparenté au banteng et au gaur[1] et nommé en l'honneur de René Sauvel, un vétérinaire français opérant au Cambodge. Aucun animal vivant n'a été vu depuis 1988, et l'espèce est peut-être éteinte.
Histoire
modifierEn 1937, René Sauvel, vétérinaire au Cambodge, offre un taurillon à Achille Urbain, directeur du parc zoologique de Vincennes. Ce jeune mâle, transféré au zoo de Vincennes (ou il vivra du 9 Avril 1937, au 2 Février 1940), sera l'holotype de la nouvelle espèce décrite par Urbain (nommé Bos Sauveli en l'honneur de René Sauvel) et le dernier individu à être élevé en captivité[2].
Le kouprey faisait déjà l'objet de récits et de poèmes durant la période angkorienne, déclamés à l'occasion du nouvel an Khmer. Pour les Cambodgiens, le Kouprey était le symbole de la puissance et de la fécondité. Le Kouprey aurait également figuré sur des peintures rupestres, et des restes auraient été trouvés dans des tombes à Ban Chiang[3]. Des statues représentants des koupreys ont été sculptées sur des bas-reliefs du temple du Bayon. Les Européens commencent à entendre parler du kouprey avec le début de la période coloniale, le Kouprey est mentionné dans plusieurs ouvrages du XIXe siècle, et du début du XXe siècle[3].
Il se pourrait que des koupreys aient été domestiqués au Cambodge. En effet, un spécimen du muséum de Bourges, arrivé vivant à la ménagerie du Jardin des plantes de Paris en 1871 et décrit alors comme un « bœuf du Cambodge », a été identifié, après analyses ADN, comme un kouprey. Il présente toutefois des différences notables avec le kouprey typique et l'hypothèse a été faite qu'il s'agissait d'un animal issu de la domestication de l'espèce, les différences observées étant semblables à celles apparues chez les bos taurus domestiqués[3],[4].
Dans les années 1950 et 1960, le kouprey est observé et étudié à plusieurs occasions. La guerre d'Indochine puis au Cambodge, les bombardements et les campagnes de défoliation, rendent par la suite très difficiles les expéditions scientifiques. Après la chute du régime des Khmers rouges, les tentatives d'observer à nouveau des kouprey ont généralement échoué, la dernière observation décrite, par le professeur Le Vu Khoi de l'université d’Hanoï, ayant eu lieu en 1988[5]. On estimait en 2004 qu'il n'en restait qu'une cinquantaine au Cambodge[6] mais l'espèce, déjà rare au moment de sa découverte pourrait être éteinte.
Le 23 septembre 2023, un utilisateur dénommé PedroHPadilha publie sur le site Reddit via le forum r/ExtinctionSighting, une photo datant d'environ un an de ce que lui et plusieurs internautes estiment être un kouprey, relançant alors le débat sur la potentielle survie de l'espèce[7].
Description
modifierCaractéristiques | |||
---|---|---|---|
♀ | ♂ | ||
Masse | 600 à 910 | kg | |
Longueur | 210 à 220 | cm | |
Hauteur | 170 à 190 | cm | |
Queue | 100 à 110 | cm | |
Cornes | 40 | 80 | cm |
Robe | claire | sombre | |
Saison des amours | avril | ||
Gestation | 8.5 | mois | |
Petit(s) | 1 | / an | |
Poids à la naissance | kg | ||
Sevrage | mois | ||
Maturité sexuelle | ans | ||
Durée de vie | 20 | ans |
Les taureaux koupreys mesurent jusqu'à 1,90 m au garrot[8] pour une masse de 600 à 900 kg[9]. Ils sont de couleur noirâtre avec des « bas » aux jambes ; les plus âgés deviennent grisâtres sur les flancs. Les vaches sont plus petites, d'une couleur variant du gris argenté ou du gris souris au brun, parfois irrégulièrement tachetées de noir. Entre leurs pattes antérieures, les taureaux portent un long fanon qui traîne dans l'herbe quand ils avancent[5]. Chez les vaches, le fanon ne mesure qu'environ 10 cm, mais reste plus long que celui du bateng ou du gaur. Les femelles ont des cornes de 40 cm en forme de lyre. Celles des mâles, de grande envergure et jusqu'à 80 cm, pointent vers le haut et l'avant. La queue est longue (de 100 à 110 cm)[9].
Leur espérance de vie est de 20 ans. Ils ont un jeune par portée, de décembre à février. Les troupeaux, mobiles, d'une vingtaine de bêtes en saison sèche, se font et se défont ; ils se mêlent à d'autres bovins comme les bantengs ou les buffles d'eau[9].
Les koupreys se trouvent dans une petite zone au Cambodge, de part et d'autre du Mékong au voisinage de Kosker [កោះកេរ] et de Chep, et s'étendent au Vietnam aux environs de Ban Methuot, et au Laos au nord du lac Repou [ទន្លេរពៅ][10]. Ils vivent uniquement en forêt clairsemée[11]. Ils forment de petites hardes en période de reproduction.
Notes et références
modifier- Anne Ropiquet et Alexandre Hassanin, « Resolving a zoological mystery: the kouprey is a real species », Proceedings of the Royal Society of London B: Biological Sciences, vol. 274, no 1627, , p. 2849–2855 (DOI 10.1098/rspb.2007.0830)
- Maryvonne Leclerc-Cassan, Le parc zoologique de Paris, des origines à la rénovation, Somogy éditions d'art, , 295 p., p. 159
- « Le bœuf gris cambodgien (Bos sauveli Urbain 1937) »,
- Alexandre Hassanin, Anne Ropiquet, Raphaël Cornette, Michel Tranier, Pierre Pfeffer, Philippe Candegabe et Michèle Lemaire, « Le kouprey (Bos sauveli Urbain, 1937) a-t-il été domestiqué au Cambodge ? », Comptes Rendus Biologies, vol. 329, no 2, , p. 124-135 (DOI 10.1016/j.crvi.2005.11.003)
- [PDF]David Brugière et Philipe Chardonnet, « Découverte et extinction du kouprey, une histoire empreinte de mystère », Espèces, no 8, , p. 58-66 (lire en ligne, consulté le )
- François Bauvois, « Braconnage : la nouvelle guerre : Patrimoine naturel : une richesse menacée », Gavroche Thaïlande, no 117, , p. 13 (lire en ligne [PDF])
- https://archive.wikiwix.com/cache/20231022153505/https://www.reddit.com/r/ExtinctionSighting/comments/16qhnnv/kouprey_photo_information_lacking
- Achille Urbain, « Une nouvelle espèce de bovidé asiatique », Comptes Rendus de l'Académie des Sciences, vol. 309, , p. 1006-1007 (lire en ligne)
- Mario Melletti, Alexandre Hassanin et Marzia Mirabil, « Kouprey Bos sauveli A. Urbain, 1937 », dans Mario Melletti et James Burton, Ecology, Evolution and Behaviour of Wild Cattle : Implications for Conservation, Cambridge University Press, (DOI 10.1017/CBO9781139568098.016, présentation en ligne, lire en ligne), p. 231-239
- Alexandre Hassanin, « Description du Kouprey par Achille Urbain » (Communication présentée à la séance de l'Académie Vétérinaire de France, Parc zoologique de Paris - 23 octobre 2014), Le Bulletin Sauvage, vol. 1, no 1, , p. 1-10 (lire en ligne)
- [PDF]René Sauvel, « Le Kou-prey ou bœuf gris du Cambodge », Société nationale de protection de la nature et d'acclimatation de France, , p. 89-109 (lire en ligne)
Bibliographie
modifier- Achille Urbain, « Le kou prey ou bœuf gris cambodgien », Bulletin de la Société zoologique de France, vol. 62, 1937, p. 305-307, texte intégral sur Gallica.
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- (en) Référence Mammal Species of the World (3e éd., 2005) : Bos sauveli
- Référence : Ultimate ungulate : Bos sauveli (en)
- Référence : Wild Cattle Conservation : Bos sauveli (en)
- (fr) Référence CITES : taxon Bos sauveli (sur le site du ministère français de l'Écologie) (consulté le )
- (fr + en) Référence ITIS : Bos sauveli Urbain, 1937
- (en) Référence Animal Diversity Web : Bos sauveli
- (en) Référence NCBI : Bos sauveli (taxons inclus)
- (en) Référence UICN : espèce Bos sauveli Urbain, 1937 (consulté le )
- (en) Référence CITES : Bos sauveli Urbain, 1937 (+ répartition sur Species+) (consulté le )
- (en) Référence Fonds documentaire ARKive : Bos sauveli